Bou-Haroun, Bérard, tant de noms ... 6
De-l-amiraute-a-tipasa 6
Bou-Haroun, Bérard... Ah, tant de noms que je prends plaisir à récrire.
Gérard Stagliano :
Lorsque je suis retourné en mai 2005 à Bou-Haroun, j'ai retrouvé avec plaisir les petites crevettes roses dont je parlais précédemment même s'il y avait les autres plus colorées mais nettement moins bonnes à la dégustation et que la maternelle faisaient plutôt en soupe en pilant les têtes qui donnaient à cette soupe une texture plus épaisse et la rendait très goûteuse.
Gérard Stagliano :
En mai 2005 à Bou-Haroun, j'ai pris cette photo.
C'était si beau là-bas. J'ai l'impression que toutes ces photos et ces textes me filent entre les doigts. Lorsque j'aurai fini le dernier chapitre, celui de Tipasa, il ne restera rien de ces plages, de ces petits ports, de ces paysages de maquis autrefois si odorants pour nous, de ces forêts composées de pins maritimes, d'eucalyptus et qui, me semble-t-il, vont partir en fumée comme autrefois la forêt de Baïnem.
Camus :"Est-ce que je cède au temps avare, aux arbres nus, à l'hiver du monde ? Mais cette nostalgie même de lumière me donne raison : elle me parle d'un autre monde, ma vraie patrie."
Bérard, Bérard...
Lorsque je suis retourné en mai 2005 à Bou-Haroun, j'ai retrouvé avec plaisir les petites crevettes roses dont je parlais précédemment même s'il y avait les autres plus colorées mais nettement moins bonnes à la dégustation et que la maternelle faisaient plutôt en soupe en pilant les têtes qui donnaient à cette soupe une texture plus épaisse et la rendait très goûteuse.
Gérard Stagliano :
En mai 2005 à Bou-Haroun, j'ai pris cette photo.
C'était si beau là-bas. J'ai l'impression que toutes ces photos et ces textes me filent entre les doigts. Lorsque j'aurai fini le dernier chapitre, celui de Tipasa, il ne restera rien de ces plages, de ces petits ports, de ces paysages de maquis autrefois si odorants pour nous, de ces forêts composées de pins maritimes, d'eucalyptus et qui, me semble-t-il, vont partir en fumée comme autrefois la forêt de Baïnem.
Camus :"Est-ce que je cède au temps avare, aux arbres nus, à l'hiver du monde ? Mais cette nostalgie même de lumière me donne raison : elle me parle d'un autre monde, ma vraie patrie."
Bérard, Bérard...
Maupassant qui s'invite dans les souvenirs de ma jeunesse :
"Comme il m'en vient des souvenirs de jeunesse sous la douce caresse du premier soleil ! Il est un âge où tout est bon, gai, charmant, grisant. Qu'ils sont exquis les souvenirs des anciens printemps!"
Voici la route nationale qui traversait la petite ville de Bérard, route bordée par d'énormes platanes et bien ombragée. Une sensation de fraîcheur nous envahissait lorsque nous rentrions dans Bérard.
Bérard... Au début du XXème siècle, les platanes étaient déjà grands et beaux. Dans ma mémoire, la traversée du village, dans mes souvenirs d'enfant, était longue et sombre.
Bérard ! Il revient à ma mémoire un restaurant situé sur cette route où papa avait signé un contrat pour des travaux de la région. Mes parents m'avaient permis de les accompagner. Apéritif pour tout le monde. Papa était heureux et maman aussi. Elle commanda, tout comme sa voisine de table, un Martini Gin, elle qui ne buvait jamais. Elle prétendait à juste raison que l'alcool faisait grossir. Elle ne connaissait point la traîtrise de l'alcool et des mélanges.
-Je me sens partir, murmura-t-elle et il fallut un temps l'allonger à demi.
La leçon a été bien apprise.
