Visuel : les tribunes remplies de supporters marocains pendant la coupe du monde au Qatar ©Yukihito Taguchi-USA TODAY Sports/REUTERS
En 120 secondes par Guillaume Malauri
rès valeureuse et fougueuse équipe du Maroc qui aurait bien pu mettre KO, avec un peu de chance, le Onze français lors des demi-finales de jeudi et qui a encore brillé lors de la petite finale samedi contre la Croatie.
Mais au fait, de qui les Lions de l’Atlas sont-ils les champions ? Des pays arabes, c’est sûr puisque le Maroc est une nation arabo-musulmane comme en témoigne sa langue principale : celle du prophète Mahomet et du Coran.
Les Lions, c'est une autre évidence, sont aussi les porte-drapeaux du continent africain tout entier auquel ils appartiennent géographiquement.
Reste qu’on en oublie une brique identitaire. C’est que le Maroc est aussi le pays du Maghreb qui compte le plus de Berbères. Les Berbères ? C'est le peuple souche d'Afrique du Nord dont l’histoire remonterait bien avant l’arrivée des conquérants arabe au IXe siècle. Les Berbères revendiquent même une présence continue de 5000 ans…
Ce qui est sûr c’est que le Maroc est le premier pays berbère du Maghreb avec 40% d’individus. Quatre à cinq millions sont berbérophones (locuteurs du Tamazight) sur 37,4 millions d’habitants. Il faut ajouter ceux qui parlent le chleuh : un autre dialecte berbère et le rifain qui, dérive-lui aussi du berbère. En Algérie, les berbérophones seraient 10 à 12 millions (25% de la population). Ils ont 220 000 en Lybie, une centaine de mille en Tunisie et quelques 720 000 au Niger…
Présence si considérable qu’en 1994, feu le roi Hassan II décidait que le Tamazight, serait désormais enseigné au moins dans le primaire. C’est son fils et successeur Mohamed VI dont la mère Lalla Latifa est une berbère de Khenifra, qui instaure par la Constitution (article 5) l’Amazigh comme « langue officielle et patrimoine commun à tous les Marocains ». Soit la seconde langue du royaume. Les nombreux dialectes berbères oraux ont été transcrits par écrit avec l'introduction de l'alphabet tifnagh et l'édition de manuels scolaires par l'IRCAM : l’Institut Royal de la Culture Amazighe.
La force des Lions de l’Atlas c’est peut-être de porter au-delà du drapeau marocain autant de fiertés. Autant d’énergies. Celle d’une nation, d’un royaume, d’une religion, d’une identité arabe, d’un continent et du peuple premier berbère d’Afrique du Nord.
Guillaume Malaurie
Le vendredi 16 décembre 2022
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