Jean Duval, habitant de Gacé (Orne), raconte ses vingt mois passés sur le front au Maghreb. Il est aujourd'hui président d'honneur des anciens d'Afrique du Nord.
Jean Duval, président d'honneur des anciens d'Afrique du Nord ©Le Réveil Normand
Jean Duval, habitant aujourd’hui Gacé (Orne) est né le 17 août 1941 à Cisai-Saint-Aubin, n’avait pas encore 20 ans lorsqu’il reçoit sa convocation pour le service militaire en mai 1961. Après son passage en conseil de révision, il est déclaré « bon pour le service ».
Les opération de sélection sont effectuées à Guingamp, du 1er au 3 mars 1961 avec des tests d’écriture et d’exercices physiques pour déterminer dans quelle section chacun devra se retrouver.
« Je pensais effectuer mon service militaire »
Pour Jean Duval, ce sera la cavalerie motorisée. Le 1er mai 1961, direction la gare de Sainte-Gauburge vers Le Mans.
La première surprise de ce départ est l’endroit où nous allions être dirigés. Nous ne savions rien mais nous étions vaguement au courant des derniers évènements intervenus à Alger. Nous étions inquiets de partir loin de la famille avec des courriers peu rapides, sans téléphone.
« A l’arrivée au Mans, c’est l’accueil par des militaires. Demain vous partez pour Marseille, nous ont-ils dit », raconte Jean Duval. « Le soir, nous sommes hébergés au 2e régiment d’infanterie de marine, basé à Champagné. Nous recevons un paquetage complet. »
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Le lendemain, le train conduit les recrues à Marseille, gare Saint-Charles, avant d’embarquer sur le ville d’Alger, un paquebot français.
Dans la cale au fond du bateau, avec une mer peu agréable, tout cela ne nous donne pas le moral.
Le 5 mai, direction le centre d’instruction de l’armée blindée et de la cavalerie à Hussein-Dey, sur la côte algérienne, au camp du Lido.
Au cours des 4 mois suivants, Jean Duval passe deux mois de formation militaire et deux mois à apprendre le morse et l’utilisation de la radio. Il y apprend également la garde du camp et le maintien de l’ordre à Maison Carrée, près d’Alger, avec la consigne « dos au mur », pendant 2 à 3 heures, avec un fusil sans munitions.
« Un jour, je m’adossais contre un poteau électrique. Un supérieur me repris pour me demander qu’est-ce que je faisais là. Il m’a dit que quelqu’un pouvait passer derrière moi avec un couteau, en m’ordonnant de me mettre dos au mur. »
Affectation au 4e régiment chasseur d’Afrique
Le 31 août 1961, voyage en train pour Constantine, puis Souk-Ahras. « Après 4 mois, bien logés, dans des locaux en dur, nous arrivons dans le bled d’hébergement sous les tentes en toile, par groupes de 8 ou 10 ».
A la frontière tunisienne, mon activité était, tantôt chauffeur, tantôt tireur, sur véhicule auto-mitrailleuse, mais aussi, nettoyage des véhicules avant la revue par les autorités militaires.
Du 20 mai au 1er juin 1962, une permission de 12 jours en Normandie lui est accordée. « C’était court, pas facile de repartir », témoigne-t-il. Un cessez-le feu a été signé le 19 mars 1962 à Evian.
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En réalité, celui-ci n’est arrivé que le 2 juillet 1962. « Nous avons été mutés au 4e régiment chasseurs de chars de Montesquieu, pour y casser des cailloux en vue de faire des pistes dans la région. Le 24 décembre 1962, j’embarque à Bône sur le bateau Ville de Tunis pour une dernière traversée dans des cabines plus agréables. Marseille nous accueille sous la neige. Par le train, nous regagnions Montparnasse à Paris, puis Sainte-Gauburge, le 27 décembre, après 20 mois en Afrique du Nord ».
Médaillé pour sa dévotion
« Je suis rentré satisfait de n’avoir jamais dû utiliser une arme pour me défendre ou obéir aux ordres ».
En honneur de sa dévotion pour la France, Jean Duval a été décoré d’une médaille commémorative (maintien de l’ordre et sécurité) et de la croix du combattant (reconnaissance de la nation).
La Guerre d’Algérie a eu lieu entre 1954 et 1962, ce pays demandait l’indépendance. Au cours de cette guerre 500 000 civils ont trouvé la mort dont 400 000 Musulmans. 25 000 soldats Français sont morts et 20 000 Harkis, des soldats arabes servant dans l’armée française. L’Algérie est devenue indépendante le 5 juillet 1962.
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Jean Duval a été président de l’amicale des anciens d’Afrique du Nord de Gacé, du 23 novembre 2006, en remplacement de Hubert Blanchetière. Le 18 février 2020, il a cédé sa place à Maurice Droulin pour devenir président d’honneur.
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Par Rédaction L'AiglePublié le
https://actu.fr/normandie/gace_61181/habitant-a-gace-jean-duval-raconte-son-experience-de-la-guerre-dalgerie_55649381.html
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