Trente-huit personnes faisant partie de la « mouvance d’extrême droite », selon les enquêteurs, ont été arrêtées après la demi-finale de Coupe du monde. Le résultat des fouilles raconte une violence préparée jusqu’au fond des poches.
L’un participait aux meetings d’Eric Zemmour et affirme vouloir entrer dans la gendarmerie, un deuxième fait partie de groupes de messagerie intitulés « Hitler » ou « ANTI PD », un troisième tente de supprimer une application de messagerie sécurisée de son téléphone avant que les enquêteurs ne s’en emparent, sans succès.
Trente-huit personnes proches de l’extrême droite radicale ont été interpellées, mercredi 14 décembre, après la demi-finale de la Coupe du monde de football qui opposait la France au Maroc. Parmi eux : quinze « fichés S ».
Il est précisément 22 h 05, le coup de sifflet final vient à peine de résonner, libérant une marée bleue dans les rues de la capitale. Mais un attroupement mêlant cagoules et « moyens offensifs » attire le regard des policiers, à la sortie d’un bar du 17e arrondissement de la capitale. En résultent trente-huit placements en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences », certains y ajoutent la « participation avec arme à un attroupement ». Tous font partie de la « mouvance d’extrême droite », selon les enquêteurs.
Lacrymo, matraque télescopique
Âgés de 17 ans à 36 ans, les trente-huit gardés à vue viennent pour la plupart de région parisienne, mais certains ont fait le déplacement depuis Rouen ou Rennes. Beaucoup sont connus pour leur appartenance à divers groupuscules d’extrême droite : de l’ex-GUD aux Zouaves, en passant par Génération identitaire ou le Bastion social, les trois derniers ayant été dissous en conseil des ministres.
Le résultat des fouilles raconte la violence préparée jusqu’au fond des poches, et la tournure qu’aurait pu prendre la soirée : plusieurs lacrymo, une matraque télescopique, un protège-tibia, des cagoules noires ou de camouflage militaire, des gants coqués, ainsi qu’un sac à dos contenant « diverses armes de catégorie D » et des fumigènes, jeté par l’un des interpellés sans que les enquêteurs ne puissent déterminer lequel. Une carte de sapeur-pompier militaire, une carte de légionnaire et une carte de circulation militaire sont également saisies.
Sur ce « fiché S » de 22 ans, ce sont des autocollants du GUD – pour « groupe union défense », un groupuscule ultraviolent d’extrême droite autodissous qui semble revenir sur le devant de la scène radicale – qui ont été retrouvés. Il explique en garde à vue qu’avant le match, il distribuait des tracts devant l’université Paris-II-Panthéon-Assas pour « expulser les gauchistes ». Puis il a filé au bar, avec un ami bien connu de la police comme de la justice : Marc de Cacqueray-Valmenier.
Ce dernier, un ultranationaliste de 24 ans adepte du coup de poing et des sports de combat, était d’ailleurs sous contrôle judiciaire avec interdiction de paraître à Paris. Il est en effet mis en examen pour « violences volontaires » après l’agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting du candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle Eric Zemmour, en décembre 2021, à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
Déjà condamné
Marc de Cacqueray-Valmenier, ancien leader des Zouaves, groupuscule violent dissous en janvier en conseil des ministres, n’en est pas à sa première garde à vue, ni à son premier coup de cutter dans ses obligations judiciaires. En janvier 2019, il avait déjà été condamné à quelques mois de prison avec sursis pour « participation à une entente en vue de commettre des violences ou des dégradations » : il s’était glissé parmi les « gilets jaunes » le 1er décembre, à Paris, lors d’un acte III émaillé par de nombreuses violences dans la capitale, dont le saccage de l’Arc de triomphe.
En janvier, il avait cette fois été condamné à un an ferme pour l’attaque du Saint-Sauveur, un bar parisien antifasciste, une affaire dans laquelle il a fait appel. Il était alors déjà incarcéré depuis quelques jours à la suite de violations des obligations de son contrôle judiciaire et omissions de pointage au commissariat de police de Fontainebleau. Il avait été remis en liberté en mars, sous contrôle judiciaire.
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