« Minuit à Alger », de Nihed El-Alia, journal d’une femme piégée
LE LIVRE DE LA SEMAINE. A travers son héroïne, Safia, la romancière dresse le portrait d’une jeunesse privilégiée mais sans espoir, dans une société cadenassée.
EDITIONS BARZAKH
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected]. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
L’humeur sombre et le cœur à vif, la séduisante Safia est de retour à Alger après deux années à Paris. Elle renoue aussitôt avec ses connaissances, membres comme elle de la jeunesse huppée du pays, de ceux qui vivent à « Doré-land » et qui passent leur vie à écumer les restaurants, boîtes de nuit et autres soirées privées de la capitale.
Cette faune vit dans un entre-soi où les excès sont la règle : porter exclusivement des marques de luxe, conduire trop vite de grosses cylindrées étrangères, sortir chaque soir jusqu’au bout de la nuit, s’enivrer à outrance d’alcools forts, se shooter à la cocaïne afin de se sentir « prête à déchiqueter le monde », avoir non pas des relations amoureuses mais des « transactions sexuelles » en attendant le jour du mariage, où l’on se rangera. « Je veux me dissoudre, m’anéantir, succomber », assume Safia d’un ton bravache. « Je programme mon autodestruction machinalement, soir après soir. » Mais quelle réalité cachent vraiment ses incessantes virées nocturnes ?
Pour son premier roman, Minuit à Alger, la romancière Nihed El-Alia a choisi la forme du journal de bord afin de mieux narrer la vie dissolue de son héroïne. Safia s’y raconte, laissant affleurer malgré elle les chagrins qui l’habitent sous un cynisme et un détachement apparents. Ainsi supporte-t-elle le souvenir de sa très proche cousine Sarah, dont le suicide l’a profondément marquée et poussée à l’éloignement. De ses parents plus attentifs à leur carrière qu’à leur progéniture, elle ne reçoit que des lambeaux d’affection. Enfin lorsqu’un homme éveille sa curiosité – comme c’est le cas de M., rencontré lors d’un mariage, mais dont elle ne sait rien –, elle doit se contenter du faible espoir de le recroiser par hasard dans la ville.
De nuit, derrière son autodérision de façade, Safia dissimule une âme profondément meurtrie et le rêve soigneusement enterré d’une relation d’amour véritable. De jour, chaque nouveau matin la ramène plus violemment au réel, la poussant à constater l’inanité de sa vie et à se haïr elle-même : « Je me sens sale dehors et dedans. J’aimerais que l’eau brûlante qui coule sur ma peau me nettoie de l’intérieur, comme pour effacer toutes les ombres sur mon âme. »
Bas résille et haïk
Cependant, le roman ne se limite pas à décrire les atermoiements d’une pauvre petite fille riche. La romancière, on le comprend, pose un regard critique sur l’angoisse la plus profonde de son personnage : la détestation de sa propre société, dont elle observe les limites sans parvenir à lui trouver de sens. A travers Safia, symbole d’une jeunesse privilégiée mais perdue, Nihed El-Alia dénonce la rigidité de l’Algérie d’aujourd’hui, cadenassée par la classe politique et les potentats religieux.
A partir de cette microsociété algéroise qu’elle donne à voir, c’est non seulement un système à deux vitesses qu’elle met en évidence, mais aussi un monde où règne l’hypocrisie sociale et où les jeunes, bloqués dans leur élan, sans projets et sans espoir, se sentent pris au piège : « Le jour, Alger retire ses bas résille et enfile son haïk. Cette ville est atteinte d’une forme de trouble de la personnalité. Bipolaire, narcissique, Alger est malade. »
Jusqu’où ira Safia dans son dédoublement ? Parviendra-t-elle à se remettre du marasme de son existence, et pour prendre quelle voie ? « J’éprouve cette sensation vague que flotte sur la ville une menace diffuse, comme si quelque chose de grave allait se produire », dit encore la jeune femme, consciente de la pesanteur obsédante de la réalité.
