Ancien maire de Malintrat, ancien prêtre ouvrier, Jean Lajonchère fait partie de ceux qui se sont levés contre la guerre d'Algérie. Une fois rentré en France.
Au début, il y avait le soldat, d'abord affecté au Maroc, puis en Algérie, à la frontière tunisienne, à la toute fin de l'année 1957. De retour en France, en janvier 1959, Jean Lajonchère sera un autre homme. Le jeune séminariste clermontois qui prendra la voie de la prêtrise-ouvrière, n'aura alors de cesse de militer pour " la libération de l'Algérie ".
" Vous ne savez pas le dixième de ce qu'on a vécu ", raconte Jean Lajonchère, fier de s'être épargné la " torture ". Par choix personnel. Parce que " j'étais le seul officier dans mon secteur et je m'y suis opposé?! ", dit-il, en détaillant les " horreurs " qu'il collectera plus tard.
" On recevait des notes pour torturer ", assure t-il, en indiquant ne pas en vouloir aux hommes. " C'est l'Etat et non pas les militaires ou les appelés qui sont responsables?! ".
De retour d'Algérie, Jean Lajonchère voudra " en parler ". À son évêque d'abord. " Ce sera une fin de non-recevoir. Pour eux, j'étais fou?!…. ". Proche des insoumis, des réfractaires, des déserteurs, comme Robert Davezies, Jean Lajonchère se lancera dans la collecte des témoignages. Lucide sur un point : " Tous ceux qui sont rentrés en France et qui ont vu, participé ou assisté à des tortures, ils ne pouvaient pas raconter cela à leur famille. Il n'y a eu aucun accompagnement. C'était "ferme ta gueule", point final ".
Lui indique n'avoir " découvert " certains de ces actes que " petit à petit ". " Qu'il y avait des officiers qui étaient pour, d'autres qui étaient contre ", aussi.
Beaucoup de ceux qui se sont levés n'étaient pas chrétiens ", précise t-il, en observant que cette guerre a " bousillé la jeunesse " de beaucoup d'appelés.
Cinquante-quatre ans plus tard, " il faut demander pardon et reconnaître ce qui s'est passé, plaide Jean Lajonchère. Tous ceux qui sont silencieux sont coupables. Il faut fêter la réconciliation?! ".
Amour de la nature, désir de rendre service, l'auteur a longtemps hésité entre la profession d'ingénieur agronome et celle de médecin, il deviendra prêtre. Avec la guerre d'Algérie, le contact avec les ouvriers exploités et les immigrés l'a poussé à partager davantage leur vie ainsi que, logiquement, leurs luttes. Très vite on l'a surnommé le "curé rouge", appellation qui le poursuivra. Dans son combat auprès de ces inconnus qui se battent pour leur vie, l'auteur nous raconte qu'il a découvert l'amour, le vrai, celui qu'il cherchait. Son histoire personnelle le pousse à poser en ce début de XXIe siècle à la question suivante : Qu'est-ce que l'amour, et que croire en fin de tout ?
Un itinéraire exceptionnel. Séminariste appelé en 1956 et devenu officier dans la cavalerie, Jean Lajonchère servira d'abord au Maroc puis de fin 1957 à fin 1958 en Algérie, dans les spahis chargés de surveiller la frontière tunisienne.
Il s'y trouve au moment du massacre de Sakiet Sidi Youssef et, écœuré par les mensonges officiels, menace de rendre ses galons.
Rentré en France avec une nouvelle conscience politique il est toujours séminariste et irrite la hiérarchie catholique par ses prises de positions dans différentes paroisses. Puis il devient prêtre et curé de Malintrat en 1968.
Il ne cessera plus ensuite de se comporter comme un prêtre ouvrier, animant, dans toutes les entreprises de l'agro-alimentaire ou de la chimie qui l'embauchent, le combat syndical sous l'étiquette CFDT.
Parallèlement il a adhéré au PSU dont il sera le candidat à plusieurs élections. En particulier aux cantonales de 1976.
De 1968 à 1975 il rejoint les prêtres contestataires d' "Échanges et dialogue".
Et après être rentré au conseil municipal de Malintrat en 1971, il devient maire pour 2 mandats jusqu'en 1989, s'attirant dans cette fonction, de violentes oppositions de la droite et des autorités officielles. En même temps il participe à toutes les grandes luttes politiques nationales (Lip, Larzac, soutien aux travailleurs immigrés,etc…) et aux actions de solidarité internationale.
Il s'est marié et a quitté la prêtrise en 1979.
Mais il a poursuivi ses engagements jusqu'à aujourd'hui, par exemple en adhérant à la 4acg (Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre)… et aux Amis de Tribune Socialiste.
Vldèo :
http://www.micheldandelot1.com/guerre-d-algerie-un-cure-pas-comme-les-autres-c-est-le-temoignage-de-j-a112747742
.
Les commentaires récents