Le chercheur Paul Max Morin a vu sa tribune consacrée à la colonisation française en Algérie retirée du site du journal « Le Monde ». Explications.
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, le 25 août 2022 à Alger, lors d’une conférence de presse commune. © Anis Belghoul/AP/SIPA
« Nous avons décidé de retirer de notre site la tribune du politiste Paul Max Morin sur le récent voyage d’Emmanuel Macron en Algérie, publiée jeudi 1er septembre. Ce texte reposait sur des extraits de citations qui ne correspondent pas au fond des déclarations du chef de l’État. Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase « une histoire d’amour qui a sa part de tragique » prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n’évoquait pas spécifiquement la colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes. Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu’au président de la République. »
C’est le message que découvrent les internautes depuis hier soir lorsqu’ils cliquent sur l’article titré « Réduire la colonisation française en Algérie à une histoire d’amour parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle », publié dans Le Monde le 1er septembre, en fin de matinée.
« Idéologie coloniale »
Paul Max Morin, chercheur associé au Centre de recherche politique de Sciences-Po, y réagissait aux propos tenus par le président français lors de sa récente visite de trois jours en Algérie. « C’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique », avait notamment affirmé le président français.
Paul Max Morin constate d’abord qu’en « cinq ans, la colonisation sera passée, dans le verbe présidentiel, d’un “crime contre l’humanité” (2017) à “une histoire d’amour qui a sa part de tragique”. Le chercheur estime ainsi que « la droitisation du paysage politique français a amené Emmanuel Macron à durcir sa ligne ».
La phrase présidentielle s’inscrirait ainsi « dans la continuité d’une idéologie coloniale qui n’a jamais cessé d’utiliser des euphémismes pour masquer les réalités sociales et politiques ». Et l’auteur de Les Jeunes et la guerre d’Algérie (PUF) de citer les violences, l’accaparement des terres, les enfumades, la pratique de la terre brûlée, ou encore l’indigénat et les ratonnades, la torture et les bombardements.
Le chercheur critique également l’annonce de la création d’une nouvelle commission d’historiens, « qui laisse entendre que le travail de recherche et de précision sur les faits n’aurait pas été effectué ». Paul Max Morin rappelle par ailleurs que toutes les archives sur la colonisation française et la guerre d’Algérie n’ont pas été ouvertes.
Par
Les commentaires récents