Le Maboul efface cette irritation car Pélégri y a pris un tournant décisif par la recherche d’une langue qui rende compte de la réalité telle que l’écrivain l’a vécue : « un texte puissant, un texte à la hauteur de l’événement dans lequel il baigne, un livre qui n’est pas seulement un livre sur l’Algérie, mais un livre pleinement algérien, et un livre qui n’est pas loin d’être un chef d’œuvre », écrit ensuite Albert-Paul Lentin. Mourad Bourboune va dans le même sens : « L’homme et l’œuvre sont profondément enracinés dans la terre algérienne. (…) Sa vision terrienne, géologique n’a rien d’abstrait. Prenez Jean Pélégri et mettez-le dans une vigne de la Mitidja, sur une pente ocre du Tell : il ne dérange en rien l’ordre des choses ».
Une étude du processus de métaphorisation du roman de Pélégri montre qu’il privilégie l’image de la « greffe » réussie ou ratée pour décrire le rapport colonial ; son écriture a la pierre, l’arbre, la vigne, la montagne pour pivots symboliques. On peut y voir l’affirmation de l’enracinement dans le minéral et le végétal qui transcende une réalité historique bouleversée. C’est en cela que le texte de Pélégri prend une direction autre que le récit camusien, riche qu’il est d’une expérience vécue de cohabitation rurale et non citadine. Le couple Slimane/M’sieur André (le vieux colon, père de Georges) symbolise une histoire qui aurait pu se passer autrement après le grand bouleversement du séisme vécu ensemble : « la terre avait bougé. Alors, après, quand on était en train de marcher sur elle, c’est comme si Dieu la rendait – à tous les deux ». Histoire possible si la jeune génération (Saïd/M’sieur Georges) ne se querellait pas, si elle avait su continuer, en l’améliorant, le « partage ».
Aussi, dans la scène du meurtre sur laquelle nous allons revenir, Slimane n’intervient pas car la médiation n’est plus possible, les choses ont été trop loin ; s’il a ensuite le projet de tuer M’sieur André, ce n’est pas par esprit de vengeance mais pour le garder enfoui dans « sa » terre. Son erreur – il tue Georges et non le vieux –, le bouleverse car elle fait perdre son sens à son acte alors même qu’elle le transforme en héros aux yeux des siens : le malentendu… Slimane, en tuant, n’est pas la porte-parole des siens : le nouveau monde qui naît à l’indépendance lui est aussi étranger qu’au vieux colon. Il est le « dernier Arabe ». Il n’appartient pas à la Nation mais à la Terre algérienne, celle qui vient de la Montagne et qui aurait fait jonction avec la plaine si tous les « arbres » – comme M’sieur André –, avaient eu une racine profonde. Le partage n’est plus possible.
En 1962-1963, alors qu’il écrit et publie Le Maboul, Pélégri distingue l’arabité de l’algérianité dont le vieux colon est porteur ; mais il le fait après avoir fait un détour conséquent dans les motivations de l’Autre, dans un réel effort de compréhension et de fraternité. Ce roman reste aujourd’hui un des romans les plus étonnants de la mise en écriture symbolique de la décolonisation. Cette sympathie, au sens profond du terme, pour le peuple algérien ne s’est jamais démentie chez le romancier, même quand il a dû quitter le pays en 1966. Le Maboul lui a ouvert, dès 1964, l’Union des Écrivains algériens dont il fait partie à sa création. Il participe au premier numéro de la revue Novembre et souscrit à la Charte de l’Union.
