De-l-amiraute-a-tipasa 1
Nous irons de l'Amirauté à Tipasa.
«On n'oublie rien. On vit avec ses souvenirs et on essaye de les dominer pour qu'ils ne nous blessent plus
P Philippe Besson
Aujourd'hui le blog De l'amirauté à Tipasa compte dix mille cent visites oui 10100 !
Depuis l'Amirauté, on traversait d'abord les quartier de Nelson, de la Consolation puis Saint-Eugène centre et ensuite les communes qui en faisaient partie : Deux-Moulins, Bou Amar/La Vigie, La Pointe Pescade, Les Horizons Bleus/Miramar, Bains-Romains, Baïnem puis Cap Caxine et enfin Guyotville.
Selon Historia magazine n° 210 (LA GUERRE D'ALGERIE) voici :"C'est au journal Alger républicain, dirigé par Pascal Pia qu'Albert Camus collabora à Alger. En juin 1939 Camus écrit une série d'articles sur la famine en Kabylie. Le ton, le fond, la forme, en font un modèle du genre. Leur publication demandera dix jours et fera sensation tant dans les milieux musulmans, où cette voix surprend, que dans ceux du Gouvernement général, que cette même voix offusque. Camus traînera "la casserole" de ce reportage jusqu'à son expulsion d'Alger, qu'on lui signifiera d'ailleurs qu'en termes voilés. On le trouve plutôt indésirable. Alger républicain était, avant guerre, un journal indépendant soutenu par les socialistes."
Pour mes parents, Alger républicain était le pendant de l'Humanité à Paris.
Je me demande pourquoi Camus s'entendait avec Benisti dont la naïveté des dessins me désarme. Sa prose ? Ses sculptures ? Lorsque j'étais jeune, je crois que j'étais sévère dans mes jugements. Je suis à présent plus tolérant. Peut-être parce que j'ai passé un grand cap. Je sens bien que la vie est et sera très changeante au soir de ma vie. Je m'en inquiète. Un de mes professeurs nous disait autrefois :"Ce n'est pas dans le grand âge qu'on se pose les questions essentielles sur l'âge, -sur chaque âge de la vie". Je ne comprenais pas. Mon esprit courait ailleurs. J'étais tout entier au plaisir de connaître le monde. J'ai surtout vu les aéroports. Je voulais dépeindre Venise ou Prague, New-York et Miami, Hong-Kong ou Singapour. Que sais-je ? Ecrire et relater, cherchant ma voie et me cherchant une voix que les autres auraient reconnue. Hélas, on se raconte toujours, -c'est su,- quoi qu'on écrive.
C'est en contemplant ce tableau de l'amirauté d'Alger dont l'original est passé par l'esprit du peintre Louis Bénisti que j'essaie d'ordonner ces réflexions. Elles ne sauraient être fortuites. Une méditation sur l'âge, même superficielle, en entraîne inévitablement une sur le passé. Le passé ! Je retourne toujours vers le mien en contemplant Alger.
«On n'oublie rien. On vit avec ses souvenirs et on essaye de les dominer pour qu'ils ne nous blessent plus
P Philippe Besson
Aujourd'hui le blog De l'amirauté à Tipasa compte dix mille cent visites oui 10100 !
Depuis l'Amirauté, on traversait d'abord les quartier de Nelson, de la Consolation puis Saint-Eugène centre et ensuite les communes qui en faisaient partie : Deux-Moulins, Bou Amar/La Vigie, La Pointe Pescade, Les Horizons Bleus/Miramar, Bains-Romains, Baïnem puis Cap Caxine et enfin Guyotville.
J'écrivais autrefois :
Je revois le Jardin d'essai
La darse de l'Amirauté
Les arcades du Palais d'été
Et les places plantées de palmiers
Et je pense au Clos-Salembier
Aux rencontres que j'y faisais
A ma jeunesse que j'ai laissée
Sur les bancs de la rue Michelet."
Je revois le Jardin d'essai
La darse de l'Amirauté
Les arcades du Palais d'été
Et les places plantées de palmiers
Et je pense au Clos-Salembier
Aux rencontres que j'y faisais
A ma jeunesse que j'ai laissée
Sur les bancs de la rue Michelet."
Je n'ai jamais eu la petite musique des poètes, hélas.
Voici une peinture de Charles Gallea.
