MON PÈRE ET LA FRANCE… LE RETOUR D’UN FILS DE HARKI
Par Sophie Serhani est journaliste à « Sud Ouest ». Elle a accompagné son père, Messaoud, sur les traces de son enfance en Algérie, jusqu’au village où fut tué son propre père, combattant harki.
C’est ici, à Constantine, en Algérie, de l’autre côté de la Méditerranée, que mon père, Messaoud Serhani, a embarqué pour la France il y a soixante ans. Nous sommes partis ensemble sur les traces de son passé.
Son village d’enfance a été difficile à retrouver. Les noms des villes ont été arabisés à l’Indépendance. Edgar-Quinet est ainsi devenu Kaïs. Le village se situe à une centaine de kilomètres de Batna, que l’on rejoint par une route cabossée à travers les montagnes rondes et arides des Aurès.
« Viens, c’est par là », dit-il, la voix tremblante. Mon père marche toujours en regardant droit devant. Il se retourne. Son visage rond, habituellement serein, est mâché par le doute. Comme si la reconnaissance des lieux exigeait le rappel immédiat de souvenirs longtemps enfouis. « À l’époque, c’était un hameau de 1 000 villageois avec des champs… » Aujourd’hui, ce sont 41 000 habitants, comptabilisés lors du dernier recensement, et des immeubles en construction, jamais terminés.
MORT DANS UNE EMBUSCADE
C’est ici que tout a basculé. Le 27 novembre 1961, l’armée française a tapé à la porte de la maison familiale. « Les soldats m’ont dit : ‘‘Il est mort dans une embuscade, tué par une balle perdue.’‘ » Slimane Serhani, né à Yabous, avait 33 ans. Les soldats ont présenté à la famille le corps, allongé sur un brancard, recouvert d’un drap. Seul le visage ensanglanté dépassait : « Je l’ai vu une dernière fois. Une balle dans la tête. » Harki « depuis toujours », il est décédé en service à Menaa, dans la région de Batna.
Son fils, Messaoud, avait 9 ans. Aujourd’hui encore, son père lui revient en rêve, assassiné : le regard fier et ce sourire innocent pris dans une mâchoire carrée. Il tient sa mitraillette, il approche, on lui tire dessus, il tombe.
Ce cauchemar fait écho aux nuits de terreur qu’il a connues plus jeune, quand les Fellaga arrivaient dans le village, hurlant, tirant des coups de feu. « Mon père s’accroupissait devant la porte. Il tenait une mitraillette contre sa poitrine. Il était prêt à nous défendre. Heureusement, les chars français faisaient fuir le FLN. »
ANCIEN FIEF DU FLN
Bien sûr qu’on avait peur. Dans toutes les guerres, ce sont les pauvres qu’on envoie se faire tuer !
À Edgar-Quinet, Slimane Serhani n’était pas le seul combattant harki. Comme beaucoup d’autres, ce jeune agriculteur avait rejoint les rangs, car « le salaire faisait vivre une famille ».
L’armée française avait établi un camp dans son village des Aurès, montagnes qui étaient un fief du FLN. « Bien sûr qu’on avait peur. Dans toutes les guerres, ce sont les pauvres qu’on envoie se faire tuer ! »
De l’Algérie, mon père n’a connu que les Aurès et la guerre. Et, une succession de séparations. Avec sa mère. Son père. Une rupture avec sa terre natale. Il évacue. « C’est la vie. » Longtemps tiraillé par le mythe du retour, aujourd’hui médecin à la retraite, Messaoud Serhani n’était jamais retourné dans son village d’enfance jusqu’à ce voyage. L’Algérie, l’Indépendance, le déracinement… « La guerre, on n’en parle pas. On a tout étouffé. Je ne t’ai rien dit, car c’est à toi de te faire ta propre philosophie. J’ai eu du mal, moi-même, à sortir de cette fournaise. » Il avait tourné la page. Avait-il oublié ?
