De-l-amiraute-a-tipasa 2
Vers Guyotville et
La Madrague
Je voudrais signaler qu'il n'y a plus de séparation entre les Deux-Moulins, la Pointe Pescade, Bains-Romains, Baïnem, Cap Caxine jusqu'à Guyotville des barres d'immeubles ininterrompues nous cachent la mer et a fortiori le Cap Caxine dont on aperçoit seulement le sommet derrière les immeubles en question, alors que de notre temps on ne voyait que lui depuis la route.
Gérard STAGLIANO
Pour moi, le cap Caxine, c'était un phare et non un cap d'abord. Je lis qu'il avait 22 mètres de hauteur et que son feu portait à 65 milles (un mille vaut 1852 mètres sur mer) .
Tous les Algérois aimaient se rendre à la forêt de Baïnem, une forêt composée de pins maritimes, de pins pignons, de pins d'alep et d'eucalyptus. C'était le lieu le plus près de la ville pour le pique-nique, le sport, la détende. Nous nous y rendions le dimanche après-midi lorsque j'étais encore enfant. Un été de 1956, -le 16 août- la forêt a brûlé et la chaleur est montée à 45 degrés. Je m'en souviens fort bien car c'était le temps où j'étais moniteur au centre aéré de la Croix-Rouge au Clos-Salembier. Nous demandions aux enfants de se mouiller, de prendre des douches, de boire. La journée fut affreuse. Nous sûmes en fin d'après-midi que notre belle forêt avait brûlé et tout de suite les incendiaire avait été désignés : les fellagha (s). Aujourd'hui je crois que nous ne savons toujours pas qui a allumé l'incendie.
Photo Aliane Djilali.
J'ai trouvé ces deux belles photos d'Aliane Djilali. Je les vole pas et je signale le site dans lequel j'ai prélevé ces beaux clichés et le nom de l'artiste.
Je voudrais signaler qu'il n'y a plus de séparation entre les Deux-Moulins, la Pointe Pescade, Bains-Romains, Baïnem, Cap Caxine jusqu'à Guyotville des barres d'immeubles ininterrompues nous cachent la mer et a fortiori le Cap Caxine dont on aperçoit seulement le sommet derrière les immeubles en question, alors que de notre temps on ne voyait que lui depuis la route.
Gérard STAGLIANO
Pour moi, le cap Caxine, c'était un phare et non un cap d'abord. Je lis qu'il avait 22 mètres de hauteur et que son feu portait à 65 milles (un mille vaut 1852 mètres sur mer) .
Tous les Algérois aimaient se rendre à la forêt de Baïnem, une forêt composée de pins maritimes, de pins pignons, de pins d'alep et d'eucalyptus. C'était le lieu le plus près de la ville pour le pique-nique, le sport, la détende. Nous nous y rendions le dimanche après-midi lorsque j'étais encore enfant. Un été de 1956, -le 16 août- la forêt a brûlé et la chaleur est montée à 45 degrés. Je m'en souviens fort bien car c'était le temps où j'étais moniteur au centre aéré de la Croix-Rouge au Clos-Salembier. Nous demandions aux enfants de se mouiller, de prendre des douches, de boire. La journée fut affreuse. Nous sûmes en fin d'après-midi que notre belle forêt avait brûlé et tout de suite les incendiaire avait été désignés : les fellagha (s). Aujourd'hui je crois que nous ne savons toujours pas qui a allumé l'incendie.
Photo Aliane Djilali.
J'ai trouvé ces deux belles photos d'Aliane Djilali. Je les vole pas et je signale le site dans lequel j'ai prélevé ces beaux clichés et le nom de l'artiste.
Photo Aliane Djilali
Au bas de la colline, la plage.
Des détails qui intéresseront les habitants des Deux-moulins, la Pointe Pescade, les Bains-Romains.
Je voudrais préciser que le chemin en terre battue dont je parlais entre les Deux-Moulins et la Pointe Pescade, reprenait après la Pointe Pescade au moins jusqu'aux Horizons Bleus ou Miramar, c'est par là que passait le petit train à l'époque, train qui allait jusqu'à Staouëli je crois, d'où le fameux Tunnel. En bas de notre futur immeuble qui n'existait certainement pas sur la photo ci jointe, on voit les rails dudit train qui passaient au milieu de la route nationale (ou boulevard Pitolet) qui à mon époque n'était plus que du macadam, les rails avait disparu. Et il est possible de voir sur la villa Fassina avec ses baies vitrées et même ses vitraux qui depuis notre départ ont été de façon lamentable, murées ! Et il manquait un étage à la villa Cardinet.
Gérard STAGLIANO
Des détails qui intéresseront les habitants des Deux-moulins, la Pointe Pescade, les Bains-Romains.
Je voudrais préciser que le chemin en terre battue dont je parlais entre les Deux-Moulins et la Pointe Pescade, reprenait après la Pointe Pescade au moins jusqu'aux Horizons Bleus ou Miramar, c'est par là que passait le petit train à l'époque, train qui allait jusqu'à Staouëli je crois, d'où le fameux Tunnel. En bas de notre futur immeuble qui n'existait certainement pas sur la photo ci jointe, on voit les rails dudit train qui passaient au milieu de la route nationale (ou boulevard Pitolet) qui à mon époque n'était plus que du macadam, les rails avait disparu. Et il est possible de voir sur la villa Fassina avec ses baies vitrées et même ses vitraux qui depuis notre départ ont été de façon lamentable, murées ! Et il manquait un étage à la villa Cardinet.