La cascade ou la source miraculeuse de Bérard. Au-dessus, il y avait un monticule et le chemin faisait une boucle. Il y avait de la place pour que nos pères puissent ranger les voitures. Les parents sortaient les tables et les chaises de camping et nous déjeunions en écoutant le bruit de l'eau.
Nous descendions admirer le bassin, la chute d'eau, , les capillaires au feuillage fin et léger et regardions les Arabes qui allumaient des petites bougies en faisant un vœu. Souvent les Mauresques n'étaient pas voilées et nous souriaient. Nous avions la sensation d'être loin de la guerre et nous ne nous regardions point comme des ennemis.
Bérard : la mairie et le jardin public.
Maupassant s'invite encore dans les souvenirs de notre jeunesse. Ecoutons aujourd'hui Gérard Stagliano :
"Nous allions souvent à cette source d'eau douce qui se déversait juste après Bérard dans la Méditerranée, et précisément pour cette raison, le poisson y était abondant à cet endroit. Nous passions une grande partie de la matinée à la chasse sous-marine pendant que nos compagnes — en attendant — s'adonnaient aux délices de la gastronomie... en préparant ces petites brochettes de 5 morceaux de foie et de cœur d'agneau spécialité de Fort-de-l'Eau. Nous y avions attrapé un magnifique sar tambour de 3 kilos, un copain pas moi, mais aussi repéré un énorme denti qui hantait les lieux et déjouait tous nos stratagèmes d'approche. Un dimanche nous avons décidé d'y placer une palangre d'une trentaine d'hameçons auquel nous avions mis des tentacules de poulpe, délice du denti. Après quoi nous nous adonnions à la cueillette des oursins, aussi abondants que les poissons dans ce coin béni des dieux. Quand Phébus était au zénith et dardait ses rayons, nous remballions nos affaires pour nous réfugier quelques 300 mètres plus loin sous une pinède des plus hospitalières et y déguster d'abord l'anisette, puis les oursins avec un filet de citron, enfin les brochettes délicieusement grillées au feu de bois en prenant toutes les précautions d'usage pour ne pas mettre le feu à ladite pinède. Pendant que nos voisins immédiats s'étouffaient avec des œufs durs et des cocas forcément refroidies par le voyage. Et après une petite sieste réparatrice sur les aiguilles de pin, nous retournâmes relever la palangre à laquelle quasiment à chaque hameçon, il y avait une prise, mais surtout le denti, absolument furieux de s'être fait prendre et que nous eûmes un mal fou à hisser sur le dinghy gonflable en caoutchouc des plus étroits qui nous servait d'embarcation pour la circonstance. Souvenirs des plus charmants."
Maupassant s'invite encore dans les souvenirs de notre jeunesse. Ecoutons aujourd'hui Gérard Stagliano :
"Nous allions souvent à cette source d'eau douce qui se déversait juste après Bérard dans la Méditerranée, et précisément pour cette raison, le poisson y était abondant à cet endroit. Nous passions une grande partie de la matinée à la chasse sous-marine pendant que nos compagnes — en attendant — s'adonnaient aux délices de la gastronomie... en préparant ces petites brochettes de 5 morceaux de foie et de cœur d'agneau spécialité de Fort-de-l'Eau. Nous y avions attrapé un magnifique sar tambour de 3 kilos, un copain pas moi, mais aussi repéré un énorme denti qui hantait les lieux et déjouait tous nos stratagèmes d'approche. Un dimanche nous avons décidé d'y placer une palangre d'une trentaine d'hameçons auquel nous avions mis des tentacules de poulpe, délice du denti. Après quoi nous nous adonnions à la cueillette des oursins, aussi abondants que les poissons dans ce coin béni des dieux. Quand Phébus était au zénith et dardait ses rayons, nous remballions nos affaires pour nous réfugier quelques 300 mètres plus loin sous une pinède des plus hospitalières et y déguster d'abord l'anisette, puis les oursins avec un filet de citron, enfin les brochettes délicieusement grillées au feu de bois en prenant toutes les précautions d'usage pour ne pas mettre le feu à ladite pinède. Pendant que nos voisins immédiats s'étouffaient avec des œufs durs et des cocas forcément refroidies par le voyage. Et après une petite sieste réparatrice sur les aiguilles de pin, nous retournâmes relever la palangre à laquelle quasiment à chaque hameçon, il y avait une prise, mais surtout le denti, absolument furieux de s'être fait prendre et que nous eûmes un mal fou à hisser sur le dinghy gonflable en caoutchouc des plus étroits qui nous servait d'embarcation pour la circonstance. Souvenirs des plus charmants."