La guerre, on n’en parle pas. On a tout étouffé. Je ne t’ai rien dit, car c’est à toi de te faire ta propre philosophie
Il ne garde qu’un « vague souvenir » de Menina Fatma Bent Mohamed, sa mère, « brune aux cheveux longs ». Il n’avait que 3 ans lorsqu’elle est décédée en allant chercher du blé. « Elle est tombée dans un silo. Elle est morte étouffée par les émanations d’acide hyaludrique. »
Messaoud adore les mots scientifiques. C’est sa manière de rappeler qu’il est parti de loin. Il n’a même pas de livret de naissance. Ses parents l’ont déclaré, né le 31 décembre 1952, à M’Toussa. « C’est à peu près ça. Tout était déclaratif à cette époque. Et Messaoud, ça veut dire chanceux ! C’est vrai, je peux m’estimer heureux de mon parcours… »
QUELQUES CLICHÉS JAUNIS
L’acte de décès de Slimane Serhani, mort dans une embuscade en novembre 1961, en Algérie, fait partie des quelques documents officiels que son fils, Messaoud, a gardé avec lui.
Il a été élevé par son père, un petit homme « trapu et costaud, qui portait toujours une casquette et une chemise militaires ». Le gamin, au sourcil ébouriffé d’un côté du visage parce qu’il avait été « léché par un sanglier », jouait dans les montagnes à perte de vue, l’hiver, sous la neige. « Chaque matin, avant l’école, j’avais une pièce pour un beignet. Et cette roue de vélo que je poussais avec un fil de fer. Je courais derrière. Quand je vois tout ce que vous avez, maintenant, et vous n’êtes jamais content ! »
Lui ne garde qu’une dizaine de documents officiels : « L’acte de décès du Harki Serhani Slimane » ; une « situation des membres de la famille du rapatrié » ; une « déclaration de nationalité en vue de la reconnaissance de la nationalité française ». Et deux courriers de la République française allouant des allocations suite au décès de l’ancien supplétif : 55 000 et 33 000 francs.
Mon père garde aussi avec lui un album photos. Des clichés jaunis de son enfance qu’il a emportés de son Algérie natale, à l’âge de 10 ans, quand il a été rapatrié en France en 1962.
Il était alors avec sa demi-sœur, du même père, Fatima Serhani. Son oncle, Lakdar Serhani, sa tante, Fettouma Nasroui et son cousin, Lakdar Serhani, faisaient partie du voyage. « À la fin de la guerre, après la mort de mon père, l’armée française nous a demandé si on voulait aller en France. On a dit oui. C’est là qu’on est monté dans un camion militaire, pour rejoindre le port d’Annaba, direction Marseille. On nous a accueillis sur le camp du Larzac. En partant d’Algérie, on savait ce qu’on quittait. On ne savait pas ce qu’on trouverait… »
Il dit de l’Algérie : « C’est compliqué », « c’est difficile », « ça fait longtemps ». Il livre des versions parfois différentes, toutes aussi floues : « Disons… Je suis Français. J’ai toujours été Français. Je suis du Nord. Du Nord de la France… » Mon père ne s’est jamais appesanti sur son histoire.
Parfois, qu
and j’étais enfant, je l’entendais parler arabe au téléphone. Des conversations entrecoupées de mots français où il prenait un accent : « télévision », « téléphone », « Internet ». Chez sa tante, qu’il appelait « grand mère », à Roubaix, dans le nord de la France, il faisait froid. Au-dessus des murs en brique, de la fumée s’échappait des cheminées. Derrière la porte d’entrée en ferraille, se cachait cette vieille dame berbère, Fettouma Nasroui, au visage ridé et tatoué : un trait vertical entouré de points sur le menton, un autre entre les sourcils.
Elle portait une longue robe colorée. Pour embrasser mon père, elle lui tenait affectueusement le visage entre ses mains orange ; les cheveux rougis par le henné, quelques mèches dépassaient de son turban orné de grelots dorés. Il y avait aussi ceux qui ont rejoint le continent avec lui en 1962 : sa demi-sœur, Fatima, et Lakdar, qui était parfois son « frère », parfois son « cousin ». De toute façon, « c’est pareil. C’est la même famille ».