Gérard STAGLIANO
Guyotville et La Madrague
La foule sur la plage. Trop c'était trop et nous évitions de nous y rendre le dimanche. A la Madrague c'était la fête tout l'été, la barbe à papa pour les enfants, les assiettes de frites, la musique, une peuplade de gosses bruyants et des filles splendides.
Papa avait un ami qui était le patron d'un bateau, un ami qui nous emmenait parfois faire de grandes virées en mer. Mes parents nageaient mal et, très précautionneux, ils nous demandaient de prendre les ceintures de sauvetage. Maman ne supportait point le roulis et nous faisait savoir qu'elle avait le mal de mer. Il fallait rentrer au port de La Madrague. C'était bien dommage car, en navigant vers l'Est, nous apercevions Alger et la kasbah comme sur la photo. Ah, ces balades sur la mer en été, n'était-ce point des instants de pur bonheur ?
Albert Camus nous a dit :"Le port est dominé par le jeu de cubes blancs de la Kasbah. Quand on est au niveau de l'eau, sur le fond blanc cru de la ville arabe, les corps déroulent une frisée cuivrée."
La Casbah (1), en haut sur la gauche et puis la grande mosquée et l'amirauté. Cette photo m'a été envoyée par Marc Stagliano.
(1) Je note que Camus écrivait Casbah avec un C dans Le premier homme.
Il y avait à Guyotville une pâtisserie si célèbre que le tout Alger et a fortiori tous les Saint-Eugènois s'y précipitaient pour sa grande spécialité : le Saint-Honoré ; un gâteau tout rempli de Chantilly et de choux à la crème tout enrobés de caramel, un délice à l'effet déplorable sur la ligne haricot vert. Mais nous avons malheureusement oublié le nom de cette pâtisserie et même le nom du pâtissier. Nos lecteurs nous le rappellerons.(1)
Nous nous souvenons en revanche du charcutier Barcelo. Sa soubressade était aussi bonne que celle que j'ai goûtée et savourée à Minorque, la deuxième île des Baléares où j'ai séjourné à trois reprises. Barcelo... Nous l'avions retrouvé en 1963 à Juvisy s/Orge où il s'était installé. Sa femme servait et encaissait. Il venait l'aider au moment des grands coups de feu.Et puis le couple fut très vite débordé et connut l'affluence des rapatriés de la région car nous étions nombreux à nous être repliés en Essonne. J'ai habité à Juvigy et faisais le parcours jusqu'à Orly à moto, une petite moto. Au cours de mes premiers achats à la charcuterie, nous parlions de Guyotville, de La Madrague, du bon temps. Quelques mois plus tard, la charcuterie est devenue une véritable usine et nous n'avons plus eu le temps de d'évoquer le pays perdu.
Barcelo, l'image de la réussite des pieds-noirs en France, une image qui a provoqué bien des jalousies.
(1)Après une lecture attentive du texte je pense que la pâtisserie concernée est celle qualifiée de fine d'André Cardin. (Gérard Stagliano).
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Voici le monument aux morts devant lequel nous passions en allant vers Alger .
Voici ce que je trouve dans Geneawiki Algérie Guyotville.
La création du centre - village de Aïn Bénian est signée par le Maréchal Bugeaud le 19 avril 1845, fondé par le comte de Guyot.
-En 1858, le village prend le nom de Guyotville et le 28 novembre 1874 Guyotville est érigée en commune de plein exercice.
-En 1852, des mesures concernant le manque d'eau, les voies de communications et la création de la forêt de Baïnem vont sortir le village de la ruine.
L'église Saint
Roch de Guyotville. Les fidèles assistaient souvent à la messe avec leurs enfants et des bébés troublaient les offices. Pas du tout gêné, le curé nous
disait : « N'hésitez pas et venaient avec les enfants. Le Seigneur aime les enfants. » C'était un bon prêtre qui nous a suivi au moment de la débâcle. L'église Saint Roch a été transformée en mosquée et le clocher détruit.
disait : « N'hésitez pas et venaient avec les enfants. Le Seigneur aime les enfants. » C'était un bon prêtre qui nous a suivi au moment de la débâcle. L'église Saint Roch a été transformée en mosquée et le clocher détruit.
La Madrague
J 'ai lu ton commentaire sur "l'auberge espagnole" du port de la Madrague où tu allais dîner et jouer au pink-foot. Je te précise que cette auberge existe toujours, qu'elle s'appelle "Chez Sauveur" et que tous les tours operators amènent les pieds noirs en goguette pour y déjeuner. Nous y sommes allés en 2005 le deuxième jour à midi l'histoire de se faire une "ventrée" de crevettes frites et de rougets. J'y suis photographié avec mon ami Ahmed Azi (1) et une amie du groupe qui était venu nous rejoindre à cette occasion, il est devenu pregadiou, comme on dit ici sur la Côte et porte désormais le calot tricoté en coton comme tu le vois sur la photo.
Gérard STAGLIANO
(1) La célèbre équipe de volley-ball des Deux-Moulins à la page 2. Mohamed Azi porte le numéro 2.
Gérard STAGLIANO
(1) La célèbre équipe de volley-ball des Deux-Moulins à la page 2. Mohamed Azi porte le numéro 2.
Au tout début des années cinquante, nous venions dîner sur la terrasse du caboulot du port chez Georgeaud qui se trouvait au bas de cette falaise et mon père rangeait sa voiture sur le parking que l'on voit. Norbert, le barman parlait "pêche" avec mon père.
Papa a su qu'il était devenu gardien du port du Frioul à Marseille.
