La Bataille d'Alger, le film de Gillo Pontecorvo. Scène dans la Casbah d'Alger (1966) ©AFP - PHOTO12.COM - COLLECTION CINEMA
Aujourd’hui dans « Affaires sensibles », un monument de l’histoire du cinéma politique, « La Bataille d’Alger » de l’italien Gillo Pontecorvo.
- Benjamin Stora Historien, auteur du rapport public "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie" commandé en juillet 2020 par le président de la République
Deux mois après la visite d’Emmanuel Macron en Algérie, visite chargée de symboles, du jamais vu, 60 ans après les accords d’Evian, replongeons dans l’histoire d’un film que l’on peut qualifier de maudit, ne serait-ce que sur notre territoire. Tourné en 1965, soit seulement trois ans après la fin de la guerre d’Algérie, le film met quatre ans à sortir en France, suscite de nombreuses protestations avant de quasiment sombrer dans l’oubli pendant trente ans.
Tandis qu’il est mis à l’index en France, le film connaît un grand succès à l’étranger. Et notamment aux Etats-Unis, où il est nommé trois fois aux Oscars, d’abord pour le meilleur film étranger en 1967 ensuite pour la meilleure réalisation et le meilleur scénario en 1969.
Mais ce qui fait de *« *** La Bataille d’Alger ** » un film à part, c’est aussi et surtout qu’il est multi-instrumentalisé. D’abord c’est un film dont s’emparent quantité d’organisations terroristes dans les années 60/70. Des Black Panthers à l**’IRA**, ils sont nombreux à vouloir prendre exemple sur le contenu insurrectionnel du film. Mais il est aussi utilisé à des fins anti-subversives. Aussi bien par les dictatures d’Amérique latine dans les années 60 que par le Pentagone au moment de la guerre d’Irak.
Comment un film anticolonialiste tel que « La Bataille d’Alger » a-t-il pu être mis au service de causes si différentes ? Trajectoire d’un film à double tranchant.
Un récit documentaire de Vincent Lebrun
Invité :
Benjamin Stora, historien, professeur des Universités, l'un des meilleurs spécialistes de la guerre d'Algérie et de sa représentation dans la société française. Il a publié en 1997, le formidable Imaginaires de guerre. Les images dans les guerres d'Algérie et du Vietnam,, La Découverte (réédité en poche en 2005) ; et France-Algérie, les passions douloureuses, une synthèse de son rapport remis au Président de la République sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie en janvier 2021.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/affaires-sensibles-du-jeudi-01-decembre-2022-9454813
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