Charles GALLEA (début XXesiècle)
L'Amirauté d'Alger. Huile sur toile, signée en bas à gauche. 46 x 61 cm
L'Amirauté d'Alger. Huile sur toile, signée en bas à gauche. 46 x 61 cm
J'avais fréquenté dans mon enfance le littoral du côté est puisque ma mère était née à cap Matifou mais mon père avait passé ses toutes jeunes années aux Bains romains. J'ai le souvenir de l'Amirauté que nous quittions pour filer vers la Madrague de Guyotville.
Selon Historia magazine n° 210 (LA GUERRE D'ALGERIE) voici :"C'est au journal Alger républicain, dirigé par Pascal Pia qu'Albert Camus collabora à Alger. En juin 1939 Camus écrit une série d'articles sur la famine en Kabylie. Le ton, le fond, la forme, en font un modèle du genre. Leur publication demandera dix jours et fera sensation tant dans les milieux musulmans, où cette voix surprend, que dans ceux du Gouvernement général, que cette même voix offusque. Camus traînera "la casserole" de ce reportage jusqu'à son expulsion d'Alger, qu'on lui signifiera d'ailleurs qu'en termes voilés. On le trouve plutôt indésirable. Alger républicain était, avant guerre, un journal indépendant soutenu par les socialistes."
Pour mes parents, Alger républicain était le pendant de l'Humanité à Paris.
L'amirauté d'Alger de Louis Benisti. Louis Benisti se lie d'amitié avec Jean de Maisonseul qui le présentera à Albert Camus. Louis Benisti deviendra l'ami intime d'Albert Camus qui confiera plus tard à Jean de Maisonseul : "Je passe ma vie à voir des gens que je méprise ou qui m'ennuient alors que
je sais que je ne rencontrerai jamais personne comme Benisti ".
C'est en contemplant ce tableau de l'amirauté d'Alger dont l'original est passé par l'esprit du peintre Louis Bénisti que j'essaie d'ordonner ces réflexions. Elles ne sauraient être fortuites. Une méditation sur l'âge, même superficielle, en entraîne inévitablement une sur le passé. Le passé ! Je retourne toujours vers le mien en contemplant Alger.
Albert Camus :
"L'été remplissait le port de clameurs et de soleil. Il était onze heures et demi. Le jour s'ouvrait par son milieu pour écraser les quais de tout son poids de chaleur. Devant les hangars de la Chambre de Commerce d'Alger, des "Schiaffino" à coque noire et cheminée rouge embarquaient des sacs de blé. Leur parfum de poussière fine se mêlait aux volumineuses odeurs de goudron qu'un soleil chaud faisait éclore."
Voici une photo et un tout petit texte de Martial Mélis-Granval :
"J'ai vécu dans ce quartier de l'Amirauté, Cathédrale, Place du Gouvernement, Opéra d'Alger et comme Camus et bien d'autres j'allais "Lézarder" sur les quais de L'Amirauté quelquefois entre midi et deux heures. Voici une photo de ma jeunesse sur les quais de l'Amirauté".
Ecoutons encore Albert Camus : A Alger, on ne dit pas "prendre un bain" mais "se taper un bain". N'insistons pas. On se baigne dans le port et l'on va se reposer sur des bouées. Quand on passe près d'une bouée où se trouve déjà une jolie fille, on crie aux camarades :" Je te dis que c'est une mouette." Ce sont là des joies saines. Il faut bien croire qu'elles constituent l'idéal de ces jeunes gens puisque la plupart continuent cette vie pendant l'hiver et, tous les jours à midi, se mettent nus au soleil pour un déjeuner frugal.
Et puis un jour ce fut la fin...
A jamais les côtes s'éloignèrent et nous partîmes chercher la Méditerranée ailleurs. Plus jamais nous ne trouvâmes une ville où l'on apercevait la mer au tournant de chaque rue.
L'exilé, ce n'est pas celui qui part, puisque celui qui part va toujours découvrir un autre monde qu'il ne connaît pas et qui pourrait apporter un certain excitant à sa vie ; l'exilé, c'est celui qui reste.
Contact l'encyclopédie de la création - Emission canadienne par Stéphan Bureau
[ Dany Laferrière ]
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L'exilé, c'est aussi celui qui reste.