Papa a su qu'il était devenu gardien du port du Frioul à Marseille.
Au fond le caboulot de bois peint en vert que nous nommions le café Georgeaud. Une auberge espagnole ! Au tout début des années cinquante, nous venions dîner sur la terrasse de ce bistrot. Ma mère apportait le repas du soir dans un panier et nous consommions les apéritifs et le vin. Les enfants mangeaient des cornets de frites et jouaient au baby foot que nous appelions pink foot. Jean-Marc Chef était le meilleur joueur de la station et nous battait à tous.
Une enfance à La Madrague par Jean Marc Chef. Voir L'algérianiste n°139 décembre 2012, page 96. L'article est illustré par un tableau de Léon Moreau, "La Madrague", in L'Algérie des peintres, de Marion Vidal-Bué, éd. Paris-Méditerranée.
Une image tranquille du port. Encore un cliché que j'avais pris de Ras Acrata le 13 août 1958. Quand on aime on ne compte pas. Nous nous promenions en short et vêtus d'un tricot marin.
Une enfance à La Madrague par Jean Marc Chef. Voir L'algérianiste n°139 décembre 2012, page 96. L'article est illustré par un tableau de Léon Moreau, "La Madrague", in L'Algérie des peintres, de Marion Vidal-Bué, éd. Paris-Méditerranée.
Une image tranquille du port. Encore un cliché que j'avais pris de Ras Acrata le 13 août 1958. Quand on aime on ne compte pas. Nous nous promenions en short et vêtus d'un tricot marin.
Nous connaissions les pêcheurs qui étendaient leurs filets devant nous. Je me souviens des frères Banyuls dont l'un était surnommé La Belette et Armand Vitielo.
Je revois ce petit port qui sentait la crevette sèche et l'embrun. En fond sonore, le bruit des vagues contre les blocs. Le parfum des filles et mon visage face au vent.
Vue d'une partie du port. Les frères Saval avaient le palangrier Vaillant Couturier. On disait qu'ils étaient communistes alors personne ne leur parlait. L'été, lorsque notre port était très animé, ils se retranchaient dans leur solitude. Je voyais chez eux une forme de dénuement. Le contraste avec le spectacle de la foule qui déambulait me frappait. Les Saval capturaient des poissons de belle taille. C'était seulement en pratiquant leur métier qu'ils faisaient des envieux. Sinon, ils étaient détestés et l'on disait qu'ils étaient les alliés des fellaghas donc des poseurs de bombes.
Au-dessus à gauche, le quartier de Ras Acrata que l'on devine. Ici, nous pouvions nous permettre d'oublier la guerre car il n'y avait ni bruit de bottes et ni le bruit des armes.
Les deux frère Rey avaient un garage pour réparation de voitures et distribution d'essence du côté du Hamma ou du Ruisseau, je ne sais plus, à Alger mais ils passaient l'été à la Madrague. Leur villa était confortable, le jardin suffisamment grand puisque leur père avait fait aménager un beau terrain de volley mis souvent à la disposition des habitants de notre station balnéaire. Au RUA, Claude Rey a été un temps mon entraîneur. (Voir Le volley au RUA -www.levolleyaurua.fr
Après le port, sur la gauche, parmi les villas, se trouvait celle des Rey avec son terrain de volley-ball. Pierre Coquand, le capitaine de l'équipe de France venait parfois jouer mais nous ne nous mesurions jamais à lui. Je faisais partie de la petite équipe que nous avions formée avec les garçons de l'Ilot.
Après le port, sur la gauche, parmi les villas, se trouvait celle des Rey avec son terrain de volley-ball. Pierre Coquand, le capitaine de l'équipe de France venait parfois jouer mais nous ne nous mesurions jamais à lui. Je faisais partie de la petite équipe que nous avions formée avec les garçons de l'Ilot.
La carte postale que nous envoyions pendant les vacances à des amis qui restaient en ville les deux mois d'été pour les narguer. Camus écrivait : « Pendant ces mois, la ville est désertée. Mais les pauvres restent et le ciel ».
Merci pour ces photos. J'avais oublié la simplicité des bateaux et des lieux. Amicalement Annie
Une enfance à La Madrague par Jean Marc Chef. Voir L'algérianiste n°139 décembre 2012, page 96. L'article est illustré par un tableau de Léon Moreau, "La Madrague", in L'Algérie des peintres, de Marion Vidal-Bué, éd. Paris-Méditerranée.
Nous avons bien compris un jour que notre pays était à jamais perdu. Nous avions tous besoin de la Méditerranée. Les premières années ce fut comme une fixation. Nous nous retrouvions parfois dans les environs de Nice, nous rêvions de faire de lointains voyages, rêvions de partir au Brésil, en Chine, au Etats-Unis pour oublier Alger. J'ai été le seul à avoir tenu la promesse.
Je me souviens d'une soirée passée avec Pierrette Viallant à Antibes. Elle affirmait que le port d'Antibes lui rappelait le port de La Madrague.
-Regarde, tu es chez toi ici, s'exclamait-elle. Quitte Paris et viens vivre avec nous.
Antibes s'est développé et je n'y suis plus retourné. Pierrette est morte et je n' ai pas appris tout de suite la triste nouvelle. La Madrague a changé de nom, a été bétonnée et pour moi La Madrague est morte aussi. Et je suis toujours à Paris. Je déambule sur les Grands boulevards, la terre de mon pays collée à mes souliers.
Encore Albert Camus :"La mer, le soleil, le sable chaud, les géraniums et... les bois d'eucalyptus ? On touche le bonheur. Je ne pourrai jamais vivre en dehors d'Alger. Jamais. Je voyagerai car je veux connaître le monde mais, j'en ai la conviction, ailleurs, je serai toujours en exil."
