S’il est très difficile d’échapper à la Coupe du monde de football qui monopolise l’attention planétaire sur le Qatar, petit Etat gazier du Golfe, il est quasiment impossible de suivre les avancées de la COP15 qui se déroule en même temps à Montréal, au Canada, grand Etat extractif d’Amérique du Nord. On y négocie pourtant en ce moment le Pacte de la Nature qui pourrait tenter de freiner la destruction massive de la biodiversité. Le temps d’attention accordé à l’un et l’autre en dit long sur nos priorités !
Que restera-t-il de la plus vaste opération de relations publiques menée par le Qatar à travers sa Coupe du monde à 200 milliards de dollars et ses campagnes de lobbying pour enjoliver sa réputation dont on ignore le montant ? Sans doute une image durablement associée à la corruption qui mine les institutions, de la FIFA pour l’attribution de la compétition, au Parlement européen avec la mise en cause de plusieurs parlementaires européens, soupçonnés d’avoir reçu de l’argent du Qatar, pour "influencer les décisions économiques et politiques" au sein de l'hémicycle.
La nouvelle notoriété du Qatar lui permet de donner un élan supplémentaire à sa stratégie de softpower basée sur tous les sports, y compris le golf. Ce pays désertique où la chaleur ne cesse de s’aggraver, veut devenir une nouvelle destination pour les amateurs de clubs et de pelouses artificiellement très vertes, comme l’explique le média spécialisé Mygolfmedia.com. "Le Qatar semble bien décidé à devenir une destination touristique majeure même si la destination n’est pas encore aussi connue ou mise en avant que le Maroc, la Tunisie ou Dubaï", écrit le média spécialisé. Et d'ajouter, "la Coupe du monde a bien entendu favorisé la construction de nouveaux stades de football, avec son lot de polémiques, mais il faut aussi noter que cela a permis la construction de nouveaux hôtels, et augmenter la capacité d’accueil du pays. Plus de 100 hôtels sont ainsi en construction dans un pays en croissance accélérée…"
La Coupe du monde vient consacrer la stratégie des Etats du Golfe qui vise la captation des sports vitrines de modèles économiques carbo-intensifs et destructeurs de capital naturel par leurs intenses consommations d’eau et d’énergie. C’est le cas de la Formule Un dont "Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite reçoivent tous des événements et que le Qatar va bientôt rejoindre", explique l’article du journal israélien Ha’Aretz traduit par Courrier International, mais aussi du circuit professionnel de golf et des pistes de ski. Elles sont aujourd’hui dans les centres commerciaux de Dubaï et d’Oman mais prendront une autre ampleur avec les jeux d’hiver asiatiques de 2029 obtenus par l’Arabie Saoudite. Celle-ci veut aussi obtenir la Coupe du monde de football 2030 et espère que le Golfe pourra un jour accueillir les Jeux Olympiques.
LA COP15 QUASI ABSENTE DES MÉDIAS
Comment des pays désertiques qui manquent d’eau, de neige et de pelouses ont-ils réussi à convaincre les instances sportives qu’il y aurait toujours assez de glace, de neige et de pelouses irriguées pour planifier ces événements dans cette décennie alors que c’est celle qui doit être consacrée à limiter drastiquement les émissions de CO2 et préserver les ressources en eau ? Grâce à l’inaction générale des Etats, paralysés par leur dépendance aux énergies fossiles. De COP Climat en COP biodiversité, ils échouent à prendre des engagements de transformation des modèles économiques et ne font pas de lien entre les négociations sur le climat et celles sur la biodiversité.
Celles-ci sont très mal engagées à Montréal pour cette COP15 présidée par la Chine et décalée à de nombreuses reprises pour cause de Covid. Elle doit s’achever le 19 décembre sans perspective d’un accord à la hauteur de l’enjeu, alors que la Chine vient de mettre un nouveau texte sur la table. Celui-ci ne parvient pas à combler toutes les failles notamment sur la réduction des pesticides, les financements ou encore la transformation de notre modèle agricole.
La phrase prémonitoire du président français, Jacques Chirac, au Sommet de la Terre de Johannesburg de 2002 : "La maison brûle et nous regardons ailleurs" est plus que jamais d’actualité. Vingt ans après, la quasi-absence de la COP15 dans des médias centrés sur la Mecque du football, résume l’indifférence du monde à son propre avenir. Il dépend pourtant de sa capacité à préserver ce qu’il reste de biodiversité. L’indifférence médiatique tue lentement mais sûrement un écosystème de plus en plus fragile, en empêchant la mobilisation des opinions publiques sur ce qui est essentiel.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT_, directrice générale de Novethic
L'histoire retiendra qu'au début du troisième millénaire, une coupe du monde de football fut attribuée dans des conditions où la puissance de l'argent avait écrasé les intérêts du sport.
Il fallut construire des stades dans le désert sans considération aucune des fragiles équilibres d'une planète déjà en souffrance.
Il fallut surtout recourir à une nombreuse main d'œuvre étrangère qui fût d'abord spoliée puis mise en état d'esclavage pour satisfaire les impératifs du spectacle planétaire. Soumis à des conditions indignes, des milliers d'ouvriers moururent d'épuisement avant même l'achèvement des travaux. Des dizaines de milliers de familles furent endeuillées de par le monde, victimes d'une folie des grandeurs qui faisait fi de toute dignité humaine.
L'histoire se rappellera que cette compétition fût le théâtre d'un anéantissement des belles idées de Liberté, d'Egalité et de Fraternité et qu'un pays qui en avait pourtant fait sa devise en fut le complice honteux.
On se rappellera peut être que beaucoup s'étaient levés pour dire NON, plus jamais ça, mais qu'ils s'étaient heurtés au mur de l'indifférence, du plaisir égoïste et de la passion des jeux du cirque.
Il parait qu'il y avait eu des matchs et peut être même un vainqueur.
L'histoire se souviendra plus sûrement du vaincu : le sport qui y avait perdu son âme.
Les protestations se poursuivent malgré le fait que le régime a déjà commencé les exécutions. Au moins 28 personnes pourraient être tuées de manière imminente, s'ajoutant aux centaines de personnes déjà décédées ces derniers mois
AFP/JOHN MACDOUGALL - Le slogan "Jin, jiyan, azadî" (femme, vie, liberté en kurde) a atteint tous les coins du monde
Les femmes iraniennes mènent les protestations avec un soutien important des hommes
Bien que les manifestations en Iran aient commencé à la fin de l'année, elles sont devenues l'un des principaux événements de 2022. Le développement de ces protestations sera également l'un des événements à suivre dans l'année à venir. Plus de 40 ans après le triomphe de la révolution islamiste dans le pays, les citoyens iraniens mettent en échec le régime des Ayatollahs.
Tout a commencé par le meurtre brutal d'une femme kurde de 22 ans. Mahsa - ou Jina - Amini s'était rendue à Téhéran avec son frère lorsque la redoutable police des mœurs l'a arrêtée parce qu'elle ne portait pas correctement le voile islamique. Après plusieurs heures de garde à vue, la jeune femme a été emmenée en ambulance dans un hôpital de la capitale avec de graves blessures. Elle n'en est pas sortie vivante.
Tout a commencé avec Mahsa Amini, même si d'autres aspects en coulisses ont facilité l'allumage de la mèche en Iran, comme la forte oppression et la censure, la crise économique et la corruption. De même, dans des régions telles que le Kurdistan - le lieu d'origine d'Amini - ou le Sistan et le Baloutchistan, le mécontentement à l'égard du gouvernement était fort après des périodes de discrimination et de répression. "Cette fois, le peuple veut renverser l'ensemble du régime et a pris pour cible la personne la plus haut placée du régime, Ali Khamenei", explique Mehdi Dehnavi, analyste du Moyen-Orient.
Au cours des premières semaines de protestations, il était courant de voir des femmes brûler des hijabs ou les enlever en public, car c'est la principale cause du meurtre d'Amini et de nombreuses autres femmes. Toutefois, au fil du temps, les Iraniens - tant dans leur pays qu'à l'étranger - ont souligné que les manifestations ne concernaient plus seulement le hijab ou la police des mœurs. Les Iraniens veulent un changement de régime.
Pour Ryma Sheermohammadi, activiste et traductrice hispano-iranienne, ce changement est inévitable. Sheermohammadi souligne que ce changement apportera sans aucun doute la stabilité et la paix au Moyen-Orient. À cet égard, elle rappelle l'ingérence iranienne en Syrie et au Liban, ainsi que dans la guerre au Yémen.
"Les gens veulent un changement de régime. Ils ne veulent pas de réformes, cela va au-delà", déclare Ali Nowroozi, un Iranien résidant au Royaume-Uni. Nowroozi est également confiant dans ce changement. "Cela s'est déjà produit et cela se reproduira", dit-il.
La vague de protestations qui a débuté en septembre dernier se transforme en une véritable révolution et, bien que ses conséquences soient encore inconnues, elle marque un avant et un après en Iran. Pour l'instant, ces protestations peuvent être qualifiées d'"historiques" car, pour la première fois, elles ont été menées par des femmes. "La révolution a commencé avec les femmes, c'est très puissant", ajoute Nowroozi.
Le rôle que jouent les femmes dans les manifestations est essentiel. Leur slogan "Jin, jiyan, azadî" (qui signifie en kurde "femme, vie, liberté") a atteint les quatre coins du monde, tandis que leur courage, leur bravoure et leur force ont inspiré des femmes dans des pays tout aussi oppressifs comme l'Afghanistan.
