Pour de nombreuses critiques, Jean-Luc Godard est un cinéaste engagé, mais jamais son engagement pour la Palestine n'a été cité de son vivant. De la rhétorique de gauche enflammée à la solidarité inébranlable avec la Palestine, en passant par un départ constant et implacable des conventions cinématographiques - y compris les siennes - le réalisateur Jean-Luc Godard n'était pas connu pour le compromis. Godard, décédé en septembre dernier, a commencé son projet cinématographique en expérimentant des techniques - et à travers ce processus, il a développé une affinité pour le socialisme, l'anti-impérialisme, les classes ouvrières et la Palestine. C'est à travers les films qu'il a tournés avec ce collectif qu'il a pu diriger sa caméra vers, et ainsi découvrir, les classes populaires. L'un des premiers films de Godard, Le Petit Soldat, est un beau pastiche des genres gangster et espion, avec une indéniable influence du néoréalisme italien et une sensation documentaire brute.
Le film de 1963 se concentre sur la guerre de libération, mais mis à part une cinématographie habile, il regorge de représentations racistes. Les Français ne sont dénoncés que dans la mesure où ils succombent à la résistance des Algériens, qui ont enlevé et torturé le protagoniste, mais n'ont pas compris sa dignité humaine. Godard a soutenu qu'il cherchait à présenter non pas les réalités de la guerre, mais ses propres questions morales et politiques. Il est révélateur qu'il ait choisi de présenter ces questions à travers un assassin de droite avec des arrière-pensées (et un coeur d'or) qui aime la France non par nationalisme, mais pour ses poètes; qui aime les États-Unis parce qu'il aime les voitures américaines; Et qui déteste les Arabes parce qu'il déteste le désert. Vers la fin du film, le rebondissement (soi-disant choquant) est que les Français, comme les Arabes, torturent leurs victimes, alors que l'amoureuse du protagoniste, Veronica, s'avère être une espionne qui est capturée et torturée à mort par les Français. Pourtant, comparée à la description méticuleuse de la torture du protagoniste par les Arabes, la torture et la mort de Veronica sont relayées par quelques lignes narratives et aucune représentation visuelle.
Le référent de la sauvagerie en temps de guerre reste donc arabe, même si les Français y participent. Néanmoins, enfouis au plus profond du film, se trouvent les germes d'une attitude plus militante, incarnée par Veronica, qui travaille pour le Front de Libération nationale et déclare que contrairement aux Français, les Algériens ont des idéaux. Toutefois, cette notion est étouffée par le vomi verbal du protagoniste, qui impose ses vues réactionnaires à Veronica et au public via de longs monologues. Les films de Godard sont en grande partie auto-déconstructifs, comme le montrent les représentations de la relation entre la caméra et son objet. Le symbolisme de l'assassin étant un photographe est à ne pas manquer. Il soumet Veronica au regard prédateur de la caméra, ainsi qu'à des questions et demandes intrusives qu'elle refuse pour la plupart.
Distribution gratuite de nourriture dans un Resto du cœur. D. R.
Pour le moins insolite dans le timing et dans le contenu, la toute récente contribution (1) dans Le Figaro de Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, et entre 2017 et 2020, carrière de diplomate et ancien directeur général de l’administration du Quai d’Orsay, chef de l’Inspection générale des affaires étrangères, Xavier Driencourt a cette fois-ci outrepassé les convenances et les règles de retenue.
En premier, Monsieur Xavier Driencourt, soyez-en sûr, l’Algérie ne s’effondrera pas. Elle ne l’a pas fait durant la grande déferlante des années 1990 du siècle dernier, elle n’est pas près de le faire aujourd’hui. Et cela pour de nombreuses raisons, par respect pour votre intelligence et expérience, elles ne vous seront pas ressassées.
Par contre, la France a de sérieuses chances de s’effondrer dans les mois prochains au vu des conditions socio-économiques prévalant. Evidemment, il faut d’abord se mettre d’accord sur la signification du mot s’effondrer. Il n’a pas la même consonance des deux côtés de la rive de la Méditerranée.
Vous qui avez vécu plusieurs années en Algérie au cours de votre fonction de diplomate à Alger, vous avez sûrement et longuement scruté le quotidien du simple algérien. Et en toute équité, et sans s’étaler sur le descriptif, nous avons le courage et l’honnêteté de concéder qu’il est parfois pénible, et qu’il reste à faire afin d’améliorer le niveau socio-économique.
Certainement, et j’espère aussi qu’avec votre œil de fin observateur, vous avez aussi remarqué le grand élan de générosité et l’entre-aide sociale parmi les Algériens et Algériennes qui, à bien des égards, compensent les insuffisances et les carences observées. En conclusion, les conditions de vie en Algérie ne sont pas celles du paradis, mais elles ne sont pas celles de l’enfer non plus.
L’Algérie est ce qu’elle est aujourd’hui, son intégrité territoriale est sauvegardée et la vie sociale dans son ensemble fonctionne, même si des lacunes, parfois importantes, existent. Elle a plusieurs partenaires économiques. En plus, elle est sortie du ravalent tête-à-tête Algérie-France.
Donc, si effondrement il y a en Algérie, ce sera sur le plan sécuritaire. Et là, je pense que vous prenez des libertés que, malheureusement, vous n’avez pas. La tension sécuritaire est palpable non pas à l’intérieur, mais aux frontières et, surtout, le flanc occidental du pays, c’est-à-dire la frontière marocaine.
Toujours en fin observateur de la scène politique en Algérie et au Maroc, vous avez sans doute relevé la phrase clé du président algérien sur nos relations avec le voisin marocain dans sa dernière interview au journal Le Figaro : c’était la rupture diplomatique ou la guerre. L’Algérie a choisi la rupture de toutes les relations avec le voisin marocain parce qu’elle est toujours dans la logique de la paix.
Je ne vais pas vous répéter, Monsieur Xavier Driencourt, certaines leçons d’histoire, mais je vous fais savoir que la 4e République est morte à Diên Bien Phu et non pas à Alger. L’histoire moderne est, je crois, votre spécialité, mais ce que je vais écrire, vous n’avez même pas le courage de le penser et, de là, à l’écrire, il faut être né algérien.
L’Algérie est le prochain pays qui doit être déstabilisé, selon la théorie du chaos, créateur des sionistes néoconservateurs. Et l’ennemi éternel n’est plus la France ; elle n’a plus la force, et l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle de 1830.
L’ennemi qui se profile insidieusement à nos frontières à l’Ouest est une coalition atlantiste dont la France n’a qu’un rôle d’éclaireur. Présentement, cette coalition est à l’origine de l’asservissement du voisin marocain en un kibboutz militarisé depuis la normalisation avec Israël. Dans ses valises, elle n’a qu’un seul plan : la Reconquista de l’Afrique du Nord, en préparant avec hargne une guerre entre l’Algérie et le Maroc ; guerre voulue inéluctable. Guerre dont l’unique bénéficiaire serait Israël et, par ricochet, certains cercles de nostalgiques en France.
Mais vous, Monsieur Xavier Driencourt, vous savez bien que personne ne peut prédire la fin d’un conflit. Et la France en a fait l’expérience durant la guerre d’Algérie.
Honnêtement et sincèrement, cette récente et inattendue sortie de votre part vous a été simplement inférée par la France des lobbies en faillite pour faire pression sur les autorités algériennes à des fins purement pécuniaires pour éviter l’effondrement proche sur le plan économique de la France. Il se peut aussi qu’elle contient quelques messages politiques, mais ils ne sont pas de grande importance.
Votre contribution au titre racoleur dans Le Figaro est tout simplement un appel au secours vers l’Algérie debout, l’Algérie de toujours.
As-tu mis en poche les graines de tournesol livrées au Kremlin par les mères de Kiev ? Quand tu seras sous terre elles pousseront jusqu’à te ressembler, gueule de portier de nuit, joueur d’échecs à l’affût, gueule arrondie verrouillée. Tu as détruit en peu de gestes l’eau pure et le papier hygiénique en Ukraine, dans chaque âme. L’usage du bon sens et du métro plaqués au mur à la lueur du jour, l’Ogre qui frappe à coups d’obus, la saga de Ras-Poutine, tranche extra en issue de Covid : qui sait quand tout cela sortira du cœur des enfants, de nous tous ? Que cherchent les becs de l’aigle bicéphale et les chenilles de tes insectes métalliques ? Que diront non pas Google, Gogol et le Dostoïevski de Crime et Châtiment ? Le cercle des tyrans est un Enfer de puces à l’oreille, un raffut de sirènes et de cloches, les cloches de toute la Russie. L’Histoire a écrit sur le front que les confins ne valent pas un centime percé et le pouvoir n’est qu’un podium de glace. Tu nais comme une écharde du Mur de Berlin, faire le tsar avec le monde n’est pas un bon calcul.