Quand on leur rendait visite, dans mon enfance, mon père passait des heures à discuter. Il les aidait à remplir des papiers et mangeait quelques gâteaux sucrés. La vie normale reprenait. Nous retournions dans notre grande maison, il continuait à travailler au cabinet médical, jusqu’à tard le soir…
QUELS SOUVENIRS ?
En retournant dans son village d’enfance algérien, soixante ans après son départ, qu’allait-il y trouver ? Se souviendrait-il de son passé, de sa langue maternelle, de la guerre, de ce qu’il y a laissé ?
Ce matin de septembre, de retour en Algérie, à Kaïs, autrefois Edgar-Quinet, mon père interpelle en chaoui un vieil homme planté sur une chaise en plastique devant la porte d’entrée d’une épicerie où l’on vend de tout : des piles, des chips, de l’eau, des lunettes de soleil… Le vieil homme arbore un tatouage sur l’avant-bras. L’encre a bavé. Une phrase aux traits épais est gravée à vif : « Ma mère avant tous. »
Mon père ne semble rien avoir perdu de ce dialecte. Il lui explique que nous recherchons sa famille. Le vieux monsieur remonte dans sa boutique. Il ressort avec des tabourets et trois cafés.
Rapidement, ce n’est plus un, mais deux, trois, puis quatre hommes qui rejoignent le cercle. Finalement, Walid, un homme d’une soixantaine d’années au grand chapeau de paille, approche, curieux. « Je connais la famille Serhani. ». Un coup de fil. « Rendez-vous demain, ici, à 10 heures. Je vous emmènerai chez eux. » Mon père est impatient. « Je n’en reviens pas. Ils vont te présenter ma famille. » Notre famille.
LA FAMILLE SERHANI
Walid attend sur le bord de la route, devant l’épicerie. En sortant de Kaïs et en s’enfonçant dans les montagnes, un verger de pommiers s’étend sur des kilomètres. C’est ici. Un vieillard au visage émacié arrive d’un pas lent, turban blanc enroulé sur la tête. Avec une élégance tranquille et dans des vêtements poussiéreux, il referme la porte d’une petite baraque montée sur des parpaings et couverte de tôle.
Mohamed Tayeb Serhani ne parle qu’en « chaoui » traduit mon père. « Il dit qu’il est de la famille Serhani, mais il ne connaît pas mon père. On porte le même nom. Sans doute, parce qu’on vient du même village. Là où est né mon père, à Yabous. » Rapidement, Messaoud est invité à rejoindre le salon avec les hommes. Une femme voilée sort pour m’accueillir côté femmes.
Elles servent du Rfiss sur la table, ce gâteau de semoule à base de dattes. Puis du pain chaud, tout juste sorti d’un plateau en terre cuite. De la pastèque, du lait. Il y en a tant, trop, entassé sur cette petite table en plastique qui tient sur trois pieds fragiles. Le sens de la famille, par-delà la barrière de la langue.
Halima, 40 ans, est la seule à parler français. Ingénieure à Kaïs, elle fait la traduction de ce qui se dit au gré des rires et sourires de la petite dizaine de femmes réunies dans la cuisine. Des enfants de tous âges se cachent dans les jupons. Sont-ils de lointains cousins ? Elle ne connaît pas mon grand-père. N’en revient pas que l’on porte le même nom. Elle n’a pas vécu la guerre d’Algérie, mais raconte que sa grand-mère n’aurait quitté le pays pour rien au monde. « C’est pour ça que la famille est encore là. C’est le Mektoub (NDLR, le destin). »
On s’est quitté un peu comme ça : sans que mon père ait dit un mot sur ce qui s’était vraiment raconté entre hommes. On s’est quitté avec beaucoup de dattes. Des pommes. Et des silences.
« ON VA LE TROUVER »
C’était notre famille. Peut-être. Mohamed Tayeb Serhani « m’a juste dit où était enterré mon père. » Il s’appelait Slimane, il était un combattant harki, mort au combat en novembre 1961. Direction Yabous, un hameau en dehors de l’agitation de la ville. La terre jaune trouble l’air d’un nuage sablonneux permanent. Le cimetière musulman est désert ce jour-là.
