Il s’agit là d’un avant-goût de la guerre de troisième génération que tentent de mener contre l’Algérie, ses ennemis. Néanmoins, le pays est prêt à faire face à cette menace. Malgré leur «virulence», ils se contentent du «défacement».
Après ses revers répétés sur le plan diplomatique et militaire, le Makhzen joue la carte de la guerre électronique! Le Maroc et son allié sioniste ont lancé ces derniers jours une série de cyberattaques contre l'Algérie.
La plus récente a eu lieu, dimanche dernier. Elle a ciblé le site internet de l'Agence Algérie Presse Service (APS). «Le site électronique de l'Agence «Algérie Presse Service» (APS) dans ses versions multilingues fait l'objet, depuis dimanche, d'une série de cyberattaques «sévères» en vue de son piratage, d'où son blocage momentané à titre préventif», indique l'agence de presse officielle dans un communiqué. «Ces attaques «sévères» ont été localisées et proviennent du Maroc, de l'entité sioniste occupante et de certaines régions d'Europe», précise la même source.
Depuis plusieurs mois, divers sites internet algériens subissent quotidiennement des attaques informatiques venant des régions géographiques sus-mentionnées par l'APS. Néanmoins, depuis le début du mois de février ces attaques ont redoublé de virulence. Comme nous le confirme, Karim Aït Taleb, expert en informatique. «Une grande campagne de cyberattaques est menée depuis une quinzaine de jours. Avant l'APS, plusieurs autres sites ont subi ces attaques à l'instar de celui de la Société nationale de transport ferroviaire (Sntf)», ajoute cet informaticien qui s'est occupé de la construction de plusieurs portails web d'institutions étatiques. «Nous avons aussi remarqué des campagnes de phishing qui ciblent les messageries des particuliers afin d'utiliser ces mails ou réseaux sociaux dans une propagande contre le pays», assure t-il. Le timing de cette guerre n'est pas anodin. Il intervient au moment où l'Algérie a pris des décisions courageuses et cruciales envers les causes nationales, régionales et internationales. D'ailleurs, l'attaque de l'APS a eu lieu le jour de la Conférence de la Ligue arabe de soutien à El Qods.
Un rendez-vous présidé par l'Algérie où le président Tebboune a affirmé haut et fort que «nous sommes la Palestine». Elle arrive aussi dans un contexte de camouflet pour le voisin de l'Ouest avec divers scandales et une perte d'influence flagrante de son influence, notamment au continent africain, au profit de l'Algérie. «On a vécu le même scénario à la veille du Sommet arabe d'Alger qui s'est tenu le 1er novembre dernier», fait savoir Karim. Il souligne, néanmoins, que si ces attaques sont «virulentes» elles demeurent toutefois «mineures». «Ce ne sont pas des attaques où les pirates ont réussi à accaparer des données sensibles. Il s'agit simplement de défacement. C'est-à-dire qu' ils exploitent la faille d'un système d'exploitation d'un serveur web de manière à modifier la présentation d'un site internet», assure t-il. Pour Karim Aït Taleb ce genre de piratages n'est pas une fatalité, tous les grands sites du monde peuvent en subir. «L'essentiel est qu'ils ne parviennent pas à prendre des bases de données sensibles», rétorque-t-il. Ce n'est pas un défaut d'avoir essayé. L'APS indique, d'ailleurs, que ces pirates ont voulu s'attaquer à la base de données de l'agence. Probablement, pour diffuser des fake news via ce canal officiel, à même de déstabiliser le pays. Mais d'après cet expert, l'Algérie est prête à faire face à cela. «Des mesures ont été prises. Nos experts en cybersécurité ont mis en place des protocoles qui font que nos données sont bien protégées», atteste t-il. «Une politique de sécurité rigoureuse a été mise en place, en plus de la formation des employés à la cybersécurité et l'investissement dans des technologies de protection avancées», souligne cet expert bien au fait du domaine. Pour le moment, nous sommes donc face à une propagande ou des coups de «Com'». Toutefois, Karim tient à mettre en garde les Algériens sur le fait que ces campagnes ne sont qu'un avant-goût de la guerre de troisième génération que nos ennemis tentent de mener contre notre pays. Il s'agit d'une forme de conflit qui utilise des technologies avancées pour cibler des adversaires sans avoir recours à des armes conventionnelles. Au lieu de cela, les cyberattaques sont utilisées pour manipuler les systèmes informatiques et les réseaux de l'Algérie, avec pour but de semer la confusion, de voler des informations sensibles et de causer des perturbations majeures. Les auteurs de ces attaques sont basés à l'étranger, ce qui rend plus difficile la tâche de les localiser et de les poursuivre. La guerre de troisième génération est donc une menace réelle pour la sécurité de l'État et des citoyens. L'Algérie s'est bien préparée pour cette nouvelle guerre, au grand désespoir du Makhzen...
Relativement épargnées ces dernières années, les populations du Proche-Orient s’inquiètent de voir un jour la terre se dérober sous leurs pieds. Les spécialistes sont unanimes : ces craintes sont fondées et la région n’est absolument pas préparée.
Un homme est assis sur les décombres d’un bâtiment effondré lors d’opérations de sauvetage à Hatay le 12 février 2023, après le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février (AFP/Bülent Kılıç)
De Beyrouth à Amman en passant par Ramallah ou Tel Aviv, c’est une hantise collective qui ressurgit à chaque nouveau tremblement de terre.
Car il y a des lois naturelles qui ignorent les questions géopolitiques, les frontières et les conflits, ainsi qu’une réalité qui se rappelle régulièrement à tous : au Levant, des millions de personnes vivent le long de la faille de décrochement de la mer Morte (DSF), autrement appelée faille du Levant.
Enracinée à l’est du bassin Méditerranéen, cette dernière se trouve à la jonction des plaques africaine et arabique, perforant la région du sud au nord sur 1 200 kilomètres, du golfe d’Aqaba – ouvrant sur la mer Rouge, entre Israël et la Jordanie – jusqu’à la Turquie, via la Cisjordanie occupée, le Liban et la Syrie.
Et si ces dernières décennies, plusieurs tremblements de terre de faible intensité ont secoué le sud du Levant, l’onde de choc du séisme qui a endeuillé la Turquie et la Syrie le 6 février a réveillé de vieux démons, enfouis dans l’inconscient collectif mais pas pour autant oubliés.
Depuis, des questions entêtantes tournent en boucle : le Levant est-il condamné à vivre un jour un tel désastre ? La région est-elle préparée ?
Un drame inévitable ?
Si, au quotidien, les questions sismiques sont loin de figurer parmi les préoccupations prioritaires, l’accumulation de rappels ces dernières années ont fait leur œuvre.
Preuve en est, les scènes de panique dans plusieurs villes du Liban lundi dernier, alors que le pays du Cèdre subissait de fortes secousses dues au tremblement de terre en Turquie et en Syrie : convaincus dès les premières secousses qu’un drame était en train de se jouer, des milliers de Libanais sont sortis de chez eux.
« Le passé est la clé du présent et du futur. Or il nous montre une fréquence importante de tremblements de terre dans la région ainsi qu’un caractère destructeur »
- Shmuel Marco, Université de Tel Aviv
Cette idée selon laquelle la question n’est plus de savoir s’il y aura un tremblement de terre majeur dans la région mais plutôt quand il se produira semble être partagée par les experts.
Shmuel Marco, professeur de géophysique à l’Université de Tel Aviv, a passé une longue partie de sa carrière à travailler sur la question. Pour lui, une catastrophe d’ampleur est inévitable.
« Le passé est la clé du présent et du futur. Or il nous montre une fréquence importante de tremblements de terre dans la région ainsi qu’un caractère destructeur », explique-t-il à Middle East Eye.
Car le mouvement des plaques tectoniques – et notamment celui de la plaque arabique qui se déplace lentement mais sûrement vers la plaque anatolienne au nord – est inéluctable.
Jalal Dabbeek, directeur du Centre des sciences de la Terre et du génie sismique de l’Université an-Najah de Naplouse, en Cisjordanie occupée, pose le même constat.
« L’exposition géographique de la Palestine, comme celle d’Israël et de la Jordanie, va de modérée à très importante. Nous nous attendons à un séisme d’une magnitude de 6 à 7, avec un possible dépassement de ce chiffre dans certaines zones du nord », affirme-t-il à MEE.
Quelles zones touchées ?
S’il semble qu’en cas de séisme sévère, la Jordanie soit le pays le moins touché, ailleurs, l’inquiétude est grande, notamment au Liban.
Yehya Temsah, professeur de génie civil spécialisé dans l’étude des structures sous l’effet des séismes rattaché à l’Université arabe de Beyrouth, explique à MEE : « L’accélération, qui est la valeur de calcul parasismique, est la même dans tout le Liban, tellement le pays est petit. Cela indique à quel point c’est l’ensemble du territoire qui serait touché. »
« Il ne faut pas non plus oublier qu’en plus de la faille de Yammouné [nom donné à la faille du Levant au Liban], il y a plusieurs autres failles secondaires, plus ou moins importantes, qui peuvent bouger à n’importe quel moment », poursuit-il.
Plus au sud, Shmuel Marco a identifié plusieurs lieux sensibles : entre la mer Morte (située à cheval entre Israël, la Jordanie et la Palestine) et le lac de Tibériade (en Israël), ainsi que près du golfe d’Aqaba.