Alors que pour les spécialistes de l’opinion, la situation en France ne tient qu’à un fil et ne manque qu’une étincelle pour embraser le pays en raison d’un marasme social à tordre le coup, Xavier Driencourt, ex-Ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020, lui va jusqu’à voir la chute de l’Algérie qui entrainerait celle de la France.
Une sorte de projection psychologique qui fait qu’une personne chagrinée pour une raison ou autre se cherche un coupable à un problème de façon pas assez mûre. Dans une contribution parue avant-hier, au journal français le « Figaro », le diplomate fait fi de toute bonne conduite diplomatique et s’érige en analyste en reprenant le discours et le lexique de l’extrême droite. Avec sa fougue acérée, il remet, dans ce qui s’apparente beaucoup plus à une diatribe contre l’Algérie, qu’à une analyse en bonne et due forme, en cause tout ce qui a été fait durant ces trois dernières années, allant jusqu’à comparer l’Algérie d’aujourd’hui à celle de l’ancien système sous l’oligarchie. « L’Algérie nouvelle, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraine la France dans sa chute. L’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent et elle verra inéluctablement en 2024 une nouvelle crise » écrit-t-il dans son texte. Il faut être ainsi frappé de cécité pour ne pas se rendre compte du chemin parcouru par l’Algérie depuis le mouvement populaire pacifique de 2019 ayant précipité la chute des oligarques, serviteurs de pays étrangers. Une Algérie qui se projette désormais dans l’avenir par une stratégie, une vision et une démarche qui semblent embarrasser voire effrayer, cet ex-diplomate en Afrique, qui va à contre sens, de la démarche d’apaisement affichée par son président Emmanuel Macron et le président Abdelmadjid Tebboune. De Paris, qui est le théâtre de colère sociale et de manifestations contre la cherté de la vie ect.., le diplomate n’a de regards que vers Alger, alors que le pays connait une vie économique en pleine croissance de l’avis même des institutions internationales, un front social apaisé, et une institution militaire davantage professionnelle et assurant ses missions constitutionnelles.. L’ex-ambassadeur dans ses attaques contre l’Algérie, ses institutions et son peuple se place dans le camp de l’extrême droite, usant de son lexique, estimant que son pays, la France a cédé sur nombre de points notamment sur «la mémoire et les visas», citant même « l’immigration », sujets favoris, des nostalgiques de « l’Algérie Française » et des lobbies français, torpillant toute relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie. « Mais pourquoi diable, se précipiter à Alger.. » a-t-il écrit, à l’adresse des responsables d’institutions françaises, des propos qui en disent long sur la haine que porte le diplomate français pour l’Algérie, pourtant du temps où il devait quitter son poste à Alger, il a eu à verser, lors d’une réception, de « chaudes larmes », lui qui ne cessait de répéter qu’il est « l’ami de l’Algérie » , alors qu’il ne l’était point, non pas depuis, hier, mais pour bon nombre d’Algériennes et Algériens, bien avant… Mais que faut-t-il, attendre de cet ex-diplomate qui ne quitte jamais le confort de son bureau pour aller découvrir, un pays et son peuple? Car c’est sur les réseaux sociaux et des écrits de facebokeurs des plus désœuvrés qu’Il se contente de se forger une opinion voire affirmer des vérités et même jusqu’à dégager une lecture prospective sur l’Algérie, alors que celle-ci a ses exigences. Il est bien loin de ses autres collègues ambassadeurs, accrédités ici ou ailleurs, dont nombreux sont les diplomates étrangers en Algérie, qui vont à la rencontre d’un pays et son peuple, à travers des déplacements, pour tisser des liens avec la population, pour ne citer que comme la diplomate américaine, Elizabeth Moore Aubin, ou encore l’ambassadrice des Pays Bas, Janna Van Der Veldi, qui, a fait le voyage, mars 2021, Alger-Oran par train, dans une ambiance agréable et des conditions confortables, postant ses photos et remerciant, dans un message, le personnel de la Société nationale publique SNTF. S’il est ainsi loin de ses « homologues » diplomates, c’est parce qu’il est le porte-voix, d’une France, celle des nostalgiques de « l’Algérie française », qui soixante-ans, depuis l’indépendance du pays, en 1962, après une Guerre de libération armée, ils ne se sont jamais remis de la défaite de la France coloniale, en Algérie. Le refoulé revient au galop, chez Xavier Driencourt et ses semblables, notamment quand l’ex-colonie française revient en force depuis ces dernières années. Brahim Oubellil
À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite
Driencourt et Le Figaro, nostalgiques
d’un temps révolu à jamais
À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite
Encore une violente diatribe sur l’Algérie. Chassez le naturel, il revient au galop ! Encore une fois, des nostalgiques de l’Algérie française ne trouvent apparemment pas de quoi occuper leurs longues journées de retraités que de s’attaquer à notre pays.
Alors que pour les spécialistes de l’opinion, la situation en France ne tient qu’à un fil et ne manque qu’une étincelle pour embraser le pays en raison d’un marasme social à tordre le coup, Xavier Driencourt, ex-Ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020, lui va jusqu’à voir la chute de l’Algérie qui entrainerait celle de la France.
Une sorte de projection psychologique qui fait qu’une personne chagrinée pour une raison ou autre se cherche un coupable à un problème de façon pas assez mûre. Dans une contribution parue avant-hier, au journal français le « Figaro », le diplomate fait fi de toute bonne conduite diplomatique et s’érige en analyste en reprenant le discours et le lexique de l’extrême droite. Avec sa fougue acérée, il remet, dans ce qui s’apparente beaucoup plus à une diatribe contre l’Algérie, qu’à une analyse en bonne et due forme, en cause tout ce qui a été fait durant ces trois dernières années, allant jusqu’à comparer l’Algérie d’aujourd’hui à celle de l’ancien système sous l’oligarchie. « L’Algérie nouvelle, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraine la France dans sa chute. L’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent et elle verra inéluctablement en 2024 une nouvelle crise » écrit-t-il dans son texte. Il faut être ainsi frappé de cécité pour ne pas se rendre compte du chemin parcouru par l’Algérie depuis le mouvement populaire pacifique de 2019 ayant précipité la chute des oligarques, serviteurs de pays étrangers. Une Algérie qui se projette désormais dans l’avenir par une stratégie, une vision et une démarche qui semblent embarrasser voire effrayer, cet ex-diplomate en Afrique, qui va à contre sens, de la démarche d’apaisement affichée par son président Emmanuel Macron et le président Abdelmadjid Tebboune. De Paris, qui est le théâtre de colère sociale et de manifestations contre la cherté de la vie ect.., le diplomate n’a de regards que vers Alger, alors que le pays connait une vie économique en pleine croissance de l’avis même des institutions internationales, un front social apaisé, et une institution militaire davantage professionnelle et assurant ses missions constitutionnelles.. L’ex-ambassadeur dans ses attaques contre l’Algérie, ses institutions et son peuple se place dans le camp de l’extrême droite, usant de son lexique, estimant que son pays, la France a cédé sur nombre de points notamment sur «la mémoire et les visas», citant même « l’immigration », sujets favoris, des nostalgiques de « l’Algérie Française » et des lobbies français, torpillant toute relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie. « Mais pourquoi diable, se précipiter à Alger.. » a-t-il écrit, à l’adresse des responsables d’institutions françaises, des propos qui en disent long sur la haine que porte le diplomate français pour l’Algérie, pourtant du temps où il devait quitter son poste à Alger, il a eu à verser, lors d’une réception, de « chaudes larmes », lui qui ne cessait de répéter qu’il est « l’ami de l’Algérie » , alors qu’il ne l’était point, non pas depuis, hier, mais pour bon nombre d’Algériennes et Algériens, bien avant… Mais que faut-t-il, attendre de cet ex-diplomate qui ne quitte jamais le confort de son bureau pour aller découvrir, un pays et son peuple? Car c’est sur les réseaux sociaux et des écrits de facebokeurs des plus désœuvrés qu’Il se contente de se forger une opinion voire affirmer des vérités et même jusqu’à dégager une lecture prospective sur l’Algérie, alors que celle-ci a ses exigences. Il est bien loin de ses autres collègues ambassadeurs, accrédités ici ou ailleurs, dont nombreux sont les diplomates étrangers en Algérie, qui vont à la rencontre d’un pays et son peuple, à travers des déplacements, pour tisser des liens avec la population, pour ne citer que comme la diplomate américaine, Elizabeth Moore Aubin, ou encore l’ambassadrice des Pays Bas, Janna Van Der Veldi, qui, a fait le voyage, mars 2021, Alger-Oran par train, dans une ambiance agréable et des conditions confortables, postant ses photos et remerciant, dans un message, le personnel de la Société nationale publique SNTF. S’il est ainsi loin de ses « homologues » diplomates, c’est parce qu’il est le porte-voix, d’une France, celle des nostalgiques de « l’Algérie française », qui soixante-ans, depuis l’indépendance du pays, en 1962, après une Guerre de libération armée, ils ne se sont jamais remis de la défaite de la France coloniale, en Algérie. Le refoulé revient au galop, chez Xavier Driencourt et ses semblables, notamment quand l’ex-colonie française revient en force depuis ces dernières années.
