Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise. Roses Nicolas/Roses Nicolas/ABACA
Le président de la République, qui est en visite officiel en Algérie, «nous a fait perdre du temps» sur la question du gaz, selon le leader insoumis.
Les mots sont choisis à dessein tant les liens et l'histoire entre la France et l'Algérie sont complexes et très sensibles. Alors qu'Emmanuel Macron est en visite en Algérie depuis jeudi, Jean-Luc Mélenchon n'a pas hésité à vivement railler ce déplacement face aux enjeux énergétiques que la France et l'Europe connaissent. Si le chef de l'État a rappelé vendredi le «faible poids du gaz dans le mix énergétique» français et les minces importations algériennes, le leader insoumis, lui, tance le positionnement d'Emmanuel Macron. «Les Italiens, eux, ils ont écouté Mélenchon. Donc, ils sont allés là-bas. Ils ont discuté avec les Algériens et ils ont acheté du gaz», commence par lancer Jean-Luc Mélenchon. Avant de prendre à partie les quelques journalistes qui se trouvaient devant lui en marge des Universités d'été de son parti.
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«Et maintenant le gaz, il est où s’il vous plaît ? Il y en a encore assez pour qu'on en ait ? Non, voilà !», charge l'ancien candidat à l'élection présidentielle. Pour Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron «nous a fait perdre du temps parce que fondamentalement, il a une mentalité dominatrice. Alors, ou il s'excuse d'avoir dominé ou il recommence à dominer.» Alger a annoncé très récemment une nouvelle augmentation de ses livraisons de gaz à l'Italie, dont elle est devenue le premier fournisseur devant la Russie après le début de la guerre en Ukraine. De quoi obliger, selon lui, à repenser la stratégie de la France par rapport à son ancienne colonie. «Il faut partir d'une idée simple : c'est l'égalité. Les Algériens ont des intérêts, ils ont un gouvernement. Nous ne nous en mêlons pas. Et nous les Français, nous avons des intérêts, nous avons un gouvernement et nous nous en mêlons parce que c'est chez nous. Et on discute avec les Algériens à égalité.»
Un «partenariat renouvelé, concret et ambitieux»
À ce propos, Emmanuel Macron signera samedi «une déclaration commune» avec son homologue Abdelmadjid Tebboune. Un «partenariat renouvelé, concret et ambitieux», selon l'Élysée. Jeudi, le président de la République avait évoqué une histoire entre les deux pays qui «n'a jamais été simple». Et «qui est et restera, parce que nous le voulons, une histoire de respect, d'amitié et, oserais-je le dire, d'amour». Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a tenté, avec des hauts et des bas, de «réconcilier» les mémoires entre la France et l'Algérie, marquées par la colonisation, mais aussi par la guerre entre 1954 et 1962. Au cours de son premier mandat, le président de la République avait par ailleurs demandé un rapport à l'historien Benjamin Stora sur ces questions. Recommandations qui lui ont été remises en janvier 2021. Façon pour Emmanuel Macron de rattraper la polémique qu'il avait déclenchée lors de sa première campagne présidentielle en qualifiant la colonisation en Algérie de «crime contre l'humanité».
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