Il est parti en raison d'articles presque virulents publiés sur Alger Républicain, ce journal que nous appelions l'Humanité d'Alger. Il défendait les Kabyles dont les conditions matérielles étaient misérables.
La police lui a fait comprendre que sa place n'était plus parmi son peuple.
Je lis dans Les écrivains célèbres :
"En 1939, il entreprend sa fameuse enquête en Kabylie. Dans une série d'articles, il évoque toutes les bonnes raisons que se donnent les colons pour maintenir les musulmans dans leur triste condition. Il s'élève contre le colonat qui a déraciné l'Arabe de sa propre patrie. Il dénonce la misère, la famine, l'inculture, la détresse du peuple kabyle. Il prône sa dignité et s'insurge contre l'idée, si répandue, de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène."
Bien des années plus tard, dans La force des choses, Simone de Beauvoir écrivait : « Devant un vaste public, Camus déclara : « J'aime la Justice, mais je défendrai ma mère avant la justice », ce qui revenait à se ranger du côté des pieds-noirs. La supercherie, c'est qu'il feignait en même temps de se tenir au dessus de la mêlée, fournissant ainsi une caution à ceux qui souhaitent concilier cette guerre et ses méthodes avec l'humanisme bourgeois. »
Je défendrai ma mère avant la justice. Phrase condamnée par maints bien-pensants mais phrase que j'aime. Pourtant, j'en ai la conviction, Camus nous a rejoint mais du bout des lèvres, du bout de la plume de son stylo. Nous avons vu à Alger, les anciens communistes de Bab-el-Oued passer à l'O.A.S., fixer le drapeau bleu blanc rouge à leurs fenêtres et criaient "Vive Salan" mais ces hommes n'étaient pas faits de la trempe de la pharmacienne Degueurce (la pharmacie était située dans l'immeuble dans lequel j'ai habité plus de vingt ans), l'aspirant Henri Maillot, Fernand Iveton, ces hommes, ces femmes qui avaient un certain idéal chevillé au corps et dont la capitale était Moscou.
Commentaire :
Merci pour l'histoire des lieux, les photos et surtout les émotions. Alger ont y habite et en s'en lasse pas des souvenirs,vous y êtes toujours le bienvenu, la terre n'appartient à personne,elle appartient à ceux qui l'aiment,on en prend soin du mieux qu'on peux,mais...
Un algérois amoureux de sa ville, merci encore,à bientôt.
[email protected]
Merci pour ces photos. J'avais oublié la simplicité des bateaux et des lieux. Amicalement Annie
Une enfance à La Madrague par Jean Marc Chef. Voir L'algérianiste n°139 décembre 2012, page 96. L'article est illustré par un tableau de Léon Moreau, "La Madrague", in L'Algérie des peintres, de Marion Vidal-Bué, éd. Paris-Méditerranée.
Nous avons bien compris un jour que notre pays était à jamais perdu. Nous avions tous besoin de la Méditerranée. Les premières années ce fut comme une fixation. Nous nous retrouvions parfois dans les environs de Nice, nous rêvions de faire de lointains voyages, rêvions de partir au Brésil, en Chine, au Etats-Unis pour oublier Alger. J'ai été le seul à avoir tenu la promesse.
Je me souviens d'une soirée passée avec Pierrette Viallant à Antibes. Elle affirmait que le port d'Antibes lui rappelait le port de La Madrague.
-Regarde, tu es chez toi ici, s'exclamait-elle. Quitte Paris et viens vivre avec nous.
Antibes s'est développé et je n'y suis plus retourné. Pierrette est morte et je n' ai pas appris tout de suite la triste nouvelle. La Madrague a changé de nom, a été bétonnée et pour moi La Madrague est morte aussi. Et je suis toujours à Paris. Je déambule sur les Grands boulevards, la terre de mon pays collée à mes souliers.
Encore Albert Camus :"La mer, le soleil, le sable chaud, les géraniums et... les bois d'eucalyptus ? On touche le bonheur. Je ne pourrai jamais vivre en dehors d'Alger. Jamais. Je voyagerai car je veux connaître le monde mais, j'en ai la conviction, ailleurs, je serai toujours en exil."
Il est parti en raison d'articles presque virulents publiés sur Alger Républicain, ce journal que nous appelions l'Humanité d'Alger. Il défendait les Kabyles dont les conditions matérielles étaient misérables.
La police lui a fait comprendre que sa place n'était plus parmi son peuple.
Je lis dans Les écrivains célèbres :
"En 1939, il entreprend sa fameuse enquête en Kabylie. Dans une série d'articles, il évoque toutes les bonnes raisons que se donnent les colons pour maintenir les musulmans dans leur triste condition. Il s'élève contre le colonat qui a déraciné l'Arabe de sa propre patrie. Il dénonce la misère, la famine, l'inculture, la détresse du peuple kabyle. Il prône sa dignité et s'insurge contre l'idée, si répandue, de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène."