SOURCE : À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite | (lecourrier-dalgerie.com)
C’est une date méconnue mais capitale dans le mouvement vers l’indépendance : pour la première fois, un Algérien, Messali Hadj, un des pères fondateurs du nationalisme, va prendre la parole dans un stade plein et installer l’idée d’une souveraineté nationale algérienne. Récit en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la BNF.
C’est une date méconnue mais capitale dans le mouvement vers l’indépendance : pour la première fois, un Algérien, Messali Hadj, un des pères fondateurs du nationalisme, va prendre la parole dans un stade plein et installer l’idée d’une souveraineté nationale algérienne. Récit en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la BNF.
L’histoire coloniale en Afrique vue par les journaux français
Régulièrement, en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (BNF), « l’Obs » revient sur un épisode de l’histoire coloniale en Afrique à travers les journaux de l’époque.
Alger, un dimanche d’été. La ville vient de sortir d’un mois et demi de grèves à la suite de la victoire électorale du Front populaire. Ce matin du 2 août 1936, dès 7 heures, plus de 15 000 personnes, la plupart d’origine musulmane, du jamais-vu depuis 1830 – date du début de la colonisation française –, se rassemblent au stade municipal de Belcourt, près du Jardin d’Essai, à l’appel du Congrès musulman algérien. Cette coalition inédite entre les réformistes religieux de l’Association des Oulémas musulmans algériens (AOMA), la Fédération des élus musulmans et des militants socialistes et communistes doit rendre compte des négociations à Paris avec le gouvernement de Léon Blum, arrivé au pouvoir en juin et dont le programme porte haut la lutte contre la misère.
Cette politique soulève l’enthousiasme dans les masses populaires et parmi les élites musulmanes. Tous espèrent que se concrétisent leurs rêves d’égalité. Tous espèrent l’assimilation promise par la République et au cœur de la « mission civilisatrice », politique qui en réalité n’a jamais concerné les « indigènes », comme l’expliquait à « l’Obs » l’historienne Sylvie Thenault.
Dans le stade, les journalistes de l’époque notent au milieu du terrain, sous de petits parasols, la présence, entre autres, des cheikhs El-Okbi, Ben Badis et El-Ibrahimi, représentants des Oulémas, de Ferhat Abbas, qui incarne alors la génération montante de leaders algériens, et du docteur Bendjelloul, chef des élus de la région de Constantine et président du Congrès musulman. Les orateurs se succèdent. Ils se félicitent des discussions avec le Front populaire dans lequel ils disent avoir toute confiance pour que leurs revendications aboutissent.
Messali Hadj qui, à la surprise générale, a débarqué le matin même à l’aube, et sans y être invité, est également présent. Chef de l’Etoile nord-africaine (ENA, fondée dix ans plus tôt), militant pour l’indépendance en métropole parmi les immigrés algériens, Messali Hadj est un parfait inconnu pour le plus grand nombre en Algérie. Lorsque son tour de prendre la parole arrive, il dit en arabe, puis en français, « sa joie de revenir sur sa terre natale après le long exil que lui a valu son activité politique à Paris », rapporte « l’Echo d’Alger ».
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« L'Echo d'Alger », du 3 août 1936
Il apporte son soutien aux principales revendications de la Charte adoptée par le Congrès musulman. Mais, rapidement, il va jouer les trouble-fêtes et s’opposer à une représentation des Algériens au Parlement français à Paris que défendait le Congrès musulman, y voyant là le rattachement de l’Algérie à la France. Il exige un Parlement algérien, à Alger, élu sans distinction de race et de religion, au suffrage universel et contrôlé par le seul peuple de l’Algérie. « Ce que veut donc l’orateur, c’est créer une “nation Algérie” », explique, lucide, « l’Echo d’Alger ».
« Cette terre n’est pas à vendre »
L’histoire retiendra de ce moment une scène dont on ne mesure pas encore aujourd’hui l’exactitude des faits. Une scène qui n’est pas mentionnée dans la presse, ni dans la retranscription des discours, ni dans les rapports de police, mais qui sera portée par le courant nationaliste qui la fera entrer dans la légende.
Ce 2 août 1936, Messali Hadj, après avoir ramassé une poignée de terre, aurait levé le bras devant le public, le poing fermé, et proclamé en arabe : « Cette terre n’est pas à vendre. » Il est alors littéralement porté en triomphe (des photos de presse existent de ce moment) et longuement ovationné. L’un des futurs fondateurs du nationalisme algérien a 38 ans et il est le seul à oser demander la souveraineté de l’Algérie. Sans prononcer le mot d’« indépendance », il donne le coup d’envoi de ce que sera le combat indépendantiste. Lorsqu’il monte à la tribune, le militantsait qu’il va déclencher une tempête en affirmant que la confiance en la gauche française ne suffit pas.
« Pour la première fois, la perspective de la souveraineté nationale algérienne est exprimée de façon claire et explicite dans un rassemblement de masse de musulmans d’une ampleur sans précédent, en opposition avec la perspective jusque-là dominante d’une conquête des droits recherchées dans les limites de la cité française », nous explique Christian Phéline, auteur du livre « la Terre, l’étoile, le couteau » (Editions du Croquant, 2021) qui revient sur cette journée particulière. « Cette allocution est d’autant plus forte politiquement qu’elle se situe sur le terrain des droits démocratiques. C’est d’une grande maturité politique », note-t-il.
Ce jour-là fera connaître Messali Hadj dans tout Alger et marquera le début de la construction de son réseau de l’Etoile nord-africaine (qui deviendra le Parti du Peuple algérien en 1937) ouvertement indépendantiste en Algérie face au Parti communiste et aux Oulémas. « La perspective indépendantiste ne s’est pas nouée le 1er novembre 1954 [le Front de Libération nationale, nouvellement créé, déclenche une série d’attentats sur le territoire algérien dans la nuit, la « Toussaint rouge », qui marque le début de la guerre d’Algérie, NDLR]. Elle a derrière elle des décennies de maturation politique », explique Christian Phéline.
Assassinat du grand mufti d’Alger en pleine rue
Au même moment, à l’autre bout de la ville, dans la basse Casbah, au cœur du quartier juif et arabe, le grand mufti d’Alger, Bendali Amor Mahmoud, dit Kahoul, est poignardé en pleine rue alors qu’il sort de la mosquée et rejoint son domicile. « Le meurtrier a rapidement plongé son “boussaadi” [un type de poignard traditionnellement fabriqué dans la ville de Bou Saâda, NDLR] dans le dos du chef religieux, sans que sa victime ait eu le temps de crier », rapporte « le Journal » du 3 août. Un témoin (« une mauresque », précise l’article) croit avoir vu « un indigène musulman ». « Le mufti était un savant et un grand ami de la France. La nouvelle de son assassinat, aussitôt qu’elle a été connue, a causé un vif émoi dans les milieux indigènes », écrit encore « le Journal ».
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« Le Journal », du 3 août 1936
Selon « l’Echo d’Alger » qui affiche à sa « une » les deux événements – le meeting du Congrès musulman et l’assassinat du dignitaire –, ce sont « deux indigènes, vêtus de costumes bleus de chauffe », qui seraient à l’origine du crime. L’un aurait fait diversion en saluant le septuagénaire, pendant que l’autre le poignardait dans la poitrine. Le quotidien indique que le religieux était « commandeur de la Légion d’honneur et rédacteur principal du journal “Mobacher” du gouvernement général ».
Quatre suspects sont arrêtés. Le 4 août, « l’Humanité » évoque des « tueurs à gages ». L’administration coloniale impute l’initiative de ce crime au cheikh El-Okbi. Ce dernier était un rival direct du grand imam d’Alger. Il est une des figures algéroises du mouvement des Oulémas, un courant réformiste algérien, l’Islah, qui émerge à la fin du XXe siècleetqui vise à rompre avec la vision traditionnelle confrérique de l’islam, faite de superstitions et de rituels mystiques tenus pour illicites d’un point de vue doctrinal et arriérés.
Il est le compagnon de route d’Abdelhamid Ben Badis, le président de l’Association des Oulémas musulmans algériens. Influencés par les mouvements du Proche-Orient – en particulier d’Egypte –, les Oulémas proposent un islam plus pur, proche de celui que pratiquaient les premiers disciples de Mahomet, les « pieux ancêtres », opposé au maraboutisme répandu dans les populations rurales, la grande majorité des Algériens.
Bendali Amor Mahmoud, lui, a été imposé par l’administration coloniale à la tête de la plus grande mosquée de rite malékite d’Alger. Il est le représentant d’un certain clergé officiel. Le religieux était en désaccord ouvert avec le Congrès musulman et était à l’origine d’une circulaire interdisant aux représentants des Oulémas de prêcher dans les mosquées officielles. Le pouvoir colonial s’était appuyé sur lui pour maintenir l’ordre en place.