Il y a une connexion entre les vivants et les morts. C’est sûr. Au moins, il saura que son fils est venu le voir…
Mon père descend de la voiture. Sa jambe tremble. Ses yeux brillent. « On va le trouver. » Il remonte l’allée principale, les bras ballants, comme s’il ne savait pas où chercher. « Je ne me souviens pas de l’enterrement. » Les yeux baissés et l’allure prudente, il serre les poings et suit les cailloux alignés délimitant le corps des défunts enterrés en pleine terre. Des inscriptions en arabe sont gravées sur les plaques funéraires : quelques versets du coran et des dates. Mais pas de nom. Impossible de retrouver la tombe de Slimane.
« Il y a une connexion entre les vivants et les morts. C’est sûr. Au moins, il saura que son fils est venu le voir… » Messaoud Serhani tient à sa culture, la terre de son enfance, à ses origines. Il tient à ce père « toujours aimant ». Mais, répète-t-il, « mon pays, c’est la France. » À 70 ans, ce jour-là, il faut l’imaginer : heureux.
Soixante ans après son départ d’Algérie, Messaoud Serhani est donc revenu sur sa terre natale, dont il n’a rien perdu de la culture ni de la langue. Il a vécu plus longtemps en France que là-bas, mais il a toujours été tiraillé entre les deux.
Dans son quartier, à Roubaix, « il y avait un Tunisien, une Polonaise, des Espagnols, et des Italiens qu’on appelait les ritals. Et moi, j’étais le petit bougnoule. Il y a eu quelques bagarres dans la cour d’école… » Messaoud Serhani a commencé l’école à Roubaix, vers 13 ans, trois ans après avoir été rapatrié d’Algérie en 1962. « Il fallait passer un concours pour être accepté en quatrième d’accueil, et j’ai été pris ! Après, j’ai continué en troisième d’accueil. C’était des classes qui accueillaient les jeunes, comme moi. » Comme lui, orphelin de Harki. Il n’a jamais eu honte de l’engagement de son père parmi les supplétifs de l’armée française. Bien au contraire.
Il était fier comme un premier de la classe, recueilli par son oncle et sa tante, avec son cousin et sa demi-sœur, à la maison. Le petit bonhomme aux cheveux bruns et lisses, coiffés avec une raie sur le côté, était le seul à savoir lire et écrire. Le seul à avoir eu le baccalauréat. Un « sésame. Ça permettait d’être libre. »
LE MYTHE DU RETOUR
J’étais persuadé qu’en devenant médecin, j’allais préserver et honorer l’héritage de mon père
Mais il grandissait avec le mythe du retour, tiraillé entre la soif de s’affranchir et la tradition berbère dans laquelle il baignait. « Psychologiquement, c’était compliqué. Dans ma famille, je vivais comme en Algérie. Bien sûr, j’étais aimé, et ça allait. Mais ici, en France, tout était différent. J’étudiais, j’apprenais des choses. Je voulais vivre comme tout le monde, m’intégrer. »
Un jour, un ami de la famille, Benbia, leur a rendu visite à Roubaix. « Il m’a demandé ce que je voulais faire après le bac. J’ai dit médecine. J’étais persuadé qu’en devenant médecin, je ne modifierais pas mon caractère : je savais que je n’allais pas devenir un bourgeois. Que j’allais préserver et honorer l’héritage de mon père. Je voulais faire des études. C’est en se cultivant qu’on grandit. Ça me permettait de fuir les images de la guerre. Docteur, c’est bien. C’est pacifique. »
On avait fui, parce qu’on y avait été contraints. Mais c’était comme s’ils étaient toujours restés là-bas
Boursier à la fac de Lille, il a réussi la première année de médecine du premier coup. Dans son costume, pour « être présentable », Messaoud Serhani étudiait, matin, midi et soir, huit années jusqu’au diplôme. Sans répit. En quatrième année, il alternait avec un boulot d’infirmier la nuit. « J’étais fatigué. »
Lorsqu’il rentrait chez lui, c’était l’Algérie qu’il retrouvait. « On n’avait pas les codes sociaux français. Ma tante était toujours habillée en vêtements traditionnels. On avait fui, parce qu’on y avait été contraints. Mais c’était comme s’ils étaient toujours restés là-bas. »
DEUX CULTURES
Pris en étau entre deux cultures, Messaoud gardait un pied dans l’Algérie figée des années 1960 à la maison, et voulait croire à un destin français réussi. Dans son esprit, tout s’emmêlait. Les réminiscences de la guerre apparaissaient, troublaient le sommeil et l’humeur. Les mêmes questions lui revenaient en tête sans pouvoir y échapper. Allait-il rentrer dans le pays où il était né ? Ne reniait-il pas ses origines en vivant en France ? « Je ne savais pas si j’allais finir mes études en Algérie, si j’allais rester en France. Est-ce que je pourrais seulement revenir là-bas, et pour qui, et pour quoi ? J’étais orphelin après tout. Alors pourquoi je me demandais tout ça ? »
Des Arabes, je n’en avais pas rencontré avant la fac. Mais chez moi, ton père a été accepté.