Beaucoup de ces femmes sont mortes en luttant pour leur liberté, tandis que d'autres ont été détenues par les forces de sécurité et subissent des abus constants tels que le viol et la torture. Un récent rapport du Guardian a révélé que de nombreuses femmes arrêtées avaient reçu des balles au visage et dans les parties génitales.
Partout dans le monde, le rôle des femmes et leur importance dans la réalisation de changements sociaux et politiques ont été reconnus. Même le célèbre magazine TIME a désigné les Iraniennes comme les héroïnes de l'année 2022. TIME a mis en lumière quelques-unes d'entre elles, comme Gohar Eshghi, Narges Mohammadi, Sepideh Gholian, Niloufar Bayani, Elnaz Rikabi, Zahra Amir-Ebrahimi, Nazanin Zaghari-Ratcliffe ou Roya Piraie.
Le combat inlassable de Gohar Eshghi
Gohar Eshghi est devenue un symbole de résistance et de force en Iran. Onze ans après que les autorités ont torturé et assassiné son fils Sattar Beheshti, un blogueur critique du régime, Eshghi continue de réclamer justice et de dénoncer la violence du gouvernement iranien.
À 76 ans, Eshghi est une défenseuse infatigable des droits de l'homme en Iran. En plus d'être membre des "Mères iraniennes dénonciatrices" - un groupe de femmes demandant justice pour les meurtres de leurs enfants - Eshghi s'est jointe aux manifestations qui ont suivi la mort d'Amini, allant jusqu'à retirer son foulard islamique par solidarité avec les manifestants.
En raison de son implication et de son influence, Eshghi est souvent menacée par les autorités. Elle a affirmé que le régime a récemment augmenté la pression sur elle et sa famille. "Si quelque chose nous arrive, Khamenei est responsable", a-t-elle déclaré dans une vidéo.
En plus des menaces et des pressions, Eshghi a subi des attaques. Comme le rapporte Iran International, elle a été agressée l'année dernière par deux inconnus alors qu'elle se rendait sur la tombe de son fils.
Ni la torture ni la maladie ne peuvent réduire Narges Mohammadi au silence
Narges Mohammadi est l'une des nombreuses personnes qui, Mohammedi, journaliste et vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l'homme - une institution dirigée par la lauréate iranienne du prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi - a reçu de nombreux prix pour son travail de journaliste et de militante des droits de l'homme. Le prix le plus récent qu'elle a reçu est le Prix de la liberté de la presse 2022, décerné par Reporters sans frontières.
"Narges Mohammadi est un symbole de courage. Même depuis la prison, elle continue à rendre compte de la situation des prisonniers, en particulier des femmes. Sa vie est un combat permanent, dans lequel elle doit faire de nombreux sacrifices pour faire entendre sa voix. Mohammadi est connue pour ses nombreux articles dénonçant la situation des droits de l'homme en Iran, ainsi que pour son documentaire et son étude sur la "torture blanche", basés sur des entretiens avec des prisonniers.
Après son séjour à Evin - une prison qui détient de nombreux prisonniers politiques et qui a été incendiée en octobre lors de manifestations - Mohammadi a été transférée à la prison de Shahr-e Ray, connue sous le nom de Qarchak. "La prison de Qarchak est notoirement connue pour le traitement inhumain des prisonniers, la torture, les abus et les violations des droits", avertit la Coalition des femmes journalistes (CFWIJ). Mohammadi partage une cellule avec sa collègue journaliste iranienne Alieh Motalebzadeh.
Amnesty International a dénoncé les actes de torture et les mauvais traitements infligés à Mohammadi, qui a été condamné à dix ans et huit mois de prison et à 154 coups de fouet en janvier. Le journaliste, qui souffre de problèmes cardiaques, n'a pas reçu d'attention médicale ni de traitement adéquat en prison. Les autorités ont également refusé à Mohammadi la possibilité de recevoir la visite de ses enfants.
Sepideh Gholian, la voix des femmes iraniennes en prison
Une autre femme iranienne emprisonnée pour avoir dénoncé la situation dans le pays est Sepideh Gholian, un écrivain de 27 ans qui a décrit les tortures et les abus auxquels les femmes sont confrontées dans les prisons du pays. Les passages à tabac, les humiliations, les menaces, les insultes et les interrogatoires de plus de 24 heures sont quelques-unes des méthodes utilisées par les autorités contre Gholian, a-t-elle déclaré à Amnesty International.
Gholian est actuellement détenue dans une prison éloignée de son domicile, malgré les supplications de sa famille. Selon Iran Wire, il s'agit d'une tactique couramment employée par le pouvoir judiciaire pour accentuer la pression sur les "prisonniers de conscience".
Niloufar Bayani, emprisonnée pour son action en faveur de l'environnement
Les autorités iraniennes emprisonnent non seulement les femmes qui critiquent ouvertement le régime, mais aussi celles qui exercent leur activité en dehors de la politique. C'est le cas de Niloufar Bayani, une chercheuse en environnement spécialisée dans la conservation de la faune et de la flore. En 2018, Bayani a été arrêté avec d'autres chercheurs pour avoir utilisé des caméras pour suivre des espèces en voie de disparition. Bien que Bayani et son groupe ne voulaient que surveiller le guépard asiatique, les autorités les ont accusés d'espionnage et de collecte d'informations classifiées sur des zones stratégiquement sensibles.
Bayani, qui a été condamnée à dix ans de prison, a déclaré à la BBC qu'après son arrestation, les gardiens de la révolution lui ont fait subir "les plus graves tortures mentales, émotionnelles et physiques, ainsi que des menaces sexuelles pendant au moins 1 200 heures".
La grimpeuse Elnaz Rikabi défie le régime en concourant sans hijab
En octobre, au milieu des protestations suscitées par la mort d'Amini, l'alpiniste iranienne Elnaz Rikabi participait à un championnat asiatique en Corée du Sud. Bien que se trouvant à des milliers de kilomètres de son pays d'origine, elle a trouvé le moyen d'exprimer son soutien aux manifestants.
Comme les femmes en Iran, Rikabi a retiré son hijab et a choisi de concourir sans lui en signe de protestation contre la mort d'Amini. Les images ont fait le tour du monde et les médias sociaux ont salué le courage de l'alpiniste, qui a été accueillie par une foule à son arrivée à l'aéroport de Téhéran. Cependant, avec son arrivée dans le pays, la crainte de représailles éventuelles de la part du régime a commencé à grandir.
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Quelques jours plus tard, lors d'une interview à la télévision d'État, Rikabi s'est excusée publiquement de ne pas porter le foulard islamique, affirmant qu'elle l'avait laissé tomber "par inadvertance". Cependant, des sources ont déclaré au service persan de la BBC que son interview était une confession forcée, une méthode récurrente pour le régime.
Malgré ces excuses, les médias britanniques ont rapporté il y a quelques jours que la maison familiale de Rikabi a été démolie par les autorités en guise de vengeance pour l'acte héroïque de Rikabi.
Zahra Amir-Ebrahimi, la protestation par le cinéma
Les dénonciations contre le régime des ayatollahs viennent aussi du monde du cinéma. Zahra Amir-Ebrahimi, une actrice iranienne exilée en France, est devenue l'un des visages les plus visibles de la lutte des femmes en Iran.
Amir-Ebrahimi a été la première Iranienne à remporter le prix de la meilleure actrice à Cannes pour sa performance dans "Holy Spider", un film basé sur l'histoire vraie d'un tueur en série qui tuait des prostituées en Iran pour, selon lui, "éradiquer le mal".
L'actrice, qui joue le rôle d'une journaliste enquêtant sur les féminicides, a déclaré lors du festival du film que "la société iranienne changera grâce aux femmes", ce qui explique, selon Amir-Ebrahimi, que "le gouvernement et les hommes ont tellement peur des femmes", comme le rapporte Euronews.
D'autres actrices iraniennes ont exprimé leur soutien aux protestations et aux manifestants, comme Golshifteh Farahani, qui a interprété la chanson "Baraye" avec Coldplay lors d'un concert en Argentine ; Nazanin Boniadi, connue pour ses rôles dans "Homeland", "How I Met Your Mother" et "The Rings of Power" ; et Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi, toutes deux arrêtées en novembre dernier.
Nazanin Zaghari-Ratcliffe, accusée de conspirer contre le régime
En 2016, la vie de la britannico-iranienne Nazanin Zaghari-Ratcliffe a été bouleversée. Peu avant d'embarquer dans un avion à destination du Royaume-Uni, Zaghari-Ratcliffe a été arrêtée par les autorités iraniennes à l'aéroport de Téhéran, où elle s'était rendue pour rendre visite à sa famille.
Zaghari-Ratcliffe a été condamnée à cinq ans de prison pour conspiration en vue de renverser le régime iranien. Après avoir purgé sa peine, elle a été condamnée à un an de prison supplémentaire pour avoir diffusé de la "propagande contre le système". Zaghari-Ratcliffe, bien qu'étant à moitié britannique, n'a pas pu recevoir d'assistance consulaire car Téhéran ne reconnaît pas la double nationalité.