Pour « l’Humanité », ce crime, perpétré le jour même du rassemblement du Congrès musulman, est une « provocation ». « Qu’on cherche les bénéficiaires de l’attentat, et la conviction est renforcée. Les musulmans partisans du progrès n’ont qu’à perdre dans l’affaire, les trublions fascistes n’ont qu’à gagner », lit-on.
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« L’Humanité », du 4 août 1936
Explosion de l’éphémère Congrès musulman
L’allocution de Messali Hadj et l’assassinat de l’imam Bendali vont renverser le cours de l’histoire et empoisonner le climat politique. Le docteur Bendjelloul s’empresse d’exprimer sa colère dans « la Dépêche algérienne » : « Après le discours de Messali, après l’assassinat du mufti Kahoul, les ponts sont rompus ! Tout ce qui n’est pas français sera par nous impitoyablement chassé et pourchassé. » Une prise de position qui le conduira à perdre la présidence du Congrès musulman.
La coalition, qui n’obtiendra pas finalement la concrétisation des promesses du Front populaire, sera affaiblie jusqu’à son éclatement au profit des sympathisants de Messali Hadj, malgré la répression qu’ils subissent. « Messali Hadj est vu comme l’homme providentiel, le successeur de l’émir Abd el-Kader, des dirigeants des insurrections du XIXe siècle et une alternative politique », analyse Christian Phéline
Enfin, l’abandon du « plan Blum-Violette », du nom du président du Conseil et de son ministre d’Etat, qui visait à donner la citoyenneté française et le droit de vote à 20 000 musulmans (une minorité appartenant à l’élite : diplômés du secondaire et du supérieur, militaires décorés, fonctionnaires, ouvriers titulaires de la médaille du travail, élus…), auquel les forces politiques du Congrès avaient lié leur destin, aura raison de lui.
De leur côté, les autorités coloniales en Algérie instrumentalisent les événements. « L’administration algéroise du gouvernement général aura su exploiter avec habileté le meurtre de Kahoul pour faire exploser le Congrès musulman, explique Christian Phéline. Après la rupture fracassante de son président, le docteur Bendjelloul, qui renvoya dos à dos comme “anti-français” tant Messali que les assassins du mufti, le Congrès musulman perdra peu à peu le pouvoir de mobilisation dont il disposait à travers le front algérien à la fois pluraliste et unitaire qu’il avait réussi à former. »
Rendez-vous manqué avec le Front populaire
Quelques semaines plus tôt, l’heure était pourtant à l’unité et à l’effervescence. Le Congrès musulman, formé le 7 juin 1936 au cinéma Majestic (aujourd’hui Atlas) dans le quartier Bab-el-Oued, se voulait le prolongement en Algérie du Front populaire et un outil de négociation avec le nouveau gouvernement de gauche.
Conduite par le docteur Bendjelloul, une délégation est reçue en juillet 1936 à Paris avec tous les honneurs par le président du Conseil, Léon Blum, et le ministre d’Etat, Maurice Viollette. La presse rapporte une rencontre particulièrement chaleureuse. « Le président du Conseil a remercié les délégués de leurs déclarations et a dit sa joie que des Français servent d’autres Français, des démocrates d’autres démocrates », lit-on le 23 juillet dans « l’Œuvre », qui reprend un communiqué de la présidence du Conseil. Face à eux, « les délégués ont exprimé la joie que leur a causé cet accueil particulièrement bienveillant ».
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« L’Œuvre », du 23 juillet 1936
Marcel Régis, député d’Alger (qui votera en 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain), écrit une tribune dans « le Populaire », titrée « Lumières sur l’Algérie », dans laquelle il exprime l’admiration qu’il porte à cette alliance algérienne représentant « l’unanimité de la population algérienne » : « J’ai partagé leur joie, compris leurs espoirs et je veux dire ici au parti tout entier, et aux représentants du Front populaire, la reconnaissance de ces hommes […]. Ils emportent la réconfortante certitude d’avoir été compris, d’avoir été traités comme des hommes libres, indépendants, sur un pied de totale égalité. »
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« Le Populaire », du 29 juillet 1936
L’élu y présente également les principales idées des demandes algériennes listées dans la Charte revendicative : suppression des lois d’exception, intégration dans la société française, citoyenneté à la place de la sujétion, développement de l’instruction pour les enfants, fusion des enseignements européen et « indigène »… Enthousiaste et favorable à ces revendications, il conclut : « L’enfant algérien […] veut des écoles et des maîtres. France, ne les lui refuse plus ! »
A leur retour, dès leur descente du bateau « Ville-d’Alger » les délégués du Congrès musulman sont acclamés. « L’Echo d’Alger », qui s’est entretenu avec Ferhat Abbas, alors conseiller général de Sétif, rapporte les propos du leader nationaliste, qui affiche son optimisme : « Une fois de plus, nous avons pu constater combien on est loin des choses de l’Algérie à Paris. Mais nous avons eu aussi le réconfort de constater, cette fois, la volonté sincère de compréhension du gouvernement à l’égard des musulmans d’Algérie. »
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« L’Echo d’Alger », du 30 juillet 1936
Les leaders nationalistes du Congrès musulman avaient-ils réellement cru que l’avènement d’un gouvernement de gauche suffirait à changer la donne de la situation coloniale ? Que celui-ci ferait fi du strict statu quo colonial souhaité et maintenu par l’administration algéroise, les maires européens en premier lieu ? L’attentisme du Front populaire, en tout cas, doucha très rapidement les enthousiasmes. Les « agitateurs », comme Messali Hadj, furent emprisonnés. Le printemps du Front populaire en Algérie a été éphémère, le rendez-vous, si tant est qu’il ait été réellement souhaité, manqué.
Quelques mois après que la justice algérienne a condamné 49 personnes à mort pour le lynchage d'un homme en Kabylie, Amnesty International a demandé à Alger d'annuler ces peines, les procès étant jugés « inéquitaux » par l'organisation.
De nombreux incendies s'étaient déclarés en Algérie en août 2021. Photo Sipa/Fateh GUDOUMI
À l'issue d'un procès qui s'est tenu entre le 15 et le 24 novembre, 49 accusés ont été condamnés à mort après avoir été reconnus coupables du lynchage de Djamel Bensmaïl, un artiste qui s'était porté volontaire dans un village de la préfecture de Tizi Ouzou pour aider à éteindre les feux de forêt qui avaient fait 90 morts en moins d'une semaine en août 2021. Selon Amnesty, la peine capitale a également été infligée à cinq autres suspects, dont une femme, jugés par contumace.
28 peines de prison et 17 acquittements
Après avoir entendu qu'on le soupçonnait d'avoir allumé le feu à la forêt, Djamel Bensmaïl, qui était âgé de 38 ans, s'était rendu à la police. Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré une foule extirpant l'homme d'un fourgon de police. Il avait ensuite été battu puis brûlé vif, tandis que des jeunes prenaient des selfies devant le cadavre.
Si la peine de mort est bien prévue par le code pénal en Algérie, elle n'est plus appliquée en vertu d'un moratoire en vigueur depuis 1993. Vingt-huit autre accusés poursuivis dans le cadre de cette affaire ont été condamnés à des peines allant de deux à dix ans de prison et 17 ont été acquittés.
Les procès des suspects « sont entachés de violations des garanties d'un procès équitable et d'allégations de torture », a affirmé Amnesty dans un communiqué. « Infliger la peine de mort n'est jamais justifiable, quelle que soit l'infraction commise. Ces peines de mort et ces condamnations ignobles doivent être annulées sans délai », a ajouté l'ONG.
Les autorités algériennes avaient accusé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classée comme organisation « terroriste » par Alger, d'être responsable des incendies et de la mort ignominieuse du jeune homme. Les accusés doivent être rejugés en appel mais la date du procès n'a toujours pas été fixée, selon Me Kader Houli, un avocat de la défense.a
Des soldats français en opération de « nettoyage » en Algérie dans la région de l'Aurès procèdent à l'arrestation de « suspects » le 3 novembre 1954, au début de la guerre d'Algérie. AFP
De 1954 à 1962 plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Avec « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial » (éditions La Découverte) l’historienne Raphaëlle Branche livre une enquête fouillée sur le silence qui a marqué et entouré la guerre d’Algérie. Alors que Paris et Alger ont récemment initié un dialogue sur la mémoire franco-algérienne, nous vous proposons de lire quelques extraits choisis de cet ouvrage inédit mêlant archives et témoignages récents.
[…]
Nombre de familles françaises sont habitées par les traces de cette guerre qui ne fut officiellement reconnue comme telle qu’en 1999. Ceux qui l’ont faite sont des pères, des maris ou des frères, envoyés de l’autre côté de la Méditerranée quand ils avaient vingt ans. Souvent résumées à des silences ou à de très rares récits, les traces de leur expérience là-bas ont été un des éléments constitutifs de leurs familles, au gré des décennies qui nous séparent de cet événement majeur de l’histoire française contemporaine. Comprendre ce qui s’est joué dans les familles et comment la guerre a été vécue puis racontée et transmise, c’est éclairer d’une manière inédite la place de cette guerre dans la société française.