La famille sentait son désarroi. Les questionnements commençaient à se faire de plus en plus oppressants. Messaoud prenait ses distances. Mais il n’était toujours pas libre de ses choix. « Ils m’ont dit, c’est le mariage qui te manque ! » Une Française aux parents algériens était toute trouvée. Ils ne se connaissaient pas. Ils ont pris un café ensemble et se sont mariés. Deux enfants sont nés. « Après, s’est posée la question du troisième, du quatrième : j’ai dit non ! Et j’ai compris que c’était fini. Je suis pour la femme libre et indépendante. Ce n’est pas normal qu’une femme ne réussisse pas autant qu’un homme et vive à son crochet. J’ai divorcé et j’ai rencontré ta mère. J’étais fier que ce soit une femme intelligente qui ait réussi. Mais c’était une Française, et à l’époque, les couples mixtes, ce n’était pas accepté comme aujourd’hui. »
Sans doute avait-il l’impression qu’en aimant ma mère, Josiane Volpato, il tournait le dos à son passé. « Quand tu es née, tout s’est apaisé. Ta mère a eu la sensation d’être reconnue. » Il allait rencontrer une belle famille, des Italiens immigrés dans le Lot-et-Garonne. « Des Arabes, je n’en avais pas rencontré avant la fac, s’amuse ma mère. Mais chez moi, ton père a été accepté. Il était médecin, ça aide. On n’est plus vraiment un Arabe quand on est médecin. »
UNE HISTOIRE UNIVERSELLE
Les années passaient, les questions restaient. La France, l’Algérie. Quel est ton pays ? Celui où tu es né où celui où tu vis ? « C’est important de savoir qui on est. Mais se remettre en question, c’est douloureux », marmonne-t-il, le regard fermé avant de s’affairer à autre chose pour évacuer.
Lors de la dernière élection présidentielle, lorsqu’il a entendu qu’on questionnait l’identité de la France, il s’est emporté : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Moi, j’ai toujours été pour l’intégration. À partir du moment où tu t’intègres, que tu travailles, tu t’adaptes au pays et aux coutumes. C’est tout. »
La politique, il n’y croit plus beaucoup. Ni même en Dieu. Issu d’une famille musulmane, il s’est toujours dit athée. « Je ne crois plus. Sauf en la médecine, c’est-à-dire à la science, car là, on voit des résultats. Et c’est réel. Comme la musique, c’est universel. »
Médecin retraité à Langon, en Gironde, Messaoud Serhani a été victime d’un AVC en 2018. Son pronostic vital était engagé. Plongé dans le coma, il a entendu cette voix, au fond d’un couloir blanc : « Tu veux rester ou tu veux partir ? » Il a réappris à marcher, à parler et il a retrouvé la mémoire. « Papa, la voix dans le couloir blanc, tu lui as répondu quoi ? » Il m’a regardé, avec son regard doux et son sourire d’enfant : « Eh bien, ma fille, je lui ai dit que je voulais rester. »
Les commentaires récents