Le Gouvernement britannique a fait pression sur Téhéran pour qu'elle soit libérée, affirmant que sa détention était "arbitraire" et qu'il s'agissait de "représailles diplomatiques". L'affaire serait liée à une dette historique du Royaume-Uni envers l'Iran, évaluée à quelque 523 millions de dollars.
Finalement, grâce aux efforts diplomatiques, Zaghari-Ratcliffe a pu rentrer chez elle en même temps qu'Anoosheh Ashoori, un autre citoyen irano-britannique accusé d'espionnage.
Roya Piraie : "Je n'avais pas de larmes, pas de mots, juste de la colère qui brûlait en moi"
167. C'est le nombre de balles retrouvées dans le corps sans vie de la mère de Roya Piraie. "Ma mère a été tuée à bout portant. Elle participait à une manifestation pacifique", a déclaré la jeune femme de 25 ans lors d'une émission de France Inter à l'Élysée sur les manifestations en Iran, à laquelle assistait le président français Emmanuel Macron.
Minoo Majidi, sa mère, avait 62 ans et vivait à Kermanshah, la plus grande ville kurdophone d'Iran. Piraie se souvient que sa mère lui cachait son intention de manifester, craignant qu'elle n'insiste pour l'accompagner. Son père, quant à lui, a essayé de la convaincre de ne pas descendre dans la rue. "Si je n'y vais pas, qui défendra l'avenir de nos enfants ?", a demandé Majidi à son mari.
Piraie décrit également le moment où elle a appris la mort de sa mère. "Je n'avais pas de larmes, pas de mots, juste de la colère qui brûlait en moi", a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision française.
Cette colère et ce désespoir ont duré jusqu'au jour des funérailles, lorsque Piraie a pris une paire de ciseaux et a décidé de se couper les cheveux, autre symbole des protestations. La photo de Piraie sur la tombe de sa mère, les cheveux à la main, est rapidement devenue virale sur les médias sociaux, devenant l'une des images les plus significatives de la révolution.
Ces femmes ne sont qu'un échantillon visible des milliers et des milliers de personnes qui risquent leur vie chaque jour en luttant pour leur liberté ou pour survivre en prison dans des conditions inhumaines, comme c'est le cas de Leila Hassanzadeh, Elham Afkari, Mahvash Sabet ou Fariba Kamalabadi.
Alors que Hassanzadeh est en prison et risque de perdre la vue, Afkari est en grève de la faim depuis 8 jours, également en prison. Afkari a été arrêtée en novembre dernier avec son mari devant leur petite fille, l'un de ses frères - Vahid - est en isolement depuis deux ans, tandis que l'autre a été tué par le régime.
En outre, après dix ans de prison, Sabet et Kamalabadi - dirigeants d'un conseil qui administre les affaires de la communauté bahá'íe - sont de nouveau condamnés à dix ans de prison supplémentaires.
En plus de ceux mentionnés ci-dessus, on pourrait également ajouter d'autres personnes qui, malheureusement, ne peuvent plus protester, comme Hadis Najafi, Nika Shakarami ou Sarina Esmailzadeh.
Comme on peut le constater, le rôle des femmes devient extrêmement pertinent. Cependant, il est également nécessaire de souligner le soutien important des hommes iraniens qui, depuis le début, se sont impliqués, luttant aux côtés des femmes, qu'ils protègent et soutiennent. Comme l'explique Dehnavi, "les hommes sont également fatigués du fondamentalisme, il est donc normal qu'ils descendent dans la rue aux côtés des femmes".
Sheermohammadi se souvient qu'un de ses amis, aujourd'hui détenu, a été l'un des premiers à se rendre à l'hôpital d'Amini pour protester. "Ils se sont rendu compte que dans cette société, s'ils ont tout et qu'ils ne l'ont pas, les choses ne fonctionnent pas", ajoute-t-il.
"Chaque exécution alimente la protestation"
Majid Reza Rahnavard et Mohsen Shekari, tous deux âgés de 23 ans, sont les premiers Iraniens à être exécutés en public pour leur participation aux manifestations. Cependant, ils ne sont peut-être pas les seuls. Les autorités ont condamné plus de 10 personnes à mort et, selon Amnesty International, au moins 28 risquent d'être exécutées.
Afin de les défendre et d'empêcher leur assassinat, de nombreux hommes politiques européens ont commencé à "parrainer" les condamnés à mort. En fait, ils suivent leur situation au quotidien et envoient des lettres aux ambassades d'Iran pour faire suspendre leur peine.
Malgré la situation critique et les exécutions, les manifestations n'ont pas cessé. "Chaque exécution alimente la protestation", dit Dehnavi. Nowroozi partage cet avis et note que "les citoyens ne pardonnent pas et n'oublient pas tous ceux qui ont été tués".
Comme l'explique l'analyste Daniel Bashandeh, avec ces exécutions, les autorités veulent "créer un impact psychologique". Non seulement le régime rend les exécutions publiques, mais il est allé jusqu'à diffuser des images des derniers moments de la vie de l'une des personnes tuées. Toutefois, "le mur de la peur a déjà été abattu par les manifestants", souligne Bashandeh.
Les exécutions publiques n'ont pas empêché les Iraniens de dénoncer la répression et l'injustice. Malgré la terreur répandue par les autorités, il n'y a pas de retour en arrière, la révolution iranienne reste plus forte que jamais et pleine d'espoir de changement.
Il y a des années, la ville d'Oran est devenue célèbre en tant que point de passage dans le bassin méditerranéen parmi les réseaux d'immigrants et les rêveurs d'atteindre les rivages européens,
AFP/ FETHI BELAID - Des piles de bateaux de migrants capturés dans le port de la ville de Sfax, dans le centre de la Tunisie, le 4 octobre 2022
Alors que les conditions sociales, économiques et politiques sont des indicateurs forts pour l'émergence d'un grand nombre de migrants clandestins, les crises politiques provenant de la Syrie et des pays du Golfe ont transformé la Syrie en un réservoir de migrants désireux de rejoindre l'Europe en quête d'un avenir meilleur. Des personnes de toutes origines raciales et ethniques se rassemblent dans le pays algérien qui, malgré la distance considérable qui les sépare de l'Europe, n'abandonnent pas leur quête pour atteindre les rivages européens, quel que soit le coût du voyage.
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Les côtes d'Oran, deuxième ville d'Algérie après Alger, continuent d'être une destination privilégiée des réseaux d'immigration clandestine, pour des raisons d'opinions divergentes entre ceux qui attribuent cela au rapprochement maroco-espagnol de ces derniers mois, qui a permis aux deux gouvernements d'intensifier leurs efforts de lutte contre le phénomène, entraînant un biais en faveur d'Oran parmi les intéressés, et ceux qui l'attribuent à l'hypothèse des facilités et de l'influence des groupes de pression liés à la gestion de la sécurité et du contrôle maritime.
La ville algérienne d'Oran est devenue une destination privilégiée pour les convois clandestins de migrants en provenance des pays du Moyen-Orient et d'Afrique vers les côtes européennes, ce qui en a fait l'un des points de rencontre les plus importants pour les migrants et les organisations criminelles chargées du trafic d'êtres humains, provenant principalement des pays du Sahel et du Sahara ainsi que de nations telles que le Liban, la Syrie et le Yémen. Face à cette situation, les autorités algériennes développent différentes méthodes de contrôle et de dissuasion pour éviter que la situation ne s'aggrave sur le plan sanitaire et sécuritaire.
La situation humanitaire et politique dans des États tels que la Syrie et la Palestine est le plus grand casse-tête du gouvernement algérien. La situation, qui était déjà grave avant que la guerre n'éclate, est devenue un problème difficile à résoudre car il leur est très difficile de faire la distinction entre ceux qui fuient l'enfer de la guerre civile et ceux qui utilisent leur terre comme point de transit vers l'Europe. Le journaliste et militant des droits de l'homme Saeed Boudour estime que "la difficulté de contrôler les frontières terrestres du sud a permis aux réseaux de contrebande de devenir plus actifs".
Ces personnes restent un nombre limité dans les statistiques de la migration clandestine à travers les côtes algériennes, mais cela reste une découverte préliminaire pour les rêveurs arabes d'atteindre la Méditerranée du Nord, après que d'autres issues leur aient été bloquées, et il n'est pas exclu que leur nombre augmente à l'avenir avec l'expansion de la notoriété de la ville d'Oran comme destination "brûlante" dans la région. Le qualificatif de "rapide" dans la littérature des réseaux de migration actifs dans le pays et dans la ville d'Oran en particulier est donné au navire avancé qui peut livrer ses clients en à peine deux heures.
De plus, la sécurisation du trajet face aux poursuites sécuritaires indique que, dans l'implication, il y a plus d'une partie prenante et bénéficiaire dans cette activité. Les migrants clandestins des pays arabes parcourent souvent de longues distances jusqu'à la côte algérienne d'Oran et dépensent beaucoup d'argent, car ils sont la cible de réseaux d'immigration actifs dans les pays qu'ils traversent. Ils exploitent souvent la situation humanitaire et politique de leur pays comme une carte pour sympathiser avec les services de sécurité algériens, mais il est frappant de constater que le refuge auquel ils aspirent n'est pas en Algérie, mais en Europe.
La France a rétabli avec l’Algérie une relation consulaire normale, a annoncé Gérald Darmanin. « Depuis lundi [12 décembre], nous avons repris (…) une relation consulaire normale telle qu’elle existait avant l’épidémie du Covid-19, notamment dans les relations sur les visas », a déclaré le ministre de l’intérieur dans une vidéo postée dimanche 18 décembre sur son compte Twitter après avoir rencontré, en Algérie, son homologue.
