Les autorités algériennes n’ont pas apprécié le dîner « privé » du président Macron à Oran le 26 août dernier et ont fermé l’hôtel où il s’est tenu. Une procédure judiciaire serait en cours contre son propriétaire, l’homme d’affaires Mohamed Affane.
L’hôtel Liberté, où s’est déroulé le dîner-débat d’Emmanuel Macron avec des membres de la société civile locale, a été fermé le 14 septembre dernier par l’administration de la wilaya d’Oran. La raison officielle de non-respect du « cahier des charges d’exploitation » ressemble davantage à des représailles contre son propriétaire, l’homme d’affaires et mécène Mohamed Affane, que deux autres établissements, lui appartenant, ont aussi été mis sous scellés. La maison familiale oranaise d’Yves Saint-Laurent qu’il a rénové en musée, et récemment ouverte au public, a également subi une mesure conservatoire de fermeture.
Le sort judiciaire de Mohamed Affane paraissait toujours incertain près de deux semaines après la cessation de toutes ses activités. « Il y a une procédure ouverte contre lui, croit savoir un avocat d’affaire à Oran, mais il se trouve à l’étranger et ne peut pas y répondre pour le moment. » « C’est le lieu où devait se tenir ce dîner privé qui a fait problème », estime Houari Attouchi, militant associatif à Oran, pour expliquer la chute brutale de Mohamed Affane.
« Emmanuel Macron sorti des radars »
Kamel Daoud, l’écrivain oranais, chroniqueur au magazine Le Point et soutien assumé du président français, est à l’origine de l’invitation d’Emmanuel Macron à ce dîner privé. Il a choisi l’hôtel de son ami Mohamed Affane. Les services de sécurité algériens ont appris tardivement le projet de ce dîner à l’hôtel Liberté et auraient exprimé le vœu qu’il se tienne ailleurs, à proximité du restaurant gastronomique du quartier de Essidikia (ex-Gambetta) où la délégation qui accompagnait le président français a dîné ce même soir.
La première interprétation des représailles qui ont frappé l’homme d’affaires oranais suppose qu’il n’a pas répondu avec « le zèle souhaité » à l’invitation pressante des autorités algériennes de renoncer à organiser ce dîner privé. Le point de vue officiel du côté algérien, évincé du plan de table, aurait aussi aggravé son cas.
« Cela s’est passé comme si le président Macron était complément sorti des radars pendant plus de deux heures durant sa visite en Algérie », rapporte un journaliste local. Il n’y avait pourtant pas d’enjeux de « subversion », les figures oranaises du Hirak, toutes sous poursuites judiciaires, n’étaient pas conviées et les convives présents au dîner ne sont pas connus pour être en dissidence ouverte avec le régime du président Tebboune.
Le milieu des affaires tétanisé
Profil atypique dans le milieu oranais des affaires, Mohamed Affane peut difficilement obtenir des soutiens parmi ses collègues tétanisés par la peur d’être arrêtés au nom de la lutte contre « l’affairisme ».
Toutefois, cette semaine, le président Tebboune a tenu des propos rassurants pour les investisseurs en Algérie et rappelé que les responsables de l’administration doivent lever les obstacles bureaucratiques pour les favoriser. Un discours contredit par l’affaire Mohamed Affane.
https://www.la-croix.com/Monde/Algerie-lhote-oranais-president-Macron-difficulte-2022-09-30-1201235637
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