Cinquante ans après, ce cliché reste à jamais associé aux atrocités de la guerre du Vietnam. Et son succès a incité l’armée américaine à verrouiller l’activité des photojournalistes. Ce soir sur France 5.
Nous avons tous en mémoire la photo de cette petite fille brûlée au napalm, courant nue sur une route. Un cliché qui a fait le tour du monde et a vraisemblablement influencé le cours de la guerre au Vietnam. Le 8 juin 1972, l’aviation sud-vietnamienne bombarde le village de Trang Bang. La zone s’enflamme entièrement et les habitants prennent la fuite. Parmi eux, Kim Phuc, la fillette de la photo. « Tous mes vêtements se sont embrasés. Je me souviens avoir pensé à ce moment-là : “Oh mon Dieu, je suis brûlée. Je vais être horrible” », raconte-t-elle cinquante ans plus tard dans ce passionnant documentaire.
« Trop chaud, trop chaud, aidez-moi ! »
Quand Nick Ut, un jeune photo-reporter vietnamien d’Associated Press, la croise, elle vient de quitter le temple où elle avait trouvé refuge avec ses parents et hurle de douleur sur la route, échappant à un mur de flammes : « Trop chaud, trop chaud, aidez-moi ! » Le photographe saisit ce cliché historique puis l’embarque avec ses frères vers l’hôpital le plus proche. L’image est d’une force inouïe mais pose question : peut-on publier la photo d’une enfant dévêtue ? Associated Press donne son feu vert. Son impact est tel, expliquent les historiens interrogés ici, que l’opinion publique, émue, prend enfin conscience de l’atrocité de cette guerre. Les mensonges de l’état-major américain pèsent peu face à un tel symbole.
L’Histoire est en marche, mais pour la petite fille, le cauchemar ne fait que commencer : elle endure quatorze mois d’hospitalisation et devient l’outil de propagande du gouvernement vietnamien. A Cuba, où elle part étudier, puis au Canada, où elle demande l’asile politique, Kim Phuc tente de se reconstruire. En 1997, elle devient ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco. Son « oncle Ut », comme elle l’appelle, obtiendra le prix Pulitzer pour cette photo qui a changé leurs vies et le regard du monde entier sur cette guerre. Pour l’armée américaine, c’est aussi une prise de conscience : l’activité des photojournalistes sera désormais plus encadrée, voire verrouillée.
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https://www.nouvelobs.com/teleobs/20230409.OBS71970/la-petite-fille-au-napalm-histoire-d-une-photographie-le-choc-par-l-image.html
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