Ils ont assisté à notre départ. Certains étaient nos amis. D'autres nous ont appelés : « Ne partez pas, restez... » Dans les villes et les campagnes, les bandes armées ont eu raison des meilleures volontés.
Ils ont assisté à notre départ. Certains étaient nos amis. D'autres nous ont appelés : « Ne partez pas, restez... » Dans les villes et les campagnes, les bandes armées ont eu raison des meilleures volontés.
Des Deux-Moulins à la Pointe Pescade.
Cette très belle photo du port d'Alger qui était placée dans Facebook et qui vient d'Alger sans Mozart.
De Gérard Stagliano :"Comme convenu je te fais parvenir les photos des Deux-Moulins".
Gérard Stagliano ne correspondra plus avec nous. Ses articles étaient riches. Des documents, des histoires car il avait l'âme de conteur. Dès la première page qu'il m'avait envoyée, j'avais deviné le talent de l'homme, la culture, les études enfin car les phrases étaient bien construites, pas une faute d'orthographe. Il nous a quittés en janvier 2017. J'ai reçu le message sur mon téléphone portable alors que je déjeunais avec une de mes fille et de ses enfants et je me suis écrié :"Non, encore un qui s'en va..." Et puis j'ai soupiré :"Ma femme, mon frère cadet, et moi, et moi... " Des points de suspension. Ah, ces points ! Un de mes professeurs disait souvent :"Points de suspension, poésie de quatre sous" et il avait raison. Je regrette déjà les e.mails de Gérard, son humour, les parfum et les embruns de la côte algérienne dont il imprégnait chacun de ses messages.
De profondis clamavi ad te, Domine,exaudi cocem meam.
En allant vers les Deux-Moulins
De la part de Gérard Stagliano, un ancien des Deux Moulins :
"Oui, je confirme, depuis l'Amirauté, on traversait d'abord les quartiers de Nelson, de la Consolation puis Saint-Eugène centre et ensuite les communes qui en faisaient partie : Deux-Moulins, Bou Amar/La Vigie, La Pointe Pescade, Les Horizons Bleus/Miramar, Bains-Romains, Baïnem puis Cap Caxine et enfin Guyotville."
"Oui, je confirme, depuis l'Amirauté, on traversait d'abord les quartiers de Nelson, de la Consolation puis Saint-Eugène centre et ensuite les communes qui en faisaient partie : Deux-Moulins, Bou Amar/La Vigie, La Pointe Pescade, Les Horizons Bleus/Miramar, Bains-Romains, Baïnem puis Cap Caxine et enfin Guyotville."
On vit avec ses souvenirs, soit mais je puis dire quand même que ces cabanons sont gravés dans ma mémoire tout comme le stade de l'Association Sportive de Saint Eugène.
Deux agglomérations qui semblaient imbriquées l'une dans l'autre et je n'ai jamais fait la différence. Du temps de ma première jeunesse, mes parents avaient loué une petite maison aux Deux-Moulins et ils m'en parlèrent longtemps. Pour eux, le souvenir était intact. J'ai bien retrouvé deux vieilles photos prises avec un appareil de l'époque, elles sont mauvaises et elles n'intéresseront personne. En revanche ces deux photos de Gérard sont agréables.
Voilà ce que je peux écrire : "C'est encore le printemps 1962, ce n'est pas l'indépendance, nous sommes encore chez nous, le ciel est plus bleu et les couleurs plus vives, ce sont les Deux-Moulins fixés depuis le balcon du 3e étage de l'immeuble Portelli que nous habitions au lieudit le Plateau, à 1 km pointé des Deux-Moulins et ce sont les rochers que nous fréquentions l'été pour nos baignades."
Gérard Stg
"C'est le même paysage, ou peu s'en faut, mais en mai 2005 et 43 ans sont passés sur nos vies, les belles verrières de la villa Fassina ont été murées et les murs décrépis. La photo est prise depuis la terrasse de l'immeuble faute d'avoir pu visiter l'appartement qui était désert et fermé à double tour. La villa ne notre ami Marco s'est écroulée et seuls quelques gravats attestent encore de sa présence, même les rochers sont couverts d'algues vertes, pollution ou quoi ? Mais le ciel et la mer sont toujours aussi bleus. C'était la première chose que nous allions voir au réveil, quel temps faisait-il, la mer était-elle belle et accueillante ?"