Servi par une écriture forte, fiévreuse, aux formules souvent percutantes, et une forme qui laisse place à la surprise, Minuit à Alger embarque le lecteur dans les déambulations hallucinées de Safia. Tiré de l’expérience même de l’autrice (qui a préféré, par mesure de protection, signer son livre d’un pseudonyme), le roman trouve un écho bien au-delà de l’Algérie, partout où la jeunesse qu’elle soit d’Afrique ou d’ailleurs sur la planète, se sent au bord de l’implosion.
Minuit à Alger, de Nihed El-Alia, éditions Barzakh (Alger, mars 2022), 242 p., 800 dinars (5,53 euros).
Minuit à Alger. Roman de Nihed El-Alia. Barzakh Editions, Alger 2022, 242 pages, 800 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits).
Réaliste ? Surréaliste ? Le nouveau roman est en train d'arriver avec «Minuit à Alger», un titre qui, à lui seul, est tout un programme. On a eu, par le passé, quelques rares ouvrages (dont «Cœur de métal», de Micha, Dalimen 2013 et «Alger, quand la ville dort», ouvrage collectif, Barzakh 2010... lire plus bas) décortiquant la capitale de nuit, mais jamais dans ses profondeurs. C'est, désormais, fait.
L'histoire ? Le journal de bord d'une jeune fille ( ?) encore en fleurs, belle, sexy et rebelle (n'ayant aucun souci financier et matériel, étant fille unique d'un couple de médecins soucieux seulement de sa propre réussite), faussement superficielle et totalement déjantée, qui brûle sa vie, de préférence de nuit, entre Alger et Paris, en compagnie de la «jeunesse «dorée algéroise et en des endroits réputés, aux prix inabordables, donc peu connus du citoyen lambda.
L'Auteure : Pseudonyme. Née à Alger en 1940. Premier roman
Avis : Vie excessivement romancée ou roman réellement vécu ? On ne sait. Peut-être les deux. Les «très fo-folles nuits d'Alger» ? En tout cas, un petit «pavé» qui brille bien plus par ce qui est raconté que par le style avec lequel la vie est racontée.
Cœur de métal. La fin de toute peur. Récit de Micha. Editions Dalimen, Alger 2013, 336 pages, 700 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits).
C'est l'histoire vraie, si l'on en croit l'éditeur, d'une jeune fille, issue de la classe moyenne (ou, du moins, ce qui en restait durant les années 90). Elle raconte sa vie : d'enfant, de jeune, d'étudiante, de chômeuse, de cadre (???). Heureusement, au sein d'une famille soudée, aimante, solidaire...
L'exil à partir des années 2000.
Un récit qui raconte sa vie à l'intérieur de sa famille, de sa société, des entreprises au sein desquelles elle a activé... Terrible ! Terrible ! Pour un(e) jeune : le terrorisme, la pression islamiste, les tabous, les regards des autres, les jalousies, les coups fourrés, les impasses...
Heureusement, il y a la musique, même durant les moments les plus dramatiques. Un refuge... entre copains, malgré tout. Et, quelle musique... Pas le rap. Pas le raï. Pas le gnawi... La dure. Celle qui fait le plus de bruit. Celle qui contre-ravage. Celle qui aide à continuer à vivre et, surtout, à lutter, à lutter et encore à lutter. Celle qui vide des haines quotidiennes accumulées ça et là dans une atmosphère obscure. La «Metal Music» ! De l'«extreme music for extreme people». Une musique puissamment ardente et vivante car «continuellement inscrite dans une démarche d'insoumission et de quête de la vérité. La mort y est abordée dans tabou».
