Ghannouchi est-t-il devenu fou lorsqu’il menace de déclencher une guerre civile si jamais on écarte l’islam politique du jeu politique et donc du pouvoir? Non il renoue seulement avec sa nature de « Frère musulman »!
Remarquons tout d’abord qu’il utilise cette foi
s ci ce concept qu’il avait récusé auparavant devant l’AIPEC, l’organisation du lobby juif aux USA, principal soutien de l’Etat d’Israël, lui préférant le terme « l’Islam démocrate ». Un juste retour à l’ordre des choses, mais surtout pour inclure aussi les islamistes radicaux et violents que Ghannouchi défend désormais à visage découvert. Il a plus que jamais besoin d’eux! Car en cas de « guerre civile », il aura à coup sûr besoin de leur service pour mettre le pays, à feu et à sang, comme dans la période 2011-2015. Puisque les Ansar al charia et autres milices n’étaient qu’une création d’Ennahdha et constituaient son armée de réserve et ses phalanges meurtrières. Avant que les nahdhaouis ne se retournent contre leur propre créature. Il n’en reste pas moins qu’ils restent liés par le même serment et la même idéologie intégriste. Chassez le naturel, il revient au galop.
Les Frères musulmans et la guerre civile
Ainsi, le crédo de la secte des « Frères musulmans » stipule que le but ultime de l’organisation est de rétablir le Califat dans sa « pureté originale » comme à l’époque mythique des quatre premiers Califes. Et ce, sur tout le territoire musulman, comme dans l’Islam à ses débuts jusqu’au meurtre de Ali Ibn Abi Talib. L’objectif final du combat des Frères est non d’établir une démocratie et encore moins un régime politique moderne ; mais une théocratie totalitaire. Le théoricien de la secte, Sied Quotb, l’a bien expliqué dans ‘fi dhilali al quraan, (Sous l’ombre du Coran). Pour eux les musulmans pendant 14 siècles vivaient sous des régimes impies, dans la paganisme, y compris les Etats musulmans actuels.
Seul, l’avènement du règne des Frères Musulmans amènera les « Lumières »! A l’instar des sectes millénaristes! C’est un crédo et un acte de foi non négociable, pour tout frère musulman et tout islamiste. Et Ghannouchi est non seulement un ultime représentant de cette secte, mais un dirigeant mondial. Comme l’affirment les documents et les multiples déclarations de celui que ses adeptes appellent ‘Le Shaykh’, lui-même ayant fait serment d’allégeance au chef suprême des Frères en Egypte, al-Hudhaybi, en 1973. A la base de ce crédo attribué (à tort) au prophète : « Quiconque décède sans prêter allégeance (à un Calife) meurt en état de paganisme, jahilya) ». Donc il moisira éternellement en Enfer.
Cette doctrine implique le recours à la violence pour accomplir ce but suprême. Et ce, quand l’on ne peut pas arriver au pouvoir ou le garder par d’autres moyens, notamment démocratiques. La participation aux différentes élections, municipales, législatives, ou présidentielles, n’est donc qu’une tactique et ne dénote d’aucune conviction démocratique.
Rached Ghannouchi n’a-t-il pas menacé de brûler le pays à la veille de l’annonce des résultats de 2011 si jamais ils ne lui accordaient pas le pouvoir? Tout le monde sait maintenant que ces élections furent trafiquées pour livrer le pays aux islamistes et leurs alliés ; pour éviter « la guerre civile ». Avec la complicité des pays occidentaux et leurs chevaux de Troie sous la forme d’une nébuleuse d’associations financées et dirigées depuis les capitales occidentales. Mais le fait de livrer le pays aux ennemis de la patrie et aussi de la démocratie n’a pas empêché la déferlante intégriste et terroriste d’exécuter la mise à feu du pays. On se souvient des actes terroristes et barbares, en plus de la propagation de l’anarchie, sous prétexte de liberté et de droits de l’Homme.
L’objectif étant de détruire l’Etat, issu de la lutte nationale, moderne et souverain, pour le remplacer et permettre le contrôle total par la secte de ses rouages. Afin de réaliser le projet d’un micro-Califat sous les ordres d’El Morshid al a3la (le guide suprême), Rached Ghannouchi lui-même! Cela dura plus de dix ans, avant que le vent ne tourne et n’envoie les Frères et leurs larbins aux oubliettes de l’histoire!
L’idée de la guerre civile est aussi au cœur de la stratégie des islamistes de tout poil; même ceux qui prétendent avoir intégré la pensée politique moderniste. Car, lorsqu’on est islamiste (et non musulman) on a une certaine lecture et une interprétation du Coran. Lesquelles font de tout musulman qui n’est pas membre de la secte qu’ils appellent la jamaa3a, un kafir, un apostat qu’il faut tuer et exterminer et non seulement écarter du pouvoir. Les expériences soudanaise, algérienne, syrienne, irakienne et égyptienne ne laissent plus aucun doute sur cette vérité historique établie et vérifiée par les faits.
