Il y a 55 ans, le 2 février 1968, l'Algérie récupérait la base navale de Mers el-Kébir (Oran) au cours d'une cérémonie solennelle présidée par le colonel Chadli Bendjedid, chef de la deuxième région militaire. Notre ami Abdelmadjid B. (résidant actuellement à Tlemcen et âgé de 78 ans), en poste alors au bureau régional d'Oran de l'APS (Algérie Presse Service) a couvert l'événement. «À neuf heures précises, nous raconte-t-il, les couleurs nationales étaient hissées sur l'esplanade de la base, saluées par un détachement de la Marine nationale, au moment de la descente du drapeau français et l'entame de l'hymne national». Abdelmadjid ne pouvant utiliser la ligne téléphonique de la base militaire pour dicter son article à un collaborateur au siège oranais de l'APS (qui devait le répercuter ensuite vers la Centrale à Alger), il le fit à partir du bureau du secrétaire général de l'APC de Mers el-Kébir (Alloula Mustapha, le frère du dramaturge décédé) situé au premier étage d'une bâtisse d'où l'on avait une vue panoramique sur la base. Pour gagner du temps (c'est la vocation première d'une agence de presse), Abdelmadjid avait préparé un flash libellé en ces termes: «Au moment où ces lignes sont rédigées, l'Algérie vient, en ce jour du 2 février 1968, de récupérer et d'exercer sa pleine souveraineté sur la base navale de Mers el-Kébir, située à 7 km d'Oran, occupée par l'armée française depuis sa création en 1937. L'événement solennel s'est déroulé en présence du colonel Chadli Bendjedid, chef de la deuxième région militaire.
Il faut souligner que le sort de cette base a été parmi les points de négociation des accords d'Evian de mars 1962 entre l'Algérie et la France, où la partie algérienne avait refusé que Mers el-Kébir demeure sous le commandement français pendant encore quinze ans. C'est finalement le 31 janvier 1968, cinq ans et demi après l'indépendance du 5 juillet 1962, que le dernier contingent français quitta le sol algérien (Développement suivra)». L'information transmise par les téléscripteurs en langue arabe, française et en anglais fut immédiatement reprise par les grandes agences mondiales : AFP (Agence France Presse), TASS (ex-Union soviétique), Reuters (Royaume-Uni), UPI (United Press International), Tanjug (Yougoslavie), Associated Press (AP), Chine Nouvelle, MENA (Agence de presse du Moyen-Orient). Le même jour, elle fut diffusée par les chaînes de radio et de télévision et le lendemain, samedi 3 février, publiée à la «une» des journaux du monde entier. Commentant le flash de l'APS, le célèbre quotidien français Le Monde écrivit dans son édition du 3 février : «Neuf ans avant la date prévue par les accords d'Evian, la base militaire de Mers el-Kébir a été remise à l'Etat algérien, tandis que les dernières unités françaises étaient repliées vers la métropole. L'évacuation fut menée très rapidement, discrètement, et ne donna lieu qu'à une manifestation symbolique de transfert de compétences.
En quelque circonstance que ce soit, il n'est jamais agréable à une armée d'amener le drapeau, même si celui-ci continuait à flotter sur une terre indépendante depuis plus de cinq ans». Les soirs de nostalgie, notre ami Abdelmadjid déroule le film de sa mémoire où sont consignés tous les événements nationaux, petits et grands, qu'il a couverts pendant plus de cinquante ans d'exercice du métier de journaliste. Et parmi les événements qui l'ont particulièrement marqué figure le retour dans le giron national de la base navale de Mers el-Kébir.
par Amine Bouali
Jeudi 2 février 2023
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