Benjamin Stora, qui co-préside la commission mixte d’historiens algériens et français, n'est pas content des moyens mis à la disposition de cette commission. Cette dernière a été mise en place au lendemain de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie, en aout 2022, et elle bat déjà de l'aile. En effet, en plus des difficultés à rapprocher les points de vue des deux pays sur une question sensible, il semblerait que la volonté politique pour la réussite de cette tâche ardue n'est pas présente.
Benjamin Stora est la figure qui représente le mieux cette commission. Présent sur le dossier avant même la mise en place de la commission, l'historien a poussé un coup de gueule dans une interview accordée à RFI. Faisant le bilan du travail de la commission, l'historien a indiqué qu' « une première réunion s’est tenue à l’Institut du monde arabe, en visioconférence. Cette réunion a duré deux heures environ et elle a porté essentiellement sur la présentation de chacun des membres de la commission ».
Pendant cette réunion une question essentielle a été abordée. Elle concerne les archives, elle a donc attiré l'attention des membres de cette commission que ce soit du côté français ou du côté algérien. Cependant, comme l'affirme Benjamin Stora, ces membres ont convenu des deux côtés « de considérer qu’il faut commencer par une histoire longue, de commencer par le XIXe siècle, c’est-à-dire la conquête, l’arrivée des Français ».
Les archives doivent être restituées à l'Algérie
Revenant sur la question des archives de la période de colonisation, Benjamin Stora a affirmé que « c’est le soubassement, la base d’écriture de l’histoire, les archives naturellement étatiques. Et là, il y a énormément de choses qui ont été transférées de l’Algérie vers la France après l’indépendance de 1962, des kilomètres et des kilomètres d’archives qui sont déposées d’ailleurs principalement à Aix-en-Provence. Donc, la première tâche, à mon sens, c’est déjà de faire une sorte d’inventaire des archives qui existent entre la France et l’Algérie ».
Une fois cette première étape dépassée, l'historien a exprimé son point de vue sur cette question. « La restitution, j’exprime là un point de vue personnel bien sûr, ce sont des choses à mon sens sur lesquelles il faut réfléchir, en dresser l’inventaire et commencer à procéder à des restitutions », affirme donc Benjamin Stora.
La commission a besoin d'une volonté politique et de moyens
En ce qui concerne le travail de la commission, l'historien a dressé un échéancier. « Il y a une échéance qui est prévue à la mi-juin théoriquement d’une réunion. Normalement, la date précise n’a pas été fixée ». Cependant, pour l'efficacité de cette commission, l'historien revient sur les obstacles auxquelles elle fait face. « Côté français, le problème qui va se trouver posé, à mon avis bien entendu, c’est celui des moyens pour le fonctionnement de tout ce travail, qui est un travail énorme. Or, là, la question, c’est que je ne connais pas les moyens qui ont été dégagés par la France aujourd’hui. Je ne les connais pas. Moi, personnellement, j’ai travaillé sur ce rapport que tout le monde connait, mais personnellement, il faut le savoir, je n'ai pas été payé pour cela. Trois ans plus tard, le bénévolat continue. [...] Donc, il faut quand même qu’il y ait un développement de moyens en France parce que, si les moyens ne sont pas dégagés, effectivement cette commission va avoir du mal à exister uniquement sur le bénévolat », affirme Benjamin Stora, qui pousse là un coup de gueule.
« On ne peut pas continuer à fonctionner sur le bénévolat avec une personne seule qui écrit des rapports et qui rencontre des personnes. Il faut passer, j’allais presque dire du stade artisanal à un stade beaucoup plus élaboré. Et là, c’est la question de la volonté politique », conclut l'historien sur cette question, qui révèle qui sa mise place sur le plan politique n'a pas eu un suivi sur le plan pratique et organisationnel.
https://observalgerie.com/2023/05/22/politique/commission-mixte-historiens-francais-algeriens-coup-gueule-benjamin-stora/
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