Pour saisir ce qui a pu se dire dans les familles françaises depuis les années 1950, il faut partir du fait que les familles sont des lieux de relations et d’attachements. Cette dimension est fondamentale pour saisir ce qui est dit comme ce qui est tu en leur sein.
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Elle est aussi prise dans le temps : on n’est pas père de la même manière en 1960, en 1980 ou, a fortiori, en 2000 ; on n’attend pas la même chose d’un enfant non plus. Parce qu’elles sont des espaces fondamentaux de transmission de valeurs et de récits et qu’elles contribuent à l’identité de chacun de ses membres comme à l’existence du collectif familial, les familles sont un chaînon essentiel pour saisir le poids de l’expérience algérienne en France. L’étude de ces transmissions familiales éclaire aussi les mutations des familles françaises des années 1930 à nos jours. Ce qui est transmis renvoie en effet autant au contenu de la transmission qu’à ses conditions. Non seulement on ne raconte pas tout à ses enfants (ou à sa femme, ses parents, ses frères et sœurs), mais on ne fait pas le même récit selon les périodes de sa vie ou les moments historiques traversés.
Faire l’histoire d’un silence
Pourquoi les anciens appelés ont-ils peu raconté à leurs proches, notamment à leurs enfants ? Pourquoi les familles découvrent-elles tardivement l’importance de cette expérience ? Parfois après le décès des hommes eux-mêmes ? Si les vécus de cette guerre de plus de sept ans sont marqués du sceau de l’extrême diversité, l’impression de silence est ce qui domine.
Quels que soient l’endroit, le moment, le grade en Algérie, quels que soient l’origine sociale, le niveau de diplôme, le métier, les hommes qui ont participé à ce conflit sont décrits comme ayant peu transmis, au moins jusqu’aux années 2000. Dès lors, les explications de cette faible transmission sont sans doute moins à chercher dans le détail des expériences combattantes que dans les conditions ayant ou non permis sa possibilité, dès la guerre puis pendant des décennies. Plutôt que de se pencher exclusivement sur ce qui s’est passé en Algérie, l’analyse doit alors considérer ce qui a formé le premier espace pour dire (ou non) l’expérience : leurs familles. En effet, les silences des hommes ne sont pas solitaires : ce sont des silences familiaux, au sein d’une société française longtemps oublieuse de son passé algérien.
Ces « structures de silence » sont historiques. D’une part, elles renvoient à des contextes sociaux, politiques, culturels qui pénètrent les familles et les conditionnent en partie. Des normes existent, dans la société française, sur ce qu’il est possible, désirable ou pas de dire et d’entendre sur la guerre d’Algérie. Ces normes ont varié dans le temps. D’autre part, les structures de silence renvoient à des situations de communication internes aux familles (il n’est pas toujours possible de parler) qui, elles aussi, sont prises dans le temps. Ainsi, la valeur attribuée à la parole d’un père ou à la question d’un enfant a connu d’importants changements dans la seconde moitié du XXe siècle. Ces changements ont, en retour, influencé les transmissions de l’expérience algérienne dans les familles.
Mémoires d’autres conflits
Si une telle étude n’a jamais été menée, d’autres conflits ont pu donner lieu à ce genre de questionnements. Il faut toutefois les lire avec prudence quand on réfléchit à la guerre d’Algérie tant les contextes sont différents, qu’il s’agisse des conflits, des sociétés ou encore des familles.
Prenons par exemple la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, étudiées soit du côté des familles des victimes juives, soit du côté des soldats allemands ou autrichiens. Dans les deux cas, il a fallu articuler une transmission dans le cadre familial avec un événement historique perçu comme exceptionnel par les sociétés qui l’avaient vécu. Dans les deux cas, les travaux ont montré que dominait une perception familiale de l’expérience comme ayant été une expérience de victimes avec une marge d’action réduite.
La situation est peu comparable avec la France. Non seulement la guerre d’Algérie n’a pas été perçue comme hors normes, mais, pour beaucoup de Français, ce conflit lointain et peu meurtrier n’a pas été appréhendé comme une guerre pendant longtemps. Reste qu’on peut trouver dans ces travaux matière à réflexion, en particulier sur le silence comme modalité de la communication dans les familles. Car il y a bien eu, en Algérie, des expériences dont les anciens appelés ont pu considérer qu’elles ne pouvaient être dites ou qu’elles ne pourraient être entendues.
[…]
Plus pertinente est la comparaison avec la situation rencontrée par les combattants soviétiques en Afghanistan puis à leur retour. Cette guerre perdue mobilisa pendant près de dix ans tous les conscrits pour des opérations aux contours mal définis, qui furent cachées à l’opinion publique nationale. Là-bas, les soldats firent l’expérience de violences spécifiques ignorant les lois de la guerre. L’analyse des récits qu’ils firent à leur retour en Union soviétique révèle l’importance d’une violence sans retenue, justifiée par les impératifs de la guerre de contre-insurrection et devenue incompréhensible et largement inaudible après la défaite. Cela n’empêcha pas ces anciens combattants de lutter pour leur reconnaissance et leurs mères de s’organiser afin de les soutenir, dans un monde qui avait largement disparu puisque l’empire soviétique sombra quelques années plus tard.
Une révision radicale des valeurs
Cette disparition d’un monde dépasse le cadre d’une guerre perdue, voire d’une défaite fondatrice. Les Français ont été du mauvais côté de l’histoire. Non seulement la guerre fut menée au mépris souvent des lois de la guerre, mais son échec signifia la fin d’un projet politique global justifiant la place de la France dans le monde et la vision que les Français avaient d’eux-mêmes.
Après 1962, la société fut exposée à une transvaluation, une révision radicale des valeurs.
L’expérience qu’avaient eue les soldats en Algérie les rattachait à ce monde officiellement disparu. Or nul ne sait ce que sont devenues ces représentations coloniales et impériales dans la France d’après 1962.
Nul ne sait où sont passées les idées de progrès, de modernité et d’émancipation dont la France se voulait porteuse même en faisant la guerre en Algérie.
Nul ne sait ce que sont devenues les justifications de la loi du plus fort et de l’usage de la force appliquée sur des peuples considérés comme inférieurs. Ont-elles disparu aussi rapidement que l’on descend un drapeau de son mât ? Sont-elles, au contraire, revenues en France avec les soldats ? La comparaison avec la guerre soviétique en Afghanistan indique des pistes fécondes sur ces questions reliant expérience de la guerre, conditions familiales et sociales au retour et contexte historique. Mais les travaux existants ne suivent pas ces liens au-delà du retour.
Porter le regard sur plusieurs décennies permet en tout cas de percevoir le poids des configurations familiales sur les récits produits et d’identifier les facteurs de changement, au sein des familles ou dans la société.
Enquêter
Les proches constituent le premier cercle dans lequel se réinscrit le soldat à son retour. Ils attestent qu’il est bien le même ou, au contraire, qu’il a changé. Ces enjeux sont d’ailleurs présents dès la guerre elle-même et les premières narrations faites pendant le conflit. Pour le jeune appelé, parler signifie non seulement rendre publique une expérience ou un ressenti, mais aussi s’exposer aux remarques et aux questions, voire aux désaccords.
C’est pourquoi l’étude de la transmission doit dépasser les paroles expli
cites. C’est plus largement tout ce qu’on transmet que je tente de saisir en analysant les mots et les gestes, en cherchant à revenir aux choix qui ont été faits (changer de métier, déménager, quitter sa fiancée, avoir des enfants…), en interrogeant leurs liens avec la guerre. Les appelés ont rapporté des photos ainsi que des objets, témoignages discrets d’un vécu qu’on souhaite partager même si c’est à la marge. Ils sont revenus avec des goûts et des dégoûts nouveaux : la musique, les paysages, les couleurs…
Ils ont gardé aussi au fond d’eux-mêmes des maladies ressurgissant à intervalles réguliers, tel le paludisme, ou des cauchemars traversant la nuit, indices pour leurs proches de zones d’ombre travaillant en sourdine.
Objets, sensibilités à fleur de peau ou goûts nouveaux : autant de supports pour raconter et interroger. Autant de supports pour banaliser ou, au contraire, sacraliser : dans les deux cas, figer une relation au passé sans qu’elle soit toujours nettement identifiée par les proches, que ce soit parce qu’« il ne fallait pas en parler » ou parce que « ça avait toujours été là, on ne savait pas pourquoi ».
[…]
En effet, en entrant dans l’intimité de ces familles diverses aussi bien socialement que culturellement, géographiquement ou encore politiquement, on ne plonge pas dans la répétition infinie des petites différences. Des processus récurrents émergent bien. Sans écraser les singularités, ces histoires individuelles appartiennent bien à une expérience collective.
