Photomontage des manifestants exécutés ou condamnés à mort depuis le début du soulèvement iranien il y a quatre mois. De gauche à droite, de haut en bas : Mohsen Shekari (exécuté), Mohammad Mehdi Karami (exécuté), Majid Reza Rahnavard (exécuté), Seyed Mohammad Hosseini (exécuté), Shoeib Mirbaluchzehi Rigi, Ebrahim Narouyi, Kambiz Kharout, Mohammad Ghobadlu, Mansour Dahmardeh, Mehdi Bahman, Mohammad Boroughani, Saman Seydi, Arshia Takdastan, Manouchehr Mehman Navaz, Sahand Nourmohammad-Zadeh, Mahan Sadrat (Sedarat) Madani, Javad Rouhi, Saleh Mirhashemi, Saeed Yaghoubi, Mehdi Mohmmadifard, Hossein Mohammadi, Hamid Ghareh-Hassanlu, Majid Kazemi, Reza Aria
Ils sont 24. Ce sont tous des hommes. Ils ont entre 18 et 53 ans. Et ils ont été condamnés à mort par le régime iranien en raison de leur participation aux manifestations qui agitent le pays depuis quatre mois. Les chefs d’accusation retenus contre eux ? « Corruption sur terre » ou « guerre contre Dieu ». Quatre d’entre eux, Mohsen Shekari, Mohammad Mehdi Karami, Majid Reza et Seyed Mohammad Hosseini ont déjà été exécutés.
La révolte iranienne a surpris tout le monde, à commencer par le régime. Quatre mois après, celle-ci se poursuit sans toutefois réussir à provoquer des manifestations de masse. Dans un pays comme l’Iran, le simple fait que des mouvements de désobéissance civile aient lieu sans discontinuité depuis plusieurs mois est déjà, en soi, un événement de grande ampleur. C’est même le principal défi auquel est confrontée la République islamique depuis sa création il y a plus de quarante ans. Le régime répond avec la seule arme qu’il maîtrise encore : la répression. Au moins 481 personnes dont 64 mineurs et 35 femmes ont été tuées depuis le début du mouvement et plus de 15 000 personnes auraient été arrêtées.
Le guide suprême iranien s’est félicité de la réussite de cette stratégie répressive le 9 janvier, dans la ville religieuse de Qom. Dans son discours commémorant le soulèvement contre le chah d’Iran dans la même ville en 1978, l’ayatollah Khamenei a évoqué « l’échec » des États-Unis à « renverser la République islamique », considérant l’ennemi juré américain derrière le mouvement de protestation actuel.
Le régime a les moyens de tenir. L’appareil sécuritaire est puissant et globalement fidèle. Les ouvriers hésitent à rejoindre le mouvement compte tenu des répercussions que cela peut provoquer. Mais la rupture semble consommée entre un pouvoir gérontocratique et une population très jeune et très éduquée. « Le régime cherche à supprimer le mouvement de protestation par la violence, les arrestations massives et les exécutions. Cette répression a déjà fonctionné dans le passé, mais c’est une solution à court terme, car les problèmes de fond ne vont pas disparaître simplement en dispersant les manifestants », analyse Alex Vatanka, directeur du programme Iran au Middle East Institute.
OLJ / le 17 janvier 2023
https://www.lorientlejour.com/article/1324760/la-republique-de-barbarie.html
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