Gérard STAGLIANO
En voilà une autre de photo, ce que nous apercevions en nous mettant sur le balcon, côté mer, il y en avait un autre côté colline. "C'était notre plage, elle s'appelait à notre époque, la plage de l'Indépendance avec de g. à d. le grand rocher, le camembert le plus au large au milieu et le rocher plat enfin le gros rocher à la pointe duquel on aperçoit encore des briques sur lesquelles on avait fixé un madrier qui nous servait de plongeoir et sous les ordres de Noël Segond, avec son inaltérable accent marseillais, nous apprenions à effectuer des sauts de l'ange, des sauts carpés et des "mauresques" en tombant dans le carré d'eau, que cernent les 3 rochers en clair la "piscine", où nous organisions des matches de water-polo. Et le soir quand les gars de Bab-el-Oued revenaient à pieds par le boulevard, ils s'étaient baignés aux deux-Moulins et à sa plage Lebhar, nous faisions des concours de plongeons depuis ledit madrier et ils s'accoudaient au boulevard pour nous admirer.
C'était le bon temps d'une jeunesse follement insouciante. Et tu ne me croiras pas, aujourd'hui cette plage de l'Indépendance ne s'appelle plus comme cela mais la plage Gomila, qu'ils écrivent Goumila. Quand on leur a demandé pourquoi, ils nous ont répondu que c'était le nom d'un pécheur espagnol qui était toujours là et taquinait les "blaouettes" (les petits mulets ou muges). Et ce René Gomila a vraiment existé, puisque c'est mon grand oncle maternel, le cousin germain de maman."
Quant à René Gomila, tu verras sa photo dessous, elle date de 1957 ! Et la villa de Marco effondré est encore debout au-dessus de sa tête, l'escalier par lequel nous descendions à la mer, la longe. Et mon immeuble juste derrière dont on voit deux ou trois balcons à gauche.
Gérard STAGLIANO
Voici la Grande Terrasse des Deux-Moulins.
Avant la guerre de 19339-1945, le tout Alger venait à "La Grande Terrasse" aux Deux-Moulins pour les noces. Ses deux immenses salles de danse, avec orchestre en mezzanine, donnant sur la mer avait la côte. Sans compter que le propriétaire M. Bellan était un cuisinier renommé ayant officier à Ottawa et New-Yorh où étaient nés ses deux enfants Pierre et Paul. Après la guerre, elle ferma brusquement après le décès de Madame Bellan mère qui tenait l'établissement pendant que son époux était aux fourneaux. Les salles closes devaient ensuite servir de vestiaires au club de volley-ball de l'O.D.M créé par Pierre Bellan en 1947. Quelques mois avant l'indépendance les deux salles furent détruites et un immeuble assez laid fut construit à leur emplacement.
Gérard Stagliano
Aux Deux-Moulins, l'école dite du château était une institution. Admirons donc le château dans toute sa splendeur.
Martial Mélis-Granval est né dans le château école des Deux-Moulins. C'est d'ailleurs lui que l'on voit sur le balcon avec son grand père propriétaire du dudit château et qui en a ensuite fait offrande à la ville de Saint-Eugène. La ville qui avait décidé de le transformer en école. Nous verrons Martial un peu plus loin sur les quais de l'amirauté.
Voilà ce qu'il en reste... elle était située à côté de l'Hôtel de La Sirène où résidait le général de Gaulle et le gouvernement français en 1940, hôtel qui a totalement disparu ainsi que toutes les villas, nombreuses, qui l'entouraient.
Nous ne publierons point la photo du château car elle vous fera mal au cœur. J'ai fait paraître en d'autres temps une photo de la villa Lung au Clos-Salembier et les réactions ont été nombreuses et douloureuses. Le site Le Clos-Salembier existe toujours et compte de nombreux visiteurs (aujourd'hui 12 février 2013, il a été vu 60306 fois!). Les Editions Alan Sutton en ont publié un livre dans la collection Mémoire en Images.
Encore les Deux-Moulins
Martial Mélis-Granval est né dans le château école des Deux-Moulins. C'est d'ailleurs lui que l'on voit sur le balcon avec son grand père propriétaire du dudit château et qui en a ensuite fait offrande à la ville de Saint-Eugène. La ville qui avait décidé de le transformer en école. Nous verrons Martial un peu plus loin sur les quais de l'amirauté.