Au début du mois de décembre 2022 et en moins de 48 heures, l’Humanity 1, navire de sauvetage d’une soixantaine de mètres de l’ONG allemande SOS Humanity a secouru 261 naufragés au large des côtes libyennes. Membre de l’équipage du navire, Antoine Le Scolan rend compte de ces trois sauvetages.
Catane (Sicile), 10 novembre 2022. Des migrants à bord du navire de sauvetage Humanity 1 de l’organisation allemande SOS Humanity Giovanni Isolino/AFP
L’ONGSOS Humanity est née début 2022 d’une scission avec SOS Méditerranée. La branche allemande a préféré quitter l’Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée, et racheter — grâce aux dons de la société civile — un ancien navire d’expéditions scientifiques pour multiplier les sauvetages tout en menant un plaidoyer politique plus assumé. Outre le capitaine, vingt-sept membres d’équipages, volontaires et marins professionnels, et une journaliste indépendante sont à bord de l’Humanity 1. La plupart viennent de pays européens (Roumanie, France, Belgique, Allemagne, Italie, Espagne), certains de plus loin comme du Mexique ou du Canada. Le bureau de l’organisation, basée à Berlin, fait le lien entre la mer et la terre.
Sauveteur en mer saisonnier à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), j’ai eu la chance d’apprendre la langue arabe en Jordanie et en Égypte pendant plusieurs années. Je suis chargé de l’interprétariat pendant les sauvetages et, une fois les naufragés secourus, de leur délivrer des informations juridiques ou de traduire les consultations avec l’équipe médicale. Je viens également d’obtenir le diplôme d’avocat. Participer à de tels sauvetages me permet de mieux comprendre les parcours de vie traumatiques de ces gens qui luttent pour leur survie, puis qui lutteront devant les administrations ou juridictions nationales des pays européens pour espérer obtenir des papiers.
Dimanche 4 décembre 2022 à 14 h 30, les équipes du Humanity 1 ont reçu une alerte d’un autre navire humanitaire, le Louise Michel. Ce dernier a repéré une embarcation en détresse à environ 60 kilomètres au large de Tripoli : 103 personnes, dans un bateau pneumatique de fortune. Le Louise Michel, trop petit pour les accueillir sur une longue durée, devait alors attendre l’arrivée du Humanity 1 et distribuer des gilets de sauvetage.
UNE ALTERCATION EN PLEINE MER AVEC D’ÉTRANGES LIBYENS
Malheureusement, l’eau a progressivement rempli l’embarcation et un bateau des « soi-disant garde-côtes libyens » est arrivé sur place, précipitant un accueil en urgence des naufragés sur le Louise Michel. Les deux annexes semi-rigides rapides du Humanity 1 sont alors arrivés sur place tandis que la dernière personne montait à bord du Louise Michel. Les trois Libyens — dont un homme cagoulé et en treillis militaire — se sont rapprochés avec leur bateau de notre semi-rigide pour connaître nos intentions, mais aucune conversation — si ce n’est des gestes brefs de la main — ne s’en est suivie.
Leur embarcation est plus petite que les vedettes de sauvetage vendues par les Italiens et utilisées généralement par les « garde-côtes » : ils appartiennent donc peut-être à une milice privée. Les deux gros moteurs hors-bord leur permettent toutefois de se mouvoir rapidement sur l’eau. Ils sont là seulement pour voler le moteur du bateau pneumatique. Une altercation a cependant eu lieu lorsqu’un des semi-rigides de l’Humanity 1 s’est trouvé trop proche du pneumatique : les Libyens ont alors sorti leurs armes, des AK47 selon la photographe à bord, pour être laissés seuls et pouvoir décrocher le moteur discrètement, ce qu’ils ont fait. Le moteur, peu puissant, mais en état correct, sera sûrement vendu quelques milliers d’euros à des pêcheurs ou à des passeurs.
EN LIBYE, ENTRE L’ATTENTE ET LA TORTURE
Une procédure de transfert des naufragés du Louise Michel vers l’Humanity 1 s’est ensuite déclenchée, après plusieurs vaines tentatives de contact des autorités maritimes compétentes. Dans la nuit et dans une mer légèrement agitée par la houle, les 103 personnes, dont des femmes enceintes et des enfants, ont été transférées vers l’Humanity-1. La présence d’un requin de plus de deux mètres de long a accentué la tension déjà présente, mais chaque survivant a embarqué dans le navire sain et sauf et a été accueilli par les équipes médicales et humanitaires.
Le lendemain, à la rencontre des naufragés, les discussions fusent et les souvenirs de la veille ressurgissent. Je demande à certains si c’était leur première tentative de départ de Libye. Pour certains, oui. D’autres en étaient à leur cinquième. Je m’en étonne : celui qui n’a essayé qu’une fois me rétorque qu’il est resté de nombreux mois à attendre et qu’il a pu être entre temps longuement torturé. Il est jeune, pas encore la trentaine, vêtu des vêtements neufs que les équipes lui ont donnés à son arrivée sur le bateau. Son visage est fatigué, tanné par une vie trop dure. Son ami qui a essayé cinq fois raconte une de ses tentatives depuis la Tunisie. Avec le même naturel et une voix assurée qui cherche à me faire comprendre ce que je ne peux comprendre, il se livre. Il a vu ses amis mourir devant lui l’année dernière. Son bateau a coulé et les cent passagers se sont retrouvés dans l’eau : la moitié sont morts noyés. Lui et les autres ont eu la chance d’avoir survécu jusqu’à l’arrivée d’un pêcheur tunisien au large des côtes.
Dans la soirée du 5 décembre, sans avoir eu le temps de se reposer, les équipes doivent se préparer à repartir. Une embarcation en détresse a été une fois de plus repérée par le Louise Michel. Le vent balaye la mer et la houle est plus forte que la veille. Les semi-rigides tracent leur sillon dans la nuit jusqu’à la scène d’opération. Pendant les dix longues minutes que dure ce trajet, on a malheureusement le temps d’imaginer le pire et d’avoir peur de devoir ramasser des cadavres. Arrivés sur place, nous observons un bateau en bois de quelques mètres de longueur, rempli d’une cinquantaine de personnes. Le bateau tangue très dangereusement dans la houle.
« JE VAIS ESSAYER DE FAIRE DES MIRACLES »
Dragos, un Roumain d’une quarantaine d’années à bord de notre semi-rigide est le coordinateur de l’opération. Fort d’une expérience de plus de 20 missions de sauvetage en mer, il est parfaitement lucide face à la situation. Il nous confirme que le bateau peut chavirer d’un moment à l’autre. Si cela arrive, il y aura très probablement des morts. Il faut agir vite et le moindre mouvement de la part des personnes à l’intérieur du bateau peut être fatal. « Je vais essayer de faire des miracles » indique-t-il à la radio quand Joshua, le capitaine de l’Humanity 1, nous demande de procéder au sauvetage.
Je suis chargé d’être l’interlocuteur entre le semi-rigide et les 49 naufragés, tous arabophones. Il faut d’abord prononcer une phrase rapide en anglais pour leur faire comprendre que nous ne sommes pas Libyens, sinon la panique risque de les gagner et le bateau chavirera. Ensuite, en arabe, j’explique que nous allons les récupérer un par un par l’arrière du bateau. La pression est immense sur les équipes. Durant presque deux heures, en pleine nuit et dans la houle, les sauveteurs de l’Humanity 1 vont réussir à extraire une à une les 49 personnes, sans aucun mort. Un bateau libyen, encore une fois, sera présent autour de la scène. Ils brûleront le bateau en bois dans la nuit, après avoir récupéré le moteur.
DES ÉGYPTIENS DE PLUS EN PLUS NOMBREUX
Une fois à bord, les naufragés reprennent leurs esprits et font éclater leur joie. Ils proviennent de l’Égypte majoritairement, mais aussi de la Syrie, du Soudan et du Tchad. Il y a seulement quelques femmes — bien que celles-ci soient de plus en plus représentées parmi les réfugiés tentant la traversée — et principalement de jeunes hommes entre 20 et 30 ans. La présence d’Égyptiens est une caractéristique des dernières évolutions contemporaines du champ migratoire. Ils m’expliquent que de plus en plus d’entre eux fuient le service militaire obligatoire ou la vie économique suffocante de leur pays. Ils passent la frontière à pied, à quelques kilomètres de la côte, dans le désert. Puis, s’ils ne se sont pas fait tirer dessus par l’armée égyptienne ou kidnapper par les milices libyennes, ils partent soit directement de l’est libyen, autour de Tobrouk, soit prennent le risque de faire la route jusqu’aux alentours de Tripoli. Ceux-ci sont partis en mer à l’ouest de Tripoli.