Avec ses orchestres, ses fans, ses tenues, ses attitudes, ses concerts, tout cela presque «underground» ; tout cela au nez et à la barbe d'une société qui, alors, s'entre-déchirait. Les jeunes vivaient alors leur vie dans un monde parallèle, conscients des dangers mais n'acceptant pas les sorts funestes qui leur étaient tracés (ou réservés) d'avance par leurs aînés. Des petits monstres ? Peut-être. Mais que pouvaient-ils faire, ces «fous d'intelligence et du mépris que leur portait leur mère patrie». En tout cas, ils savaient ce qu'ils étaient et ils «emmerdent la vie». Suite à la très forte prise de conscience qu'ils étaient «non intégrés et non intégrables au système, en somme une sorte de bug, d'erreur de la matrice». D'où une volonté «métallique» pour s'en sortir et pour s'imposer. Un phénomène qui existe encore, peut-être encore plus fort et toujours «invisible». Le vrai moteur du changement ?
L'Auteur : Un pseudonyme, assurément, plus par modestie et discrétion que par peur, certainement. Elle est née en Algérie (à Alger, ou à Oran ou..., qu'importe) en 74. En Novembre, ce qui en fait, pour les «nationalistes», une battante. Années 80 et 90 en Algérie : études (à Babez' au début de la décennie «noire»), chômage puis expériences professionnelles «marquantes» pour ne pas dire décevantes et traumatisantes. Puis, l'exil... en France, à partir des années 2000. Une intégration pas facile car «même en Europe, l'obscurantisme a survécu et il vit sous des formes insoupçonnables» !
Avis : Un livre dur, terrible, comme sa musique. Mais à lire : pour savoir qu'il y (a) avait d'autres Algérie (s). Et des tas de «jeunesses» qui, bien que «ravagées» par le «système», résistent, luttent et réussissent. Hier, aujourd'hui, demain. Ici... et, hélas, dans l'exil.
Extraits : «Mes potes étaient comme moi, malades de vivre en contradiction avec leurs natures vives et intelligents, malades d'être ignorés et refoulés comme une vulgaire tare... dans un pays fait de contradictions, d'incohérences et de non-sens, nous poussant à la folie» (p 140).
« Minuit à Alger », de Nihed El-Alia, journal d’une femme piégée
LE LIVRE DE LA SEMAINE. A travers son héroïne, Safia, la romancière dresse le portrait d’une jeunesse privilégiée mais sans espoir, dans une société cadenassée.
EDITIONS BARZAKH
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected]. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
L’humeur sombre et le cœur à vif, la séduisante Safia est de retour à Alger après deux années à Paris. Elle renoue aussitôt avec ses connaissances, membres comme elle de la jeunesse huppée du pays, de ceux qui vivent à « Doré-land » et qui passent leur vie à écumer les restaurants, boîtes de nuit et autres soirées privées de la capitale.
Cette faune vit dans un entre-soi où les excès sont la règle : porter exclusivement des marques de luxe, conduire trop vite de grosses cylindrées étrangères, sortir chaque soir jusqu’au bout de la nuit, s’enivrer à outrance d’alcools forts, se shooter à la cocaïne afin de se sentir « prête à déchiqueter le monde », avoir non pas des relations amoureuses mais des « transactions sexuelles » en attendant le jour du mariage, où l’on se rangera. « Je veux me dissoudre, m’anéantir, succomber », assume Safia d’un ton bravache. « Je programme mon autodestruction machinalement, soir après soir. » Mais quelle réalité cachent vraiment ses incessantes virées nocturnes ?
Pour son premier roman, Minuit à Alger, la romancière Nihed El-Alia a choisi la forme du journal de bord afin de mieux narrer la vie dissolue de son héroïne. Safia s’y raconte, laissant affleurer malgré elle les chagrins qui l’habitent sous un cynisme et un détachement apparents. Ainsi supporte-t-elle le souvenir de sa très proche cousine Sarah, dont le suicide l’a profondément marquée et poussée à l’éloignement. De ses parents plus attentifs à leur carrière qu’à leur progéniture, elle ne reçoit que des lambeaux d’affection. Enfin lorsqu’un homme éveille sa curiosité – comme c’est le cas de M., rencontré lors d’un mariage, mais dont elle ne sait rien –, elle doit se contenter du faible espoir de le recroiser par hasard dans la ville.