Voilà ce qu'il en reste... elle était située à côté de l'Hôtel de La Sirène où résidait le général de Gaulle et le gouvernement français en 1940, hôtel qui a totalement disparu ainsi que toutes les villas, nombreuses, qui l'entouraient.
Nous ne publierons point la photo du château car elle vous fera mal au cœur. J'ai fait paraître en d'autres temps une photo de la villa Lung au Clos-Salembier et les réactions ont été nombreuses et douloureuses. Le site Le Clos-Salembier existe toujours et compte de nombreux visiteurs (aujourd'hui 12 février 2013, il a été vu 60306 fois!). Les Editions Alan Sutton en ont publié un livre dans la collection Mémoire en Images.
Encore les Deux-Moulins
Chaque fois que nous passions aux Deux-Moulins pour nous rendre vers notre villa de La Madrague, papa désignait le restaurant Le Pavillon bleu perché sur la montagne et il s'exclamait :
-C'était le restaurant de mon père. Le casino était par là. C'est ici que j'ai passé mon enfance.
La Pointe Pescade
-C'était le restaurant de mon père. Le casino était par là. C'est ici que j'ai passé mon enfance.
La Pointe Pescade
Ce bâtiment en cours de construction me gêne. Je ne l'ai pas connu. J'aimerais le supprimer de la photo et laisser le rocher tel que je l'ai vu la dernière fois il y a bien longtemps.
Encore une vue de la Pointe Pescade pour nous faire rêver. Quelle escapade !
Aline Stagliano sur la Plage Martin des Bains-Romains.
Le couple Marc - Aline sur la plage Martin aux Bains-Romains. Nous avons déjà rencontré Marc sur la photo de l'équipe de volley-ball des Deux-Moulins.
Camus :"Si le voyageur arrive en été, la première chose à faire est évidemment d'aller sur les plages qui entourent la ville. Il y verra les mêmes jeunes personnes, plus éclatantes parce que moins vêtues. Le soleil leur donne alors les yeux somnolents des grands animaux."
Les Bains-Romains chers à mon père. Il a quitté l'Algérie à 14 ans pour Nice où il a passé son adolescence et il est revenu à Alger pour faire son service militaire. Il a rencontré ma mère et n'est plus reparti. Il a dû subir à Nice les affres d'une famille recomposée et ne sait jamais, jamais entendu avec la marâtre.
Historia magazine. La guerre d'Algérie. N° 233.
La Pointe Pescade cette plage proche d'Alger dont on prétendait qu'elle avait donné son surnom à Ali La Pointe... qui en avait fait le théâtre de ses exploits.
La Pointe Pescade et la plage Franco aujourd'hui. La Pointe Pescade s'appelle Raïs Hamidou, quant à la plage, voilà ce qu'il en reste.
"La nostalgie. La fiancée des bons souvenirs qu'on éclaire à la bougie."
Grand Corps malade
Au tout début des années cinquante, mes parents nous amenaient ma sœur, mon frère et moi à la plage Franco en bus. Nous retirions au moment de partir nos maillots mouillés en nous cachant avec une serviette. Depuis les naturistes ont cherché à briser une forme de pudeur bien trop excessive.
Camus encore :" (...) l'idéal de ces jeunes gens puisque la plupart continuent cette vie pendant l'hiver et, tous les jours à midi, se mettent nus au soleil pour un déjeuner frugal. Non qu'ils aient lu les prêches ennuyeux des naturistes, ces protestants de la chair (il y a une systématique du corps qui est aussi exaspérante que celle de l'esprit). Mais c'est qu'ils sont "bien au soleil". On ne mesurera assez haut l'importance de cette coutume pour notre époque.Pour la première fois depuis deux mille ans, le corps a été mis nu sur les plages."
Paul Valéry
Et encore le grand Paul Valéry :
" (...) La mer, la mer toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux".
Un plan que nous envoie Gérard Stagliano. Cliquer pour agrandir la photo et ainsi mieux lire les noms des différents endroits qui ont bercé notre jeunesse.
La vie se déroule devant nous comme un album de photos. Les multiples couleurs du temps font virevolter une valse de souvenirs intimes.