Bien des années plus tard, dans La force des choses, Simone de Beauvoir écrivait : « Devant un vaste public, Camus déclara : « J'aime la Justice, mais je défendrai ma mère avant la justice », ce qui revenait à se ranger du côté des pieds-noirs. La supercherie, c'est qu'il feignait en même temps de se tenir au dessus de la mêlée, fournissant ainsi une caution à ceux qui souhaitent concilier cette guerre et ses méthodes avec l'humanisme bourgeois. »
Je défendrai ma mère avant la justice. Phrase condamnée par maints bien-pensants mais phrase que j'aime. Pourtant, j'en ai la conviction, Camus nous a rejoint mais du bout des lèvres, du bout de la plume de son stylo. Nous avons vu à Alger, les anciens communistes de Bab-el-Oued passer à l'O.A.S., fixer le drapeau bleu blanc rouge à leurs fenêtres et criaient "Vive Salan" mais ces hommes n'étaient pas faits de la trempe de la pharmacienne Degueurce (la pharmacie était située dans l'immeuble dans lequel j'ai habité plus de vingt ans), l'aspirant Henri Maillot, Fernand Iveton, ces hommes, ces femmes qui avaient un certain idéal chevillé au corps et dont la capitale était Moscou.
Commentaire :
Merci pour l'histoire des lieux, les photos et surtout les émotions. Alger ont y habite et en s'en lasse pas des souvenirs,vous y êtes toujours le bienvenu, la terre n'appartient à personne,elle appartient à ceux qui l'aiment,on en prend soin du mieux qu'on peux,mais...
Un algérois amoureux de sa ville, merci encore,à bientôt.
[email protected]
Toujours à La Madrague
Chez Claude Biben. La foule des mois d'été.
Jean-Claude Nouveau :"Claude Biben hélas ! nous a quittés". Décédé le 19 mars 2009 a Nice.
Voici un commentaire : Le San Sebastian avait remplacé le restaurant en planche du Père Biben appelé La Madrague . C'est là que Jean Marc tenait sa place au Baby Foot.
Nous bien souvent nous étions assis sur les marches d' escalier et écoutions le frère ainé de Michelle Lafargue nous chanter " Bastos Blouze "
Jean-Claude Nouveau :"Claude Biben hélas ! nous a quittés". Décédé le 19 mars 2009 a Nice.
Voici un commentaire : Le San Sebastian avait remplacé le restaurant en planche du Père Biben appelé La Madrague . C'est là que Jean Marc tenait sa place au Baby Foot.
Nous bien souvent nous étions assis sur les marches d' escalier et écoutions le frère ainé de Michelle Lafargue nous chanter " Bastos Blouze "
Les bateaux du port de La Madrague.Il s'agit de la manœuvre banale d'un chalutier du port de la Madrague qui se mettait à quai un après-midi de printemps été de 1958. J'avais mon Foca-Sport à la main et j'ai donc fait ces deux photos.
Marc Stagliano
Marc Stagliano
Au-dessus de la falaise, à gauche, c'est là que j'habitais. Des escaliers longeaient le bâtiment de trois étages. La terrasse était située de plain-pied et une messe était célébrée les dimanches d'été.
.
Jean-Claude Nouveau que j'ai retrouvé sur Face book.
Il avait fait une pêche magnifique après une nuit passée en mer à la Côve au large de Guyotville: des manfrounes et des minjacags.
Des noms de poissons que moi, Marc, je ne connais pas. Les minjacas, n'était-ce point des tchelbas ? J'ai vu il y a fort longtemps, des tchelbas étiquetées à Nice sars dorés.
Marc ! C'est bien d'avoir fait ce site .
Quant aux noms des poissons : les Manfrounes sont les faux pageots autrement dit les bogues ravelles .
Tandis que les Minjacags , rien à voir avec les Ninjas . C'est tout simplement le nom délicieux et pittoresque de " Mange et Cague " , un poisson qui mérite ce nom . Autrement dits les Gros Yeux quand on tombe dessus on en prend 10 kgs.
Réponse de Marc : Oui, oui, oui, je me souviens des faux- pageots et des Gros-yeux. Mon père était parti à bord de son petit bateau et était revenu avec une dizaine de Gros-yeux. Nous étions émerveillés. Las, ce poisson était de médiocre qualité et nous fûmes déçus.
Pourtant mon père allait à la pêche. Lorsque nous étions à La Madrague, l'été ou les fins de semaine, il trouvait trop souvent que le temps ne se prêtait point pour aller ferrer des oblades et des sars sur le rocher au bas de la villa. C'est qu'il commençait à vieillir, tout simplement. Voici le rocher et ce n'est pas papa mais moi-même en plein effort.
Jean-Loup venait très souvent chez nous ainsi que Slim et Jean-Pierre Cote. Jean-Pierre imitait si bien les Arabes que nous l'avions surnommé l'Arabe. En France il s'est marié et le couple a eu deux filles, deux filles que leur papa appelait "les côtelettes". Nous ne savons pas ce qu'elles sont devenues mais nous n'avons jamais oublié la boutade de leur père.
Les jeunes de Ras Acrata. Gilles Boronad, entre les deux filles blondes, Elisabeth Wyl et sa sœur Anne-Marie. (La famille Wyl habitait la maison rose. Maître Wyl, le papa, était avocat. La maman était professeur d'éducation physique.) Max, avec ses lunettes de soleil, était le propriétaire du scooter. Regardez, à gauche, le jeune garçon arabe. Il faisait partie de la famille indigène dont le chef de famille avait voulu occuper notre villa, en vain. Mais elle fut malgré tout étatisée et entièrement pillée. Nous n'avons rien sauvé. Rien.