« L’une des approches consiste à rechercher des endroits sensibles qui n’ont pas eu de tremblements de terre pendant une longue période, et où la pression s’accumule. Dans le premier cas, le dernier séisme d’ampleur date de 1033, ce qui fait un millier d’années marqué par une lente accumulation de pression. Près de la mer Morte, le dernier date de 1212, avec un plus faible au XVe siècle. »
Shmuel Marco poursuit : « Nous pouvons apprendre du tremblement en Turquie : l’endroit où s’est produit le tremblement de terre n’avait pas bougé depuis 1157, sur ce que l’on appelle la faille est-anatolienne. Donc si nous ne pouvons pas savoir le moment exact de la rupture, il est néanmoins possible de déterminer les lieux. »
« Les capacités palestiniennes à faire face à un tel événement sont très faibles. Principalement, parce que nous sommes sous occupation. Nous manquons d’infrastructures, nous n’avons pas d’aéroport, l’assistance internationale pourrait mettre entre trois et quatre jours pour arriver sur site »
- Jalal Dabbeek, Université an-Najah de Naplouse
Alors, compte tenu du fait que les précédents séismes sévères en Turquie et au Levant se sont déroulés chacun il y a un millier d’années, la récente rupture sur la plaque est-anatolienne est-elle de mauvais augure pour le Liban, Israël et la Palestine ?
Les spécialistes sont unanimes : c’est un indice, mais rien ne permet de l’affirmer scientifiquement.
« Peut-être qu’avec le séisme de Turquie, nous allons assister à une recomposition du panorama régional, mais il est encore bien trop tôt pour le savoir », indique par ailleurs Shmuel Marco.
En cas de tremblement de terre au nord ou au sud de la mer Morte, doit-on s’attendre à voir tôt ou tard des villes comme Jérusalem ou Ramallah rayées de la carte ?
« La géologie locale a également son importance. Les habitations construites sur de la roche sont moins touchées que celles construites sur le sol. À la fois Ramallah et Jérusalem sont construites sur des montagnes, ce qui devrait relativement les protéger. En revanche, des villes comme Ramleh et Lod [en Israël] pourraient être très durement touchées. »
Manque de préparation
Le Palestinien Jalal Dabbeek est formel : un séisme de cette ampleur serait extrêmement meurtrier en Cisjordanie.
« Les capacités palestiniennes à faire face à un tel événement sont très faibles. Principalement, parce que nous sommes sous occupation. Nous manquons d’infrastructures, nous n’avons pas d’aéroport, l’assistance internationale pourrait mettre entre trois et quatre jours pour arriver sur site, tellement les Jordaniens et les Israéliens seraient probablement débordés avec leur propre situation. »
Cinq séismes meurtriers au Moyen-Orient à travers l’histoire
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Le directeur du Centre des sciences de la Terre et du génie sismique souligne également « le manque de savoir des institutions et des organisations non-gouvernementales en la matière ».
« D’autant plus que la tâche serait très difficile avec les nombreux camps de réfugiés. Nous ne souffrons pas seulement d’une vulnérabilité physique, mais également sociale, économique, environnementale. »
Un scénario qui contraste avec les dernières avancées israéliennes : l’année dernière, Israël a officiellement lancé un système national d’alerte aux tremblements de terre. Bien qu’il ne soit pas « prédictif », il devrait être en mesure d’avertir les personnes vivant relativement loin de l’épicentre, et de leur faire gagner quelques précieuses secondes.
« Cela suffit à arrêter un train pour qu’il ne déraille pas, à mettre des matières dangereuses dans des endroits sûrs, à fermer les conduites de gaz et l’électricité à haute tension pour empêcher un drame », explique Shmuel Marco.
Un atout qui ne fait pas pour lui d’Israël un pays prêt à affronter un séisme majeur, car il a « une bonne formation en sauvetage mais pas tellement en préparation ».
« Tellement de bâtiments sont déjà faibles [au Liban]. Les bâtiments construits après 2013 représentent environ 15 à 20 % du bâti. Il est probable que tout le reste ne soit pas capable de résister à un séisme sévère. C’est très inquiétant »
- Yehya Temsah, Université arabe de Beyrouth
« Les codes parasismiques de construction des bâtiments n’ont été imposés qu’en 1995, et beaucoup de maisons anciennes pourraient ne pas résister. Nous n’avons pas assez éduqué les populations sur les conduites à tenir, les autorités ont certainement peur d’effrayer la population », estime-t-il.
Au Liban, la saturation de la ville, la construction sur des sols de qualité médiocre ainsi que la pratique très répandue de rajouts d’étages de manière anarchique augmentent considérablement les risques d’endommagement en cas de séisme.
« Nous comptons beaucoup de personnes vulnérables, notamment dans certains quartiers de Beyrouth, dans la région de Tripoli et dans le Akkar [nord du pays], qui ont déjà des bâtiments endommagés par le temps et l’humidité. Les normes antisismiques qui ont été imposées par l’État en 2013 n’ont pas été appliquées partout, à cause des coûts qu’elles induisent », s’inquiète Yehya Temsah.
Ce qui, dans le contexte actuel d’un État en faillite, a tout d’un scénario catastrophe : « Tellement de bâtiments sont déjà faibles. Les bâtiments construits après 2013 représentent environ 15 à 20 % du bâti. Il est probable que tout le reste ne soit pas capable de résister à un séisme sévère. C’est très inquiétant », conclut-il.
À travers un communiqué, l’Agence Algérie Presse Service (APS), a indiqué que son siteWeb est actuellement cible de cyberattaques. Dzair Daily relate pour vous les détails dans la suite de cette édition.
Il n’est pas rare de voir des plateformes d’institutions être victimes d’attaques de pirates. Cet acte malveillant vise, alors, le système informatique d’une administration ou d’une société. Et ce, dans le but de voler, modifier ou endommager des informations. À son tour, l’Agence Algérie Presse Service (APS) n’a pas échappé à cette action offensive ciblant son site Web. Dzair Daily expose pour vous les détails, dans cette édition du lundi 13 février 2023.
Effectivement, le site Internet de l’Agence de presse algérienne a été la cible de hackers. Des tentatives de piratages qui ont visé la plateforme de l’APS dans sa version multilingue avant de prendre son contrôle. Chose qui a conduit à un blocage temporaire de l’espace électronique. C’est ce qui ressort d’un communiqué de l’organisme étatique susmentionné.
Le site de l’APS victime des cyberattaques : les sources géographiques des tentatives de piratage
Par le biais du même communiqué, l’agence nationale a fait savoir que les cyberattaques sont de gravité variable. Concernant leurs origines, elle a affirmé qu’elles émanent de plusieurs sources géographiques. À savoir l’entité sioniste, le Maroc et certaines régions en Europe. Il s’agit de ce que relate le média arabophone Ennahar dans son récent numéro.
Selon la même source, ces tentatives de hacking se sont accentuées suite aux prises de position de notre pays sur les affaires nationales, régionales et internationales. Et l’accompagnement médiatique de l’établissement de presse susvisé pour cette démarche.
Ces cyberattaques font alors partie d’une guerre électronique ciblant notre pays, lit-on sur le même document. Or, des mesures techniques et les systèmes de défense de l’APS ont permis de contrer les attaques cybernétiques. C’est toujours selon la même source médiatique.
Dans le long cheminement de l’écriture de l’histoire, les éditions Anep nous gratifient d’un livre mémoire sur le cinéma algérien. Le Cinéma algérien et la Guerre de Libération nationale, l’image du héros. Ainsi est intitulé ce livre écrit par Abdelkrim Tazaroute. Il est paru en janvier 2023 avec une préface d’Ahmed Bedjaoui, et aborde la question du héros dans le cinéma algérien, c’est bien plus l’archétype du héros, l’image, l’esthétique et l’éthique dans le héros qui y sont abordés. Abdelkrim Tazaroute est journaliste, écrivain et critique de cinéma. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la musique et le cinéma, et d’une série de trois documentaires. A-t-on fait suffisamment de film sur la Guerre de Libération ? Pourquoi les premiers films sur cette période étaient-ils centrés sur le peuple en tant que héros ? Pourquoi des héros de la Révolution sont-ils mis en avant dans des biopics ? Ce sont les questions que pose l’auteur dans cet ouvrage, et elles ont le mérite d’être posées.
Ce livre s’échelonne sur trois parties, la troisième est un hommage à ceux qui ont fait ce genre cinématographique, et la deuxième une liste de tous les films historiques où il est question de la guerre d’Algérie. La première partie, plus dense, est une présentation analytique de la production cinématographique algérienne de l’après-indépendance en se concentrant sur l’image du héros et son évolution. Si durant les années 1960, l’avenir s’ouvrait à la jeune nation algérienne, il y avait un besoin à colmater les plaies du passé, à raconter l’histoire du passé et ainsi composer le présent d’une histoire commune et d’une identité collective. Le cinéma à son apogée, entre autres, grâce au cinéma italien allait offrir un magnifique moyen aux Algériens pour raconter leur histoire. Et plus précisément leur guerre. Raconter l’histoire en prenant bien soin de construire une culture qui défend une certaine éthique.
La Révolution allait être portée sur grand écran : D’une si jeune paix à L’Opium et le bâton et La Bataille d’Alger. Il n’est pas juste question du héros individuel, mais du héros collectif issu de l’action héroïque d’une société, d’un peuple. Un seul héros, le peuple ! Après La Nuit a peur du soleil, et L’Aube des damnés, le fabuleux et feu Rouiched emporte l’Algérien dans un monde où l’humour est un remède. Hassan Terro, film composé autour de l’allégorie : «Si vous vous faites attraper tenez 24 heures.» L’humour comme style cinématographique avec l’impact qu’il put avoir lors des années 1960 était là pour dédramatiser et ne pas cultiver la haine ou la perpétuer devant un voisin qui fut jadis là et le sera demain encore. Car demain, qui est aujourd’hui là, prouve que l’Algérie et la France resteront deux voisins pour l’avenir. Et cohabiter, tout comme collaborer par le passé avec feu René Vautier pour donner Avoir 20 ans dans les Aurès fut possible. Ce livre, en plus d’avoir une problématique pour étayer son propos, est enrichi d’illustrations photos, qui font de sa lecture un plaisir visuel. Il est aussi un hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour que le cinéma algérien soit et pour que l’Algérie soit.