Le petit, tout petit port de Bérard. Je ne l'ai point connu.
Encore la source miraculeuse. Gageons que cette photo a été prise au début du XXème siècle.
La salle des fêtes de Bérard. J'avoue humblement n'avoir jamais fréquenté cette salle.
Avec les copines, nous allions volontiers à Sidi-Ferruch. Nous n'avions pas de voitures, nous ne conduisions pas et nous dépendions entièrement des parents, quelquefois des amis.
Tipasa, tel un mirage
Au sortir de Bérard, entre pins maritimes et roseaux, surgit le Chenoua, gigantesque odalisque couchée sur le dos avec presque tout le ciel pour lit. Etendue bleue sur fond bleu. Un panache d'excès. On a hâte d'y être.
Voilà, voilà qui coupe le souffle ! Mais c'est depuis la colline ardente de la Sainte Salsa que l'on voit mieux la ville splendide émerger dans un écrin de verdure : blancheur immaculée et chapeaux de tuiles rouges. De ce promontoire, à l'aube, elle jaillit tel un mirage : un halo tremblant ou une espèce de voile blanchâtre qui soudain se déchire et c'est déjà le jour. Une lumière écrue, torride vient de frapper la ville de plein fouet ! Cinglée par tant de lumière, Tipasa se remue un peu, puis apparaît dans son absolue nudité, majestueuse dès cet instant.
Sur le quai, la sardine frétille dans les cageots. Des grappes humaines se déversent dans les rues, les rideaux grincent, les commerçants arrosent les trottoirs, des bus bondés s'ébranlent. Ici le nouveau jour toujours recommencé est jour de noces pour les uns et synonyme de labeur et parfois de peine pour d'autres.
Elis Rimel
(article paru dans le magazine Tassili n° 15)
Non, cette photo n'est pas prise de la plage de Bérard mais plutôt de Douaouda marine. Même vue sur la mer de tout le littoral. Ce soleil que vous voyez là, ce soleil est un diamant que j'ai perdu. J'ai essayé d'aller le chercher et de le retrouver au bout du monde. En vain.
Photo Tayeb Hanifi
Ah, le soleil sur la mer, en parlerai-je ? Le grand voyageur que j'étais laisse bavarder ses souvenirs. Le soleil sur la mer, je l'ai vu à Rio de Janeiro (combien ai-je été déçu de Copacabana), à Acapulco, New-York, Miami, Los-Angeles, à Bombay et sur l'île indienne de Goa... Les océans ! Atlantique et Pacifique. Les plages de la Thaïlande, à Hong-Kong, à Tel Aviv, à Beyrouth, au Maroc, en Tunisie... Le soleil sur la mer, je l'ai vu aussi en Corse, aux îles Canaries et aux Baléares, sur la péninsule à Cadix, au Portugal à Estoril et Cascais. Soleil sur la mer en Grèce sur le port du Pirée d'où je partais vers les cyclades au golfe saronique afin de retrouver Egine, Poros, Hydra et puis mes visites au cap Sounion où je rêvais sous le temple dédié à Poséidon. Les îles grecques, je les ai tant aimées que je ne voulais plus en partir. J'ai vu aussi le soleil sur la mer Baltique en Lituanie mais il y avait de la glace partout et le soleil était froid. En revanche j'ai aimé la mer des Caraïbes et la longue croisière sur le Norway (ex-bateau France), Saint Juan, Saint Thomas, Saint Martin qui dépendait de la Guadeloupe, Saint Barthélémy, Saint John, (que de saints !), Porto Rico. J'ai traîné mes tongs sur les bord de l'océan indien à Mauritius.