De nuit, derrière son autodérision de façade, Safia dissimule une âme profondément meurtrie et le rêve soigneusement enterré d’une relation d’amour véritable. De jour, chaque nouveau matin la ramène plus violemment au réel, la poussant à constater l’inanité de sa vie et à se haïr elle-même : « Je me sens sale dehors et dedans. J’aimerais que l’eau brûlante qui coule sur ma peau me nettoie de l’intérieur, comme pour effacer toutes les ombres sur mon âme. »
Bas résille et haïk
Cependant, le roman ne se limite pas à décrire les atermoiements d’une pauvre petite fille riche. La romancière, on le comprend, pose un regard critique sur l’angoisse la plus profonde de son personnage : la détestation de sa propre société, dont elle observe les limites sans parvenir à lui trouver de sens. A travers Safia, symbole d’une jeunesse privilégiée mais perdue, Nihed El-Alia dénonce la rigidité de l’Algérie d’aujourd’hui, cadenassée par la classe politique et les potentats religieux.
A partir de cette microsociété algéroise qu’elle donne à voir, c’est non seulement un système à deux vitesses qu’elle met en évidence, mais aussi un monde où règne l’hypocrisie sociale et où les jeunes, bloqués dans leur élan, sans projets et sans espoir, se sentent pris au piège : « Le jour, Alger retire ses bas résille et enfile son haïk. Cette ville est atteinte d’une forme de trouble de la personnalité. Bipolaire, narcissique, Alger est malade. »
Jusqu’où ira Safia dans son dédoublement ? Parviendra-t-elle à se remettre du marasme de son existence, et pour prendre quelle voie ? « J’éprouve cette sensation vague que flotte sur la ville une menace diffuse, comme si quelque chose de grave allait se produire », dit encore la jeune femme, consciente de la pesanteur obsédante de la réalité.
Servi par une écriture forte, fiévreuse, aux formules souvent percutantes, et une forme qui laisse place à la surprise, Minuit à Alger embarque le lecteur dans les déambulations hallucinées de Safia. Tiré de l’expérience même de l’autrice (qui a préféré, par mesure de protection, signer son livre d’un pseudonyme), le roman trouve un écho bien au-delà de l’Algérie, partout où la jeunesse qu’elle soit d’Afrique ou d’ailleurs sur la planète, se sent au bord de l’implosion.
Minuit à Alger, de Nihed El-Alia, éditions Barzakh (Alger, mars 2022), 242 p., 800 dinars (5,53 euros).
Minuit à Alger. Roman de Nihed El-Alia. Barzakh Editions, Alger 2022, 242 pages, 800 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits).
Réaliste ? Surréaliste ? Le nouveau roman est en train d'arriver avec «Minuit à Alger», un titre qui, à lui seul, est tout un programme. On a eu, par le passé, quelques rares ouvrages (dont «Cœur de métal», de Micha, Dalimen 2013 et «Alger, quand la ville dort», ouvrage collectif, Barzakh 2010... lire plus bas) décortiquant la capitale de nuit, mais jamais dans ses profondeurs. C'est, désormais, fait.
L'histoire ? Le journal de bord d'une jeune fille ( ?) encore en fleurs, belle, sexy et rebelle (n'ayant aucun souci financier et matériel, étant fille unique d'un couple de médecins soucieux seulement de sa propre réussite), faussement superficielle et totalement déjantée, qui brûle sa vie, de préférence de nuit, entre Alger et Paris, en compagnie de la «jeunesse «dorée algéroise et en des endroits réputés, aux prix inabordables, donc peu connus du citoyen lambda.
