La zone montagneuse et très accidentée de Cherchell (massif du Dahra) connut les premiers accrochages avec les soldats de l’armée française au mois de juillet 1956.
18« En mars 1956, quelques sabotages de lignes téléphoniques et de récoltes donnent lieu à l’arrestation d’une quinzaine de chefs locaux, qui emprisonnés à la maison d’arrêt de Cherchell s’évadent en avril 1956 après avoir tué l’épouse du gardien de prison. Réfugiés autour du Marabout de Sidi Simiane, peu ou pas armés, ils forment le premier maquis du Cherchellois.
19En juillet 1957, la jeunesse évoluée du Cherchellois rejoint à son tour les montagnes de la région et commence à organiser le maquis proprement dit.
201958-1959, création des fortes bandes organisées : 3 Katibas (Hamdania – Ouysefa – Hoceina), 1 commando zonal et 3 sections sectorales font peser sur la région une menace permanente et permettent à l’OPA de s’organiser en fractionnant l’arrondissement en 3 secteurs.
21Après les opérations (Couronne-Atios, etc.), et la destruction quasi totale de ces unités rebelles, les chefs rebelles réorganisent leur dispositif et avec les groupes échappés aux forces de l’ordre créent de fortes sections sectorales épaulant les groupes de Fidayines9. »
22À la mi-juin 1956, 13 hommes armés arrivés sur les lieux, chargés par le commandement de l’ALN de la zone 4 – qui deviendra plus tard la wilaya IV dans l’organigramme de l’ALN (région centre incluant les arrondissements de Blida et de Médéa du département d’Alger) – de porter la lutte dans cet espace et de réaliser la jonction avec le maquis déjà actif de Ténès10, à l’ouest, dans le cadre du plan général d’expansion de l’insurrection tracé par l’état-major de cette zone. Les deux chefs du groupe – Ahmed Ghebalou et Ahmed Noufi – chargés de cette mission, sont nés à Cherchell. Les anciens membres du MTLD, bien intégrés parmi les habitants des montagnes, les aidèrent dans leur mission en prenant particulièrement en charge la campagne d’explication des objectifs de l’ALN : la lutte pour libérer le pays de l’occupation coloniale.
23Pour le petit groupe de l’ALN, arrivé dans la région dans les premiers mois de l’année 1956, tout commença à Adouiya, un lieu escarpé très difficile d’accès, situé sur l’axe Carnot-Dupleix, à 50 kilomètres au sud-ouest de Cherchell, loin des centres de colonisation de Marceau et de Zurich. Son installation fut facilitée par l’imam Sid Ahmed, un homme de culture doté de la confiance de la population. Les gens de Adouiya sont connus dans l’histoire du mouvement national pour avoir porté les candidats de la liste démocratique à la Djemaa, en 1946. Mustapha Saadoun, alors militant du Parti communiste algérien, fut pour beaucoup dans ce succès électoral. C’est d’Adouiya que fut lancée l’opération de jonction avec le maquis de Ténès, à l’ouest.
24La deuxième étape de l’extension de la guérilla dans la région fut Hayouna, un ensemble d’habitats dispersés au sommet d’un plateau très élevé, entre Oued Sebt et Oued Messelmoun. Située sur le versant de Gouraya, à mi-chemin entre la mer, au nord, et Oued Chéliff, au sud, cette fraction du vaste douar de Bouhlal (4 000 habitants), offrait par son relief accidenté toutes les commodités pour l’implantation de l’ALN.
25Le commando de l’ALN s’appuya sur l’organisation clandestine du MTLD présente au douar depuis longtemps. Ainsi, rapidement, les refuges furent trouvés pour servir de relais aux groupes armés en constants déplacements. Des caches pour le stockage du ravitaillement furent aménagées chez des hommes sûrs, dotés de la confiance de la population, tels que Hadj Larbi Mokhtari, Djelloul Bélaïdi, Mohamed Hamdine, M’Hamed Mokhtari, Larbi Charef et Mohamed Mechenech.
La population était acquise à la cause. De cette société montagnarde sortirent les fida et les moussebiline dont le groupe armé avait besoin. Les femmes préparaient la nourriture. Nous étions comme un poisson dans l’eau, témoigna le doyen du maquis, Mustapha Saadoun.
26Dans cette partie orientale du massif du Dahra, l’occupation du sol par les troupes de l’armée française, venues de France renforcer les forces répressives, se fit par étapes. Elle débuta à l’est du massif montagneux. Le 17 juillet 1956, le 3e bataillon du 22e régiment d’infanterie s’installa au centre de colonisation de Zurich puis fixa un poste de commandement (PC) réduit au centre de colonisation de Marceau. Les maisons forestières lui servirent de postes avancés dans les montagnes. Le bataillon était rattaché sur le plan opérationnel au secteur Est dont le PC se trouvait à Miliana. Pour les stratèges de l’armée française, la vraie guerre se jouait dans ces montagnes farouches. Il fallait « pacifier » ce territoire, c’est-à-dire tout soumettre à leur contrôle.
27Le premier accrochage entre le commando de l’ALN et des éléments de l’armée française eut lieu le 18 juillet 1956, au maquis d’Aghbal, à 6 kilomètres au sud de Gouraya. Le commando, renforcé par de nouvelles recrues arrivées de la ville, notamment des joueurs de l’équipe de football du Mouloudia de Cherchell conduits par Ali Bendifallah, leur capitaine, venait de recevoir des armes de guerre sorties du lot capturé le 4 avril 1956 par Henri Maillot11.
28Ce premier accrochage eut lieu sur le plateau de Saadouna, au pied d’un des plus hauts sommets du Dahra oriental, Iboughmassen, dans un lieu enclavé au sein d’une épaisse forêt. L’embuscade fut tendue au col, à la fin d’une pente raide, boisée, caillouteuse. La 6e compagnie du 3e bataillon du 22e RI, accrochée alors qu’elle menait une opération de bouclage du djebel Gouraya, perdit plus de 50 hommes. En se retirant, l’ALN emporta de nombreuses armes de guerre.
29Douze jours après, le 31 juillet 1956, sur la piste qui borde l’oued Messelmoun, l’armée française fut une nouvelle fois accrochée. Là aussi, l’ALN récupéra des armes lourdes12.
https://books.openedition.org/ined/17835#tocto1n3
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