Le lecteur qui a lu L’Étranger, ne peut pas ne pas le retrouver, en 1963, dans Le Maboul de Jean Pélégri. Contrairement à ce roman où le narrateur du meurtre était le meurtrier lui-même, dans le roman de Pélégri, c’est un personnage non impliqué dans l’acte : Slimane, « le maboul » qui observe et commente, comme si le romancier « inventait » un narrateur en position de négociation, capable d’expliquer le geste de violence. Il regarde de haut comme Dieu, perché sur un figuier comme s’il en était partie, le premier figuier que le vieux colon avait greffé. Cette position lui permet d’expliquer l’attitude des deux acteurs du meurtre, quand il le peut et de formuler ses interrogations lorsqu’il ne comprend pas. L’introduction de ce troisième personnage introduit l’ambivalence car il dédouble « l’Arabe » assez monolithique chez Camus. L’Arabe de Pélégri, c’est à la fois Slimane qui observe et Saïd qui agit, le vieux et le jeune, celui qui a intériorisé l’ordre colonial et celui qui le rejette. L’Arabe de Camus avait la tête à l’ombre et le corps au soleil. Dans Le Maboul, Slimane est à l’ombre dans son figuier et Saïd complètement au soleil. Pélégri travaille différemment la symbolique forte de l’ombre et de la lumière de la littérature d’Algérie.
Mais Slimane est aussi Meursault puisqu’il raconte Saïd en homme du refus. La suspension temporelle, la rupture du temps romanesque, caractéristique de l’insertion d’une séquence de description, est particulièrement sensible dans ces scènes de meurtre. Pour remettre en marche le temps, l’acte est nécessaire car il relance le mouvement des personnages. Le commentaire de Slimane accompagne la description détaillée de la scène et se fait justification de l’acte de Meursault. S’il y a mort, c’est parce qu’il y a eu infraction à la loi coloniale, que les deux « partenaires » » ont péché par arrogance : « C’est là que l’autre a dû s’énerver. Quand tu attrapes un Arabe à te voler, tu aimes bien qu’il te montre qu’il a peur. S’il l’a pas, mais au contraire, la rigolade et l’air de pas te voir – alors que toi, en plus, tu as l’revolver – y a pas, faut qu’tu fasses quelque chose !… »
Le texte de Pélégri apparaît alors subtilement aussi comme un plaidoyer pour Meursault par la réinscription de son acte dans une réalité concrète et par la dissociation, du côté des Arabes, entre vieux et jeunes. Les vieux sont en complicité avec le vieux colon, les jeunes veulent la rupture. Car, dans Le Maboul, deux amis d’enfance se défient, comme des gosses mais l’un d’eux, Saïd, va trop loin ; il provoque et meurt dans les vignes, bêtement : « Chacun, dans l’fond, il doit savoir que le couteau, des fois, ça commande l’Arabe et le revolver le Français – ça chacun le sait ».
Le romancier s’est expliqué auprès de Jean Daniel sur la répartition « ethnique » des armes : « Je voulais simplement dire que la différence d’armes n’est pas insignifiante. Elle relève d’un fait que les ethnologues ont souvent constaté et qui tend à établir que chaque peuple, chaque « race », se fait de l’arme de l’autre une image plus ou moins mythique. Pour l’Européen, le Maghrébin est menaçant par son couteau (…). Pour le Maghrébin, qui à l’époque ne disposait que d’armes primitives ou peu élaborées, l’Européen effraie par le revolver ou le fusil. De ce fait ces armes – qui sont plus que des armes – peuvent réveiller de vieilles peurs et pousser à l’acte. C’est ce qui se passe, semble-t-il, dans L’Étranger. Sous un soleil témoin qui semble occuper tout l’espace, l’affrontement meurtrier se condense et se focalise sur un duel entre armes symboliques. Ce sont elles qui éveillent en chacun le « racisme » latent et c’est cette ellipse qui, en chargeant le récit d’une force à la fois souterraine et solaire nous rappelle du même coup qu’il y a encore en Méditerranée, comme au temps de la mythologie grecque, un tragique solaire et des soleils noirs ». En ce sens, Pélégri apprécie sa mise en scène du meurtre comme opposée à celle de Camus.
