Livres
Le passé ressuscité. I. Les chemins de traverse. Roman de Abdelkader Hammouche. Editions Barkat, Alger2022, 283 pages, 500 dinars
Une belle histoire d'amour et de vie nous est racontée par l'auteur qui n'en est pas, dans ce registre, à son premier essai. L'histoire, en apparence toute banale, est celle d'un jeune (et nouveau) couple d'Algériens (Ferhat, un diplômé de l'Université, et Hassina, une esthéticienne ) durant les années 80-90 en butte aux difficultés de toutes sortes les empêchant de construire leur vie dans le calme et le bonheur, comme tout couple ouvert sur le monde, fortement amoureux et solidaire.
Une vie à laquelle il ne demande rien de plus que du travail (pour l'époux, madame ayant accepté de renoncer à son emploi ), un logement pour sécuriser leurs enfants... et surtout une certaine stabilité et la paix.
Hélas, les choses ne se déroulent pas comme souhaité. Tout d'abord l'incompréhension familiale avec une maman qui accepte difficilement que son fils, kabyle, se marie avec une fille qui ne l'est pas. Ensuite, le problème du logement quasi-insoluble obligeant à des occupations provisoires et parfois inadaptées et, pour finir, voilà qu'ils se retrouvent en plein dans l'œil du cyclone terroriste et obligés de s'exiler. Pour un temps? Pour longtemps? Pour toujours ?
L'Auteur : Né à Alger en 1952 en 1952. Ancien journaliste d'Algérie Actualités (tous les anciens se souviennent de sa «mésaventure» avec la Sm de l'époque qui l'avait «embarqué» (pour un certain temps, sans trop de dégâts). Il avait alors trop bien fait son boulot (une histoire de prix du pétrole, je crois)... Par la suite devenu avocat. Auteur de plusieurs ouvrages (romans dont «Le Glaive et la Balance», récits et essais)
Extrait : «Je quittais mon pays pour échapper à la menace des terroristes, mais je redoutais ce qui nous attendait en pays étranger .
Retournerais-je un jour, avec ma famille, sur la terre natale, débarrassée une fois pour toutes du cauchemar intégriste ? (pp 282-283)
Avis : Un livre qui se lit facilement, d'un seul trait. Une écriture claire et directe, sans fioritures. Une histoire (d'amour et de vie) simple mais prenante car elle aurait pu (peut) concerner (encore) beaucoup de monde... et de jeunes gens en couple.
Citations : «L'amour est comme une belle rose : les épines font quelques fois oublier sa beauté» (p 28), «Il n'y a rien de pire pour étouffer l'amour que la routine» (p 130)
Amel. Roman de Abdelkader Hammouche. Editions Barkat, Alger 2017. 400 dinars, 258 pages (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel)
Elle était jeune, elle était belle, elle était heureuse, elle était libre. Elle aspirait à seulement vivre dans un univers pur où les êtres humains passeraient leur temps à s'aimer, à s'entraider, à sourire et rire, à voir, en somme, la vie sous un jour agréable.
Hélas, la mort subite de la mère bien- aimée et compréhensive, puis du père aimant la perturbe fortement. Un malheureux hasard (l'excès de confiance en une cousine à la légèreté cachée !) fait qu'elle sera violée.
Enceinte, elle est renvoyée de la maison familiale par ses frères (qui avaient toujours rêvé de la «mettre au pas»); elle se retrouve seule dans la nature... après avoir avorté... pour ne pas enfanter, elle le sait, d'un enfant qui sera plus que malheureux dans une société qui ne comprend ni ne pardonne le moindre écart.
Elle sera aidée, en cours de route, par des âmes plus que charitables (dont des Sœurs blanches encore installées à Alger, l'histoire se déroulant bien avant la vague «vertueuse» terroriste islamiste.) .
Elle retrouvera un travail stable et des amies compréhensives. Elle reprendra goût à la vie... et elle rencontrera, grâce à des collègues de travail, celui qui deviendra son époux (tout en sachant toute son histoire) et futur père de ses enfants.
Tout est bien qui finit bien pour Amel... car «Dieu n'abandonne jamais ses créatures innocentes». Mais, hélas, combien d'autres Amel, victimes involontaires de la sexualité débridée d'une société frustrée et d'une gent masculine machiste, haineuse et envieuse, n'auront pas sa chance.
L'Auteur : Voir plus haut
Extrait : «Les hommes sont-ils donc tous des monstres obsédés à satisfaire leurs appétits sexuels par tous moyens sans se soucier de la dignité et de l'intégrité physique de leur victime, du traumatisme qu'ils lui causent ? Pensent-ils qu'avec l'argent il leur est possible de tout acheter, de tout se permettre ? » (p 198)
Avis : Enfin, un bon «roman d'amour»... très (trop ?) réaliste.
Citation : «Pourquoi Dieu emporte-il toujours les êtres qu'on aime et accorde t-il la faveur de la longévité à d'autres dont la vie n'est qu'une suite de mauvaises actions ?» (p 28)
par Belkacem Ahcene-Djaballah
Jeudi 17 novembre 2022
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5316865
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