Dans tous les hôtels où je me rendais, je demandais une chambre avec vue sur la mer. J'étais réveillé par le cri des oiseaux et le vent léger qui agitait les palmes bruissantes. La mer bougeait à peine. Je me penchais à la fenêtre et regardais des femmes du pays, très belles et presque nues, qui mouillaient leurs pieds sur la grève et se déplaçaient avec beaucoup de nonchalance. Je savais qu'elles ne m'attendaient pas.
Photo Tayeb Hanifi
Le redirai-je et le redirai-je encore ?.. Oui ce soleil que vous voyez , ce soleil est un diamant que j'ai perdu. Je suis allé au bout du monde pour tenter de le retrouver. En vain.
Ce tableau de V. Tramu a été peint à Castiglione. Il est lumineux.
Richard Martinez nous explique qu'au commencement du village de Castiglione les pécheurs avaient des bateaux à voile. Le peintre castiglionais V. Tramu a peint cette huile qui est chez Richard, en bonne place !
Un petit détour par Marengo
Bérard, Marengo, Tipasa...
Albert Camus. L'Etranger :
" (...) Quand je suis sorti, le jour était complètement levé. Au-dessus des collines qui séparent Marengo de la mer, le ciel était plein de rougeurs. Et le vent passait au-dessus d'elles apportant ici une odeur de sel. C'était une belle journée qui se préparait. Il y avait longtemps que j'étais allé à la campagne et je sentais quel plaisir j'aurais pris à me promener s'il n'y avait pas eu maman."
Une vue générale de Marengo.
L'église et la mairie.
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L'église de Marengo. Plusieurs fois j'y ai rejoint mes cousines
parce que nous partions tôt d'Alger et je pouvais donc,
avec elles, assister à la messe de 10 heures 30.
Voici deux autres photos de l'église des temps anciens. Cette photo à gauche de l'église sans clocher.
Je n'ai pas connu cette clôture et ni ce chemin de terre
Famille Coulomb. André était propriétaire terrien à Marengo. Sur la photo :
André Coulomb, Jacqueline Coulomb, Marie-Jeanne Borello, Marcelle Coulomb.
J'ai connu un autre propriétaire terrien : Yves Lorion, grand navigateur. Il ne vivait point à la ferme mais à Alger. Sa fille fréquentait le lycée Delacroix, nageait à la piscine du R.U.A. et était championne de natation et recorwoman du 200 mètres brasse en 3'29"8/10.
Voici le commentaire du journal Le RUA : Nicole bat le record d'Alger, ce qui est bien. Mais ce qui est beaucoup moins bien c'est la tenue en course qu'affecte Nicole. Etre décontracté est bon mais être je m'enfoutiste est inadmissible. Souhaitons que Nicole trouve à la fois la volonté morale et physique et tout ira parfaitement.
Nicole allait rarement à la ferme de Marengo. Elle vivait dans un autre monde, celui des gens aisés. Elle a quitté l'Algérie comme presque tous les Français et son père qui avait senti la catastrophe arriver, avait acheté des appartements à Nice où elle s'est repliée. Elle a travaillé dans une agence de voyages jusqu'à la retraite.
Yves Lorion avait aussi un fils que j'ai connu à la ferme. Il adorait la campagne, les chevaux, la vie au grand air. Il était simple et ne jouait jamais à l'enfant gâté.
La ferme de Marengo. La vaste ferme d'Yves Lorion. Les vignes, les champs, la bergerie, les deux vaches, les chevaux... Et je lisais Verlaine.
L'échelonnement des haies
Moutonne à l'infini, mer
Claire dans le brouillard clair
Qui sent les jeunes baies.