L'Auteure : Pseudonyme. Née à Alger en 1940. Premier roman
Avis : Vie excessivement romancée ou roman réellement vécu ? On ne sait. Peut-être les deux. Les «très fo-folles nuits d'Alger» ? En tout cas, un petit «pavé» qui brille bien plus par ce qui est raconté que par le style avec lequel la vie est racontée.
Cœur de métal. La fin de toute peur. Récit de Micha. Editions Dalimen, Alger 2013, 336 pages, 700 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits).
C'est l'histoire vraie, si l'on en croit l'éditeur, d'une jeune fille, issue de la classe moyenne (ou, du moins, ce qui en restait durant les années 90). Elle raconte sa vie : d'enfant, de jeune, d'étudiante, de chômeuse, de cadre (???). Heureusement, au sein d'une famille soudée, aimante, solidaire...
L'exil à partir des années 2000.
Un récit qui raconte sa vie à l'intérieur de sa famille, de sa société, des entreprises au sein desquelles elle a activé... Terrible ! Terrible ! Pour un(e) jeune : le terrorisme, la pression islamiste, les tabous, les regards des autres, les jalousies, les coups fourrés, les impasses...
Heureusement, il y a la musique, même durant les moments les plus dramatiques. Un refuge... entre copains, malgré tout. Et, quelle musique... Pas le rap. Pas le raï. Pas le gnawi... La dure. Celle qui fait le plus de bruit. Celle qui contre-ravage. Celle qui aide à continuer à vivre et, surtout, à lutter, à lutter et encore à lutter. Celle qui vide des haines quotidiennes accumulées ça et là dans une atmosphère obscure. La «Metal Music» ! De l'«extreme music for extreme people». Une musique puissamment ardente et vivante car «continuellement inscrite dans une démarche d'insoumission et de quête de la vérité. La mort y est abordée dans tabou».
Avec ses orchestres, ses fans, ses tenues, ses attitudes, ses concerts, tout cela presque «underground» ; tout cela au nez et à la barbe d'une société qui, alors, s'entre-déchirait. Les jeunes vivaient alors leur vie dans un monde parallèle, conscients des dangers mais n'acceptant pas les sorts funestes qui leur étaient tracés (ou réservés) d'avance par leurs aînés. Des petits monstres ? Peut-être. Mais que pouvaient-ils faire, ces «fous d'intelligence et du mépris que leur portait leur mère patrie». En tout cas, ils savaient ce qu'ils étaient et ils «emmerdent la vie». Suite à la très forte prise de conscience qu'ils étaient «non intégrés et non intégrables au système, en somme une sorte de bug, d'erreur de la matrice». D'où une volonté «métallique» pour s'en sortir et pour s'imposer. Un phénomène qui existe encore, peut-être encore plus fort et toujours «invisible». Le vrai moteur du changement ?
L'Auteur : Un pseudonyme, assurément, plus par modestie et discrétion que par peur, certainement. Elle est née en Algérie (à Alger, ou à Oran ou..., qu'importe) en 74. En Novembre, ce qui en fait, pour les «nationalistes», une battante. Années 80 et 90 en Algérie : études (à Babez' au début de la décennie «noire»), chômage puis expériences professionnelles «marquantes» pour ne pas dire décevantes et traumatisantes. Puis, l'exil... en France, à partir des années 2000. Une intégration pas facile car «même en Europe, l'obscurantisme a survécu et il vit sous des formes insoupçonnables» !
Avis : Un livre dur, terrible, comme sa musique. Mais à lire : pour savoir qu'il y (a) avait d'autres Algérie (s). Et des tas de «jeunesses» qui, bien que «ravagées» par le «système», résistent, luttent et réussissent. Hier, aujourd'hui, demain. Ici... et, hélas, dans l'exil.
Extraits : «Mes potes étaient comme moi, malades de vivre en contradiction avec leurs natures vives et intelligents, malades d'être ignorés et refoulés comme une vulgaire tare... dans un pays fait de contradictions, d'incohérences et de non-sens, nous poussant à la folie» (p 140).
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