Cette photo a été prise en mars 1961. Un mois avant le putsch militaire du général Challe. Maman n'avait pas retiré ses bigoudis. Au fond, on voit très bien une maison blanche à deux niveaux, des escaliers qui débouchent sur une porte d'entrée, une fenêtre et une voiture. Là, dans une grande pièce unique vivait une famille arabe de huit enfants. L'aîné avait été marié et juste avant que nous quittions notre pays, un bébé était né. Le dimanche 25 juin, papa remit une liasse de billets au père de famille pour qu'il veille sur notre maison (il était payé tous les mois et nous n'avions jamais subi de dégradations). Il jura de bien s'occuper de notre villa et qu'il faudrait qu'on lui passât sur le corps pour qu'on osât toucher à notre propriété. Ces explications furent exprimées dans son charabia.
La sœur de ma mère et son mari qui gardaient le double de nos clés furent appelés en urgence après quinze jours d'indépendance et ils tombèrent sur le « gardien » ainsi que trois hommes du FLN. Le gardien jura qu'il avait vu des armes et qu'il fallait les remettre tout de suite. La maison fut mise sens dessus dessous, la fosse septique fut inspectée et l'homme qui y entra prit un bain tiède dans notre baignoire. Point d'armes. Le couple fut alors libéré mais accompagné de mille menaces. La sœur de ma mère et son mari rentrèrent en France précipitamment. Le gardien, malgré ses manœuvres, ne réussit point à obtenir notre maison qui fut attribuée à une autre famille. Lui et les siens demeurèrent dans leur antre à l'odeur pestilentielle. J'ai revu l'homme sept ans plus tard, devant la porte de sa pièce, vieilli, décharné et j'ai caché mon visage pour qu'il ne me reconnût point. En France, je l'aurais affronté mais dans mon pays, chez moi, devant notre villa, j'étais devenu un étranger.
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Jean-Claude Nouveau que j'ai retrouvé sur Face book.
Il avait fait une pêche magnifique après une nuit passée en mer à la Côve au large de Guyotville: des manfrounes et des minjacags.
Des noms de poissons que moi, Marc, je ne connais pas. Les minjacas, n'était-ce point des tchelbas ? J'ai vu il y a fort longtemps, des tchelbas étiquetées à Nice sars dorés.
Marc ! C'est bien d'avoir fait ce site .
Quant aux noms des poissons : les Manfrounes sont les faux pageots autrement dit les bogues ravelles .
Tandis que les Minjacags , rien à voir avec les Ninjas . C'est tout simplement le nom délicieux et pittoresque de " Mange et Cague " , un poisson qui mérite ce nom . Autrement dits les Gros Yeux quand on tombe dessus on en prend 10 kgs.
Réponse de Marc : Oui, oui, oui, je me souviens des faux- pageots et des Gros-yeux. Mon père était parti à bord de son petit bateau et était revenu avec une dizaine de Gros-yeux. Nous étions émerveillés. Las, ce poisson était de médiocre qualité et nous fûmes déçus.
Pourtant mon père allait à la pêche. Lorsque nous étions à La Madrague, l'été ou les fins de semaine, il trouvait trop souvent que le temps ne se prêtait point pour aller ferrer des oblades et des sars sur le rocher au bas de la villa. C'est qu'il commençait à vieillir, tout simplement. Voici le rocher et ce n'est pas papa mais moi-même en plein effort.
Jean-Loup venait très souvent chez nous ainsi que Slim et Jean-Pierre Cote. Jean-Pierre imitait si bien les Arabes que nous l'avions surnommé l'Arabe. En France il s'est marié et le couple a eu deux filles, deux filles que leur papa appelait "les côtelettes". Nous ne savons pas ce qu'elles sont devenues mais nous n'avons jamais oublié la boutade de leur père.
Les jeunes de Ras Acrata. Gilles Boronad, entre les deux filles blondes, Elisabeth Wyl et sa sœur Anne-Marie. (La famille Wyl habitait la maison rose. Maître Wyl, le papa, était avocat. La maman était professeur d'éducation physique.) Max, avec ses lunettes de soleil, était le propriétaire du scooter. Regardez, à gauche, le jeune garçon arabe. Il faisait partie de la famille indigène dont le chef de famille avait voulu occuper notre villa, en vain. Mais elle fut malgré tout étatisée et entièrement pillée. Nous n'avons rien sauvé. Rien.
Cette photo a été prise en mars 1961. Un mois avant le putsch militaire du général Challe. Maman n'avait pas retiré ses bigoudis. Au fond, on voit très bien une maison blanche à deux niveaux, des escaliers qui débouchent sur une porte d'entrée, une fenêtre et une voiture. Là, dans une grande pièce unique vivait une famille arabe de huit enfants. L'aîné avait été marié et juste avant que nous quittions notre pays, un bébé était né. Le dimanche 25 juin, papa remit une liasse de billets au père de famille pour qu'il veille sur notre maison (il était payé tous les mois et nous n'avions jamais subi de dégradations). Il jura de bien s'occuper de notre villa et qu'il faudrait qu'on lui passât sur le corps pour qu'on osât toucher à notre propriété. Ces explications furent exprimées dans son charabia.
La sœur de ma mère et son mari qui gardaient le double de nos clés furent appelés en urgence après quinze jours d'indépendance et ils tombèrent sur le « gardien » ainsi que trois hommes du FLN. Le gardien jura qu'il avait vu des armes et qu'il fallait les remettre tout de suite. La maison fut mise sens dessus dessous, la fosse septique fut inspectée et l'homme qui y entra prit un bain tiède dans notre baignoire. Point d'armes. Le couple fut alors libéré mais accompagné de mille menaces. La sœur de ma mère et son mari rentrèrent en France précipitamment. Le gardien, malgré ses manœuvres, ne réussit point à obtenir notre maison qui fut attribuée à une autre famille. Lui et les siens demeurèrent dans leur antre à l'odeur pestilentielle. J'ai revu l'homme sept ans plus tard, devant la porte de sa pièce, vieilli, décharné et j'ai caché mon visage pour qu'il ne me reconnût point. En France, je l'aurais affronté mais dans mon pays, chez moi, devant notre villa, j'étais devenu un étranger.
