Au terme d’une campagne électorale éclair, Rishi Sunak a été élu chef du Parti conservateur britannique et nommé mardi Premier ministre. L’élection de Sunak survient après la démission de Liz Truss, désavouée pour ses propositions économiques désastreuses.
Si son arrivée au pouvoir parvient à rassurer quelque peu les marchés financiers affolés, son plan économique détaillé est grandement attendu pour tenter de faire sortir le Royaume-Uni de la crise. Parallèlement, les conservateurs ont besoin d’une figure sérieuse et compétente capable d’unir le parti et de minimiser les chances de défaites aux législatives de 2024. Le nouveau Premier ministre réussira-t-il son pari risqué, surtout que les échecs de ses prédécesseurs n’ont cessé de discréditer son camp?
Quatre jours se sont écoulés depuis la démission de Liz Truss, et déjà un nouveau Premier ministre lui succède: le troisième en près de deux mois. Arrivé second en septembre face à Mme Truss, il saisit l’occasion de l’échec cuisant de son adversaire et parvient cette fois-ci à atteindre l’accès à Downing Street.
Dimanche, dès l’annonce de l’abandon de Boris Johnson de la course à la tête du parti, la City a poussé un soupir de soulagement. Mais ce n’est que lundi que M. Sunak a été annoncé gagnant, suite au désengagement de Penny Mordaunt, seule candidate concurrente.
Quelles sont les propositions politico-économiques de Sunak pour une sortie de la crise? Petit-fils d’immigrants indiens fortunés, Rishi Sunak est l’ancien chancelier de l’Échiquier du gouvernement Johnson. La plus grande différence entre Truss et Sunak réside dans leurs visions économiques.
Selon The Economist, " Sunak est un expert alors que Truss est un franc-tireur ". Il se veut davantage réaliste et estime qu’"on ne peut réduire drastiquement les taxes sans avoir le contrôle sur l’inflation", critiquant ainsi le mini budget mis en place par Kwasi Kwarteng le 23 septembre dernier.
Misant sur une croissance annuelle de 2,5% en abaissant massivement les impôts pour les plus favorisés, le plan de relance budgétaire du gouvernement Truss a suscité la panique des marchés financiers et la chute vertigineuse de la livre sterling.
L’arrivée de M. Sunak est alors vue comme un miracle tombé du ciel, d’autant plus que les conservateurs espèrent fortement qu’il s’impose comme héros de la situation. Ainsi, sur le plan économique, le nouveau Premier ministre prône " la prudence fiscale " et propose un retour à l’austérité économique à travers la rigueur budgétaire.
Se présentant comme un homme pragmatique et compétent, il sera à la tête d’une administration dont l’objectif serait d’abord de maîtriser l’inflation. Il compte ensuite faire baisser les impôts afin de favoriser l’investissement et finir par stimuler la croissance économique. En vérité, Rishi Sunak s’engage à réduire de 20% la fiscalité d’ici 2030.
Par ailleurs, si le domaine économique est central dans le programme électoral de M. Sunak, celui-ci a pris d’autres engagements concernant le Brexit, l’immigration, la santé ou encore la politique étrangère. Au niveau du Brexit, il soutient le protocole nord-irlandais et s’engage à renégocier toutes les lois post-Brexit qui affectent négativement les entreprises britanniques.
Quant à l’immigration, il souhaite faire voter une loi qui limite l’immigration légale et élargir l’initiative du Rwanda à d’autres pays pour prévenir l’immigration clandestine. Il s’agit d’une initiative prise par Boris Johnson et qui consiste à renvoyer les immigrants clandestins au Rwanda malgré les désaccords de la Convention pour les droits de l’Homme.
Dans le secteur de la santé, il espère redynamiser le NHS (service de santé publique), baisser les temps d’attentes et empêcher l’exode des médecins les plus qualifiés par la hausse de leurs revenus. Enfin, pour la politique étrangère, il entamera un rapprochement avec l’UE, malgré son euroscepticisme, ainsi qu’avec la Chine (selon le quotidien The Times), afin d’améliorer les relations commerciales britanniques.
Accusé d’avoir accéléré la chute de Boris Johnson, Rishi Sunak n’était pas largement apprécié au sein de son parti. Cependant, l’expérience Truss et les désastres économiques qui ont suivi ont consolidé sa crédibilité, notamment pour les questions financières. Celui qui exprimait depuis quelques mois son scepticisme pour le plan économique de son adversaire, "tiré d’un conte de fée", a prédit la panique des marchés et la dégringolade de la monnaie nationale.
La page Truss est tournée. Celle de Sunak s’ouvre. Une ère de prudence économique et d’orthodoxie financière s’annonce. Avec le désengagement de Boris Johnson, la figure la plus à même de relever le pays de sa crise est M. Sunak, avec qui les conservateurs peuvent espérer regagner quelque peu une certaine crédibilité au sein de son électorat. Son défi majeur reste toutefois de gagner les élections législatives en 2024, alors que l’opposition travailliste a 36 points d’avance.
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