Des arbres et des moulins
Sont légers sur le vert tendre
Où vient s'ébattre et s'étendre
L'agilité des poulains.
Dans ce vague d'un dimanche
Voici se jouer aussi
De grandes brebis aussi
Douces que leur laine blanche
Tout à l'heure déferlait
L'onde, roulée en volutes,
De cloches comme des flûtes
Dans le ciel comme du lait.
C'était à Marengo !
Voici un commentaire de Gérard Stagliano :
"En mai 2005, lors de mon pèlerinage en Algérie, le car s'arrête à Marengo (qui ne s'appelle plus comme cela), sur la place : camera, preneur de son, on crée l'événement surtout que c'est vendredi, dimanche en Algérie. La foule est dense. On questionne un vieux monsieur en veston cravate, il cite tous les noms pieds noirs de l'époque, il jouait au foot à l'O.M, l'Olympique de Marengo, tous ses potes, il s'en souvient. Avec nous une petite fille de l'un des anciens de Marengo, qui n'a quasiment pas vécu là. Arrive un petit vieux, visage vérolé, ému, l'oeil humide et pétillant de gentillesse il lui dit : "Qui tu es toi ?" "Je suis la petite fille de M. Garcia, je voudrais savoir où est la propriété et s'il y a toujours les orangers ?" "Bien sûr qu'ils sont toujours là Tes orangers (j'ai adoré le Tes), suis-moi, je vais de les montrer, ils sont même plus beaux que jamais." Et sa déception à ce pauvre petit vieux que j'aurais volontiers embrassé, car nous n'avions pas le temps. Il aurait aimé les lui faire caresser Ses oranges. Je retourne vers l'autre, on lui demande son nom. Il nous le dit mais ajoute, ce n'est pas la peine mon nom, vous leur direz aux joueurs de Marengo, que je suis le goal, le boucher. Il a fallu qu'on nous pousse dans le car pour repartir."
Que de fois je suis allé voir les matches
de foot au stade de Marengo ? J'en oubliais parfois mon club le R.U.A. et je criais avec les cousins :
"Allez l'O.M.,aller l'O.M., allez l'O.M., allez..." et j'ai connu la grande époque faste de l'Olympique de Marengo".
Cette photo a été trouvée
dans le coin d'Emmanuel Calatraba.
Gérard Stagliano :
Voilà le boucher, le plus à gauche sur cette photo, il était vraiment boucher de son état, pas sur le terrain où il était gardien de but de l'Olympique de Marengo ! Et moi en face de lui...
Le méchoui. Baptiste Albéro, Rabah l'homme de confiance et Nanette Damance toujours prête à poser.
C'est Baptiste Albéro qui menait la ferme ainsi que sa femme Colette. Nous nous sommes retrouvés en France, à Nice.
Pourquoi le goal dont je n'ai pas trouvé le nom, pourquoi Baptiste Albéro, Rabah, ces hommes que l'on peut voir sur les photos ont-ils été séparés ? Les exilés ? Ceux qui sont partis ou ceux qui sont restés ? Ah, la victoire laisse parfois un étrange goût de cendre sur les lèvres.
La maison de Marengo. Porte de gauche (protégée par un auvent). C'est ici qu'habitaient le couple Albéro. Porte de droite (derrière moi en tricot marin) la maison d'Yves Lorion, mais il n'y venait jamais et la prêtait. A vrai dire, le couple Albéro en disposait à leur gré. Il revient à la mémoire des tableaux de fleurs, dix peut-être, assez beaux, faits au pochoir, exposés dans la pièce principale. Les chambres étaient situées au premier étage.
Pour les lecteurs qui ont connu ma famille, de gauche à droite : Roger mon père, Annie décédée, Jocelyne la fille de la maison, maman, tante Rose sœur de maman et mère d'Annie. Accroupis : Baptiste Albéro, Nanette Damance, Colette Albéro la maîtresse de maison et Gilles mon frère.
Jean-Claude Albéro, le fils de la maison.
La ferme Lorion à Marengo.