Cette explication donnée à Jean Daniel ne manque pas de perspicacité ; toutefois, au-delà du simple « réflexe » du duel des armes, on peut l’enrichir d’une interprétation dans le contexte colonial : le meurtre a eu lieu parce que Meursault a transgressé le code spatial en colonie qui veut que les deux peuples évitent d’occuper le même espace – Meursault n’a pas supporté que la source lui soit interdite par l’Arabe –, et l’Arabe a transgressé le code comportemental qui veut que le colonisé s’efface devant le colon. En ce sens il faut relire en parallèle la scène de L’Étranger et la scène, revue et corrigée, du Maboul. On verra la proximité et la différence entre les deux textes. L’écrivain s’est expliqué sur ce dialogue des deux textes : « Un vieil ami de la maison Gallimard, M. Hirsh, qui aimait beaucoup le livre, m’a fait un jour remarquer que j’avais écrit en somme une sorte d’Étranger retourné. Mais avec un personnage plus complexe et une motivation ambiguë qui relevait plus de la tendresse que du « racisme ». Pour le reste, me disait-il, le même soleil, le même affrontement sanglant entre deux jeunes hommes, et à la fin, le même meurtre sans raisons apparentes. Je n’y avais pas pensé un seul instant. Pendant la rédaction du livre, je n’avais pensé à Camus qu’une seule fois: lorsque Slimane va à Alger pour voir à la morgue le corps de son neveu. Du haut de la colline de Kouba, il aperçoit pour la première fois la mer – et c’est à cet instant que j’ai pensé à Camus (…) Mais comme on ne sait jamais ce qu’il en est des influences et des réminiscences – ni du chemin qu’elles font en vous, il se peut donc qu’obscurément, et par toutes sortes de détours, Camus soit présent quelque part…
De toute façon, je crois qu’il vaut mieux ce chemin que celui de l’idolâtrie. On ne se débat en profondeur contre quelqu’un que si on l’aime et que s’il vous a marqué ».
Dans quelle littérature faut-il « classer » Jean Pélégri ? En 2000, Mohammed Dib – son ami : ils sont nés et morts aux mêmes dates –, écrivait : « La discrétion dont les critiques ont obstinément et désobligeamment fait preuve à l’endroit des écrits de Jean Pélégri, à mon sens, s’explique ainsi : ils ont eu affaire à quelque chose qu’ils ne connaissaient ni ne comprenaient, et cette chose qu’ils ne connaissaient pas et persistent à ne vouloir ni connaître ni comprendre, s’appelle l’Algérie ».
Faut-il qualifier de « littérature algérienne » toute œuvre qui parle de l’Algérie ? Pourquoi l’exclure de la littérature française ? C’est ce dernier point que je voudrais souligner en m’appuyant sur la « Note des éditeurs » de cette réédition des éditions Terrasses. L’exemple de Pélégri est un des meilleurs pour toucher du doigt le devenir, en Histoire littéraire, des écrivains français d’Algérie qui n’ont pas pris fait et cause pour l’Algérie française mais ont eu une position plus complexe. Que toutes les œuvres de ce que nous appelons la « mouvance Algérie » appartiennent au patrimoine du pays, bien évidemment. Mais elles appartiennent aussi à la fois au patrimoine français et à l’histoire littéraire de la France : « Nostalgie, mémoire, racines, ces trois éléments se retrouvent, à des degrés qui dépendent des lieux et des générations, dans cette histoire mal conne et souterraine qui s’est déroulée entre les uns et les autres, là où les rapports étaient quotidiens. Et cette histoire constitue une bonne part de notre identité ».
https://diacritik.com/2020/11/18/jean-pelegri-reedite-le-paysage-natal-source-et-repere-de-lecriture/#more-61136
La réédition aux éditions Terrasses de deux des six romans écrits par Jean Pélégri est une opportunité de (re)lecture pour les amoureux des œuvres nées de l’Algérie et pour ceux qui veulent comprendre les tensions d’une colonie de peuplement. C’est particulièrement vrai pour Le Maboul, édité en 1963 et dont on ne peut pas dire qu’il ait rencontré son public. Le roman, Les Oliviers de la justice, plus aisé d’accès tant idéologique qu’esthétique, a eu un sort moins sévère, d’autant qu’il a été soutenu par son adaptation cinématographique.
