Devant les autorités de Bahreïn, au premier jour de son voyage dans le pays, jeudi 3 novembre, le pape François a appelé au respect des droits de l’homme et à l’abolition de la peine de mort, toujours en vigueur dans le pays.
délivrer son message, François a choisi le lieu le plus solennel de son voyage. C’est au cœur de la cour du Palais royal, grand rectangle de marbre blanc brillant dans la nuit de Bahreïn, et sous l’immense drapeau rouge et blanc du pays, que le pape a prononcé jeudi 3 novembre, un discours éminemment politique. Au premier jour de son voyage dans ce royaume du Golfe, qui doit durer jusqu’à dimanche, il a appelé les autorités, devant le roi, à respecter les droits de l’homme, alors que Bahreïn est très critiqué par les ONG pour le sort qu’il réserve à la majorité chiite.
Le pape, dont l’arrivée au Palais présidentiel a été saluée par des chants d’enfants et 21 coups de canon, n’a jamais mentionné explicitement les deux courants du monde musulman, mais il s’est appuyé sur la Constitution de Bahreïn pour promouvoir une « égale dignité » et une « égalité des chances » pour « chaque groupe et chaque personne ». Et ce, « afin que les droits humains fondamentaux ne soient pas violés, mais (soient) promus », a-t-il insisté.
La liberté religieuse, a souligné le pape, doit être « totale », et « ne pas se limiter à la liberté de culte ». En employant ces mots, il a directement repris les critiques adressées au royaume par les ONG – et qui se sont amplifiées à l’approche du voyage –, consistant à accuser Bahreïn de violer les droits humains des chiites. Dans le royaume, les fidèles de ce courant de l’islam jouissent de moins de droits que les sunnites – leur accès à la fonction publique ou à l’armée est notamment très réduit.
En coulisses, le pape et son entourage entendent aussi agir en faveur de la majorité chiite. Selon une haute source vaticane, il pourrait ainsi plaider auprès du roi Hamad, lors de leur rencontre privée, en faveur de la libération de prisonniers chiites détenus dans les geôles bahreïniennes, en particulier des mineurs. Le Vatican compte sur la tradition selon laquelle le souverain de Bahreïn accorde souvent une grâce lors de la visite d’un hôte important dans le pays. « Les autorités voient dans les chiites la main de l’Iran, alors qu’il s’agit d’un islam plutôt libéral », analyse-t-on au Vatican.
Au cours de son discours, François a également développé une vive critique de la peine de mort, toujours en vigueur dans le pays. Il a ainsi fait une allusion au « droit à la vie », « à la nécessité de toujours le garantir », « même envers ceux qui sont punis, dont l’existence ne peut être éliminée ». Actuellement, 26 personnes sont condamnées à mort au Bahreïn, l’exécution de la sentence n’attendant que l’approbation du roi.
Mais le pape a également envoyé des messages à d’autres pays de la région. À trois semaines du début de la Coupe du monde de football au Qatar, à quelques dizaines de kilomètres du Palais royal, où il s’exprimait, il a durement critiqué le « travail déshumanisant ». « Cela comporte non seulement de graves risques d’instabilité sociale, mais représente aussi une atteinte à la dignité humaine », a-t-il martelé, alors que le Qatar est au centre des critiques pour avoir employé, ces dernières années, des centaines de milliers d’ouvriers immigrés pour construire des stades. Plusieurs milliers seraient morts dans des conditions dénoncées par les ONG.
Sans jamais parler explicitement des conditions, proches de l’esclavage, dans lesquelles les ouvriers étrangers ont travaillé au Qatar, François a condamné le travail qui, comparable à du « pain empoisonné »« asservit » ceux qui y sont contraints. « Le travail n’est pas seulement nécessaire pour gagner sa vie, a-t-il estimé, c’est un droit indispensable pour se développer intégralement et pour façonner une société à mesure d’homme. » L’homme, a poursuivi le pape, ne doit jamais être « réduit à un moyen pour produire de l’argent ».
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