La plage de la Madrague prise sous un autre angle. Au haut de la falaise, la villa des Will que les pêcheurs appelaient La Cathédrale.
Quasiment en face du terrain de volley des frères Rey, il y avait la belle villa du Professeur Pierre Lafargue, grand rameur du Rowing-Club d'Alger et cancérologue de renom, qui est — ici — devenu grand patron de l'Hôpital Nord de Marseille. Cette villa avait en sous-sol un garage qui servait des deux côtés, vers la route les voitures y entraient, vers la plage, c'étaient les bateaux et autres engins nautiques.
-T'en souvient-il ? me demande Gérard.
Oui et les souvenirs remontent au gré de ces pages.
Et à côté de cette villa, poursuit-il, les Pozzo di Borgo, pharmaciens de l'avenue de la Bouzaréah, à Bab-el-Oued, avaient la leur et ils étaient apparentés par les femmes avec Pierre Lafargue je pense. C'était tout près du bistroquet "Chez Marco" avec ses délicieuses frites (chips) où l'on venait, en soirée, admirer les magnifiques couchers de soleil de la Madrague.
-Admirez les couchers de soleil, rajouterons-nous, et les filles splendides qui étaient là le soir, à la fraîche, pour attirer notre admiratif regard.
Le plan de Ras-Acrata ne nous a pas été envoyé par Jean-Claude Nouveau. Une erreur que je rectifie. J'avais mis mon nom pour montrer où nous habitions et aucunement une envie de voler une photo.
Au milieu de la côte qui longeait le lieu-dit, à droite, donc face à cette maison que nous voyons sur la photo, je revois une villa agréable où une partie du jardin était transformée en serre, une serre où se développaient des plantes rares dans une atmosphère à peine humide. Peut-être que Jean-Claude Nouveau nous donnera le nom de cette famille.
Au-dessus des rochers, Ras Acrata,
une avancée en forme de petit cap
et au fond, la villa de monsieur Jaubert. En partant de la droite on distingue bien la deuxième villa où vivaient les Wyl. Le propriétaire, monsieur Roustan qui était grossiste en jouets, se montrait peu. La première villa appartenait aux Imbert- Laquière.
Photo du bas, encore un large coup d'œil sur le port et la mer. Cette photo m'a été envoyée par Anne-Marie Will qui vit au Canada. Un cliché qui n'est pas de très bonne qualité. J'ai essayé de lui redonner un peu plus de relief, de puissance, de dessin, de souligner les contours, en vain !
La mélancolie c'est le bonheur d'être triste. (Victor Hugo)
Notre petit jardin. "Les ficoïdes mauves et rosées trouent d'étoiles tranquilles leur lourde verdure aqueuse (...) ". Ces plantes ne demandaient aucun entretien et c'est moi qui m'occupais du bouturage et des quelques arbres à feuilles persistantes qui ne craignaient point l'air salin, le vent et la sécheresse, du genre myoporum.
En famille devant la porte de notre villa. Une photo un peu niaise avec papa -50 ans- qui rentre son ventre et moi sans lunettes entre mes parents.
Devant la porte du garage une Dauphine Renault.
Nous avions toujours beaucoup de visiteurs, ceux qui étaient invités et ceux qui débarquaient pour nous dire bonjour :
-Restez, restez déjeuner avec nous, s'exclamait papa.
La réponse était connue :"Ce n'est pas de refus..." et la grand-mère cachait la mouna de peur que les étourneaux lui fassent un sort. C'était son expression.
Papa avait une 403 qui lui a été volée dans la nuit du 25 au 26 juin 1962. 26 juin 1962, jour de notre départ. C'était la débâcle.
Que sont sont devenus les bons ouvriers de papa ?
Je contemple ces photos et j'ai le sentiment d'être un rescapé !
En famille devant la porte de notre villa. Une photo un peu niaise avec papa -50 ans- qui rentre son ventre et moi sans lunettes entre mes parents.
Devant la porte du garage une Dauphine Renault.
Nous avions toujours beaucoup de visiteurs, ceux qui étaient invités et ceux qui débarquaient pour nous dire bonjour :
-Restez, restez déjeuner avec nous, s'exclamait papa.
La réponse était connue :"Ce n'est pas de refus..." et la grand-mère cachait la mouna de peur que les étourneaux lui fassent un sort. C'était son expression.
Papa avait une 403 qui lui a été volée dans la nuit du 25 au 26 juin 1962. 26 juin 1962, jour de notre départ. C'était la débâcle.
Que sont sont devenus les bons ouvriers de papa ?
Je contemple ces photos et j'ai le sentiment d'être un rescapé !
Les employés de mon père étaient parfois invités. Dans ma famille, nous n'avons jamais connu la ségrégation dont les Français d'Algérie ont été accusés. La preuve ! Que de fois nous ont-ils suppliés de partir avec nous alors que nous nous en allions vers l'inconnu munis d'une valise ?
Mes parents savaient recevoir.
Notre villa. Le toit était intérieur parce que mon père avait eu l'intention de rajouter un étage pour deux appartements, un pour mon frère Gilles et un autre pour moi. L'expérience des années qui sont trop vite passées nous a prouvé qu'il est impossible de vivre en famille.