PARIS-MAGHREB. Tous les quinze jours, une histoire qui résonne d’un côté de la Méditerranée à l’autre. Aujourd’hui, la détérioration de la liberté de la presse au Maroc, alors qu’une résolution inédite du Parlement européena exigé, en janvier, de mettre fin au « harcèlement de tous les journalistes » dans le royaume chérifien.
Paris-Maghreb (ALINE DE PAZZIS POUR « L’OBS »)
« Agression sexuelle », « viol », « attentat à la pudeur »… Au Maroc, les journalistes qui embarrassent le Palais tombent les uns après les autres pour des affaires de mœurs. Trois des plumes les plus acérées du royaume chérifien croupissent désormais derrière les barreaux. Taoufik Bouachrine, 54 ans, fondateur du quotidien arabophone « Akhbar al-Youm » (« les Nouvelles du jour »), qui purge une peine de quinze ans de prison ; Soulaimane Raissouni, 50 ans, rédacteur en chef de ce même journal, condamné, lui, à cinq ans ; et Omar Radi, 36 ans, journaliste d’investigation indépendant, qui a écopé de six années. Les trois journalistes sont connus de l’autre côté de la Méditerranée pour leurs éditoriaux et prises de positions particulièrement critiques sur le « Makhzen », les autorités marocaines.
A chaque fois, le même scénario à base de sexe forcé a été utilisé. Taoufik Bouachrine est condamné pour « abus de pouvoir à des fins sexuelles » sur des employées, Soulaimane Raissouni, pour viol d’un jeune militant LGBTQ, et Omar Radi, pour viol d’une ex-collègue. Les prévenus ont beau clamer leur innocence et entamer parfois une grève de la faim, comme Soulaimane Raissouni 122 jours durant, leurs avocats ont beau pointer toute une série d’irrégularités – écoutes illégales, enquêtes à charge, incohérence des accusations des « plaignants », audiences non contradictoires… –, le couperet tombe. Et l’omerta s’installe.
Dégringolade
Le Maroc figure désormais au 135e rang sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Il était en 89e position en 2002. Une dégringolade de quarante-six places en vingt ans. Le 19 janvier, sur fond de « Qatargate » et de « Moroccogate » – le scandale de corruption supposé de députés européens par Doha et Rabat qui a éclaté en décembre 2022 –, Bruxelles est monté au créneau sur la détérioration de la liberté de la presse au Maroc avec une résolution inédite du Parlement européen. Largement adopté à Strasbourg – 356 voix pour, 32 contre et 42 abstentions –, le texte demande « instamment » aux autorités marocaines de « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias » et de « garantir aux journalistes incarcérés […] un procès équitable ». Les eurodéputés exigent également la remise en liberté provisoire des trois prisonniers et « la fin du harcèlement de tous les journalistes dans le pays ».
« Ce vote confirme qu’il s’agit bel et bien d’attaques contre des journalistes afin de les faire taire », a déclaré à l’Agence France Presse (AFP) le père d’Omar Radi, membre du comité de soutien aux journalistes emprisonnés au Maroc. Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, note :
« C’est la première fois depuis vingt-cinq ans que le Parlement européen adopte une résolution sur le Maroc. Le Palais sait très bien monter de toutes pièces des accusations pour viol ou agression sexuelle. L’objectif, notamment, est d’essayer de faire croire que les journalistes ne sont pas attaqués en raison de leur travail. Mais tout le monde sait parfaitement qu’Omar Radi, condamné en appel en mars 2022, est devenu la cible des autorités car il enquêtait sur la famille royale, sur ses proches, et qu’il a publié des articles sur la corruption et l’abus de pouvoir. La résolution du Parlement européen, en faveur de laquelle RSF a milité, n’est pas contraignante. Mais elle met en lumière la situation dramatique de la liberté de la presse au Maroc, une situation que personne ne voulait voir jusqu’à maintenant. C’est un vrai tournant. »
La pluralité de la presse n’est plus qu’un lointain souvenir au royaume de Mohammed VI. Certes, la liberté d’expression, le droit à l’information et l’interdiction de toute censure préalable sont inscrits noir sur blanc dans la Constitution marocaine. Une Haute Autorité de la Communication audiovisuelle veille au « respect du pluralisme ». Et un nouveau Code de la Presse, adopté en 2016, a même supprimé les peines de prison pour les délits de presse. Mais le pouvoir a largement les moyens de contourner cette législation. Un média considéré comme trop critique peut toujours être poursuivi grâce à certaines dispositions du Code pénal ; et les journalistes les plus irrévérencieux peuvent tomber pour des motifs étrangers à l’exercice de leur métier
Les uns après les autres, les journaux indépendants, comme « le Journal » fondé par Aboubakr Jamaï en 1997, mettent la clé sous la porte. Dernier média trop impertinent à avoir rendu les armes : « Akhbar al-Youm ». Après douze ans d’existence, l’emprisonnement de deux de ses dirigeants – son fondateur Taoufik Bouachrine en 2018, puis son rédacteur en chef Soulaimane Raissouni en 2020 – et des campagnes de dénigrement virulentes de la part de journaux proches du pouvoir, le quotidien arabophone a cessé de paraître au printemps 2021.
Un groupe de 110 journalistes a tenté de protester contre cette bronca bien orchestrée. En juillet 2020, ils ont appelé les autorités à prendre des mesures contre les « médias de diffamation » qui calomnient « les voix critiques ». Leur manifeste soulignait qu’« à chaque fois que les autorités ont poursuivi une voix critique, certains sites et journaux se sont empressés d’écrire des articles diffamatoires, sans aucune éthique professionnelle », appelant le Conseil national de la presse (CNP), autorité de régulation dotée d’un pouvoir de sanction contre les organismes enfreignant le Code de la Presse, à prendre des « sanctions disciplinaires ». Peine perdue. Khaled Drareni, de RSF, explique :
« Les Marocains ne peuvent plus compter que sur quelques médias en ligne, comme LaKome ou LeDesk, pour avoir accès à une presse que l’on peut qualifier de citoyenne. En juillet 1999, l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI avait suscité des espoirs qui ont été très vite déçus. La liberté de la presse ne fait clairement pas partie des préoccupations du roi. »
Intimidation
Les années récentes ont vu la situation se dégrader encore. Aux élections législatives de septembre 2021, c’est le Rassemblement national des indépendants (RNI), la formation de centre droit présidée par l’actuel Premier ministre, Aziz Akhannouch (62 ans), qui est arrivé en tête, après dix ans de règne du Parti de la Justice et du Développement (PJD, islamiste). Le nouveau chef de gouvernement, par ailleurs maire d’Agadir, est aussi l’un des principaux actionnaires de l’empire familial Akwa, cofondé par son père et spécialisé dans l’énergie, le tourisme, l’immobilier, la distribution… et la presse.
Considéré comme l’homme le plus riche du Maroc après le roi, à la tête d’une fortune estimée par le magazine « Forbes » à 1,5 milliard de dollars, Aziz Akhannouch se montre particulièrement chatouilleux sur son image, celle de Mohammed VI et toutes les accusations d’affairisme et de collusion politico-économique. Il dispose d’une arme redoutable : les publicités de son empire familial Akwa qu’il peut distribuer ou supprimer apparemment comme bon lui semble. Ce n’est donc pas toujours nécessaire de poursuivre les organes indépendants devant les tribunaux. Beaucoup mettent la clé sous la porte, étranglés financièrement par la défection des annonceurs publicitaires « amis » du roi ou simplement rendus exsangues par le ralentissement de la croissance, la crise énergétique ou l’inflation galopante.
La liste des sujets « interdits » pour les journalistes ne cesse de s’allonger : monarchie, corruption, Sahara occidental (territoire revendiqué à la fois par Rabat et par le mouvement sahraoui du Front Polisario, soutenu par Alger), islam, répression, gestion de la pandémie de Covid-19, etc. Et toutes les méthodes d’intimidation sont les bienvenues.
Lors de la deuxième édition des Assises internationales du Journalisme de Tunis, en mars 2022, les méthodes du royaume de Mohammed VI ont été particulièrement pointées du doigt. Abdellatif El Hamamouchi, journaliste d’investigation d’un site d’information panarabe The New Arab, installé à Londres, avait raconté son quotidien fait de pressions et de menaces silencieuses :
« Je suis sous surveillance étroite. Une Ford grise est garée devant chez moi en permanence et me suit lors de mes déplacements. Mon téléphone a été infecté par le logiciel espion Pegasus. »
La catastrophe causée par ces séismes est l’occasion pour l’Occident de montrer au monde qu’il peut tout aussi bien reconstruire que détruire. Mais il s’agit bien de la dernière chose à laquelle la forteresse Europe pense aujourd’hui.
Un membre des Casques blancs se tient devant les décombres d’un immeuble lors de la recherche de survivants dans la ville syrienne tenue par les forces antigouvernementales de Jaindairis, le 8 février 2023 (AFP)
Une région de douze fois la taille de la Belgique a été frappée par une vingtaine de séismes en deux jours.
Le séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter qui a frappé la Turquie et la Syrie a produit une explosion équivalente à 7,5 millions de tonnes de TNT. Il a rapidement été suivi d’une réplique de magnitude 6,7 dans le centre et l’est de la Turquie, et d’une autre de magnitude 5,6 à la frontière turco-syrienne.