« J’avais le sentiment d’avoir deux vies, d’habiter deux pays : l’un, solaire, européen, avec ses travaux agricoles, ses vignes et ses orangers, où je reconnaissais la marque de mon père ; et l’autre, nocturne, arabe, avec le chant des vendangeurs du côté de la cave, et tous ces noms tracés autour d’un croissant de lune dans un ciel profond et infini ». Jean Pélégri, Ma mère, L’Algérie (1989)
L’écrivain est revenu avec précision dans son essai très personnel Ma mère, l’Algérie, sur les circonstances de l’écriture du Maboul et des Oliviers de la justice. L’identité de l’auteur sur la couverture est un marqueur fort de son appartenance à un ensemble. Il rappelle que son père lui avait offert, lorsqu’il était enfant, la traduction de son nom Yaya El Hadj, et confie que ce souvenir lui est revenu « après avoir écrit Le Maboul. Devenu un autre, j’aurais souhaité qu’il fût publié sous un autre nom, celui de Yaya El Hadj. On me le déconseilla, avec toutes sortes d’arguments. Mais il m’arrive, parfois, de regretter de n’avoir pas écouté mon père ». Revenons sur les éléments qui composent la biographie de Jean Pélégri, pour le situer dans un ensemble littéraire (national ou affectif ) et mieux comprendre les strates qui composent la mouvance « Algérie », nébuleuse d’œuvres diverses dans laquelle il occupe une place assez singulière.
Jean Pélégri est né le 20 juin 1920, d’un père colon et d’une mère fille d’officier, dans une ferme entre L’Arba et Sidi Moussa, appelée Haouche el Kateb (la ferme de l’écrivain). À 16 ans, son père étant ruiné, il est contraint de vivre à Alger. Il entame des études de médecine qu’il abandonne puis s’inscrit à des études de philosophie. Engagé volontaire en novembre 1942, il participe à la campagne de Corse, de France et d’Allemagne. Démobilisé en 1945, il termine sa licence de philo et se tourne vers les Lettres.
Il enseigne d’abord dans le pays minier de Hénoin-Liétard (il y rédige son premier roman, L’Embarquement du lundi), puis au lycée d’Ajaccio (de 1951 à 1953) et au lycée d’Alger (1953 à 1956). En 1956, il demande sa mutation en France où il a vécu jusqu’à sa mort en 2003, après une tentative non aboutie d’intégrer l’Éducation Nationale algérienne après l’indépendance.
Son entrée dans l’âge adulte s’est donc faite par la porte des études supérieures classiques, presque exclusivement réservées aux Européens. Aussi Jean Pélégri a surtout insisté sur la camaraderie de l’enfance dans l’espace de la ferme entre le fils de colon et les petits « Arabes » où la « distinction », et donc la séparation, est moins perçue, alors qu’elle devient un fait établi entre 20 et 25 ans reflétant la dominante du paysage social algérien sous colonisation. Un de ses courts poèmes dit le délicat travail de la mémoire qu’on pourrait presque nommer « travestissement » :
« La mémoire, comme un puzzle,
est en effet une toile lacérée, mise en miettes
et en morceaux ; et c’est à partir de ces débris,
de ces fragments d’objets et de visages,
qu’il me faut, patiemment, sans trop se soucier du temps
ni de la chronologie, reconstituer le tableau, la figure,
et cette longue histoire
que j’entretiens depuis l’enfance avec l’Algérie ».
Ses premières leçons de vie, il les a reçues dans la ferme familiale de la Mitidja, comme il le rappelle en 1989 : « Ainsi, avec mes camarades de jeux – une demi-douzaine d’inséparables d’origines et de langues diverses – nous connaissions dans le détail tous les recoins de la ferme. [La forge, l’atelier, le hangar, l’écurie, le grenier, la noria]. Plus loin, en bordure d’un carré de vigne, il y avait un autre fossé, plus étroit et bordé de grands roseaux. C’était la zaouia, notre lieu de réunion. Malheureusement, et injustement, il y avait, au-dessus, une autre histoire. Celle du colonialisme. Ce colonialisme qui était la loi générale, qui dénaturait les rapports quotidiens, qui conditionnait le politique, la foi, l’instruction, et qui introduisait partout la ségrégation. Ainsi, le lundi, quand je partais vers l’école, mes camarades algériens, eux, restaient à la ferme. Sans livres et sans cartables. A l’époque, parce que j’étais un enfant, parce que je ne me doutais de rien, je considérais cela comme un privilège et je les enviais. Ils pourraient, eux, continuer à parcourir la ferme, les chemins, les fossés.