L’expérience iranienne dure encore et a transformé une des plus vielles et illustres civilisations du monde en une théocratie noire. Elle nous rappelle toujours que lorsque les islamistes arrivent au pouvoir, ils exterminent tout ce qui menace leur domination avec une violence moyenâgeuse. La guerre civile est leur moyen préféré. L’histoire du monde musulman sous le Califat qui a duré du 7ème siècle jusqu’au vingtième est jalonnée d’exemples édifiants.
Ainsi, l’existence même des islamistes est le plus grand facteur qui peut pousser le pays vers la guerre civile. Pour évacuer tout risque, il n’existe qu’un seul moyen, qui consiste à les mettre totalement hors d’état de nuire. La Tunisie est sur cette voie et R. Ghannouchi le sait pertinemment. Alors s’il sort actuellement de son trou pour menacer tout un peuple, c’est parce qu’il a compris que ses alliés occidentaux sont en train de le lâcher. Comme l’atteste la déclaration du ministre italien des Affaires étrangères qui a déclaré carrément que si la Tunisie « s’effondre », signifiant le régime politique de Kaïs Saïed, la Tunisie risque de tomber encore une fois sous la coupe des Frères musulmans. Bien sûr l’Italien s’adresse à ses collègues européens. D’où la panique de Rached Ghannouchi.
Sa déclaration a été précédée par celle de son alter égo, c’est-à-dire son gendre et son porte-parole officiel, même si par Taqiyya, et par peur d’une réaction appropriée, Ennahdha s’est démarqué du fils spirituel. Mais tout le monde sait que Bouchlaka dit très haut ce que pense Ghannouchi tout bas. Rappelons que le fils prodigue de Ghannouchi qui est poursuivi depuis dix ans pour détournement de fonds publics lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, a accusé l’armée, de complot et d’être le soutien de ce qu’il considère comme un régime putschiste Alors que KS a été élu par plus de 70 % des voix et dont le mandat dure jusqu’à 2024, grâce à une constitution écrite par les islamistes (celle de 2014) et une loi électorale confectionnée par leur soin; et même avec le soutien actif de leur parti politique et par Rached Ghannouchi lui-même.
La bourde de Murphy l’Américain
Ce qui a probablement enhardi Ghannouchi et son gendre, c’est surement la longue interview, accordée par le sénateur américain Chris Murphy Ce dernier attaque l’armée tunisienne et la menace de couper les aides militaires. Parce que selon lui, elle devait appliquer la stratégie et la politique américaine et manquer de loyauté à l’égard de la Nation. A l’évidence Murphy ignore que l’armée tunisienne est la fille de la République et non une création américaine. Il ignore aussi l’histoire politique et militaire de la Tunisie et particulièrement post-indépendante.
Mais ce Murphy, tout président d’une commission du Sénat américain qu’il est, n’est pas le chef de l’exécutif de ce pays. Et dans son interview, il ne cache pas qu’il est loin d’être entendu par l’administration de ce pays. Ce qui explique d’ailleurs la non réaction du MAE tunisien à ces déclarations où il use d’un droit d’ingérence que ne lui accordent nullement les conventions internationales. Mais Bouchlaka confond tout et semble avoir compris que c’est un feu vert américain pour s’attaquer à notre armée. Se mettant ainsi au service d’un tiers étranger. Ce qui évidemment le met sous le coup de la loi tunisienne. La réaction de notre armée est une réaction patriotique et loyaliste si ce qu’affirme Murphy s’avère vrai. Et l’on ne peut qu’en être fiers. La Tunisie ne fait que renouer avec la souveraineté telle qu’elle fût définie par le grand Bourguiba. Cette souveraineté malmenée depuis le vrai coup d’Etat de 2011.
La guerre civile n’aura jamais lieu en Tunisie. La dernière fût celle du début du 18ème siècle entre Huseiyniya et Bâchiya. Et si pour leur malheur certains islamistes s’y aventureront, ils seront définitivement balayés de l’Histoire. Ils savent, pour l’avoir payé très cher, que tout recours à la violence mobilisera tout le peuple contre eux. Mais aussi éloignera d’eux-mêmes leurs alliés les plus sûrs. Sauf que Ghannouchi peut être tenté comme toujours par une aventure qui lui coûtera cette fois ci très cher. Est-ce un hasard s’il vient d’ailleurs d’être arrêté? Un proverbe arabe dit : « Ce n’est pas à chaque fois qu’on peut sortir indemne d’un coup de folie », ma koullou marra teslamou al jarra!
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