En confiant, le 10 mars dernier, à une commission d'enquête le soin de faire la lumière sur le scandale de l'utilisation du logiciel espion Pegasus', contre de hauts responsables politiques, dont des présidents et chefs de gouvernements, ainsi que des citoyens, notamment les journalistes, de différents pays, le Parlement européen a-t-il ouvert la boîte de pandore sans le savoir ? Après sept mois d'enquête, la rapporteure de la commission chargée d'enquêter sur l'utilisation de Pegasus' et de logiciels espions de surveillance, la Hollandaise Sophie In't Veld, a donné un point presse, mardi 8 novembre, où elle a livré « un premier cliché » des travaux de la commission. 900 pièces du puzzle, qui en compte un millier, ont été réunies, laissant dire à Mme Sophie In't Veld que « nous avons une idée assez claire de ce dont il s'agit », même si « l'image n'est pas tout à fait complète ». La commission d'enquête du Parlement européen doit encore travailler 4 ou 7 mois, avant de conclure sa mission, mais un premier échange de vues sur le sujet aura lieu le 28 novembre prochain au sein du Conseil européen, a-t-elle précisé. A propos des attaques extérieures à l'aide du logiciel Pegasus', accusant le Maroc d'avoir espionné le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et les ministres de la Défense, de l'Intérieur et de l'Agriculture, la rapporteure de la commission d'enquête ne s'y est pas trop attardé, avouant que même s'il est clair que le Maroc est derrière le piratage des mobiles de ces hauts responsables, la commission n'est pas en mesure de le prouver, faute d'un manque de données officielles sur le sujet. Idem pour les attaques extérieures à l'aide du logiciel Pegasus' en France et en Italie. Les gouvernements de ces pays n'ont pas voulu collaborer avec les membres de la commission d'enquête, s'est désolée Mme sophie In't Veld. Estimant que les logiciels espions sont une grave menace contre la démocratie, elle n'a pas ménagé les gouvernements des pays européens, en affirmant que ces logiciels espions sont « tout à fait liés à l'Europe ». Affirmant dans ce sillage que de nombreux pays de l'Union européenne recourent à une « utilisation méthodique » des logiciels espions. En Pologne et en Hongrie, ces logiciels espions sont partie intégrante d'un système de contrôle des citoyens, a-t-elle lâché. La Grèce est également citée dans ce cadre par la rapporteure de la commission du Parlement européen, ainsi que Chypre, qui est une plateforme d'exportation des logiciels espions, dira-t-elle, alors que les Pays-Bas sont en discussion pour acquérir Pegasus', l'Italie, la France et l'Autriche, en fabriquent sur leurs sols. En Tchécoslovaquie, il y a un Salon qui est totalement dédié aux logiciels espions, ajoute-t-elle. Et, tous les gouvernements de ces pays, avancent l'argument de la « sécurité nationale » pour ne rien dire sur leurs activités sur ce registre, ouvrant une brèche pour créer un système opaque et sans lois. L'Union européenne manque de maturité sur ce plan, a soutenu la rapporteure de la commission du Parlement européen, qui compte présenter dans l'immédiat un moratoire immédiat sur l'usage responsable des logiciels espions. Elle compte même proposer un sommet spécial du Conseil européen pour codifier l'utilisation des logiciels espions. Au bout de cette intervention, certains se sont demandés pourquoi la commission d'enquête a préféré donner ces détails en conférence de presse avant de soumettre son rapport au Parlement européen, le 28 novembre prochain ? Pour alerter l'opinion publique européenne et faire en sorte qu'on ne puisse plus rien cacher sur ces pratiques scandaleuses au sein de l'Union européenne ?
par Abdelkrim Zerzouri
Jeudi 10 novembre 2022
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5316676
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