(Marie-Claude Pietragalla)
En roulant vers Guyotville
Pour aller des Deux-Moulins à la Pointe Pescade, il y avait la route nationale en macadam, mais si nous voulions nous rendre à l'école du Château Mélis-Granval il fallait nécessairement prendre le chemin en terre battue qui passait dessous et longeait la R.N jusqu'au bout, chemin que l'on voit sur les deux photos que j'ai prises en 2005. En poursuivant vers la Pointe Pescade, il nous fallait alors passer sous un tunnel malodorant et très sombre long de 200 mètres, tout le long desquels on avait l'impression de marcher sur des œufs tellement c'était sombre. C'était aussi une épreuve qu'on s'imposait, l'épreuve de vérité, car quand on était amoureux mais pas encore déclaré, on y amenait sa dulcinée et si à la sortie du tunnel on n'avait eu le courage de sceller cet amour par un baiser fougueux, un french kiss, on risquait de passer pour un âne... bâté ! Et surtout de ne jamais se faire pardonner une telle incurie. Personnellement ce fut toujours couronné de succès et je n'ai jamais reçu de gifle furibarde de réprobation, jamais.
Gérard STAGLIANO
J'ai parcouru ce blog avec beaucoup de plaisir . Les photos d'archives sont très précieuses, et souvent recherchées par les nostalgiques de l' Algérie ayant connu ses rives méditerranéennes . Mon père aurait aimé visiter votre travail de mémoire , lui qui vécut sa jeunesse dans les mêmes lieux que la vôtre, pataugé dans les mêmes criques, lui le jeune berbère pauvre , qui se rappelait le nom de tous ses camarades des Deux Moulins , la Vigie, la Pointe, le Plateau . Et eux se rappellent-ils de lui ? Merci Gérard .
Albert Camus :"Le port est dominé par le jeu de cubes blancs de la Kasbah. Quand on est au niveau de l'eau, sur le fond blanc cru de la ville arabe, les corps déroulent une frisée cuivrée. Et, à mesure qu'on avance dans le mois d'août et que le soleil grandit, le blanc des maisons se fait plus aveuglant et les peaux prennent une chaleur plus sombre. Alors comment ne pas s'identifier à ce dialogue de la pierre et de la chair à la mesure du soleil et des saisons ? Toute la matinée passe en plongeons, en floraison de rires parmi les gerbes d'eau, en longs coups de pagaie autour des cargos rouges et noirs (ceux qui viennent de Norvège et qui ont tous les parfums du bois; ceux qui arrivent d'Allemagne pleins de l'odeur des huiles; ceux qui font la côte et sentent le vin et les vieux tonneaux)".
Mon grand-père a bien été le propriétaire du Pavillon bleu et il l'a revendu vers 1925. Il était divorcé et avait la garde des enfants. Il a eu besoin d'un cuisinier et a passé des annonces. Une femme plutôt belle s'est présentée. Cuisinière de très grande classe elle a vite fait merveille. Elle a aussi très vite vu que la place était libre dans le lit de Michel mon grand-père et il est facile de deviner la suite. Un enfant est né et il a été reconnu par Michel. A l'époque il fallait réparer. Mariage, voyage de noces à Nice et une fois à Nice, la cuisinière n'a plus voulu revenir.
La mère et les sœurs de Michel qui travaillaient toutes aux Bains-Romains n'ont jamais voulu revoir cette intrigante, une intrigante qui a préféré l'éloignement à l'hostilité de sa belle-famille. Michel venait parfois nous rendre visite à Alger mais sans elle car la famille n'a jamais, jamais pardonné.
La mère et les sœurs de Michel qui travaillaient toutes aux Bains-Romains n'ont jamais voulu revoir cette intrigante, une intrigante qui a préféré l'éloignement à l'hostilité de sa belle-famille. Michel venait parfois nous rendre visite à Alger mais sans elle car la famille n'a jamais, jamais pardonné.
Michel (né en 1882) avait un casino aux Bains-Romains et des spectacles étaient organisés (places vendues par une des sœurs, Baptistine née en 1888), bar américain tenu par une autre sœur (Marie née en 1885), quant à la mère (donc mon arrière grand-mère Marie Boronad-Billard née en 1861) dirigeait la maison et préparait le repas pour tous les employés. L'entreprise fonctionnait, prospérait et faisait vivre toute une famille. Selon mon père Roger Boronad (né en 1911), l'affaire a capoté en raison des plans diaboliques de l'intrigante et la haine est restée très vive, la rancune tenace.
Michel a quitté les Bains-Romains à l'âge de 45 ans.