Près de 800 répliques ont été enregistrées.
Un Syrien, déplacé à la suite du tremblement de terre meurtrier qui a frappé la Turquie et la Syrie, passe devant des tentes dans un camp temporaire, dans la campagne de Jandairis, dans le nord-ouest de la Syrie, le 11 février 2023 (AFP/Rami al-Sayed)
Jusqu’à 26 millions de personnes ont été touchées. À l’heure actuelle – et ces chiffres changent d’heure en heure – 35 000 personnes ont perdu la vie en Turquie et en Syrie, tandis que l’on dénombre des dizaines de milliers de blessés. Plus de 100 000 personnes en Turquie et 300 000 en Syrie ont été déplacées.
Des centaines d’immeubles, dont certains d’une douzaine d’étages, ne sont plus que des tas de décombres. Des quartiers entiers sont dévastés. Les grands axes routiers et les lignes ferroviaires reliant les grandes villes ont subi des dommages ou voient affluer l’aide humanitaire.
Si l’on transpose la carte de ce séisme sur la France, la faille s’étend sur une diagonale allant de Limoges à Nancy. Des villes comme Orléans, Bourges, Châteauroux, Poitiers ou Clermont-Ferrand auraient subi une violente secousse.
Ces données ne font qu’esquisser les contours de cette catastrophe. Les détails arriveront dans les jours et les semaines à venir.
Une perte d’attention du public
Des dizaines de pays ont envoyé des équipes de recherche et de sauvetage. Mais trois jours à peine après le premier séisme, au moment même où l’opération de recherche et de sauvetage se transformait en un travail sinistre et lent de récupération des corps, la tragédie ne faisait plus la une des journaux en Europe, voisine immédiate de la Turquie.
Nous savons ce qui suit cette perte d’attention du public.
Guerre en Ukraine : le soutien inconditionnel à Kyiv conduit au désastre
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La semaine dernière, les séismes ont été supplantés par la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky en Grande-Bretagne, à Paris et à Bruxelles.
Le courageux Zelensky, vêtu de son sweat kaki, qui s’est transformé dans la conscience politique en un mélange de Churchill, Boadicée et Jeanne d’Arc, est devenu un ticket politique en vogue que chaque Parlement s’arrache.
Le fait qu’il ait posé le pied en Grande-Bretagne avant de passer en France et à Bruxelles a été interprété comme un motif de fierté nationale.
Il en était de même pour l’aide militaire de 2,3 milliards de livres (2,5 milliards d’euros) accordée l’an dernier à l’Ukrainepar la Grande-Bretagne, une somme qui sera égalée cette année d’après le Premier ministre Rishi Sunak. Cela classe la Grande-Bretagne au deuxième rang des donateurs militaires de l’Ukraine.
Telles sont les sommes d’argent disponibles en Grande-Bretagne lorsque la volonté politique existe.
Comparons maintenant ce montant à celui qui sera versé, selon le gouvernement britannique, à la suite des séismes en Turquie et en Syrie. Lorsque les quinze organisations caritatives qui composent le Disasters Emergency Committee ont lancé leur appel jeudi pour fournir des secours et une aide médicale, des abris, des couvertures et de la nourriture, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères James Cleverly a annoncé que le Royaume-Uni s’engageait à verser une somme équivalente aux dons publics, de l’ordre de 5 millions de livres (5,6 millions d’euros).
2,3 milliards de livres d’armes pour l’Ukraine et 5 millions de livres d’aide pour 23 millions de personnes ? Est-ce bien réel ? Oui, apparemment
« Lorsque des catastrophes comme ces terribles séismes surviennent, nous savons que les Britanniques veulent aider », a déclaré James Cleverly. « Ils ne cessent de montrer que peu de gens sont plus généreux et compatissants qu’eux. »
2,3 milliards de livres d’armes pour l’Ukraine et 5 millions de livres d’aide pour 23 millions de personnes ? Est-ce bien réel ? Oui, apparemment.
Il y a deux façons de mesurer cela sur l’« échelle de Richter » de l’inhumanité de l’homme envers l’homme.
Sur le plan humanitaire, les catastrophes d’ampleur mondiale exigent une réponse mondiale qui transcende la politique – ou plutôt la mesure dans laquelle le président turc Recep Tayyip Erdoğan ou le président syrien Bachar al-Assad sont traités comme des parias dans les rassemblements des grands de ce monde tels que Davos.
Une erreur de taille
Quelques heures à peine après la catastrophe, l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo a publié une caricaturemontrant un bâtiment endommagé, une voiture renversée et un tas de gravats avec pour légende : « Même pas besoin d’envoyer de chars ! »
Il ne s’agit pas d’une simple caricature de mauvais goût et Charlie Hebdo n’est pas n’importe quel magazine satirique.
Charlie Hebdo sous le feu des critiques après une caricature sur les séismes en Turquie
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En 2015, Charlie est devenu l’épicentre de ce qui était décrit comme la défense de la démocratie et de la liberté d’expression face aux attaques de fanatiques et de terroristes – un peu comme ce que l’on dit de l’Ukraine aujourd’hui. Ses bureaux à Paris ont été attaqués par les frères Saïd et Chérif Kouachi, qui affirmaient représenter le groupe militant al-Qaïda et dont l’attaque a fait douze morts et onze blessés.
Cet attentat a provoqué des manifestations massives. Le slogan « Je suis Charlie » a fait le tour du monde. Charlie Hebdoest devenu le symbole de la liberté d’expression attaquée par des barbares barbus. Dans cette optique, le racisme sans fard de Charlie Hebdo a été, à l’époque, caché sous le tapis comme il continue de l’être aujourd’hui.
Peu de médias ont évoqué ce dernier écart en date, même si les réseaux sociaux n’ont pas tardé à réagir.
Le lent déclin des États-Unis et de l’Europe sur la scène mondiale, sous l’impulsion des armées disparates de talibans à Kaboul ou des assauts frontaux suicidaires de l’armée de condamnés du groupe Wagner dans le Donbass, a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Mais la réticence de l’Union européenne à être le premier intervenant dans cette crise est entièrement volontaire. Il s’agit d’une erreur spontanée et de taille. Cette catastrophe est l’occasion de faire preuve de leadership moral et d’humanité envers des millions de personnes.
La forteresse Europe met ses richesses à l’abri. Ses hautes clôtures électrifiées et ses patrouilles de drones sont là pour empêcher les hordes païennes d’y entrer
C’est l’occasion de s’adresser directement à ces personnes plutôt qu’à leurs gouvernements ou à leurs présidents qui manœuvrent en vue de leur réélection.
C’est l’occasion pour l’Occident de montrer au monde qu’il peut tout aussi bien reconstruire que détruire.
Mais il s’agit bien de la dernière chose à laquelle la forteresse Europe pense aujourd’hui. La forteresse Europe met ses richesses à l’abri. Ses hautes clôtures électrifiées et ses patrouilles de drones sont là pour empêcher les hordes païennes d’y entrer.
Comment pourrait-on mieux encourager ces millions de personnes à rechercher un leadership ailleurs ?
Alors qu’aucune somme importante n’a encore été collectée en Grande-Bretagne, en France ou en Allemagne, les Saoudiens ont déjà rassemblé plus de 80 millions d’euros une semaine après le lancement de la plateforme Sahem pour venir en aide à la Syrie et à la Turquie.
Ce n’est certes qu’une bouchée de pain pour un membre de la famille royale saoudienne, mais il s’agit d’un don considérable de la part des Saoudiens ordinaires. De quoi faire honte à la Grande-Bretagne. Renonçons cependant à la moralité ou à tout sentiment d’humanité partagé.
Suivons plutôt l’air du temps actuel, qui penche vers l’intérêt personnel.
Des chiffres stupéfiants
Avant la guerre en Ukraine, le Moyen-Orient représentait 25 % des demandeurs d’asile en Europe en 2021. Ils venaient principalement de Syrie, d’Irak mais aussi de Turquie, en cinquième position. L’Afghanistan occupait la deuxième place.
La guerre en Syrie a fait de la Turquie le plus grand pays d’accueil de réfugiés au monde, avec plus de 3,6 millions de réfugiés syriens et 320 000 personnes d’autres nationalités relevant de la compétence du HCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés).
Séismes : les victimes syriennes sont-elles oubliées ?
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Le pays a dépensé 5,59 milliards de dollars en aide humanitaire l’an dernier, soit 0,86 % de son PIB, ce qui le place en tête du classement mondial selon un rapport de Development Initiatives.
Sur le plan de l’argent dépensé, la Turquie n’est devancée que par les États-Unis. Ces chiffres sont stupéfiants pour un gouvernement si souvent vilipendé en Occident.
Mais cet effort n’est pas figé. Les partis d’extrême droite turcs comme le Zafer Partisi (Parti de la victoire) sont à l’affût, organisant notamment des collectes de fonds pour financer l’achat de tickets d’autocar afin d’expulser les Syriens.
À la recherche de boucs émissaires compte tenu de la lenteur des efforts de secours, certains Turcs se retournent contre les réfugiés à la suite de cette catastrophe.
Ces événements sont suffisamment importants pour provoquer de futures vagues de réfugiés, dans la mesure où la reconstruction prendra des années voire des décennies.
Il est absolument dans l’intérêt de l’Europe de veiller à ce que la Turquie puisse faire face et poursuivre sa politique de réinstallation des réfugiés dans le nord de la Syrie.