Une très vieille photo de Marengo que j'ai trouvée chez mes parents.
Debout,de gauche à droite, la troisième et la quatrième sont Colette et Fernande Barachina. Au fond, avec un turban, Adjila, la bonne. Elle est sur la photo parce que les mauresques ont toujours fait, chez les pieds-noirs, partie de la famille. Tout à fait à droite, le grand-père Barachina avec des moustaches blanches. Je ne sais pas s'il était Espagnol ou d'origine espagnol. La grand-mère, avec sa main sur la tête et dont le quart du visage est caché, c'est madame Florentine Barachina née Foucault.
J'arrive aujourd'hui à identifier les autres membres de ma famille. J'ai été aidé.
Entre Adjila et monsieur Barachina, une autre dame âgée, madame Marie Joséphine Billard née Garcia. Elle était la veuve de Victor Billard, frère de mon arrière grand-mère qui est aussi sur la photo. Florentine en parlait souvent. Marie-Joséphine avait été très bonne avec elle. Ah, que de fois ai-je entendu ces mots !
Florentine Foucault était donc mariée à monsieur Barachina. Elle était arrivée avec ses parents, de Touraine pour tenter de trouver un bon travail en Algérie. Et puis un jour d'automne la jeune mère était partie à la cueillette des champignons, des champignons qu'elle avait préparés le soir-même. L'un d'eux était vénéneux et elle est morte avant l'arrivée du médecin. Le papa Foucault s'est retrouvé seul avec deux jeunes enfants et l'argent manquait cruellement. Florentine, alors qu'elle n'avait que 11 ans, a été employée chez mon arrière grand-mère Marie-Anne Boronad-Billard la propriétaire d'une auberge et relais de poste à Zurich-Cherchell. C'était en 1887. Plus d'école pour la petite. Mais autrefois, c'était normal et les enfants des couples démunis travaillaient aux champs ou servaient les patrons.
Toute sa vie, Florentine a dit et redit le malheur qui l'avait frappée mais aussi la chance d'avoir rencontré mes ancêtres Billard-Boronad. Si elle avait eu la chance de pouvoir lire et écrire, elle le devait à sa patronne d'autrefois, à ses filles. Elles ont joué les préceptrices avec beaucoup d'amour. Elle a toujours gardé cette photo dont mon père avait obtenu un double.
Marengo vieilles photos suite
Colette à droite en 1934. Elle avait 20 ans.
Fernande quand elle avait 20 ans.
Ont-elles connu Marengo à l'époque où
cette carte postale a été publiée ?
Les jours de communion à Marengo étaient considérés comme des jours de fête. Les communiantes ressemblaient à de petites mariées. Nous étions invités, amenions un cadeau et quelques jours plus tard, nous recevions la photo. Repas, lunch, bon vin. C'était la tradition...
Photo de
Charlotte
Damance
la fille de Fernande
A chaque communion les enfants distribuaient des images comme celle-ci ou celle-la.
Les garçons et les filles.
"Lorsque tu fais ta communion, tu es au Ciel " nous répétaient les vieilles dames. Soit, mais il fallait passer à confesse. L'horreur pour moi. Je suis resté catholique pratiquant mais plus jamais je ne me suis agenouillé dans un confessionnal.
Ce jour de confession, le curé avait demandé à une petite fille si elle avait commis des actions très vilaines. Elle a dit que oui.
-Alors dis-moi ce que tu as fait de très vilain ?
-J'ai frappé à une porte et je me suis sauvée.
La petite fille est une cousine proche avec qui je suis toujours en contact (Ah, Internet !). Peut-être a-t-elle oubliés sa mauvaise action ? Moi pas. Mes parents, lorsqu'ils avaient entendu le court récit, ils avaient ri de bon cœur.