En septembre 2021, la France avait décidé de restreindre la délivrance de visas en Algérie, au Maroc et en Tunisie, afin d’inciter ces pays à faire des efforts en matière de coopération et de lutte contre l’immigration illégale. Le taux de refus avait atteint 30 % pour la Tunisie, et 50 % pour le Maroc et l’Algérie.
Par cette mesure de réduction des visas, Paris entendait faire pression sur ces pays pour qu’ils acceptent d’accueillir leurs ressortissants expulsés de France.
La Tunisie a été le premier pays avec lequel Paris a rétabli sa relation consulaire au niveau d’avant Covid-19. Au ministère de l’intérieur français, on avait alors expliqué qu’il était le premier à avoir levé les tests sanitaires demandés pour pouvoir entrer sur le territoire. Dès le départ, il était prévu que le dispositif de réduction du nombre de visas délivrés par la France aux ressortissants de trois pays du Maghreb pouvait être revu en fonction des « efforts » accomplis.
« Partenariat fraternel »
Vendredi, la ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna, a fait le déplacement à Rabat pour annoncer la normalisation de la relation consulaire avec le Maroc, et comme pour l’Algérie, avec une application depuis « lundi [12 décembre] ». Mme Colonna était venue préparer la visite d’Etat du président français, Emmanuel Macron, prévue « au premier trimestre 2023 ». Elle a fait valoir que la France souhaitait « être dans une relation de partenariat exemplaire avec le Maroc, un partenariat d’exception, fraternel et moderne ». Elle a insisté, en outre, sur la nécessité de s’adapter aux « attentes légitimes » du Maroc, qui entend jouer un rôle majeur en Méditerranée et en Afrique.
Pour sa part, M. Darmanin a fait valoir que son entretien avec son homologue algérien était « important », car, a-t-il dit, « cela permet à la France de continuer de montrer sa grande volonté de coopération à la suite des échanges qui ont eu lieu entre le président [Abdelmadjid] Tebboune et le président [Emmanuel] Macron ». Il a cité « la coopération en termes de sécurité, la sécurité civile » et, plus globalement, « les échanges entre les deux pays ». Il a vanté une « relation extrêmement forte » entre La France et l’Algérie.
Paris et Alger avaient retrouvé le chemin d’un réchauffement de leurs relations à l’occasion d’un déplacement de M. Macron en août. Les deux chefs d’Etat avaient alors signé une déclaration commune sur une relance de leur coopération. En octobre, c’est la première ministre française, Elisabeth Borne, accompagnée d’une quinzaine de ministres, qui s’était rendue à Alger pour sceller la réconciliation des deux pays.
Comme l’Arabe dans L’Étranger d’Albert Camus, l’écrivain et cinéaste italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975) fut lâchement assassiné sur une plage de la Méditerranée. Le natif de Bologne venait alors d’achever le tournage de Salò o le 120 giornate di Sodoma (Salò ou les 120 journées de Sodome) et envisageait de s’installer définitivement au Maroc. Préoccupé par l’achèvement de Pétrole, roman qu’on soupçonne d’être la cause de son assassinat, Pasolini se dirigea vers des horizons mentaux, poétiques et politiques qui l’éloignèrent totalement du monde romano-chrétien et d’une Europe qui, selon lui, avait perdu le sens du sacré. Sa rupture devint également totale avec les idéologies établies et émergentes (communisme, féminisme, mouvement de Mai 68, etc.), et le modèle de l’intellectuel progressiste, qui selon lui « accepte la démocratie sociale que lui impose le pouvoir » » uniquement pour exploiter les gens du peuple dans le but de mettre en place de nouveaux fascismes totalitaires se basant sur une société de consommation et de divertissement.
Ainsi, en écartant le progressisme de gauche et le développement de droite, Pasolini voulait se rattacher à un autre horizon civilisationnel dans lequel il trouvait le salut du monde moderne. Après la défaite arabe de juin 1967 face à Israël, il écrit :
Je jure par le Coran que j’aime les Arabes presque autant que ma mère. Je négocie actuellement l’achat d’une maison au Maroc et j’envisage d’aller vivre dans ce pays. Peut-être qu’aucun de mes amis communistes ne commettrait un pareil acte à cause d’une détestation ancienne, enracinée et inavouée à l’encontre des prolétaires opprimés et des pauvres…
Le pacte que Pasolini conclut avec les Arabes, en jurant sur leur livre sacré, peut être compris comme une sorte de nostalgie à son enfance misérable dans laquelle l’image de la langue maternelle est fortement présente. On lit dans un recueil de poèmes publié en dialecte frioulan (sa langue maternelle) en 1954 un poème intitulé « L’Alliance coranique » :
[...] À seize ans J’avais un cœur rugueux et inquiet des yeux comme des roses incandescentes et des cheveux comme ceux de ma mère […]
Pourquoi le turbulent garçon chercha-t-il refuge auprès des ennemis de Dante en les préférant aux Grecs ? Comment fit-il de son œuvre cinématographique une allusion archéologique et onirique dans les contrées arabes ? Et que cherchait-il ainsi nu lors de ce pèlerinage tragique qui le conduisit à la mort ?
LES IONIENS ET LES GRECS
Contrairement à ce que suggèrent certaines études postcoloniales, Pasolini n’aborda pas les contes et les spécificités arabes uniquement parce qu’il s’agissait d’un domaine vierge, épargné par les outils de la modernisation et des stratégies néolibérales, mais parce que ce monde constituait pour lui l’autre absolu, une forteresse éthique et esthétique exceptionnelle des opprimés du pourtour de la Méditerranée. C’est ainsi que Pasolini distingua entre les Ioniens et les Grecs, tout comme les Arabes l’avaient fait avant lui, et manifesta son penchant pour le mythe arabe. Il déclare dans une interview radiophonique :
Je ne me suis pas intéressé à la mythologie grecque parce qu’elle était devenue d’une certaine façon celle d’une classe, et je ne parle pas ici de l’époque de Sophocle […] Quant à la mythologie arabe, elle est restée populaire sans devenir l’expression culturelle d’une quelconque classe dominante. En guise d’exemple, on ne trouverait pas un Jean Racine arabe…
Cette déclaration est une critique évidente de ce qu’il qualifie comme la mainmise d’une classe sur un patrimoine commun. Les mythes arabes sont restés oralement diffusés auprès du grand public, contrairement à la mythologie grecque, monopolisée par la bourgeoisie occidentale qui l’enferma dans les académies, les opéras, les théâtres et les romans.
Pasolini réduisit la distance entre les mondes antique et moderne à travers le cinéma comme une sorte de « traduction par l’image », une sous-traduction des corps, des sentiments et des conflits, éparpillant les lieux et les temps, manipulant les cartes du nord méditerranéen et du sud. Ainsi il tourna Jérusalem à Matera, Athènes à Ouarzazate, la Thessalie à Alep, Florence à Sanaa… Entre 1963 et 1969, au sein de ce que nous appelons ici la trilogie tragique arabo-grecque, Pasolini voyagea d’abord en Palestine et en Jordanie à la recherche de décors pour tourner L’Évangile selon Saint Matthieu (1964), sans trouver ce qu’il cherchait. Les colonies sionistes avaient couvert la mémoire du Christ et entamé l’effacement des traces de sainteté et de la pauvreté du temps du Nouveau Testament.
Des années plus tard, Pasolini partit pour le Maroc pour réaliser son film Œdipe Roi (1967). Dans une interview avec Alberto Arbasino, il déclare :
Le tournage d’Œdipe a eu lieu au fin fond du Maroc, un pays doté d’une architecture millénaire et ravissante, sans lampadaires et donc sans tous les tracas du tournage de L’Évangile selon Saint Matthieu en Italie. Bien sûr, tout cela avec des roses et une nature verte et merveilleuse, et les amazighs ont le teint presque blanc, mais ils sont « des extra-terrestres », anciens, comme c’est le cas du mythe d’Œdipe chez les Grecs…
Selon Pasolini, l’ancrage des mythes anciens n’est plus possible dans le paysage contemporain de l’Occident dont la splendeur du passé ne s’accorde pas avec le nouveau visage de l’Occident capitaliste, pas dans la langue de ses peuples imprégnés de mode, ni dans sa pâle métropole de béton. Même son rapport au cinéma est devenu celui du spectacle, pas un moteur culturel révolutionnaire pour les peuples.