Mais la Syrie, à laquelle l’Occident a secrètement envoyé tant d’armement par le passé, est elle aussi abandonnée. Les réfugiés syriens mouraient déjà de froid bien avant que le tremblement de terre ne frappe Alep et Idleb.
Le fossé entre ce qu’il faudrait faire et ce que nous finissons par faire s’élargit d’année en année. Chaque année, les paroles prononcées par les dirigeants européens deviennent encore plus grotesques
Un tiers des victimes se trouveraient dans la province du Hatay, de l’autre côté de la frontière syrienne. L’ampleur de la destruction dans le Hatay a eu un effet immédiat sur l’aide à la Syrie qui transite par le passage frontalier de Bab al-Hawa, cordon ombilical de l’aide humanitaire destinée aux millions de personnes qui vivent dans les zones échappant au contrôle du gouvernement syrien dans le nord-ouest de la Syrie.
Les Syriens vivant dans les régions contrôlées par le gouvernement ne sont pas mieux lotis. L’État est ravagé par la guerre et, comme l’Iran dès l’aube de la République islamique, paralysé par les sanctions.
Le fossé entre ce qu’il faudrait faire et ce que nous finissons par faire s’élargit d’année en année. Chaque année, les paroles prononcées par les dirigeants européens deviennent encore plus grotesques.
Le 13 octobre dernier, le responsable de la politique étrangère de l’UE Josep Borrell, a prononcé un discours lors de l’inauguration de l’Académie diplomatique européenne à Bruges. Voici ce qu’il a déclaré, selon la transcription officielle :
« Oui, l’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin. Tout fonctionne. C’est la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l’humanité ait pu construire – les trois choses ensemble. […] La plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. Les jardiniers doivent aller dans la jungle. Les Européens doivent être beaucoup plus engagés avec le reste du monde. Sinon, le reste du monde nous envahira, de différentes manières et par différents moyens. »
S’il doit y avoir une occasion unique de mettre un terme à ce charabia primitif, celle-ci se présente sous nos yeux.
L’Europe la saisira-t-elle ? J’en doute, car cela fait longtemps que je ne crois plus au concept de progrès. Et le jardin d’Eden dépeint par Josep Borrell mérite pleinement son sort biblique.
- David Hearst est cofondateur et rédacteur en chef de Middle East Eye. Commentateur et conférencier sur des sujets liés à la région, il se concentre également sur l’Arabie saoudite en tant qu’analyste. Ancien éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian, il en a été le correspondant en Russie, en Europe et à Belfast. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.
Près d’un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le discours occidental dénonçant une attaque « non provoquée » est devenu intenable.
Le président américain Joe Biden reçoit son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, le 21 décembre 2022 à Washington (AFP)
l est particulièrement utile de prendre du recul pour analyser la guerre en Ukraine, près d’un an après l’invasion russe.
En février dernier, il semblait tout au moins superficiellement plausible de désigner la décision du président russe Vladimir Poutine d’envoyer des troupes et des chars chez son voisin comme rien moins qu’un « acte d’agression non provoqué ».
Poutine était soit un fou, soit un mégalomane qui tentait de raviver le programme impérial et expansionniste de l’Union soviétique. Sans opposition à son invasion, il allait devenir une menace pour le reste de l’Europe.
Une Ukraine vaillante et démocratique avait besoin d’un soutien sans réserve de l’Occident – et d’un approvisionnement quasi illimité en armes – pour tenir tête à un dictateur voyou.
L’Ukraine est devenue le champ de bataille permettant à Washington de revenir sur les dossiers inachevés de la guerre froide
Mais ce discours semble de plus en plus s’effilocher, du moins si l’on va au-delà des médias de l’establishment – des médias qui n’ont jamais semblé aussi monotones, aussi déterminés à battre le tambour de guerre, aussi amnésiques et aussi irresponsables.
Quiconque conteste les efforts incessants déployés au cours de l’année passée pour intensifier le conflit – qui entraîne un bilan humain et des souffrances incommensurables, fait grimper en flèche les prix de l’énergie, provoque des pénuries alimentaires à l’échelle mondiale et engendre en fin de compte un risque de guerre nucléaire – est accusé de trahir l’Ukraine et de faire l’apologie de Poutine.
Aucune dissidence n’est tolérée.
Poutine est Hitler, nous sommes en 1938 et quiconque cherche à faire baisser la température n’est qu’un adepte de la politique d’apaisement, à l’instar du Premier ministre britannique Neville Chamberlain.
C’est du moins ce qu’on nous dit. Mais le contexte est d’une importance cruciale.
Mettre fin aux « guerres éternelles »
Six mois à peine avant que Poutine n’envahisse l’Ukraine, le président Joe Biden a retiré l’armée américaine d’Afghanistanaprès deux décennies d’occupation. Il s’agissait en apparence de l’accomplissement de sa promesse de mettre fin aux « guerres éternelles » de Washington qui lui coûtaient « tant de sang et d’argent ».
La promesse implicite était que l’administration Biden allait non seulement ramener les troupes américaines des « bourbiers » du Moyen-Orient que représentaient l’Afghanistan et l’Irak, mais aussi veiller à ce que les impôts américains cessent de partir à l’étranger pour remplir les poches de fournisseurs militaires, de fabricants d’armes et de responsables étrangers corrompus. Les dollars allaient être dépensés sur le territoire national pour résoudre les problèmes nationaux.
Mais depuis l’invasion russe, cette hypothèse s’est effondrée. Dix mois plus tard, il semble fantaisiste d’imaginer qu’il y ait eu la moindre intention de la part de Biden.
En décembre, le Congrès américain a approuvé une augmentation colossale du « soutien » essentiellement militaire à l’Ukraine, portant le total officiel à une centaine de milliards de dollars en moins d’un an, avec sans doute beaucoup plus de coûts cachés au public. Ce montant dépasse de loin le budget militaire annuel total de la Russie.
Guerre en Ukraine : vers un « super-combat » d’un nouveau type ?
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Washington et l’Europe déversent en Ukraine des armes toujours plus offensives. Ainsi encouragé, Kyiv pousse de plus en plus le champ de bataille à l’intérieur du territoire russe.
Les responsables américains, tout comme leurs homologues ukrainiens, entendent combattre la Russie jusqu’à ce que Moscou soit « vaincu » ou que Poutine soit renversé, transformant ainsi ce conflit en une nouvelle « guerre éternelle » identique à celle à laquelle Biden venait de renoncer – cette fois-ci en Europe plutôt qu’au Moyen-Orient.
Début janvier, dans le Washington Post, Condoleezza Rice et Robert Gates, deux anciens secrétaires d’État américains, ont appelé Biden à « offrir de toute urgence à l’Ukraine une augmentation considérable de ses fournitures et capacités militaires ». […] Il est préférable [d’]arrêter [Poutine] maintenant, avant que l’on n’exige davantage des États-Unis et de l’OTAN. »
En décembre, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a averti qu’une guerre directe entre l’alliance militaire occidentale et la Russie était une « possibilité réelle ».
Quelques jours plus tard, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli en héros lors d’une visite « surprise » à Washington. La vice-présidente américaine Kamala Harris et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi ont déployé un grand drapeau ukrainien derrière leur invité, telles deux groupies, pendant qu’il s’adressait au Congrès.
Les législateurs américains ont offert à Zelensky une ovation de trois minutes, plus longue encore que celle accordée à l’autre fameux « homme de paix » et défenseur de la démocratie, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Le président ukrainien s’est fait l’écho de Franklin D. Roosevelt, président américain durant la Seconde Guerre mondiale, en réclamant une « victoire absolue ».
Tout cela n’a fait que souligner le fait que Biden s’est rapidement approprié la guerre en Ukraine en exploitant l’invasion russe « non provoquée » pour mener une guerre américaine par procuration. L’Ukraine est devenue le champ de bataille permettant à Washington de revenir sur les dossiers inachevés de la guerre froide.
Compte tenu du timing, les esprits cyniques pourraient se demander si Biden ne s’est pas retiré de l’Afghanistan non pas pour se concentrer enfin sur le redressement des États-Unis, mais pour préparer son entrée dans une nouvelle arène de confrontation, afin de donner un nouveau souffle à cet éternel scénario américain d’une domination militaire tous azimuts.
Fallait-il « abandonner » l’Afghanistan pour permettre à Washington d’investir son argent dans une guerre contre la Russie dans laquelle il n’y aurait pas de pertes humaines américaines ?
Des intentions hostiles
La réponse qui vient, bien sûr, est que Biden et son administration ne pouvaient pas savoir que Poutine était sur le point d’envahir l’Ukraine. C’était la décision du dirigeant russe, pas celle de Washington. Sauf que…
De hauts responsables politiques américains et des experts des relations américano-russes – de George Kennan à William Burns, actuellement directeur de la CIA sous Biden, en passant par John Mearsheimer et feu Stephen Cohen – avertissaient depuis des années que l’expansion de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie sous l’égide des États-Unis ne pouvait que provoquer une réponse militaire russe.
Poutine avait mis en garde contre ces dangereuses conséquences en 2008, lorsque l’OTAN a soumis pour la première fois l’idée d’une candidature de l’Ukraine et de la Géorgie – deux ex-États soviétiques frontaliers avec la Russie – à une adhésion. Il n’a laissé aucune place au doute en envahissant presque immédiatement la Géorgie, bien que brièvement.
C’est cette réaction « non provoquée » qui a vraisemblablement retardé l’exécution du plan de l’OTAN. Néanmoins, en juin 2021, l’alliance a réaffirmé son intention d’intégrer l’Ukraine à l’OTAN. Quelques semaines plus tard, les États-Unis ont signé avec Kyiv des pactes distincts en matière de défense et de partenariat stratégique, offrant ainsi à l’Ukraine de nombreux avantages liés à une appartenance à l’OTAN sans en faire officiellement un pays membre.
