Isabelle Vaha a 66 ans aujourd'hui. «J’ai longtemps eu l’impression que les crimes de mon père se voyaient sur moi», confie-t-elle.
En 132 ans de présence en Algérie, le colonisateur français a commis toutes les atrocités possibles ; imaginables et inimaginables. Exécutions sommaires, villages et hameaux brûlés, torture et déportation étaient le quotidien des Algériens. Ces violences inouïes se sont surtout accentuées pendant la guerre de libération. D'un côté, un peuple aux armements rudimentaires et de l'autre une puissance lourdement armée.
Sur ce plan, il n’y a pas photo, la France avait le dessus. Cependant, les Algériens ont montré une résistance qui a déconcerté l'armée française. Cette armée, pour garder ce pays africain sous sa coupe, a usé de tous les moyens, légaux et illégaux. Pendant cette guerre, la torture n'était pas une exception. Elle était la règle, selon les témoignages d'Algériens, mais aussi de Français qui ont participé à cette guerre. Plus de 61 ans après l'indépendance de l'Algérie, des témoignages continuent de confirmer les pratiques de l'armée française.
Isabelle Vaha est parmi les personnes qui ne veulent pas se taire devant les atrocités de cette guerre. Elle témoigne dans Le Parisien sur la torture commise par son propre père. Cette assistante sociale passionnée d’histoire est aujourd’hui retraitée. Et ce n'est qu'après quarante ans qu'elle a pu mettre les mots sur ce qu'elle a vécu et sur les actes commis par son père légionnaire pendant la guerre d'Algérie.
« Il y avait des cadavres, des corps mutilés, des scènes de tortures… Et mon père, qui posait l’air triomphant au milieu de toute cette horreur ».
Dans son témoignage, la retraitée souligne qu'elle n'avait que 8 ans lorsqu’elle découvre, par hasard, les exactions commises par son père. Elle raconte qu'en l’absence de ses parents, elle ouvre une boîte et y trouve des photos. La fillette tombe donc sur une série de clichés pris en Algérie. Des photos d’une violence inouïe. « Il y avait des cadavres, des corps mutilés, des scènes de tortures… Et mon père, qui posait l’air triomphant au milieu de toute cette horreur », indique Isabelle Vaha. C'est l'une de ces photos qui choque le plus la petite fillette. « On le voyait fier et satisfait, à côté de têtes coupées alignées sur un muret, sans doute celles de fellagas, des combattants partisans de l’Algérie indépendante, détaille Isabelle, dont les jambes s’agitent nerveusement à cette évocation. J’ai beaucoup pleuré. J’étais assommée, percutée par l’émotion. J’ai vite rangé la boîte en entendant mes parents rentrer. Je suis convaincue qu’ils se sont aperçus que j’avais fouillé, mais ils n’ont rien dit. Je suis restée avec mes questions, sans oser leur parler. Je n’avais pas les outils pour faire face », raconte encore la retraitée.
Isabelle Vaha a aussi écrit un livre :
LA PETITE FILLE DE MOSTAGANEM
Par micheldandelot1 dans Accueil le 14 Août 2023 à 08:31
http://www.micheldandelot1.com/
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