Amira Bouraoui à sa libération de prison, près de Tipasa, à l'ouest d'Alger, le 2 juillet 2020. RYAD KRAMDI / AFP
La militante franco-algérienne avait été interpellée par Tunis à l'aéroport alors qu'elle souhaitait embarquer pour la France.
La militante politique et journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, arrêtée en Tunisie et en passe d'être expulsée vers l'Algérie, se trouve désormais «sous la protection des autorités françaises», a déclaré son avocat français François Zimeray à l'AFP. Elle est «libre et en bonne santé», s'est de son côté réjoui son avocat tunisien, Hashem Badra, également interrogé par l'AFP.
Me Zimeray s'est aussi «félicité de la mobilisation des autorités françaises» pour sa cliente, qui faisait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire et risquait de devoir purger une peine de deux ans de prison en Algérie.
Interpellation à l'aéroport
Arrivée en Tunisie vendredi 3 février, elle avait été «interpellée alors qu'elle cherchait à embarquer avec son passeport français sur un vol pour la France», avait indiqué quelques heures plus tôt Me Badra. Cette médecin de formation de 46 ans avait ensuite été placée en détention provisoire jusqu'à sa comparution devant une juge ce lundi, qui avait décidé sa remise en liberté, en ajournant son dossier au 23 février, avait-il précisé.
Malgré cela, elle avait toutefois été emmenée à un poste de la police des frontières à Tunis en vue d'«être expulsée vers Alger» lundi soir, avait regretté l'avocat tunisien, racontant l'avoir vue «pleurer» «dans une cage en verre». Contacté par l'AFP, le ministère tunisien de l'Intérieur n'était pas en mesure de confirmer ni d'infirmer ces informations.
Plainte pour enlèvement-séquestration
«Ma cliente a fait l'objet d'une tentative d'enlèvement et de séquestration de la part de certaines autorités dépositaires de la force publique en Tunisie, à la demande des autorités algériennes», avait précédemment dénoncé François Zimeray, ancien ambassadeur de France au Danemark. «J'ai fait savoir cet après-midi que je n'hésiterais pas à déposer une plainte au parquet de Paris pour enlèvement-séquestration si elle n'était pas immédiatement libérée sachant que, en droit français, la détention arbitraire commise par un agent dépositaire de la force publique est un crime. Et que lorsque ce crime est commis à l'étranger sur un citoyen français, les tribunaux français sont compétents», avait-il menacé.
Selon une responsable du bureau de l'ONG Human Rights Watch à Tunis qui a été saisi de l'affaire, il ne fallait «en aucun cas» renvoyer Amira Bouraoui «vers un pays où elle a été emprisonnée et fait l'objet d'une série de poursuites pour son militantisme pacifique et ses opinions». Le site du média algérien Radio M où elle animait depuis septembre une émission politique, avait également fait état de l'arrestation d'Amira Bouraoui par la police des frontières en Tunisie, et de son «extradition» prévue lundi 6 février au soir vers l'Algérie.
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«Connue depuis son engagement dans le mouvement 'Barakat' en 2014 qui a mené une campagne contre le quatrième mandat du président défunt, Abdelaziz Bouteflika, elle a tenté plusieurs fois de quitter le territoire national ces derniers mois pour rendre visite à son fils établi en France, mais en vain», selon le site. Amira Bouraoui avait été emprisonnée courant 2020 pour plusieurs chefs d'inculpation. Elle a été libérée en juillet 2020. Elle est sous le coup d'une condamnation à deux ans de prison ferme pour «offense» à l'islam pour des propos tenus sur sa page Facebook.
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