Entre les deux déclarations de l’OTAN en 2008 et 2021, les États-Unis n’ont cessé de signaler leurs intentions hostiles à l’égard de Moscou et de montrer comment l’Ukraine pourrait contribuer à leur position géostratégique agressive dans la région.
Washington se soucie moins de l’avenir de l’Ukraine que de son objectif consistant à épuiser la force militaire de la Russie tout en l’isolant de la Chine, qui semble être la prochaine cible des États-Unis dans leur quête de domination totale
En 2001, peu après le début de l’expansion de l’OTAN vers les frontières russes, les États-Unis se sont retirés unilatéralementdu traité ABM (« Anti-Ballistic Missile ») de 1972, destiné à éviter une course aux armements entre les deux ennemis historiques.
Libérés du traité, les États-Unis ont ensuite déployé des batteries de missiles dans le périmètre élargi de l’OTAN, en Roumanie en 2016 et en Pologne en 2022. Le discours employé pour couvrir ces mesures était que ces sites étaient purement défensifs et visaient à intercepter tout missile tiré par l’Iran.
Toutefois, Moscou ne pouvait ignorer que ces systèmes d’armement étaient également aptes à une utilisation offensive et que des missiles de croisière à tête nucléaire pouvaient pour la première fois être lancés vers la Russie dans un délai très court.
En 2019, le président Donald Trump a renforcé les inquiétudes de Moscou en se retirant unilatéralement du traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Cela a ouvert la porte aux États-Unis pour lancer une première frappe potentielle sur la Russie avec des missiles stationnés dans les nouveaux pays membres de l’OTAN.
Alors que l’OTAN flirtait une fois de plus avec l’Ukraine au cours de l’été 2021, la capacité des États-Unis à lancer une frappe préventive avec l’aide de Kyiv – et de détruire ainsi la capacité de Moscou à riposter efficacement, tout en brisant sa dissuasion nucléaire – était un danger qui devait vivement préoccuper les décideurs russes.
Le sceau des États-Unis
Cela ne s’est pas arrêté là. L’Ukraine post-soviétique était profondément divisée, tant sur le plan géographique qu’électoral, sur la question de savoir si elle devait se tourner vers la Russie ou vers l’OTAN et l’Union européenne pour préserver sa sécurité et son commerce. Au fil d’élections très serrées, elle a oscillé entre ces deux pôles. L’Ukraine était un pays en proie à une crise politique permanente et à une corruption profonde.
C’est dans ce contexte que s’est produit à Kyiv en 2014 un coup d’État/une révolution qui a renversé un gouvernement élu pour préserver les liens avec Moscou. Un gouvernement ouvertement anti-russe a été installé à sa place. Le sceau de Washington – sous couvert de « promotion de la démocratie » – était un élément omniprésent du changement soudain de gouvernement au profit d’un gouvernement étroitement aligné sur les objectifs géostratégiques américains dans la région.
De nombreuses communautés russophones d’Ukraine – concentrées dans l’est, le sud et la péninsule de Crimée – ont été révoltées par cette prise de pouvoir. Craignant que le nouveau gouvernement hostile installé à Kyiv ne tente de mettre fin à son contrôle historique de la Crimée et du seul port dont dispose la Russie dans les mers chaudes, Moscou a annexé la péninsule.
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D’après un référendum ultérieur, la population locale a soutenu cette décision à une écrasante majorité. Les médias occidentaux ont largement décrit un résultat frauduleux, mais des sondages occidentaux ultérieurs ont laissé entendre que les Criméens le jugeaient fidèle à leur volonté.
C’est toutefois la région orientale du Donbass qui a été l’élément déclencheur de l’invasion russe en février dernier. Une guerre civile a rapidement éclaté en 2014, opposant les communautés russophones de la région à des combattants ultra-nationalistes et anti-russes, originaires pour la plupart de l’ouest de l’Ukraine, parmi lesquels des néonazis décomplexés. Plusieurs milliers de personnes sont mortes au cours des huit années de combats.
Alors que l’Allemagne et la France ont négocié les accords dits de Minsk avec l’aide de la Russie pour mettre fin au massacre dans le Donbass en promettant à la région une plus grande autonomie, Washington a semblé encourager l’effusion de sang.
Les États-Unis ont déversé de l’argent et des armes en Ukraine. Ils ont formé les forces ultranationalistes ukrainiennes et se sont efforcés d’intégrer l’armée ukrainienne dans l’OTAN par le biais de son principe d’« interopérabilité ». En juillet 2021, alors que les tensions s’intensifiaient, les États-Unis ont organisé un exercice naval conjoint avec l’Ukraine en mer Noire, l’opération Sea Breeze, lors de laquelle la Russie a dû tirer des coups de semonce contre un destroyer de la marine britannique qui était entré dans les eaux territoriales de la Crimée.
À l’hiver 2021, comme l’a souligné le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Moscou avait atteint son « point d’ébullition ». Les troupes russes se sont massées à la frontière ukrainienne dans des proportions sans précédent, signe manifeste que Moscou avait perdu patience face à la collusion de l’Ukraine avec ces provocations orchestrées par les États-Unis.
Le président Zelensky, qui a été élu pour sa promesse de rétablir la paix dans le Donbass mais qui s’est montré incapable de maîtriser les éléments d’extrême droite au sein de sa propre armée, a poussé dans la direction opposée.
Les forces ultra-nationalistes ukrainiennes ont intensifié le bombardement du Donbass dans les semaines qui ont précédé l’invasion. Dans le même temps, Zelensky a fait fermer des médias de premier plan et s’apprêtait à interdire les partis politiques d’opposition et à exiger des médias ukrainiens qu’ils mettent en œuvre une « politique d’information unifiée ». Alors que les tensions montaient, le président ukrainien a menacé de développer des armes nucléaires et de réclamer une adhésion accélérée à l’OTAN, vouée à embourber encore plus l’Occident dans le massacre du Donbass et à intensifier le risque d’une confrontation directe avec la Russie.
Éteindre la lumière
C’est alors, après quatorze années d’ingérence américaine aux frontières de la Russie, que Moscou a envoyé ses soldats – de manière « non provoquée ».
L’objectif initial de Poutine, quoi qu’en aient dit les médias occidentaux, semblait être le plus léger possible étant donné que la Russie lançait une invasion illégale. Dès le départ, la Russie aurait pu mener ses attaques dévastatrices actuelles contre l’infrastructure civile ukrainienne, fermer les voies de communication et éteindre la lumière dans une grande partie du pays. Mais elle semble avoir délibérément évité une campagne de choc et stupeur à l’américaine.
À la place, elle s’est d’abord concentrée sur une démonstration de force. Moscou semble avoir supposé, à tort, que Zelensky aurait reconnu que son pays avait exagéré, qu’il se serait rendu compte que les États-Unis – situés à des milliers de kilomètres – ne pouvaient pas être les garants de sa sécurité et qu’il aurait été contraint de désarmer les ultra-nationalistes qui s’en prenaient aux communautés russes de l’est du pays depuis huit ans.
Ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. Du point de vue de Moscou, l’erreur de Poutine n’est pas tant d’avoir lancé une guerre non provoquée contre l’Ukraine que d’avoir trop tardé à l’envahir. L’« interopérabilité » militaire de l’Ukraine avec l’OTAN était bien plus avancée que ce que les planificateurs russes semblent avoir estimé.
Dans une récente interview, l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, qui a supervisé les négociations de Minsk visant à mettre fin au massacre du Donbass, a semblé – bien que par inadvertance – se faire l’écho de cette opinion : les pourparlers ont servi de couverture pendant que l’OTAN préparait l’Ukraine à une guerre contre la Russie.
Beaucoup plus d’argent sera dépensé et beaucoup plus de sang sera versé. Il n’y aura pas de gagnants, à l’exception des faucons néoconservateurs en charge de la politique étrangère qui dominent Washington et des lobbyistes de l’industrie de la guerre qui tirent profit des aventures militaires sans fin de l’Occident
Au lieu d’empocher une victoire rapide et un accord sur de nouvelles dispositions en matière de sécurité régionale, la Russie est désormais engagée dans une guerre par procuration prolongée contre les États-Unis et l’OTAN, où les Ukrainiens servent de chair à canon. Les combats et les pertes humaines pourraient se poursuivre indéfiniment.
Alors que l’Occident est résolu à ne pas rétablir la paix et à expédier des armes aussi vite qu’elles sont fabriquées, l’issue s’annonce sombre, qu’il s’agisse d’une nouvelle division territoriale sanglante de l’Ukraine entre un bloc pro-russe et un bloc anti-russe par la force des armes ou d’une escalade vers une confrontation nucléaire.
Sans l’intervention prolongée des États-Unis, la réalité est que l’Ukraine aurait dû parvenir à un arrangement il y a de nombreuses années avec son voisin beaucoup plus grand et plus fort, tout comme le Mexique et le Canada ont dû le faire avec les États-Unis. L’invasion aurait été évitée. Aujourd’hui, le destin de l’Ukraine ne lui appartient guère. Elle est devenue un pion de plus sur l’échiquier des superpuissances.
Washington se soucie moins de l’avenir de l’Ukraine que de son objectif consistant à épuiser la force militaire de la Russie tout en l’isolant de la Chine, qui semble être la prochaine cible des États-Unis dans leur quête de domination totale.