Nous n'avons point le nom du peintre. Une peinture sans prétention mais tellement agréable. Et puis, c'est un paysage de chez nous.
Les Deux-Moulins dite Plage Espériquette que tout Deux-Moulinois reconnaîtra sans peine.
Michel a quitté les Bains-Romains à l'âge de 45 ans.
Nous n'avons point le nom du peintre. Une peinture sans prétention mais tellement agréable. Et puis, c'est un paysage de chez nous.
Les Deux-Moulins dite Plage Espériquette que tout Deux-Moulinois reconnaîtra sans peine.
Albert Camus : "J'ai grandi dans la mer et la pauvreté m'a été fastueuse, puis j'ai perdu la mer, tous les luxes alors m'ont paru gris, la misère intolérable. Depuis, j'attends. J'attends les navires du retour, la maison des eaux, le jour limpide. Je patiente, je suis poli de toutes mes forces. On me voit passer dans de belles rues savantes, j'admire les paysages, j'applaudis comme tout le monde, je donne la main, ce n'est pas moi qui parle."
Regardez cette photo nous dit Gérard Stagliano, photo trouvée sur le site Saint-Eugène de Mitidjaweb, avec la façade extérieur de la "Grande Terrasse" lors de la fête des Deux-Moulins en 1953. Ce sont les corsaires du club nautique saint-eugènois (C.N.S.E.) qui avaient pris d'assaut et en ... pastéras, la République Libre des Deux-Moulins. Amusant, non ?
Allez sur le site http://www.mitidjaweb.com/les_clubs_nautiques.html . Vous verrez, pris du boulevard de la plage Lebhar, l'invasion des dites pastéras mais en descendant un peu.
Gérard Stagliano
Cette photo je l'ai récupérée sur le site algérien Bejaia qui disait qu'il s'agissait de la Vigie ou de Bou Amar si tu préfères alors qu'en réalité, comme je connais les fonds marins par cœur, c'était un endroit très proche de chez nous et quasiment la fin de la plage de l'Indépendance dont je te parlais. C'est pile à l'endroit où le boulevard Pitolet retrouve — 400 mètres avant les Deux-Moulin — l'avenue Maréchal-Foch où j'habitais et qui elle passait par l'intérieur de Saint-Eugène à partir de la Consolation. La clarté de l'eau de mer et la luminosité de la prise de vue avaient fait clic chez moi. C'est à l'à pic de la villa Cardinet et si tu repères bien le mur de pierres qui est en angle tu le reverras sur mes deux photos des Deux-Moulins prises du balcon et de la terrasse de mon immeuble. La villa Cardinet est toute blanche et en plein milieu de mes deux clichés.
Gérard Stagliano
Regardez cette photo nous dit Gérard Stagliano, photo trouvée sur le site Saint-Eugène de Mitidjaweb, avec la façade extérieur de la "Grande Terrasse" lors de la fête des Deux-Moulins en 1953. Ce sont les corsaires du club nautique saint-eugènois (C.N.S.E.) qui avaient pris d'assaut et en ... pastéras, la République Libre des Deux-Moulins. Amusant, non ?
Allez sur le site http://www.mitidjaweb.com/les_clubs_nautiques.html . Vous verrez, pris du boulevard de la plage Lebhar, l'invasion des dites pastéras mais en descendant un peu.
Gérard Stagliano
Cette photo je l'ai récupérée sur le site algérien Bejaia qui disait qu'il s'agissait de la Vigie ou de Bou Amar si tu préfères alors qu'en réalité, comme je connais les fonds marins par cœur, c'était un endroit très proche de chez nous et quasiment la fin de la plage de l'Indépendance dont je te parlais. C'est pile à l'endroit où le boulevard Pitolet retrouve — 400 mètres avant les Deux-Moulin — l'avenue Maréchal-Foch où j'habitais et qui elle passait par l'intérieur de Saint-Eugène à partir de la Consolation. La clarté de l'eau de mer et la luminosité de la prise de vue avaient fait clic chez moi. C'est à l'à pic de la villa Cardinet et si tu repères bien le mur de pierres qui est en angle tu le reverras sur mes deux photos des Deux-Moulins prises du balcon et de la terrasse de mon immeuble. La villa Cardinet est toute blanche et en plein milieu de mes deux clichés.
Gérard Stagliano
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