Dans le film Médée (1969), Maria Callas, la célèbre cantatrice d’Opéra apparaît dans le rôle de la magicienne grecque et se venge de son mari infidèle en tuant leur propre progéniture. En demandant à Callas de jouer ce rôle, le geste de Pasolini est loin d’être innocent et gratuit. Il dépouilla la star gréco-américaine évoluant dans les milieux bourgeois de la modernité et la revêtit des attraits du désert : élégante et stricte en robes brodées, parfois simples et parfois sublimes, comme si elle était la reine de Saba, itinérant dans la section hellénistique de la citadelle d’Alep. En 1971, Pasolini travailla sur le livre Le Décaméron de Giovanni Boccace, et envisagea à nouveau de le tourner loin de l’Europe, entre le Yémen et Naples. Pasolini dit :
Lorsque j’étais en train de tourner des scènes du Décaméron au Yémen, l’idée des Mille et une nuits m’est venue, une idée complètement abstraite […] Au Yémen, on sent un souffle très profond de fantaisie vous venir de cet urbanisme étonnant […] Une fois rentré, je me suis mis à lire très attentivement Les Mille et une nuits. Ce qui m’a le plus attiré dans ma lecture, c’était la complexité des contes, leur imbrication les uns dans les autres, la capacité infinie de narration, raconter pour raconter, et s’arrêter à chaque fois sur un détail surprenant et l’atteinte du paroxysme de l’envie de raconter, et puis l’absence d’une fin quelconque…
VOYAGES D’HIVER ET D’ÉTÉ
À la lisière entre l’alphabet et l’image, Pasolini créa ce que l’on peut considérer comme un genre documentaire particulier appelé « notes ». Ce genre s’appuie sur un scénario devenu un point de tension où se heurtent le système des lettres et le système cinématographique, et le conflit s’intensifie entre la stylistique de la littérature et le scénario en tant que document interstitiel et esthétique, renvoyant à la trame cinématographique. Un scénario, selon Pasolini, est une structure qui renvoie à une autre. Nous pouvons classer un ensemble de ses œuvres dans cette perspective, y compris Un Voyage en Palestine (1964), Notes pour un film sur l’Inde (1968), Notes pour un poème sur le tiers-monde (1968), Carnets de notes pour une Orestie africaine (1970), Les Murs de Sanaa (1971), et également La Rage (1963) et Enquête sur la sexualité (Comizi d’amore) (1964) qui sont plus proches de la documentation d’archives et le dialogue, bien que le ton adopté par le premier s’apparente à un communiqué protestataire et polémique ponctué d’une poésie tendue et acérée.
Dans son court métrage documentaire Les Murs de Sanaa, achevé en une journée, alors qu’il tournait Le Décaméron, Pasolini réitère ses piques contre la modernité et l’urbanisation industrielle. Avec une simplicité limpide et acerbe que certains lui reprochent de ne pas l’avoir fait à propos de la géographie sacrée de Jérusalem, il célébra une civilisation immémoriale craignant pour sa disparition. Dans son commentaire audio sur les scènes de Sanaa et des machines de l’entreprise chinoise pénétrant dans son désert, annonçant une modernisation supposée, il déclare :
On ne peut plus, à présent, sauver l’Italie, mais le sauvetage du Yémen est encore possible […] Nous exhortons l’Unesco à secourir le Yémen et le préserver de la destruction qui a en fait commencé avec les murs de Sanaa. Nous lui demandons d’aider le peuple du Yémen à sauvegarder son identité qui est d’une valeur inestimable […] Nous l’invitons à chercher le moyen de faire prendre conscience à cette nouvelle nation que sa patrie est une des merveilles de l’humanité et de la protéger pour qu’elle reste telle quelle. Nous l’appelons avant qu’il ne soit trop tard, à convaincre les classes dirigeantes que l’unique trésor du Yémen est sa beauté […] au nom des gens simples qui sont restés purs du fait de la pauvreté, au nom de la grâce d’antan fois, au nom de la grande puissance révolutionnaire du passé.
De l’Inde qu’il visita en compagnie de son ami intime Alberto Moravia, Pasolini se rendit ensuite en Palestine et au Yémen. Il explora également les gorges de l’Ouganda et de la Tanzanie où il tenta de donner une version africaine des tragédies d’Eschyle. En Palestine, le latin qu’il était semblait déchirer entre deux pauvretés : la pauvreté des Juifs dépêchés par le sionisme, faisant d’eux les zombies du récent État militaire, et la pauvreté des Palestiniens vaincus, aux traits bédouins flétris, et des oreilles sourdes à l’appel de la révolution. Pasolini n’est pas resté neutre, comme certains l’ont cru, mais il chargea son recueil Poèmes en forme de rose d’exprimer son opinion complexe et ambiguë. Entrant dans la peau d’un juif immigré, il dit :
Retourne, oh retourne à ton Europe En me mettant à ta place Je ressens ton désir que tu ne ressens pas.
Pasolini n’aimait pas les Arabes de son temps, et sans les favoriser non plus idéologiquement aux dépens des juifs, il trouva des affinités avec eux à travers leur civilisation passée si étrangère à la révolution industrielle. C’est pourquoi il défendit cette civilisation dans aspect féodal et médiéval, au point qu’il déclara un jour, en marge d’une activité cinématographique à Poitiers, qu’il voulait la victoire des musulmans à la Bataille du Pavé des Martyrs (732 apr. J.-C.) sur les armées de Charles Martel, c’est-à-dire que Pasolini regrettait que les Arabes n’aient pas étendu leur influence sur toute l’Europe, une position adoptée par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche.
Quant à Notes pour un poème sur le tiers-monde (1968), il resta un projet inachevé. Pasolini voulut que ce film hybride, situé entre documentaire et fiction, qu’il fût une œuvre transcontinentale, des religions et de la faim de l’Inde au choc de l’argent et des races en Afrique noire, en passant par le nationalisme et la bourgeoisie dans le monde arabe, puis la guérilla en Amérique du Sud, finissant par l’exclusion et de la violence au sein des ghettos noirs aux États-Unis. Les événements du film commencent et se terminent dans le désert du Sinaï, après la guerre israélo-arabe de juin 1967. Dans un vide rempli de fer et de feu, parmi les chars et les avions détruits, s’entassent des milliers de cadavres en lambeaux. Ce sont les corps des Arabes après le désastre. La caméra s’approche d’un cadavre et le corps commence à ressusciter. C’est le corps d’un jeune homme que Pasolini nomma Ahmed. Le jeune homme semble dormir, puis il se réveille, prêt pour la conversation. Pasolini choisit Assi Dayan, fils de Moshe Dayan, chef d’état-major général israélien, pour jouer le rôle de l’Arabe. Dans le même film, l’arabe et l’hébreu se superposent, les terres occupées transformées par le pouvoir colonial en État industriel, se superposent aussi aux villages de bédouins marginalisés et dévorés par le désir de vengeance. Le corps d’Ahmed, et par la même occasion celui d’Assi Dayan, revient à son état premier : amputé et couvert d’ecchymoses et de coupures. À ce titre, Pasolini voulut condamner toutes les formes de patriotisme qui privent les jeunes de vie et d’avenir pour des raisons historiques et idéologiques…
À PROPOS D’UN SAINT DONT PERSONNE N’ATTEND LE RETOUR
Jusqu’à ses derniers jours, Pier Paolo Pasolini continua à rechercher la sainteté dans le style et la justice dans l’existence par l’intermédiaire de la littérature et du cinéma, et ses positions décisives qui sont indivisibles et interprétatives. Refusant toute forme d’intelligentsia, l’auteur de la Divine Mimésis (1975), malgré les menaces et les poursuites judiciaires, ne cessa de pointer du doigt les failles du progressisme et les dangers du capitalisme. Il aborde également, dans des articles polémiques publiés par le journal milanais Corriere della Sera au début des années 1970, ce qu’il trouvait dans un recul moral et éthique de la société italienne : il s’en prit à la mode des cheveux longs, des jeans, à l’avortement et au divorce. Loin des tentatives contemporaines de le kidnapper et d’en faire une icône publicitaire de l’homosexualité, de la débauche bon marché et des constructions artistiques faciles, Pasolini est fidèle au matérialisme de la réalité dans la brutalité de ses rancunes et de ses querelles, c’est-à-dire dans sa dialectique créative amère, et ne s’empêche pas de dénoncer les illusions de liberté. Le Décaméron est basé sur l’éloge d’Éros, pas sur le sexe et l’hilarité. Pasolini dit : « J’ai réalisé tous ces films pour critiquer indirectement l’époque actuelle, cette époque industrielle et de consommation que je n’aime pas. »
Après Le Décaméron (1971) et Les Contes de Canterbury (1972), Pasolini conclut sa trilogie de la vie avec La Rose des mille et une nuits (1974), un film qui consacre sa fascination pour les contes arabes. Il y emploie un récit graphique plein d’érotisme et de poésie, dans des scènes grandioses des collines, d’habits et de corps naïfs trahis. Pourtant, quelques mois avant sa mort, il renia cette trilogie de la vie, et inaugura le début de la trilogie de la mort. Avec Salò ou les 120 journées de Sodome (1975), Pasolini plaça l’horreur de l’univers du marquis du Sade au centre du conflit intellectuel et politique avec la démocratie chrétienne en Italie, l’accusant de s’allier à la mafia, et de laver le cerveau des citoyens en utilisant la télévision comme arme divulguant la banalité et l’asservissement.
Pasolini se retira dans un château médiéval, dans la région de Tosha, pour terminer son roman Pétrole (1975). Le texte comprenait un chapitre intitulé « Lumières sur l’Agence nationale des hydrocarbures (ENI) », dans lequel il évoquait les coulisses du meurtre de son directeur, Enrico Mattei, et énumérait même les noms de responsables politiques impliqués dans la corruption. Après avoir été assassiné dans la nuit du 2 novembre 1975, le chapitre connu du manuscrit du roman a été perdu, et lui-même fut retrouvé mutilé comme le corps de l’Arabe Ahmed après la déroute de juin 1967.