En parallèle, Washington a atteint un objectif plus large en anéantissant tout espoir de compromis en matière de sécurité entre l’Europe et la Russie, en renforçant la dépendance tant militaire qu’économique de l’Europe vis-à-vis des États-Unis et en poussant l’Europe à s’associer à ses nouvelles « guerres éternelles » contre la Russie et la Chine.
Beaucoup plus d’argent sera dépensé et beaucoup plus de sang sera versé. Il n’y aura pas de gagnants, à l’exception des faucons néoconservateurs en charge de la politique étrangère qui dominent Washington et des lobbyistes de l’industrie de la guerre qui tirent profit des aventures militaires sans fin de l’Occident.
- Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Vous pouvez consulter son site web et son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Jonathan Cook is the author of three books on the Israeli-Palestinian conflict, and a winner of the Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. His website and blog can be found at www.jonathan-cook.net
Jonathan Cook
Lundi 13 février 2023 - 08:19 | Last update:7 hours 22 mins ago
- Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Vous pouvez consulter son site web et son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net.
Charlie Hebdo... A gerber ! Il n'est pas nécessaire d'être " des bigots, des incultes , des hypocrites " - dixit Younès Ben Haddou dans sa tribune du Journal du Dimanche - pour être horrifiée devant une pareille " une "... Il y en a marre du fameux " esprit Charlie "...Il n'est pas question de haine dans mon propos, mais seulement d'HUMANITE et de solidarité envers des peuples qui ne cessent d'être victimes .... SCANDALEUX ET HONTEUX...!!! Désolée, mais ce torchon mérite la fermeture !!! La laicité et la liberté que revendique ce journal , puent ! Peut-être faudrait-il les condamner à aller déterrer les morts et porter secours aux blessés, aux sans-abris...Assurément, cela leur mettrait " du plomb " dans la tête ...!!!
Assia Djebar nous a quittés le 6 février 2015. Huit années déjà que son intelligence, ses écrits nous manquent et que nous l’avons enterrée à Cherchell, en l’absence d’une ministre de la Culture qui avait certainement mieux à faire.
Il faut nous souvenir de ce qu’elle a apporté à notre dignité de femmes algériennes et combien elle s’est ingéniée à déterrer notre histoire, liant histoire et littérature. Une histoire fondée sur des recherches constantes. Elle passait ses journées dans les bibliothèques, tutoyant les archives.
J’aime à me souvenir d’elle ainsi, comme à celle qui, durant des années, avec un investissement total, chaque jour, a consacré son intelligence et son travail à faire émerger à la lumière notre histoire commune. Car notre histoire est reléguée au rang de mémoire, a l’acmé du temps, gaspillée car non porteuse de sens. La guerre, les guerres ont nourri la démarche d’Assia Djebar, car comment restituer la réalité de femmes en Algérie en ignorant qu’elles ont eu à vivre, à se mouvoir, dans une société marquée par des guerres?
Mais, dans ces guerres, nos soupirs, nos actes, notre sang ont pu et peuvent encore être ignorés, gaspillés dirais-je. Je voudrais ajouter qu’ils le sont même lorsqu’ils sont «mis en scène» de façon spectaculaire.
C’est la guerre qui a accompagné son écriture, l’a nourrie. Elle était belle et brillante, une jeune femme de cette catégorie sociale que la France a échoué à créer comme médiatrice avec des indigènes qui en seraient «pacifiés». Son départ pour la France, sa première année comme pensionnaire au Lycée Montagne, qu’elle montrait avec l’émotion que l’on réserve aux jeunes années d’exaltation, son année de khagne au lycée Fenelon ont fait d’elle une «indigène brillante», admise à Normal Sup. C’est ainsi que son entrée dans cette institution est saluée. C’est alors que ses liens avec Paris, son émancipation par l’instruction, l’ont confrontée directement à la question de l’origine et de l’appartenance.
Sa réponse fut simple, de l’ordre de l’évidence : elle était algérienne, appartenant à un peuple en guerre. Elle le savait par le parler berbère de sa grand-mère, par la mémoire des femmes de Cherchell. Elle le savait aussi par la force de l’émotion ressentie, et qu’elle fera partager à toute ma génération, celle de la force de l’expérience du premier jour à l’école française, la main étroitement tenue par celle du père, de ce père, alors bienveillant, qui affrontait à la fois le regard des autres indigènes et des colons, introduisant une fille dans le monde du savoir de l’Autre. Ce moment est déjà à lire comme un moment dans la guerre. Et, à l’occasion de son entrée à l’Académie française, dès les premiers mots et en remerciant les membres de cette assemblée de l’avoir accueillie, elle choisit Denis Diderot comme second ange-gardien, après en avoir référé à Jean Cocteau et à sa formule : «Il faudra que j’évite de m’endimancher en paroles, ce vers quoi nous pousse inconsciemment un lieu historique». Pour ne pas s’endimancher en paroles, elle se ralliera à Denis Diderot : «Il m’a semblé, écrit-il en 1751, qu’il fallait être à la fois au-dehors et au-dedans». On peut dire que, toute sa vie, a été placée sous le signe d’un entre deux harassant, épuisant, une véritable guerre. A son entrée à l’Académie française, elle avait déjà placé les Etats-Unis, l’université de New York, entre elle et la France comme elle avait déterritorialisé son lien avec l’Algérie, en France, en travaillant au Centre culturel algérien, à Paris.
Son mouvement, sa langue, sa mémoire sont dès les débuts placés sous le sceau de cet entre deux. Ainsi, à 20 ans, ses sorties de l’Ecole normale de Sèvres elle les réservait à ramener des documents du mouvement national, des informations sur le combat de son peuple, là-bas, qu’elle partageait avec ses camarades de cours qui s’en souviennent encore: «Nous savions, grâce à Assia».
Mais ce n’est pas encore la guerre, car la guerre, ce n’est pas cette solitude réservée à un membre de l’élite d’une société coloniale. La guerre, c’est d’abord du bruit, du sang et surtout de la fraternité, un sentiment difficile à ressentir dans cette institution du Paris des années 50.
Les frères appelaient à une grève des étudiants d’une année et, elle, première indigène à intégrer l’Ecole normale, n’hésita pas à s’y conformer. En cette année 1956, elle est exclue de l’Ecole normale et entre en littérature. Elle écrit La Soif qui est publié chez Julliard. Elle quitte Paris, se rend à Tunis, rejoindre ceux auxquels elle s’identifie et s’intègre au journal El Moudjahid de la guerre. El Moudjahid, ce titre, c’est pourtant la négation de son engagement et de la place qu’elle a voulue, car il ne parle que du combat des hommes. Mais à 20 ans, la guerre elle la prend à bras-le-corps, ce qu’elle ne cessera de faire dans les bibliothèques ou dans ses films. Car, alors, son malaise n’est pas éteint par son identification au peuple algérien.
Certes, elle peut s’investir dans la lutte de son peuple mais elle reste invisible. Elle, comme ses camarades femmes, les moudjahidate, ne sont pas hissées au niveau de l’histoire de ce peuple. Elles sont enfouies dans sa mémoire. Et, dit-elle, «j’ai voulu m’appuyer contre la digue de la mémoire».
Pour l’avoir, je crois, bien connue, je peux, ici, en référer à un terme de la liturgie : l’anamnèse, qui fait référence à la mémoire du ressuscité - le Christ - et au Missel romain qui établit l’anamnèse comme l’acclamation après la consécration. Ces références au christianisme ne sont audibles que si l’on s’intéresse au lien étroit que, toute sa vie, elle a entretenu avec Saint Augustin, je dirai avec sa personne comme avec son œuvre. Comme pour lui, «moi est une terre d’embarras et de sueur. Il s’agit de moi dans l’acte de ma souvenance... Or, me voici à ne pouvoir comprendre l’énergie de la mémoire». Comme pour Saint Augustin, la mémoire est pour elle une présence. Elle nous livrera la présence de Tin Hinan, de Zoulikha Ouadai dans sa chère Césarée, Cherchell. Dès lors, des voix féminines, l’assiègent et elles les accueille. Elle constate, avec nous :«Est-ce par hasard que la plupart des œuvres de femmes, au cinéma, apportent au son, à la musique, au timbre des voix prises et surprises, un relief aussi prenant que l’image elle-même ?» Comme s’il fallait s’approcher lentement de l’écran, le peupler, mais porte par une voix pleine, dure comme une pierre, fragile et riche comme un cœur humain. Ces voix, elle les accueille car, dit-elle, «grâce à cette parole préservée de mes sœurs, à leur pudeur qui ne se sait pas, si bien que le son d’origine s’est mis à fermenter au cœur même du français de mon écriture. Ainsi Armée ou réconciliée, j’ai pris tout à fait le large». Elle avoue, lors du discours qu’elle prononce à l’occasion de son entrée à l’Académie française, que dès l’âge de 15 ans, elle avait adhéré à une conception fervente de la littérature du poète Henri Michaux : «J’écris pour me parcourir». Ainsi, cet accueil est un retour sur soi.
Et, c’est ainsi que pour elle, prendre tout à fait le large a signifié témoigner d’une autre histoire : celle des Algériennes dans la guerre mais aussi de sa guerre en vue d’aboutir à un apaisement entre les langues française, arabe et berbère.
Elle s’attelle à l’écriture durant cette guerre. C’est dans ces années 50 qu’elle cherche comment dire ses combats.
