Habitant le sud des Yvelines, Bernard Marchal a servi lors de la guerre d'Algérie. Il tient à raconter son histoire pour dénoncer les affres des combats armés.
A 84 ans, Bernard Marchal ne cherche pas les honneurs. Cet habitant du sud des Yvelines tient à uniquement à souligner les horreurs de la guerre. Et à transmettre ce qu’il a vécu pendant la guerre d’Algérie.
Et en matière de conflits armés, Bernard Marchal n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de raconter des anecdotes. Celui qui est né le 13 janvier 1938, un jeudi enneigé, a vécu de près la Seconde Guerre mondiale.
Elevé par des parents communistes et résistants, il a assisté dès son plus jeune âge aux affres de la guerre, de la haine et de la bestialité de l’être humain.
Appelé sous les drapeaux en 1958
« J’ai été appelé le 5 mars 1958. J’étais attendu à 15h à la caserne Charras de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Ma mère et les parents de ma femme m’ont accompagné », se souvient-il.
Deux heures plus tard, il était à la gare de Lyon, direction Marseille. Bernard arrive le lendemain à la caserne Sainte-Marthe.
Puis vient l’Algérie. « Ils m’ont embarqué sur le Kérouan, le bateau le plus rapide de l’époque, pour rallier Alger en 18 heures. Nous étions tous dans les cales du bateau, avec une odeur de vomi ».
Il se souvient : » J’ai fait mes classes. C’était rapide, un mois et demi, pas plus. Je pilotais le char ». A la fin de ses classes, Bernard Marchal et les autres soldats, plusieurs milliers, étaient réunis en escadrons. J’entends : ‘Deville-Chabrol et Marchal sortez des rangs’. »
A cet instant, le jeune homme fraîchement converti en soldat se demande ce qui va lui arriver. Alors que son camarade sort le sourire aux lèvres de son entrevue avec un général à deux étoiles, il se détend.
« Je crois que vos parents ont été des Résistants mais étaient de notoires communistes. Donc vous allez crapahuter comme tous vos collègues. Vous allez voir ce que c’est que la guerre. Je n’aime pas les communistes », lance l’officier à Bernard Marchal. Ce dernier remarque : « Je regrette de ne pas me souvenir de son nom. Parce que cela fait partie des gens qui se comportent mal et qui ont parfois des postes importants. J’ai été frappé par cette réaction ».
Le soldat est emmené dans le sud algérois, à Aumale. Installés des guitounes, les soldats accueillent le nouvel arrivant. Il est nommé pilote du char de commandement. Une affectation qui réjouit Bernard Marchal. Mais il comprend très vite qu’il sera plus exposé que les autres. » C’est le premier char. J’avais moins de poussière dans la figure mais quand on va au charbon, on est le premier aussi », se remémore-t-il.
Les balles, le sang et les morts
Au cours de ses 26 mois de service, Bernard Marchal participe à de très nombreuses opérations militaires. Il y voit ses camarades y être tués ou blessés grièvement comme lorsqu’ils encerclent une katiba d’une centaine de personnes.
Une opération reste clairement dans la mémoire de Bernard Marchal.
« Un jour, mon commandant m’intime de descendre dans la katiba. Mon commandant me guidait. Il avait la tête hors du char. Il a pris une balle en pleine tête. Mort sur le coup. Le chef de char se prend sept balles et tombe du char », raconte-t-il.
Au final, les hommes sortent du char pour poursuivre leur mission. Parmi la centaine d’ennemis qui leur font face, un seul est fait prisonnier. Une opération qui lui vaut la Croix de la Valeur militaire.
Ce qu’il s’est passé en dehors du char, Bernard Marchal le résume en un « no comment ». Une formule qu’il emploie pour ne pas revenir sur les atrocités inévitablement liées à la guerre.
« Une guerre ce n’est pas beau. On était des bêtes et j’en ai fait partie. C’était moi ou lui. Quand on a peur on devient une bête pour sauver sa peau », estime l’Yvelinois.
D’autres images le heurtent encore comme celle de son collègue mort au combat dont le corps est resté sous une bâche toute la nuit.
Après plusieurs opérations, il lui est proposé de faire l’école des sous-officiers, il en sort Maréchal des logis. On lui proposera même de faire l’école des officiers mais il décline l’offre. Il rentre en France en juin 1960.
« Je ne regardais que les voitures et les femmes quand je suis rentré. Je ne voulais pas quitter mes rangers. J’ai mis huit jours à m’en remettre », se souvient-il.
Et l’Yvelinois remarque : « Les hommes politiques font des erreurs énormes qui engagent des combats armés ».
Avec cette conclusion, très philosophique : » La minorité agissante fera toujours du tort à la majorité silencieuse ».
Par Stéphanie PetitPublié le
https://actu.fr/societe/yvelines-guerre-d-algerie-un-ancien-appele-sous-les-drapeaux-temoigne_49543920.html
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