Après avoir été placés en détention pour appartenance à une « organisation terroriste » ou « atteinte à l’unité nationale », plus d’une centaine de militants ont été libérés cet automne. Après des mois de tension, l’opposition s’en réjouit .
Abdenour Abdesselam, 70 ans, libéré le 14 novembre 2022 après quatorze mois de détention, blanchi de toutes les accusations portées contre lui, au micro de Berbère Télévision (capture d’écran)
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Le lundi 14 novembre, une quarantaine de détenus politiques, issus essentiellement de Kabylie (centre de l’Algérie), ont été libérés après plusieurs mois de détention.
Après un procès qui a duré près de 24 heures, le tribunal de Dar el-Beïda (Alger) a prononcé à l’encontre des 49 prévenus des peines allant de la relaxe jusqu’à dix-huit mois de prison, une condamnation qui couvre largement la durée de la détention provisoire de beaucoup d’entre eux. Une autre vague de détenus a été libérée début décembre.
L’ensemble de ces détenus étaient accusés d’atteinte « à l’unité nationale », d’appartenance « à une organisation terroriste » et de « diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale », des accusations récurrentes dans quasiment tous les procès liés au hirak, le mouvement de contestation qui a poussé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à quitter le pouvoir en 2019.
Parmi ces détenus, certains sont connus du grand public, à l’image de l’écrivain Abdenour Abdesselam, relaxé après quatorze mois de détention.
Un des plus importants dirigeants d’un mouvement indépendantiste en Kabylie, Bouaziz Aït-Chebib, a été condamné, lui, à dix-huit mois de prison dont quatre ferme. Il a été condamné, une seconde fois, le 8 décembre à deux ans de prison.
Il était l’un des principaux responsables du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) – déclaré « groupe terroriste » par l’Algérie et dont le principal dirigeant, Ferhat Mehenni, réfugié politique en France, est condamné à la prison à perpétuité – avant de quitter cette organisation en 2018 pour créer un autre groupe indépendantiste, Akal, auto-dissout à l’été 2021.
Politique de « main tendue »
Intervenues dans le sillage d’une série d’autres libérations de détenus du hirak, ces remises en liberté suscitent des interrogations sur l’intention des autorités.
S’agit-il d’une volonté d’apaiser la situation dans le pays après des mois de tension ? Ou de la mise en œuvre de la politique de « main tendue » lancée au début de l’été par le président Abdelmadjid Tebboune, qui visait notamment à créer un climat d’apaisement dans le pays ?
Pour les juristes et défenseurs des droits de l’homme contactés par Middle East Eye, ces libérations « confirment que les dossiers de ces détenus étaient vides ».
« Les autorités algériennes ont voulu terroriser la société en accusant les militants d’être des ‘’terroristes’’ et en mettant un maximum d’activistes en prison afin de faire cesser le hirak »
- Hamid Ghoumrassa, journaliste politique
« Ces détenus ont été mis en prison pour leurs opinions, en violation de la Constitution qui garantit le droit à la libre expression », explique à MEE Hakim Saheb, avocat et militant des droits de l’homme.
La préoccupation des autorités de renvoyer une bonne image à l’extérieur du pays, d’autant que l’Algérie est désormais membre du bureau exécutif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pourrait être une autre explication.
« Les autorités algériennes ont voulu terroriser la société en accusant les militants d’être des ‘’terroristes’’ et en mettant un maximum d’activistes en prison afin de faire cesser le hirak », estime pour sa part le journaliste politique Hamid Ghoumrassa, contacté par MEE. « Et dès que le risque de nouvelles manifestations s’est atténué », les dirigeants du pays « ont commencé à relâcher » certains détenus.
Les autorités n’ont pas commenté ces opérations de libération. Les médias officiels et les chaînes de télévision privées, habitués à communiquer sur le moindre fait et geste des institutions de l’État, ont ignoré l’événement, qui n’a été rapporté que par quelques médias étrangers, notamment au journal de France 24.
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La seule réponse à ces questions pourrait avoir été donnée, fin juillet, par le président Tebboune.
Interrogé sur le sens de sa politique de « rassemblement » annoncée au début de l’été sans que la présidence ne lui donne des contours concrets, il a répondu que cette politique existait « depuis longtemps » et consistait notamment à libérer quelques détenus.
Mais jusqu’alors, seule une quarantaine de prisonniers, arrêtés en 2020 et 2021 pour avoir voulu reprendre les manifestations populaires du hirak, stoppées en 2020 pour cause de pandémie, avaient été libérés.
Procès en série
Puis, durant le mois d’octobre, les différents tribunaux du pays ont organisé des procès en série qui ont abouti à la libération de la quasi-totalité des personnes jugées.
Ainsi, le 19 octobre, le journaliste Mohamed Mouloudj et huit autres personnes ont été libérés, tous accusés initialement d’appartenance au MAK.
Comme dans les autres procès du même genre, le tribunal prononce souvent des peines couvrant la période de détention provisoire. Plus que cela, les accusations d’« appartenance à un groupe terroriste » ont été levées, selon plusieurs témoins et des détenus qui se sont confiés sous couvert d’anonymat à MEE.
Il s’agit dans la plupart des cas d’anciens sympathisants du MAK ou de simples citoyens ayant partagé les discours de militants sur les réseaux sociaux.
Les images des retrouvailles entre ces anciens détenus et leurs familles, partagées sur les réseaux sociaux, ont ému les internautes.
Elles ont montré la joie des proches, mais également les conséquences parfois dévastatrices de la détention sur certains détenus, à l’image de Razik Zouaoui, qui dit avoir perdu plus de 50 kg en quatorze mois de prison. Ce qui ne l’a pas empêché de déclarer sa volonté de rester « fidèle » à ses « convictions ».
« J’ai payé mon engagement pour ma langue [kabyle] par quatorze mois de détention. Mais cela me donne plus de force pour continuer », a affirmé Abdenour Abdesselam, 70 ans, relaxé après avoir été blanchi de toutes les accusations portées contre lui.
Critiques au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Fait remarquable, ces libérations sont intervenues à un moment où le Conseil des droits de l’homme des Nations unies interpelait le gouvernement algérien sur la question des détenus politiques.
Lors de l’examen périodique du Conseil, le 11 novembre à Genève (Suisse), plusieurs pays ont demandé à l’Algérie de « cesser de harceler les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme » et « les militants politiques ».
Le représentant des États-Unis a par exemple demandé aux autorités algériennes d’abroger les amendements de l’article 87 bis du Code pénal qui « contiennent une définition exagérément vaste du terrorisme ».
Cet article, amendé en 2021, peut permettre, par exemple, de poursuivre en justice pour « terrorisme » un citoyen qui réclame « un changement de régime » en « dehors de la voie constitutionnelle ».
« Nous espérons que ce geste soit suivi par l’ouverture du champ politique et médiatique permettant à tous les Algériens de s’exprimer librement »
- Karim Labchri, Parti des travailleurs
Les autorités algériennes ont rarement tenu compte de ces rapports. Cette fois, en réponse, le ministre algérien de la Justice, présent lors de cette session, a réfuté ces accusations.
« En Algérie, le ‘’crime d’opinion et de presse’’ n’existe pas, ni même les peines privatives de libertés pour les journalistes dans le cadre de l’exercice de leur métier », a-t-il affirmé en fustigeant « les cas rares, délibérément surexploités sur les réseaux sociaux, concernant des individus poursuivis en justice sur la base du droit public, et qui n’ont rien à voir avec la liberté d’expression ».
« Ces individus ne disposent pas d’un statut de journaliste ni d’une accréditation nationale au profit d’un organe de presse étranger », a-t-il insisté.
Pour leur part, les partis de l’opposition, invisibles dans les médias, y compris privés, se sont réjouis de ces libérations et ont réclamé davantage.
« Nous sommes soulagés par ces libérations en attendant que tous les prisonniers politiques soient libérés », a réagi pour MEE Karim Labchri, le chargé de communication du Parti des travailleurs (PT, gauche ouvrière). « C’est la démonstration qu’ils ont été injustement incarcérés. »
Au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, laïc), un « double sentiment » prévaut.
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« Nous sommes évidemment soulagés de voir des détenus politiques libérés », a confié à MEE Rachid Hassani, chargé de communication de ce parti, tout en regrettant que « des dizaines d’autres détenus demeurent incarcérés ».
Les deux responsables souhaitent « la poursuite » des libérations. « Nous espérons que ce geste soit suivi par l’ouverture du champ politique et médiatique permettant à tous les Algériens de s’exprimer librement », ajoute Karim Labchri.
Début décembre, un autre groupe de détenus a été libéré, dont certains étaient accusés d’appartenance au mouvement Rachad (proche des milieux islamistes et également considéré par les autorités comme « terroriste »).
Parmi eux, le journaliste Hassan Bouras. Rachid Hassani y voit « la preuve » que le décret portant des accusations de terrorisme contre des activistes politiques est « inopérant ».
Il demande l’abolition de cette disposition « contraire à la Constitution », garante de toutes les libertés politiques.
En parallèle, d’autres arrestations
Entre-temps, d’autres militants ont été arrêtés ces dernières semaines. Le militant Belaïd Abrika, professeur d’université et militant très connu en Kabylie, a été condamné à de la prison ferme pour avoir déposé une gerbe de fleurs en avril 2022 à Tizi-Ouzou (Kabylie) en souvenir des jeunes manifestants tués en 2001 par des gendarmes lors des manifestations du Printemps noir (violentes émeutes et manifestations politiques de militants kabyles accueillies par des mesures policières répressives, devenues un puissant symbole du mécontentement kabyle face au gouvernement national). Il est toujours libre et a fait appel de sa condamnation.