Je ne me doutais pas non plus que l’école – ce début de culture – isole, sépare, à mesure que l’on grandit ».
Lorsque Pélégri évoque les langues, c’est aussi cette perception d’une multiplicité enrichissante dans laquelle il vivait sans étonnement qu’il met en avant : « Enfants, nous étions ensemble, Kabyles, Arabes, Espagnols, un ou deux Français, des gosses très mêlés. Nous parlions différentes langues selon le moment et selon les sujets. Pour tout ce qui concernait l’agriculture (…) c’était plutôt les mots français. Avec parfois un accent qui faisait dériver le mot, ce qui m’a donné l’habitude d’un langage varié et non pas uniforme ou académique.
Au contraire, pour les fruits, nous employions souvent des mots arabes (…) h’abb el melouk. Nous nous répétions le mot en mangeant la cerise dans l’arbre, et cela donnait une autre saveur. Ce va-et-vient entre nos langues différentes avait aussi une signification particulière dans nos affrontements (…) Nous savions déjà que nous pouvions retourner la langue de l’autre pour rendre un argument plus efficace ».
Cette complicité s’efface au lycée et, encore plus, lors des études supérieures puisque ses camarades de la ferme n’y ont pas accès. Ayant conscience de l’injustice qu’introduisait le système colonial quand il écrit et se souvient, il préfère mettre l’accent sur les complicités et les mélanges plutôt que sur la « ségrégation » qui est pourtant nettement dénoncée, en particulier dans Ma mère, l’Algérie.
Dominique Le Boucher qui a longuement interrogé l’écrivain affirme que tant que son père possédait la ferme, Jean détestait aller à l’école et essayait de rester le plus souvent possible à la ferme pour l’accompagner et jouer avec ses camarades d’origine arabe. Contrairement à Camus ou à Sénac, il n’a pas été en manque de père mais au contraire, « en surprésence paternelle » : de lui, il tient le sens de la justice et Les Oliviers de la justice sont un hommage au père. Dans son enfance, il n’a pas cherché de maître ailleurs. Jean Pélégri opte pour une dissociation du vécu d’enfance et de l’histoire du colonialisme comme injustice.
Jean Pélégri a écrit son premier roman en 1950, L’Embarquement du lundi lorsqu’il préparait son professorat de Lettres dans le Pas-de-Calais après avoir été démobilisé en 1945 et être parti provisoirement pour Paris. Le roman est publié en 1952 chez Gallimard grâce à Camus qui le considère comme l’un des livres de « la littérature solaire » d’Algérie. Sur Jean Pélégri, comme sur de nombreux écrivains d’Algérie, a pesé très vite le poids de Camus puisque dès L’Embarquement du lundi, il est classé parmi les « camusiens ».
Il écrit ensuite Les Oliviers de la justice et l’adapte au cinéma, dans la violence de la fin de la guerre. Un peu acerbe dans son appréciation, Albert-Paul Lentin, dans l’article qu’il a consacré à l’écrivain en 1964 et que les éditions Terrasses ont re-publié en annexe des deux romans, écrit : « J’y trouvais comme un arrière goût de tout ce qui m’irrite toujours, depuis Camus, chez toute une lignée intellectuelle de Pieds Noirs de bonne volonté, mais un peu trop enclins à poser le problème du malheur en Algérie avant celui de la responsabilité, et dont l’œil ne cessait de s’embuer de larmes jusqu’à devenir politiquement myope. Ce livre, Les Oliviers de la justice forçait un peu trop, à mon gré, sur la pitié alors que les temps étaient à la colère, et au combat ».
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