12 août 2023 à 12h05
Le drame « s’est produit à 2 h (1:00 GMT) à 120 mètres de la plage » de Gabès dans le sud-est de la Tunisie, « où se trouvaient 20 Tunisiens », a indiqué la garde nationale dans un communiqué, en soulignant que 13 ont pu être sauvés.
Les opérations de recherche sont toujours en cours dans le vaste golfe de Gabès, caractérisé par de forts courants marins, pour trouver d’autres survivants, selon la même source. « Deux corps ont été repêchés, celui d’un jeune de 20 ans et l’autre d’un bébé » d’âge non déterminé, a précisé la garde nationale. « Une enquête a été ouverte par le tribunal » de Gabès pour « déterminer les circonstances du drame », selon le communiqué.
Plus de 1 800 personnes, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), ont péri depuis janvier dans des naufrages en Méditerranée centrale (entre l’Afrique du nord et l’Italie), la route migratoire la plus meurtrière au monde. Plus du double de l’an passé.
Le dernier naufrage connu au large des côtes tunisiennes a fait 11 morts et 44 disparus, près du port de Sfax (centre-est), avaient annoncé des sources judiciaires le 7 août. Seuls deux des migrants, tous originaires d’Afrique subsaharienne, avaient pu être secourus.
Douze corps avaient été retrouvés pendant le week-end dernier sur une plage au nord de cette ville, la deuxième de Tunisie (située à environ 140 km au nord de Gabès), sans que la justice puisse immédiatement dire s’ils étaient liés au naufrage de Sfax.
Sfax est cette année l’épicentre des tentatives de traversées de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, distantes, à leur point le plus proche, d’environ 130 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.
Les départs de migrants africains ont connu une accélération après un discours, le 21 février, du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins venus, selon lui, « changer la composition démographique » de son pays.
Et en juillet, beaucoup d’autres ont décidé de tenter la traversée après que des centaines d’Africains ont été chassés de Sfax, suite à la mort d’un Tunisien le 3 juillet dans une rixe entre migrants et habitants.
Plus de 2 000 autres Africains ont été au même moment « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec la Libye, à l’est, et l’Algérie, à l’ouest, selon des sources humanitaires à l’AFP. Un total de 27 personnes sont mortes dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues, selon ces sources humanitaires.
Plus de 95 000 migrants sont arrivés depuis le début de l’année sur les côtes italiennes, selon Rome, plus du double par rapport à la même période de 2022, en provenance de Tunisie et de Libye.
Au 20 juin, la garde nationale tunisienne a dit avoir intercepté sur six mois 34 290 migrants, en majorité d’Afrique subsaharienne, contre 9 217 sur la même période de 2022.
Depuis début août, « en seulement 10 jours », les unités de la garde nationale basées à Sfax ont intercepté « à peu près 3 000 migrants dont 90 % sont des Subsahariens et 10 % des Tunisiens », a indiqué jeudi le commandant Mouhamed Borhen Chamtouri, à une équipe de l’AFP embarquée pendant 24 heures sur une vedette de la garde nationale.
Des milliers de Tunisiens prennent aussi la mer chaque année à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ils représentent depuis le début de l’année la quatrième nationalité parmi les arrivants en Italie, derrière les Ivoiriens, les Guinéens et les Égyptiens.
Agence France-Presse et La rédaction de Mediapart
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