L'intérieur de cette maison était splendide. Nous disposions de tout le confort mais nous n'avions pas de chauffage sinon une bouteille de gaz que nous traînions de chambre en chambre.
Le soir, la nuit était longue à venir. Nous supportions un pull-over dès que le soleil avait basculé derrière l'horizon. Parfois, en compagnie des copains nous nous rendions sur la plage dont le sable était toujours chaud lorsque nous creusions un peu. En août, nous attendions les étoiles filantes et les filles criaient dès l'apparition d'une strie lumineuse :"Il faut faire un vœu..." Jean-Loup Blanchy nous expliquait qu'il ne s'agissait point d'étoiles et qu'elles ne filaient pas. Un commentaire suivait :"Ce sont de minuscules poussières extraterrestres qui pénètrent dans l'atmosphère."
-Atmosphère, atmosphère interrompait une fille avec le célèbre accent d'Arletty.
Jean-Loup expliquait que ces poussières s'échauffaient et se consumaient à la vitesse de la lumière. Il gardait le visage sérieux d'un vieux professeur et Slim, toujours admiratif lorsque Jean-Loup parlait, soupirait que l'instruction c'était quand même beau. Slim était un primaire qui filait le grand amour avec Marie-Gabrielle qui l'aidait à dilapider son argent. En octobre 1964, il a été, à Rio, victime d'une balle perdue qui lui a sectionné la colonne vertébrale (1). Adieu amour passion. Depuis longtemps déjà, Marie-Gabrielle s'était consolée dans les bras d'un autre. Le malheureux Slim a fini sa vie dans un fauteuil roulant, le corps détruit par les escarres. Jean-Loup Blanchy lui a plusieurs fois rendu visite et puis un jour j'ai appris la mort de ce dernier. La maladie ? Personne n'a pu m'informer.
(1) Je suis arrivé à Rio le lendemain de l'accident.
Ras Acrata :
Marc,
J'ai beaucoup fréquenté La Madrague mais assez peu le lieu-dit Ras Acrata sinon une fois où le paternel nous avait amenés chez un de ses collègues — proxénète de son état et accessoirement ami de mon père n° 2 du Journal d'Alger dans les années 50 — qui y possédait une belle villa et s'appelait Palacio. Ce qui nous avait frappé c'est que ce personnage pêchait à la ligne depuis sa villa une grande partie de la nuit tant elle était située au bord de l'eau. Mais sa "profession" le rendait extrêmement discret pour son voisinage immédiat. Sans doute le connaissais-tu ?"
Gérard STAGLIANO
Non, je ne l'ai jamais rencontré ou croisé peut-être.
Mes parents savaient recevoir.
Notre villa. Le toit était intérieur parce que mon père avait eu l'intention de rajouter un étage pour deux appartements, un pour mon frère Gilles et un autre pour moi. L'expérience des années qui sont trop vite passées nous a prouvé qu'il est impossible de vivre en famille.
L'intérieur de cette maison était splendide. Nous disposions de tout le confort mais nous n'avions pas de chauffage sinon une bouteille de gaz que nous traînions de chambre en chambre.
Le soir, la nuit était longue à venir. Nous supportions un pull-over dès que le soleil avait basculé derrière l'horizon. Parfois, en compagnie des copains nous nous rendions sur la plage dont le sable était toujours chaud lorsque nous creusions un peu. En août, nous attendions les étoiles filantes et les filles criaient dès l'apparition d'une strie lumineuse :"Il faut faire un vœu..." Jean-Loup Blanchy nous expliquait qu'il ne s'agissait point d'étoiles et qu'elles ne filaient pas. Un commentaire suivait :"Ce sont de minuscules poussières extraterrestres qui pénètrent dans l'atmosphère."
-Atmosphère, atmosphère interrompait une fille avec le célèbre accent d'Arletty.
Jean-Loup expliquait que ces poussières s'échauffaient et se consumaient à la vitesse de la lumière. Il gardait le visage sérieux d'un vieux professeur et Slim, toujours admiratif lorsque Jean-Loup parlait, soupirait que l'instruction c'était quand même beau. Slim était un primaire qui filait le grand amour avec Marie-Gabrielle qui l'aidait à dilapider son argent. En octobre 1964, il a été, à Rio, victime d'une balle perdue qui lui a sectionné la colonne vertébrale (1). Adieu amour passion. Depuis longtemps déjà, Marie-Gabrielle s'était consolée dans les bras d'un autre. Le malheureux Slim a fini sa vie dans un fauteuil roulant, le corps détruit par les escarres. Jean-Loup Blanchy lui a plusieurs fois rendu visite et puis un jour j'ai appris la mort de ce dernier. La maladie ? Personne n'a pu m'informer.
(1) Je suis arrivé à Rio le lendemain de l'accident.
Ras Acrata :
Marc,
J'ai beaucoup fréquenté La Madrague mais assez peu le lieu-dit Ras Acrata sinon une fois où le paternel nous avait amenés chez un de ses collègues — proxénète de son état et accessoirement ami de mon père n° 2 du Journal d'Alger dans les années 50 — qui y possédait une belle villa et s'appelait Palacio. Ce qui nous avait frappé c'est que ce personnage pêchait à la ligne depuis sa villa une grande partie de la nuit tant elle était située au bord de l'eau. Mais sa "profession" le rendait extrêmement discret pour son voisinage immédiat. Sans doute le connaissais-tu ?"
Gérard STAGLIANO
Non, je ne l'ai jamais rencontré ou croisé peut-être.
https://de-l-amiraute-a-tipasa.skyrock.com/2.html
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