Après l'indépendance, les confessionnaux de l'église saint Charles ont été vendus au prix du bois. Une information que nous tenions de l'abbé Lecoq qui avait été muté dans la région de Nice et avait écrit dans un journal tenu par des rapatriés, journal que des amis m'avaient envoyé. J'ai vu, de mes yeux vu, l'abbé Lecoq prier devant les barricades que les hommes de Lagaillarde, Ortiz et Ronda étaient en train de monter le 24 janvier 1960.
Un grand repas à la ferme de Marengo. Devant, à gauche, Fernande et derrière elle, Jean-Claude. Au fond avec un chapeau, Baptiste Albéro. C'est Baptiste qui m'a donné ma première leçon de conduite :
-Allez, viens essayer, sur une deux CV c'est facile.
Je n'oublierai jamais. Je suis là, au milieu, à droite, avec des lunettes foncées. Tonton Baptiste a quitté ce monde mais je désire lui témoigner encore toute ma gratitude.
Au fond, ce bâtiment circulaire, c'était la noria. Autour de cette noria, un cheval tournait, tournait... J'avais pitié de lui et j'en voulais un peu aux gens de la campagne d'être si durs avec les animaux. Mais pour eux, pour Baptiste, Colette, Yves Lorion c'était normal. Ce cheval qu'il nourrissait, entretenait, était là pour aider à l'irrigation, l'irrigation si nécessaire par temps chaud.
Fernande quand elle avait 20 ans.
Ont-elles connu Marengo à l'époque où
cette carte postale a été publiée ?
Les jours de communion à Marengo étaient considérés comme des jours de fête. Les communiantes ressemblaient à de petites mariées. Nous étions invités, amenions un cadeau et quelques jours plus tard, nous recevions la photo. Repas, lunch, bon vin. C'était la tradition...
Photo de
Charlotte
Damance
la fille de Fernande
A chaque communion les enfants distribuaient des images comme celle-ci ou celle-la.
Les garçons et les filles.
"Lorsque tu fais ta communion, tu es au Ciel " nous répétaient les vieilles dames. Soit, mais il fallait passer à confesse. L'horreur pour moi. Je suis resté catholique pratiquant mais plus jamais je ne me suis agenouillé dans un confessionnal.
Ce jour de confession, le curé avait demandé à une petite fille si elle avait commis des actions très vilaines. Elle a dit que oui.
-Alors dis-moi ce que tu as fait de très vilain ?
-J'ai frappé à une porte et je me suis sauvée.
La petite fille est une cousine proche avec qui je suis toujours en contact (Ah, Internet !). Peut-être a-t-elle oubliés sa mauvaise action ? Moi pas. Mes parents, lorsqu'ils avaient entendu le court récit, ils avaient ri de bon cœur.
Après l'indépendance, les confessionnaux de l'église saint Charles ont été vendus au prix du bois. Une information que nous tenions de l'abbé Lecoq qui avait été muté dans la région de Nice et avait écrit dans un journal tenu par des rapatriés, journal que des amis m'avaient envoyé. J'ai vu, de mes yeux vu, l'abbé Lecoq prier devant les barricades que les hommes de Lagaillarde, Ortiz et Ronda étaient en train de monter le 24 janvier 1960.
Un grand repas à la ferme de Marengo. Devant, à gauche, Fernande et derrière elle, Jean-Claude. Au fond avec un chapeau, Baptiste Albéro. C'est Baptiste qui m'a donné ma première leçon de conduite :
-Allez, viens essayer, sur une deux CV c'est facile.
Je n'oublierai jamais. Je suis là, au milieu, à droite, avec des lunettes foncées. Tonton Baptiste a quitté ce monde mais je désire lui témoigner encore toute ma gratitude.
Au fond, ce bâtiment circulaire, c'était la noria. Autour de cette noria, un cheval tournait, tournait... J'avais pitié de lui et j'en voulais un peu aux gens de la campagne d'être si durs avec les animaux. Mais pour eux, pour Baptiste, Colette, Yves Lorion c'était normal. Ce cheval qu'il nourrissait, entretenait, était là pour aider à l'irrigation, l'irrigation si nécessaire par temps chaud.
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