Le poète a toujours raison, qui voit plus haut que l’horizon et le futur est son royaume … je déclare avec Aragon, la femme est l’avenir de l’homme » chantait Jean Ferrat.
Peut-on imaginer une femme comme premier ministre en Algérie ? La réponse à la question appelle une triade de réponses. Depuis des siècles, la société algérienne s’est organisée selon une forme patriarcale. Le territoire était soumis à l’autorité suprême : le père. L’image du père : autorité, rigueur, fermeté. Elle cristallise ses envies, ses craintes et ses aspirations sous l’autorité d’un chef unique.
Dans l’histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu de situation où c’est la femme qui dominerait l’homme dans tous les domaines politiques, économiques, sociaux, culturels et religieux. Il faut dire que le patriarcat n’est pas fondé sur le mode de relations horizontales c’est-à-dire sur la base de relations contractuelles dont démocratiques mais plutôt sur des relations verticales c’est-à-dire de subordination pure et simple.
« C’est par le travail, que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté » dira Simone Veil.
Aujourd’hui, la fille algérienne s’est affranchie des traditions par sa réussite dans les études, en investissant massivement le marché de travail disponible, en occupant l’espace public qui lui fût interdit.
Six décennies d’indépendance ont mis à nu l’incapacité des hommes du passé à gouverner le présent et à prévoir le futur. Un regard attentif sur les problèmes sociaux, politiques et économiques dans lesquels le pays se débat, suffit pour se convaincre de la justesse de cette hypothèse.
Aujourd’hui les femmes sont devenues incontournables dans la résolution des problèmes, tout gouvernement qui souhaite avoir une légitimité démocratique doit compter sur elles et avec elles constatent certains politologues au fait de l’évolution du monde.
Indira Gandhi a été la mère de l’Inde jusqu’à la mort. Elle s’est dévouée à la modernisation de l’Inde et à son indépendance. Elle a hérite d’un pays libéré de l’emprise britannique mais rongé par des tensions internes notamment religieuses Elle a bénéficié de la sympathie de l’armée et du soutien de la population.
Dans l’imaginaire indien, Indira Gandhi demeure associée au Mahatma Gandhi et à l’idée d’une Inde moderne et puissante. Les spécialistes de la représentation notent que l’ascension rapide des femmes est une tendance lourde de l’histoire contemporaine. C’’est un « socle en béton » : tout gouvernement souhaitant avoir une légitimité populaire doit s’appuyer sur les femmes.
« Les femmes sont la ceinture qui tient le pantalon de l’homme ». Il faut rappeler, la loi salique en France de succession au trône a été modifiée après le décès de Louis X en 1316 pour empêcher les femmes d’accéder au trône, La France de Brigide Bardot serait-elle une société machiste ? Selon le coran, les hommes et les femmes sont égaux en droits et en devoirs. La société a besoin autant de femmes médecins, ingénieurs que de femmes juristes ou politologues. Cependant de multiples obstacles sont dressés devant elles pour accéder aux postes décisionnels.
Le prix du sang a été valorisé durant la lutte de libération nationale où la femme combattait côte à côte avec l’homme le colonialisme français. Si la génération de Novembre a payé le prix du sang, elle a eu droit du repos du guerrier qui a donné lieu à une dilapidation des ressources du sous-sol saharien condamnant la génération de l’indépendance au désespoir et au suicide en fuyant le pays à bord d’embarcations de fortunes à destination de la France, qu’ils disent avoir combattu.
Depuis le 22 février 2019, un miracle s’est produit. les jeunes ont décidé de ne plus servir de nourriture aux poissons de la méditerranée et de rester au pays pour réclamer le changement du système de gouvernance. Filles et garçons manifestent ensemble, crient les mêmes slogans, et affichent leur détermination d’affronter pacifiquement le système en place ; Les femmes sont le fer de lance de cette révolution du sourire inédite dans l’histoire de l’humanité.
Aujourd’hui que les temps ont changé les lois doivent refléter l’évolution de la société. Si une femme peut devenir juge, pilote, elle peut également être premier ministre et pourquoi pas chef d’Etat.
Les femmes peuvent devenir plus sensibles, plus justes et plus rationnels que les hommes qui ont démontré leurs faiblesses dans l’exercice du pouvoir. S’il est possible que des dirigeants intelligents reconnaissent leurs erreurs et soient disposés à les corriger, il est également possible qu’un peuple qui s’est libéré du joug colonial accepte de se dire des vérités et décide dans sa grande majorité d’amorcer des changements indispensables à sa survie dans un monde sans état d’âme qui ne laisse aucune place aux nations faibles.
Dire que la femme est le sexe faible, c’est faire injure à l’intelligence humaine. Ce n’est ni une question de sexe, d’âge, de religion, de race ou de couleur. C’est une affaire de personnalité. La valeur d’un homme ou d’une femme réside dans leur personnalité. « Ma femme est un homme politique », Les couleurs que je préfère chez elle sont le bleu de sa robe, le blanc de ses draps, le rouge de ses lèvres. « La femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme », selon un proverbe touareg dont le président Macron en a fait son livre de chevet.
Ses déplacements au Sahel n’ont pas été inutiles. Son esprit a réussi, là où son armée a échoué. Il faut lui rendre hommage. Les dirigeants algériens n’ont pas su tirer pas profit de la sagesse de leur peuple riche en culture et d’un territoire vaste comme quatre fois la France. Le peuple sait ce que le pouvoir ignore « au bout de la patience, il y a le ciel ». Ils sont rivés à leurs écrans, des écrans tous en couleurs avec une télécommande en noir et blanc.
L’Algérie a fait de la France une puissance nucléaire, la France a défiguré l’Algérie, elle l’a détaché de ses racines à la recherche de ses ancêtres les gaulois » à bord d’une barque en bois traversant la Méditerranée, mère de toutes les civilisations transformée en un cimetière à ciel ouvert au vu et au su de tout le monde. La France regarde des deux yeux des deux rives, l’Algérie écoute des deux oreilles des deux blocs. Les Français parlent d’énergie, les Algériens de visas. Les uns de mémoires, les autres d’histoires. Des histoires à dormir debout. C’est l’histoire de la pire tyrannie, celle du fort sur le faible. C’est la seule qui perdure depuis la nuit des temps. « Appelez les femmes le sexe faible est un mensonge. C’est une injustice des hommes faites aux femmes. Si la non-violence est la loi des êtres, le futur est avec les hommes » Mahatma Gandhi.
Dr A. Boumezrag
17/10/2022
https://lematindalgerie.com/jusqua-quand-la-minoration-des-algeriennes/
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