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Ben


"Je me souviens de vous, mon capitaine, je m'en souviens très bien, et je revois encore distinctement la nuit de désarroi et d'abandon tomber sur vos yeux quand je vous ai appris qu'il s'était pendu"... Ainsi débute Où j'ai laissé mon âme, de Jérôme Ferrari, long monologue intérieur du lieutenant Andreani à l'adresse de son supérieur, - longtemps admiré, puis méprisé - le capitaine André Degorce, près de cinquante ans après la bataille d'Alger (1957).

Andreani est à l'époque à la tête d'une section spéciale chargée de la torture dans une villa de Saint-Eugène, un arrondissement côtier du Grand Alger dominé par l'église Notre-Dame-d'Afrique. Le jeune lieutenant aurait "préféré le tumulte et le sang des combats à l'affreuse monotonie de la chasse au renseignement". Mais il exécute les ordres et il "n'y a qu'une méthode" pour obtenir des informations : la torture, la gégène. Degorce n'est pas d'accord. Ancien résistant interné à 19 ans à Buchenwald, soldat en Indochine, prisonnier dans un camp viêt-minh, il distingue l'"ennemi de valeur" des autres et il n'hésite pas à administrer une correction à l'un de ses hommes pris en flagrant délit de brutalité. Mais Andreani, passé lui aussi par l'Indochine, n'en démord pas : l'adversaire est d'abord un terroriste, un poseur de bombes frappant aveuglément dans un milk-bar des dizaines d'adolescents savourant leur glace. On ne rend justice à son ennemi qu'avec sa "haine", sa "cruauté", sa "joie", martèle-t-il. Le lieutenant méprise les "scrupules", les "élégances dérisoires", les "bigoteries" de son supérieur. "Vous êtes un bourreau et un assassin, lui assène-t-il, le monde ne sait plus qui vous êtes et Dieu n'existe pas."

"Les personnages se sont imposés à moi, et d'abord la voix d'Andreani, qui a guidé le livre, explique le romancier. Je ne voulais pas d'un face-à-face manichéen entre le gentil et le mauvais officier." Andreani ? "Il ne se contente pas d'exécuter son devoir de soldat, il se forge un destin, il "surassume" ses actes." Le capitaine Degorce ? "Cet homme a un besoin absolu de foi et il est sur une ligne de crête." Au fil des pages, "il cesse d'être un sujet, ses paroles et ses actes lui échappent". Quant à Tahar, le prisonnier, "il est sûr de son bon droit et de la victoire finale". Il revendique "le côté le plus abominable du FLN : les attentats", à l'origine du sanglant engrenage terreur-répression.


Par Emmanuel Hecht
Publié le 01/09/2010 à 02:30, mis à jour à 07:10


https://www.lexpress.fr/culture/livre/ou-j-ai-laisse-mon-ame_916118.html


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