Edhakira
Chacune et chacun sait qu’Assia Djebar était historienne, formée par Massignon, Jaques Berque. Comment a-t-elle eu recours à cette discipline dans son travail ? Nous avons choisi de substituer le terme Dhakira à celui d’histoire. Ce terme est à la fois mémoire et souvenir, car elle a toujours associé des destins humains aux faits rencontrés dans les archives. La mémoire, Assia Djebar, l’a convoquée par le cinéma mais aussi par la littérature. Une littérature qui lui a permis de vivre sa propre guerre, celle qu’elle a menée dans et avec la langue, avec l’arabe de la tendresse et le français, cette langue infiltrée. A propos de ce recours à la Dhakira, Jamila Ben Mustapha, dans L’Ecriture de l’histoire dans l’Amour, la Fantasia d’Assia Djebar, écrit : «Elle réhabilite le rôle des femmes, dans le passé de la nation, mais le fait de façon double, en les considérant autant comme objet de l’énoncé - et cela est perceptible tout au long du roman - que comme sujet de l’énonciation, ce qui est visible dans la troisième partie de cette œuvre». L’histoire, donc, est bien une conséquence de l’autobiographie : «Ma fiction est cette autobiographie qui s’esquisse, alourdie par l’héritage qui m’encombre» (p ;17-L’amour la Fantasia) elle mêle la consultation d’archives, l’autobiographie, et le témoignage de la vie des femmes qu’elle hausse alors à hauteur de l’histoire collective. Citons encore Jamila Ben Mustapha. Cette prédominance du passé, impossible à écarter, la pousse à rechercher les éléments constitutifs de son identité dans sa tribu, et non plus seulement dans son être : c’est ainsi qu’elle affirme être née, en réalité, non pas en 1936, mais en 1842, à une époque simultanée, à peu près, à celle de la colonisation de l’Algérie :
«… Je suis née en dix-huit cent quarante-deux, lorsque le commandant de Saint-Arnaud vient détruire la zaouia des Beni Ménacer, ma tribu d’origine…», p.302 du roman. Or, cette identification avec sa tribu se fait, non seulement, dans le passé, mais aussi dans le présent, dans la troisième partie du roman, par la solidarité qu’elle exprime avec les femmes de la région de Cherchell.
Elle s’est donc réfugiée, pour en dire, dans les images et les sons. Edhakira, cette mémoire lointaine, tire ses forces des murmures de voix féminines. Cet espace qui permettait, seul, à la société algérienne de ne pas être colonisée. La langue, les récits, les rituels de femmes permettaient à chacune et chacun de se souvenir de soi. On le sait, les nations colonisées, les opprimés, n’ont d’histoire que la mémoire.
Cette première Africaine à intégrer l’Ecole normale supérieure a porté, dans son écriture, la Française musulmane qui, disait-elle, rêvait en arabe et écrivait en français. Elle rejoint ainsi les siens au cœur de la Méditerranée, entre France et Algérie et un nom, murmuré, parcourt ses ouvrages : Sainte Marguerite. Une île. Celle où fut enfermé l’homme au masque de fer. Ce personnage porte ses questionnements et, à travers les siècles, ce lieu devient aussi celui de membres de la smala de l’Emir Abdelkader, expulsés d’Algérie et transportés en France, dans cette île d’abord où certains sont morts et encore enterrés. Plus tard, l’Emir lui-même devait reposer à Damas, auprès de son maître Ibn Arabi, un souffle, une âme, un poète.
Elle a en tête une tragédie inconnue de la majorité des Français, associée à cette terre paradis et prison à la fois, la première déportation d’Algériens vers l’île Sainte-Marguerite, au large de Cannes, C’était dans les années 1843-1844, au tout début de la colonisation. Or, il y avait parmi ces déportés un petit garçon tout blond, avec les yeux verts, le futur second mari de sa grand-mère. Il avait 7-8 ans et provoquait l’étonnement : «On croyait qu’en Algérie, ils étaient tous noirs», auraient dit des policiers de l’époque... Assia ne connaît pas l’île Sainte-Marguerite mais ce bout de terre traduit le destin d’une génération.
Nous l’avons enterrée à Cherchell. Nous, je veux dire sa fille, Jalila, sa sœur, Sakina, son amie Sawsen, son autre famille, les féministes algériennes. Nous n’avons pas supporté qu’elle erre en Méditerranée, inscrite ni en France ni en Algérie et surtout loin de Lol, sa chère Césarée. Nous avons voulu qu’elle trouve une place, à proximité de Cléopâtre Séléné, de Zoulikha Ouadaï à laquelle elle avait rendu une présence. Ce fut un jour de tristesse et de liesse. Nous étions tellement nombreuses dans ce cimetière où les femmes, d’ordinaire, n’ont pas accès à l’occasion des enterrements. Nous avions toutes des genêts à la main, elle les aimait, nous avons poussé des youyous à l’épuisement, elle les célébrait. Depuis, les journées qui suivirent, les fondations fleurissent, il existe en Algérie un prix Assia Djebar. Elle est là, toujours proche de nous. Elle est rentrée chez elle. Ce jour-là, des écoliers et des écolières venus de toutes les régions d’Algérie, portaient une grande banderole sur laquelle était inscrit : «Avec vous, Madame, le paradis sera plus beau».
Le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie est monté dimanche à plus de 33.000 morts, alors qu'un nouveau convoi de l'ONU est arrivé en Syrie, apportant une aide très attendue aux victimes.
LA BARRE DES 30.000 MORTS FRANCHIE
Le bilan du violent séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie s'élève dimanche à 33.179 morts, selon les derniers bilans officiels.
Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 29.605 morts dans le sud de la Turquie, a annoncé dimanche l'Afad, l'organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3.574 morts en Syrie. Selon l'Onu, le bilan pourrait "doubler".
ASSAD REMERCIE LES EMIRATS ARABES UNIS POUR LEUR "ÉNORME AIDE"
Le président syrien Bachar al-Assad a remercié dimanche les Emirats arabes unis pour leur "énorme aide humanitaire" fournie à son pays après le séisme dévastateur, alors qu'il recevait le chef de la diplomatie émiratie, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.
"Les Emirats arabes unis ont été parmi les premiers pays à se tenir aux côtés de la Syrie et à envoyer une énorme aide humanitaire", a déclaré M. Assad dans un communiqué de la présidence, saluant leur "réponse rapide, qui reflète la profondeur des relations bilatérales". La Syrie, également touché par le séisme, comptabilise près de 3.600 morts.
LE PAPE APPELLE À UN "SOUTIEN CONCRET"
Le pape François a appelé dimanche à un "soutien concret" en faveur des populations frappées par le puissant séisme. "Continuons à être solidaires, à travers la prière et le soutien concret, avec les populations frappées par le séisme en Turquie et en Syrie", a-t-il lancé à la fin de sa traditionnel prière dominicale de l'Angélus place Saint-Pierre.
Le pape avait déjà lancé mercredi un appel à la solidarité internationale lors de son audience générale hebdomadaire: "J’encourage tout le monde à être solidaire avec ces terres en partie déjà martyrisées par une longue guerre", avait-il affirmé.
UN BÉBÉ DE 7 MOIS SORTI VIVANT DES DÉCOMBRES
Près d'une semaine après les puissants tremblements de terre, des survivants sont encore extraits des décombres. Parmi eux, des enfants, dont un bébé de sept mois et une fillette de deux ans sauvés par les secours turcs.
Turquie : six jours après le séisme, un bébé sorti vivant des décombresSource : TF1 Info
DES DIZAINES D'ARRESTATIONS POUR PILLAGE OU ESCROQUERIE
Depuis lundi, date de la catastrophe qui a coûté la vie à plus de 28 000 personnes à travers la Turquie et la Syrie, près de 50 personnes ont déjà été arrêtées en Turquie pour pillage ou tentative d'escroquerie.
Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias est arrivé dimanche en Turquie pour marquer, malgré une longue histoire de rivalité, le soutien d'Athènes à son voisin frappé par un violent séisme, a annoncé son ministère.
Cette visite est la première de la part d'un ministre européen en Turquie depuis la catastrophe survenue lundi dernier, qui a fait plus de 28.000 morts dans ce pays et en Syrie.
Les ministres se rendront notamment à Antakya, où des secouristes grecs participent aux opérations de recherche et de sauvetage. Le gouvernement grec a jusqu'à présent envoyé en Turquie 80 tonnes d'aide médicale et d'équipements de première urgence.
LA FRANCE ENVOIE UN HÔPITAL DE CAMPAGNE
Près de 50 tonnes de matériel, un réel hôpital en kit va décoller de Paris ce dimanche pour rejoindre la Turquie. La fondation CMA-CGM répond à l'appel à l'aide du pays sinistré.
Séisme : la France envoie un hôpital de campagneSource : TF1 Info
PLUS DE 28.000 MORTS, LE BILAN POURRAIT "DOUBLER", AVERTIT L'ONU
Les sauveteurs ont sorti vivants un bébé et une adolescente des décombres dimanche avant l'aube, près d'une semaine après le puissant séisme qui a fait plus de 28.000 morts en Turquie et en Syrie, mais dont le bilan pourrait "doubler", selon l'ONU.
D'après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 a fait au moins 28.191 morts: 24.617 en Turquie et 3.574 en Syrie. En visite à Kahramanmaras en Turquie, le chef de l'agence humanitaire de l'ONU Martin Griffiths a déclaré à Sky News que le bilan "doublera ou plus".
VAGUE DE SOLIDARITÉ CHEZ LES RESTAURATEURS
Les déplacés turcs du séisme font la queue par des températures en dessous de zéro à Gaziantep pour recevoir un plat chaud offert grâce à une vague de solidarité des restaurants de cette ville du sud du pays.
Certains vendent aussi leur bétail afin de pouvoir venir au secours des déplacés. Sarigul Kacan, une femme âgée de 70 ans de la province de Kars (est), a vendu sa vache 13.000 lires turques (650 euros) pour envoyer cet argent aux victimes du séisme, ont rapporté les médias turcs.
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