LES RÊVES DE DEVENIR FOOTBALLEURS
Quelques heures après la fin de ce sauvetage périlleux et alors que le soleil se lève, une nouvelle alerte est donnée. Un bateau pneumatique de 103 personnes a été repéré et le Louise Michel, plus rapide que l’Humanity 1 a encore une fois réussi à arriver rapidement sur place pour stabiliser l’embarcation et distribuer des gilets de sauvetage. Majoritairement francophones, sénégalais et ivoiriens notamment, les naufragés sont paniqués et difficiles à calmer. De l’eau est entrée dans le bateau et il est compliqué d’organiser le débarquement.
Malgré nos précautions, lorsqu’on les saisit par la main, les naufragés se jettent littéralement par-dessus nos corps pour atterrir aux pieds de Robin, le pilote allemand. Durant la manœuvre, nous repérons une autre embarcation à quelques milles nautiques dans une situation similaire. Malheureusement, nous voyons les Libyens arriver sur place, seuls. Comme lors du deuxième sauvetage, nous avons à faire à une vedette des « garde-côtes » libyens, presque de la même taille que le Louise Michel. Le sauvetage terminé, nous apprenons qu’ils ont embarqué de force la plupart des autres naufragés à l’exception de six personnes qui ont préféré sauter à l’eau que de retourner en Libye. Ces personnes seront mises à l’abri sur un radeau de sauvetage par le Louise Michel, puis récupérées par l’Humanity 1. Elles nous raconteront leur bonheur d’avoir pu nous rejoindre, mais aussi leur terreur de savoir certains de leurs proches retournés vers un monde de torture et de malheur.
Le mardi 6 décembre en fin de matinée, ce sont donc 261 personnes qui sont à bord de l’Humanity 1. Le lendemain matin, après les premiers soins d’urgence et la distribution de couvertures pour la nuit, Jutta, la coordinatrice de l’équipe médicale et humanitaire explique à tous que nous risquons de devoir attendre quelques jours, voire quelques semaines à bord. D’abord parce qu’il peut y avoir d’autres sauvetages à réaliser. Ensuite parce que l’Italie ouvre de moins en moins facilement ses portes. Un Nigerian me lance en rigolant que ce n’est pas grave et qu’il n’y a pas de problème pour rester sur le bateau une année s’il le faut tant qu’il ne retourne pas en Libye.
À l’écart, sur le pont supérieur, un groupe de francophones discute en regardant la mer. Un Ivoirien me montre ses pieds et me dit que cela lui a fait du bien de dormir comme ça. « Comment ça, comme ça ? » Il m’explique qu’il a enlevé ses chaussures et qu’il est impossible de dormir sans ses chaussures en Libye, car des gardes ou des voisins peuvent venir n’importe quand pour vous frapper ou vous voler. Il faut pouvoir partir en courant à tout moment.
Sur le pont inférieur, un très jeune adolescent paraît esseulé. Il est sénégalais et veut être footballeur à Marseille. Il est ici avec sa petite sœur. Il l’a vue ce matin, mais ne peut plus la voir quand elle rentre dans sa chambre. En effet, la chambre des femmes et des enfants en bas âge est strictement interdite aux hommes et adolescents. Je n’ose pas lui demander comment il a pu se retrouver ici, seul avec sa sœur. J’imagine. Il y a aussi son homologue égyptien, tout jeune adolescent comme lui. Il est parti seul d’Égypte et veut également devenir footballeur, mais en Allemagne. Il est protégé par un groupe d’Égyptiens qui prend soin de lui.
LA LIBYE, UN AUTRE MONDE
Plus tard, un Gambien me raconte, plein de lucidité, qu’en Europe la police a le droit de t’enfermer, mais qu’il faut un jugement pour cela, alors qu’en Libye on t’emmène directement de la mer à la prison. Il me décrit celle d’Ursh Ufana. Il y aurait des milliers de personnes et des morts tous les jours. Je m’enquiers de cette prison auprès du groupe francophone du pont supérieur, précédemment rencontré. Tous la connaissent. Un Sénégalais m’explique que cet enfer est un ancien dépôt pour animaux et que les gens y sont parqués au sous-sol. Chaque jour, il voyait les Libyens y sortir cinq ou six cadavres. Aussi, un jeune Guinéen me raconte que son petit frère est encore dans cette prison. Après maintes discussions sur la torture et les conditions de vie en Libye, c’est finalement un jeune Ivoirien qui me fera comprendre par des mots simples ce qu’il pense de l’autre côté de la Méditerranée. Il ne considère pas la Libye comme un autre pays, mais comme un autre monde.
L’équipe médicale composée d’un médecin, d’une infirmière et d’une sage-femme nous appelle parfois pour traduire du français ou de l’arabe vers l’anglais. Outre les marques physiques de torture sur leurs corps, la grande majorité des naufragés n’arrive plus à s’alimenter ou à dormir correctement. Lorsqu’on leur demande depuis quand, ils nous répondent par un chiffre en mois ou en années. Et quand on leur demande depuis quand ils sont arrivés en Libye, on se rend compte que les deux chiffres correspondent toujours. Diego, le médecin, mène les consultations, et se met parfois soudainement à me parler en espagnol alors que je ne maîtrise pas cette langue. Il se reprend et continue en anglais. Malgré son professionnalisme, son visage cerné et sa voix traduisent sa fatigue. Plus tard, il m’explique qu’il y a une différence entre entendre « ces histoires » à la télévision ou en lisant des articles de journaux et de vive voix, continuellement, toute la journée.
UN DÉBARQUEMENT SOUS HAUTE SURVEILLANCE À BARI
Les équipes de l’Humanity 1 sont épuisées et se remettent doucement des scènes apocalyptiques auxquelles elles ont assisté. Renaud, un équipier du semi-rigide dans lequel je me trouvais, m’explique que l’émotion a été trop intense quand il a vu l’intérieur du bateau pneumatique « secouru » par les Libyens et duquel seules six personnes ont pu s’extraire. En effet, des vêtements d’enfants en bas âge jonchaient le sol. Autrement dit, des enfants sont retournés vers l’enfer libyen tandis que d’autres ont eu plus de chance.
Le capitaine de l’Humanity 1, accompagné de ses officiers et d’une observatrice humanitaire, a envoyé plusieurs demandes de « port sûr » pour pouvoir débarquer en Europe. Cinq longues journées après le premier sauvetage, les autorités italiennes ont enfin répondu favorablement et ont assigné le port de Bari comme lieu de débarquement. Si la destination de Bari n’était pas souhaitable étant donné la distance à parcourir jusqu’en mer Adriatique et la tempête à affronter, il n’en reste pas moins que le comportement des autorités a étonné le capitaine qui s’attendait à devoir attendre plus longtemps.
En effet, le mois dernier, plusieurs navires humanitaires comme l’Humanity 1, l’Ocean Viking ou leGeo Barents, avaient dû attendre pas loin de trois semaines. Les 261 naufragés secourus par l’Humanity 1 ont tous, sans exception, subis des traitements inhumains ou dégradants en Libye et sont dans une situation de vulnérabilité aiguë. On aurait tendance à penser qu’une telle situation de détresse ne saurait être politique, seulement humaine. Ces 261 personnes ont eu la chance de pouvoir débarquer plus ou moins rapidement en Europe. Des associations et des policiers en grand nombre étaient là pour les accueillir.
Mais chaque membre de l’équipage sait que les prochaines missions pourront encore pâtir du jeu diplomatique macabre orchestré par les gouvernements européens. Le nouveau gouvernement italien, après s’être vanté d’avoir fermé ses portes à l’Ocean Viking en novembre 2022, a sûrement préféré calmer ses ardeurs xénophobes et jouer le jeu des institutions européennes pour gagner en crédibilité et continuer de bénéficier des accords de transfert de demandeurs d’asile intra-européens. Mais quand est-ce que les portes de l’Europe se fermeront de nouveau ? L’ONGSOS Humanity sait qu’il faudra continuer à se battre pour défendre le droit et le devoir de sauver des naufragés et les conduire en lieu sûr.
En Tunisie, plusieurs dizaines de milliers de personnes font face à des difficultés d’accès à l’emploi, au logement, à la santé dans un pays dépourvu de loi sur l’asile.
Une migrante d’Afrique subsaharienne, assise sur un ponton de Sidi Mansour, à 270 km au sud-est de Tunis, attend une opportunité pour partir en Europe (AFP/Fethi Belaïd)
Des murs gris foncé montés de fils barbelés, des tourniquets de sécurité, des barrières installées pour empêcher toute personne de circuler sur le trottoir : dans le quartier des Berges du lac à Tunis, le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) impressionne.
Juste à côté de l’enceinte du bâtiment, Mohamed Ahmed se tient debout à côté de trois autres personnes, réfugiés ou demandeurs d’asile comme lui.
« Je suis arrivé ici il y a un an et je vis dans la rue », explique à Middle East Eye le jeune homme emmitouflé dans son manteau en ce jour de pluie. « Je n’ai rien ici. »
Mohamed Ahmed a quitté le Soudan du Sud au déclenchement de la guerre en 2013.