Mais le nombre de ces militants arrêtés est largement inférieur aux dizaines de personnes interpellées ou emprisonnées durant les années 2020, 2021 et début 2022.
Le dernier chiffre de la Coordination nationale pour la libération des détenus (CNLD) remonte au mois de juillet : elle évoquait à l’époque quelque 300 détenus d’opinion. Un chiffre qui n’a jamais été confirmé par des sources officielles ou indépendantes. Parmi eux, une centaine ont été libérés, voire plus, certains cas n’ayant pas été médiatisés.
Après la demi-finale France-Maroc, penchons-nous sur l’histoire qui lie nos deux pays à travers les épisodes de sa colonisation jusqu’à son indépendance. C’est par le dernier acte de la monarchie du roi Charles X (1757-1836), entraînant la conquête de l’Algérie, en juillet 1830, que le destin de la France va rencontrer celui du Maroc, une rencontre qui commença par un conflit.
En effet, le sultan du Maroc, Abderrahmane (1778-1859), se laissa entraîner, en 1844, dans une lutte contre la France conduite par l’émir Abdelkader El-Djezairi (1808-1883), désireux de contrer la présence européenne sur le sol subsaharien. Ce conflit, connu comme la guerre franco-marocaine, s’acheva par le bombardement de la ville de Tanger ainsi que la victoire, à la bataille d’Isly, des troupes françaises menées par le général Bugeaud (1784-1869), alors gouverneur de l’Algérie.
Défait, le sultan du Maroc demanda la paix qui fut signée lors du traité de Tanger, le 10 septembre 1844, par lequel les vaincus reconnaissaient la présence française en Algérie et cessaient tout soutien officiel à Abdelkader. Mais ce traité permit aux autres puissances européennes, dans leur politique de colonisation de l’Afrique, de pouvoir s’installer sur le territoire marocain. En effet, ils pouvaient désormais y établir de nombreux comptoirs commerciaux et grignoter peu à peu les terres des sultans qui succédèrent à Abderrahmane. Le phénomène fut même accepté et légalisé par le sultan Hassan Ier (1836-1894) lors de la conférence de Madrid en 1880 permettant aux pays européens de posséder des terres marocaines, concédées avec l’accord du souverain marocain, et mettant fin à l’indépendance de ce royaume placé, de façon informelle, sous le contrôle de l’Europe.
Grâce à cet accord, le pays maghrébin s’ouvrit plus facilement au reste du monde. Ainsi le français Charles de Foucauld (1858-1916) réussit, avec l’aide du rabbin Mardochée Aby Serour (1826-1886), à cartographier, pour la première fois, certaines régions d’un pays mal connu et autrefois inaccessible aux étrangers et encore plus aux chrétiens. Ce travail valut au futur saint la médaille d'or de la Société de géographie de Paris, le 9 janvier 1885, ainsi que les Palmes académiques à la Sorbonne.
Mais la présence, de plus en plus importante, des Européens, notamment français et espagnols, sur le sol marocain fit monter un courant d’hostilité et entraîna l’assassinat de plusieurs personnes suspectées d’être des espions. Le meurtre du docteur Émile Mauchamp (1870-1907) poussa la France à faire occuper, en représailles, la ville d’Oujda par le général Lyautey (1854-1934).
La situation fut telle que le sultan Abdelaziz (1881-1943), jugé trop indulgent envers les Européens, est renversé par son frère Abdalhafid (1876-1937). Pourtant, ce dernier dut demander, à contrecœur, l’aide de son adversaire français, en 1911, en raison du soulèvement des différentes tribus qui composent le Maroc et qui assiègent le souverain, à Fès. Libéré par l’armée française, Abdalhafid accepta de signer, le 30 mars 1912, le traité de Fès, faisant du Maroc, non pas une colonie, mais un protectorat. C’est-à-dire un régime dans lequel un État protecteur contrôle un État protégé qui garde son autonomie politique intérieure.
Le pays fut alors placé sous l’administration du général Lyautey, nommé commissaire-résident général de la France au Maroc et qui s’efforça de moderniser le protectorat en le dotant d’infrastructures dignes de rivaliser avec certaines nations européennes ainsi que de nouvelles zones agricoles et voies de communication comme ce qu’avait pu faire la France en Algérie. Cette situation d’apparence paisible malgré quelques soulèvements dura jusqu’au début des années 1950. En effet, la Seconde Guerre mondiale ayant affaibli l’Europe, l’émergence du concept du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes permit la naissance, au sein du Maroc, d’un esprit d’indépendance et de liberté auquel le sultan Mohammed V (1909-1961) apporta son soutien, au risque d’être déchu, en 1953, de son trône par les autorités françaises. Ces dernières finirent par le rappeler au pouvoir en 1955 afin de procéder à la déclaration de l’indépendance du Maroc, le 2 mars 1956, et clôturant ainsi un chapitre de l’histoire franco-marocaine.
C’est par l’union de ce passé commun, jugé bon ou mauvais, que la France et le Maroc entretiennent aujourd’hui des relations apaisées.
Illustration : le général Lyautey remettant la Légion d'honneur au caïd El Glaoui et à son frère (Marrakech, octobre 1912).
Enfin une bonne nouvelle pour les sans papiers algériens en France. Une certaine catégorie de « harragas » ne sera bientôt plus concernée par les centres de rétention.
Il s’agit en effet de la catégorie des mineurs sans papiers. Selon le ministre français de l’Intérieur Gerard Darmanin, la future loi sur l’immigration mettra fin à l’enfermement des mineurs étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA).
C’est quoi un centre de rétention ? En résumé, c’est une prison pour les sans papiers. Les migrants sont écroués dans ces centres dans le but de leur expulsion. Aujourd’hui, les enfants et les mineurs font partie des détenus des CRA, mais avec la nouvelle loi, ils seront épargnés.
Annoncée mardi dernier, cette nouvelle décision du département de Darmanin ouvrira la voie de la régularisation à plusieurs jeunes sans papiers algériens mineurs en France. Un prochain changement qui revient au travail sans cesse des associations de la protection des enfants.
« Dans le projet de loi sur l’immigration que nous présenterons prochainement. Nous mettrons fin à l’interdiction de mettre des mineurs dans les centres de rétention administrative dans les prochaines années, une fois que ce texte sera voté », avait-il annoncé.
« Les mineurs n’ont pas à connaître ce type de rétention (…) Nous n’y mettons plus les étrangers en situation irrégulière qui sont sous le coup. Certes, d’une OQTF, mais qui ne présentent pas de danger pour nos concitoyens », avait-il ajouté.
Darmanin en visite en Algérie
Accompagné de son épouse Rose-Marie, le ministre français de l’Intérieur est actuellement en visite de travail et d’amitié en Algérie. Selon les informations relayées par le journal français Le figaro, Gérald Darmanin rencontrera son homologue algérien, à savoir le ministre de l’Intérieur, des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire, Brahim Merad.
Lors de cette rencontre, les deux parties prévoient d’aborder « des sujets de coopération en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et dans le domaine migratoire », a indiqué la même source.
Pourquoi une visite avec sa femme ? Outre sa rencontre avec le ministre algérien de l’intérieur, Darmanin prévoit d’aller visiter la ville natale de son grand-père, située à l’Ouest d’Algérie. Il s’agit en effet du douar d’Ouled El Ghalia de la wilaya de Mostaganem.
Avec sa femme, le ministre français de l’Intérieur rendra visite au douar où a grandi son grand-père qui s’était engagé à l’époque avec l’armée coloniale française.
Selon les médias français, le grand-père de Darmanin était un tirailleur français et résistant dans les Forces françaises de l’intérieu (FFI) en 1944. Durant la période de la guerre d’Algérie, il était avec l’armée française coloniale.
L’UNESCO a inscrit le raï au patrimoine culturel immatériel de l’humanité le 1er décembre. Son ancrage dans un territoire, des pratiques culturelles, une histoire politique et sociale ne laisse aucune ambiguïté sur son identité algérienne.
Le président français Emmanuel Macron visite Disco Maghreb, le label mythique de la musique raï, devant son propriétaire, Boualem Benhaoua (à droite), à Oran le 27 août 2022 (AFP/Ludovic Marin)
Il signifie « opinion » ou encore « bon sens » dans le langage vernaculaire algérien, aussi bien arabophone que berbérophone.
Le raï, qui a été inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO le jeudi 1er décembre 2022, est profondément enraciné dans la culture des populations rurales et nomades de l’ouest algérien.
Vieux d’au moins 200 ans , ce genre de chant populaire était pratiqué à l’origine par des chioukha (pluriel de cheikh qui veut dire anciens et maîtres) et des cheikhate (pluriel de cheikha, féminin de cheikh).
Elles et ils chantaient des textes du melhoun, poésie populaire maghrébine, accompagnés par deux instruments, le gallal (tambourin tubulaire fait avec les racines de l’agave) et le gasba (flûte en roseau). Ce genre originel appelé bedoui (ou encore raï traditionnel depuis l’apparition du raï modercne avec instrumentation musicale) vient du mot arabe badia, qui signifie « la campagne » et que l’on retrouve auss dans le mot « bédouin ».
Le raï proprement dit, héritier du bedoui, a pris la forme qu’on lui connaît aujourd’hui au début du siècle dernier dans les milieux ruraux autour des villes de Saïda, Sidi Bel Abbès, Tiaret, Mascara, Relizane et Mostaganem qui constituent « le rectangle originel du raï », selon une expression utilisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH).
Les cheikhate dans les groupes exclusivement féminins appelés medahate (celles qui font des louanges) « vont donner une orientation moins soumise aux langages convenus en imposant des codes transgressifs : elles chantent la liberté d’aimer, le désir, tout en glorifiant Dieu et les saints », indique encore sur son portail le CRNPAH, chargé des dossiers de classements aux listes du patrimoine de l’UNESCO.
L’exode rural après l’indépendance en 1962 et durant les années 1970 va introduire ce chant populaire de l’Oranie progressivement, presque par infraction, dans les villes jusqu’à la capitale régionale, Oran.
Relégué au départ dans des milieux clos (bars, cabarets, maisons closes) par le conservatisme puritain heurté par « les références sans tabou ni censure à l’amour cru, à l’ivresse » (CNRPAH), le raï va finir par s’échapper et envahir rapidement l’espace public.
Une sorte de rébellion soft par la chanson
« L’esprit raï » était né, aux forceps, et il faudra toutefois attendre une décennie pour que la radio publique, devant la renommée des vedettes du raï à l’international, diffuse des morceaux jugés « soft pour la morale ».
« L’esprit raï », c’est la parole libérée sur les interdits de la société, notamment le sexe et l’alcool. C’est une vision des choses de la vie qui s’exprime par des opinions à contrecourant du discours officiel dans un pays figé par le centralisme politique et le conservatisme d’essence religieuse.
Une sorte de rébellion soft par la chanson. Une version rajeunie de celle des anciens des années 1930, qui dénonçaient les affres de l’occupation française.
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C’est également l’emploi exclusif de la langue des Algériens dans la vie de tous les jours : l’arabe dialectal, avec des emprunts au français et des expressions codées bien comprises par les jeunes, employé par rejet surtout de l’emploi de l’arabe officiel classique des institutions et des médias que, tout compte fait, peu de gens comprenaient et parlaient correctement.
Avec l’avènement de la cassette audio et l’introduction d’instruments tels que la guitare électrique, la trompette, l’accordéon et le synthétiseur, le raï prendra avec les Cheb (jeune génération de chanteurs, terme employé par opposition aux chioukha) la forme nouvelle et moderne qui le propulsera à l’échelle mondiale.
Une modernisation que l’on doit avant tout à Messaoud Bellemou avec l’ajout de la trompette et du saxophone dans son groupe, ainsi qu’aux producteurs Rachid et Fethi Baba Ahmed, qui perfectionnent les arrangements musicaux.
Messaoud Bellemou est le premier, dans les années 1970, à avoir l’idée de remplacer la traditionnelle gasba par la trompette. On raconte qu’elle lui est venue de la sonnerie de trompette, style corrida espagnole, qu’on lançait à l’entrée des joueurs sur le terrain du célèbre club de foot oranais le Mouloudia Club d’Oran (MCO).
Innovation au succès instantané, la trompette va se généraliser dans les orchestres jusque chez les baladins qui se promènent dans les rues avec un tambour (tabbla) et une cornemuse traditionnelle (chekkoua) et qu’il deviendra banal de voir entassés à l’arrière d’une camionnette dans un cortège de mariage.
Avec la trompette, Messaoud Bellamou ouvre la voie aux autres instruments de musique modernes : le violon, le synthétiseur, les percussions, etc. pour donner ce qui a été appelé le « pop raï », le raï moderne.
Cheb Khaled à Oran se distinguera avec l’accordéon, et le groupe rock Raïna Raï de Sidi Bel Abbès, avec les guitares électriques et les percussions, va faire des centaines d’émules.
À partir de la fin des années 1980, la déferlante des Cheb et Chebba trouvera son apogée avec Cheb Khaled et Cheb Mami, respectivement sacrés roi et prince du raï, la chanteuse Chebba Zahouania ou le groupe précurseur du pop raï Raïna Raï.
Cheb Hasni et Fadéla, et d’autres encore, perceront et sortiront de l’anonymat à partir de 1985 avec le festival annuel du raï d’Oran.
Moins connus en dehors du pays, Houari Benchenet, Messaoud Bellemou, Cheikha Djenia (décédée en 2004) auront pour leur part fait la soudure avec les cheikhate et chioukha de la première moitié du XXe siècle, parmi lesquels il faut citer la diva du raï Cheikha Rimitti (disparue en 2006), qui compose et interprète ses chansons, et Cheikha El Wachma (morte en 2009), ou encore, chez les hommes, l’illustre Cheikh Hamada (décédé en 1968), chantre du genre bedoui, et Cheikh El Khaldi (mort en 1964).
Alger conquis, l’est résiste
Dans les années 1990, le chant moderne oranais fait face aux foudres de l’intégrisme islamiste obscurantiste qui s’attaque aux vedettes durant la guerre civile. Cheb Hasni, Rachid Baba Ahmed et Cheb Aziz, chanteur de Constantine, paieront de leur vie leur popularité.
Cheb Hasni, assassiné le 29 septembre 1994 par le Groupe islamique armé (GIA), est aujourd’hui une icône. Surnommé le « rossignol du raï », il est remarqué dès son jeune âge et commence dans un cabaret à Oran.
C’est avec le festival du raï de 1985 que le grand public le découvre. Adulé par la jeunesse, il chante un amour sentimental expurgé des allusions aux mœurs réprouvées par la morale dominante et inaugurera ainsi le « raï love » mieux accepté par la société.
Prolifique, il enregistre plus de 150 cassettes et deviendra l’idole des jeunes au Maghreb et dans l’émigration jusqu’à prendre la place de Khaled, qui vit à l’étranger coupé des inspirations locales et a changé de style en l’occidentalisant sans pour autant renouveler son répertoire.
Mais avant de gagner l’international, le raï va d’abord partir à l’assaut du centre du pays et prendre sans difficulté sa capitale, Alger.
L’est du pays, plus conservateur, restera fermé aux chanteurs irrévérencieux mais le pop raï et le love raï vont s’enrichir d’un raï sétifien et d’un raï chaoui (de la région des Aurès, dans l’est) avec des rythmes et des intonations vocales propres à ces régions du sud et de l’est constantinois.
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En dehors des frontières du pays, c’est au sein de la communauté maghrébine établie à l’étranger, où l’engouement pour les cheb et chebba est quasi immédiat, que le raï va durablement s’implanter en Europe, et en France particulièrement, où il va produire ses propres célébrités comme Faudel et Rachid Taha, décédé en 2018.
Un emballement très lucratif aussi qui n’échappera pas aux milieux d’affaires plus professionnels qui boosteront ce nouveau genre musical et en faire un phénomène planétaire.
Au Maroc, voisin de l’Oranie avec lequel elle partage des pratiques culturelles communes, le raï se répand à la charnière des décennies 1980 et 1990 via les communautés d’émigrés.
La ville d’Oujda, près de la frontière entre l’Algérie et le Maroc, organisera un premier festival raï en 2006. Les grandes vedettes algériennes sont présentes et reviendront.
Un dossier qui aura mis six ans pour aboutir
Une rivalité s’installe au début des années 2000 sur la paternité du raï revendiquée par le Maroc et qui ne prendra définitivement fin qu’avec l’inscription du chant populaire algérien au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Le raï continue d’évoluer en styles presque aussi nombreux que ses centaines d’interprètes. Il va gagner et emplir les espaces publics et privés en s’accommodant à tous les publics, mais « l’esprit raï », qui a profondément imprégné la société maghrébine, va survivre et réapparaître vingt ans plus tard avec une nouvelle génération.
La contestation contre l’ordre établi par des chants collectifs aux accents de raï reprendra dans les stades en 2018-2019 et sera le prélude aux hiraks, gigantesques manifestations pacifiques, dans le Rif marocain et durant deux ans dans les villes d’Algérie.
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Le patrimoine culturel immatériel (PCI) est une catégorie de patrimoine issue de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’UNESCO en 2003.
Il ne doit pas être confondu avec le patrimoine mondial qui désigne un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité.
Le dossier de classement du raï a été introduit une première fois en mars 2016 au nom de l’Algérie par le CNRPAH. À l’examen du dossier par l’organe d’évaluation de l’UNESCO en décembre 2020, des réserves avaient été émises, relatives à la faible participation de la société civile pour témoigner, à l’insuffisance des mesures de sauvegarde et, plus généralement, au renseignement des fiches d’inventaire du dossier d’inscription.
La préparation du dossier a ensuite été confiée à une équipe de chercheurs du CNRPAH et à des experts nationaux qui ont travaillé sur le terrain à Oran, Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbes et Saïda avec des associations culturelles.
Six ans se sont écoulés entre le dépôt du premier dossier de candidature en 2016 et l’inscription du raï sur la liste du PCI en 2022.
« Partout dans le monde, lorsqu’un label représente une manne financière importante, des pays essayent de se l’approprier », a rapporté l’APS, agence de presse officielle algérienne. « Une ‘’logique’’ qui expliquerait que l’inscription du raï n’avait pu aboutir jusqu’à ce jour. »
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