« Je suis parti de chez moi à cause de problèmes, pas pour l’aventure », assène-t-il. Il est remonté par le Soudan, l’Égypte puis la Libye où il est resté cinq années. Lorsqu’il a tenté de rejoindre l’Italie par la mer, son bateau a été intercepté par les garde-côtes tunisiens et, lui et ses compagnons de voyage, ont été débarqués à Sfax, à 260 km au sud de la capitale.
« Ici il n’y a rien, on est traités comme des animaux », lâche-t-il.
En raison de problèmes de santé accumulés au cours de son périple, il est obligé de se rendre régulièrement à l’hôpital.
« On me dit de revenir pour un rendez-vous alors que c’est urgent », explique-t-il. « Ils me laisseraient mourir dans l’attente. »
Jordan, un autre demandeur d’asile rencontré dans un café de La Soukra, atteste d’une situation similaire.
« À chaque fois, à l’hôpital, on me fait passer en dernier », témoigne-t-il, pointant du doigt le racisme du corps médical. Résultat, il est obligé de s’en remettre à la médecine privée. « Dans les cliniques, ils s’en foutent que tu sois noir tant que tu payes. »
Mais pour Mohamed Ahmed, impossible de payer, il n’a pas d’argent. « Lui et moi, on n’a pas mangé depuis deux jours », explique-t-il en pointant un ami à lui, lui aussi exilé. N’ayant pas pu payer le médecin lors de sa dernière consultation à l’hôpital, l’établissement l’a contraint à laisser sa carte de demandeur d’asile. « Là je circule sans, c’est dangereux », lance-t-il l’air inquiet.
La Tunisie, dépourvue de loi sur l’asile
Cette carte lui a été délivrée par le HCR lors du dépôt de sa demande il y a près d’un an. La Tunisie est signataire de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et reconnaît donc ce statut.
Pour autant, elle n’a jamais adopté de loi nationale pour l’encadrer, les demandeurs d’asile et réfugiés se retrouvent ainsi sans protection légale. Pour pallier ce manquement, c’est le HCR qui s’occupe du processus consistant à recueillir les demandes d’asile et déterminer le statut de réfugié.
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Plus haut, au deuxième étage du bâtiment, le représentant adjoint du Haut-Commissariat, Laurent Raguin, relativise.
« Les choses ne sont pas parfaites, mais il ne faut pas mettre la Tunisie dans le même panier que certains pays qui sont hyper violents avec ces gens », estime-t-il auprès de MEE.
La position de l’institution est claire : la Tunisie est un pays sûr pour l’asile. « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de loi nationale qu’elle ne respecte pas les lois internationales, la Tunisie [les] respecte », souligne-t-il.
« Nous fournissons des cartes de demandeurs d’asile et des cartes de réfugiés et la Tunisie respecte ces cartes. Quand quelqu’un est arrêté dans la rue et qu’il montre la carte du HCR, les policiers le laissent aller », insiste Laurent Raguin.
« Les demandeurs d’asile et les réfugiés ont accès à l’éducation et à la santé », poursuit-il. Il reconnaît toutefois que ces statuts ne permettent pas d’accéder à l’emploi de manière légale à travers un contrat de travail. « Malheureusement, une grande partie de la population tunisienne travaille aussi dans l’informel », rappelle-t-il.
« On n’a pas de travail ici, c’est dur à trouver, on ne peut que rester à la rue »
- Mohamed Amed, demandeur d’asile soudanais
Sauf qu’en l’absence de protection légale, les réfugiés et demandeurs d’asile se retrouvent vulnérables face aux discriminations et à l’exploitation.
Plusieurs d’entre eux rapportent travailler dans des conditions extrêmement difficiles et avoir subi des discriminations quant aux montants et versements de leurs salaires.
Un réfugié soudanais de 26 ans, Saber Adam Mohamed, est lui décédé dans un accident du travail dans une usine de Mégrine (banlieue sud de Tunis).
Un travail « indigne » où il était « moins bien payé » que des collègues tunisiens, rapporte Romdhane ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), qui a pu s’entretenir avec certains de ses proches.
Mohamed Ahmed, lui, n’a pas pu trouver d’emploi. « On n’a pas de travail ici, c’est dur à trouver, on ne peut que rester à la rue », déplore-t-il.
Génocide au Darfour, atrocités en Libye
« L’emploi, c’est une priorité », estime Mahmoud Kaba, chargé de projet pour EuroMed Droits, un réseau d’organisations de la société civile en Méditerranée.
Outre des revenus, « c’est ce qui ouvre la voie à une couverture sociale, à l’ouverture d’un compte en banque ».
Face à cette situation, de nombreuses manifestations ont eu lieu au cours de l’année 2022. À l’origine, plusieurs dizaines de réfugiés et demandeurs d’asile avaient été contraints de quitter le foyer de Médenine, géré conjointement par le UNHCR et Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), sous peine de « procédures juridiques ».
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Nombre d’entre eux avaient ensuite occupé pendant plusieurs semaines les bureaux du Haut-Commissariat à Zarzis en guise de protestation, avant de gagner le siège de l’organisation à Tunis.
« J’ai survécu au génocide au Darfour puis j’ai été témoin des atrocités [du groupe] État islamique en Libye et je ne me sens pas en sécurité en Tunisie », expliquait alors à MEE Abdulrasoul, un demandeur d’asile soudanais, dans la cour du HCR à Zarzis.
Leur revendication principale était alors d’être évacués de Tunisie vers un pays « sûr » via le programme de réinstallation du HCR. Après des mois à la rue, certains ont fini par être relocalisés dans un centre à Raoued, en banlieue lointaine de Tunis.
D’autres comme Mohamed Ahmed vivent toujours dehors, dans la rue, à proximité des bureaux de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), où d’autres manifestations ont eu lieu au mois de septembre.
« On ne peut parler de pays sûr alors qu’il n’y a pas de loi pour encadrer ça [le statut de réfugié] », analyse Mahmoud Kaba. « La situation est similaire pour les demandeurs d’asile, les réfugiés et ceux qui n’ont pas fait de demande [comme les travailleurs migrants] ; globalement, il n’y a pas de protection sociale », estime-t-il.
« La seule protection, c’est contre l’expulsion, et encore, pour certaines nationalités, la protection n’est pas garantie. »
« De nombreux défenseurs des droits humains, notamment maghrébins, sont harcelés par la police »
- Mahmoud Kaba, chargé de projet pour EuroMed Droits
Le cas de Slimane Bouhafs l’illustre. Ce militant algérien vivait en Tunisie en tant que réfugié. Après avoir « disparu » pendant plusieurs jours, il est réapparu en détention aux mains de la police algérienne, dans des circonstances peu claires dans l’attente des conclusions d’une enquête menée par un tribunal algérien.
Il avait pourtant reçu le statut de réfugié de la part du HCR. Ce précédent renforce la menace sur les militants et activistes réfugiés en Tunisie.
Plus récemment, le cas de Zaki Hannache, activiste algérien réfugié depuis le mois d’août en Tunisie, inquiète, bien qu’il ait reçu le statut de réfugié le 17 novembre 2022.
« De nombreux défenseurs des droits humains, notamment maghrébins, sont harcelés par la police », témoigne Mahmoud Kaba, citant le cas d’un exilé libyen qui a été brièvement arrêté et forcé de montrer le contenu de son téléphone à des agents des forces de l’ordre.
« La Tunisie n’est pas un pays sûr »
De manière générale, la situation des droits humains dans le pays fait face à une « régression » selon Amnesty International dans un rapport publié en juillet 2022.
« Au cours de l’année qui s’est écoulée depuis que le président [Kais] Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs [en activant l’article 80 de la Constitution], le 25 juillet 2021, la situation relative aux droits humains s’est détériorée en Tunisie, sur le plan législatif comme celui de l’augmentation des atteintes aux droits humains dont se rendent coupables les autorités tunisiennes », explique l’ONG.
En novembre 2022, le tribunal de Cagliari (Sardaigne) a jugé que la Tunisie n’était pas un pays sûr, empêchant l’expulsion d’un migrant tunisien depuis l’Italie, débouté de sa demande d’asile.
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La décision de justice précise qu’actuellement, « même la barrière constituée par la justice aux arrestations illégales et aux détentions provisoires abusives est incontestablement fragilisée par le régime du président Saied », rapporte l’agence de presse italienne Adnkronos.
« La Tunisie n’est pas un pays sûr, même pour les Tunisiens », lance Romdhane Ben Amor, d’un ton ironique.
Finalement, de nombreux exilés préfèrent retourner en Libye, admet le responsable adjoint du HCR.
« Quand on leur propose de déposer une demande d’asile, il y en a plein qui disent : “Non, on veut repartir en Libye pour reprendre le bateau [pour l’Europe]’’ », explique Laurent Raguin.
« Si j’avais de l’argent, je retournerais en Libye », confirme Mohamed Ahmed. « Même s’il y a la guerre, tu peux travailler, gagner de l’argent et repartir. »
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