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Des maisons blanches, des ruelles étroites qui descendent en cascade jusqu'à la Méditerranée... La Casbah d'Alger a toujours attiré des milliers de touristes venus du monde entier. Ils sont moins nombreux toutefois à l'explorer cette année, les rues d'Alger étant livrées deux fois par semaine aux manifestants. Nos reporters se sont rendues dans la Casbah, incarnation de la splendeur du patrimoine algérien comme des maux de sa société.
Habitée depuis l’Antiquité, la Casbah a longtemps été la capitale de l’Algérie, avant d’être colonisée par les Français en 1830 puis marginalisée au profit de la nouvelle ville. Avec son dédale de ruelles étroites, ce quartier d’un kilomètre carré réputé impénétrable est propice à la clandestinité.
En 1957, la Casbah est le théâtre de la Bataille d’Alger. La dixième division des parachutistes français, dirigés par le Général Massu, y affronte les indépendantistes du Front de libération nationale (FLN) menés par Yacef Saadi. Grève générale, guérilla urbaine et attentats… L’un des épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie se déroule dans ses ruelles.
Relancer le tourisme
Après l’indépendance, en 1962, la Casbah est délaissée par ses habitants qui profitent du départ des "pieds-noirs" pour s’installer dans des quartiers plus chics. Les maisons, palais et autres édifices parfois millénaires commencent à se dégrader... En 1992, l’UNESCO réagit et fait entrer la Casbah au patrimoine mondial de l’humanité. Mais nous sommes en pleine décennie noire, et ses ruelles sombres sont alors la planque des militants extrémistes qui combattent le gouvernement. Une nouvelle fois, les habitants de la Casbah vivent au rythme du couvre-feu, des rafles policières et des attentats terroristes.
Aujourd’hui, la Casbah a tourné le dos à la violence. Les autorités comme les habitants s’investissent pour restaurer et redonner vie au quartier. Partout, de grands échafaudages soutiennent les murs et enveloppent les façades. Le plan de restauration de la Casbah couvre une dizaine de monuments historiques et 200 maisons pour un budget de 170 millions d’euros. L'enjeu est de sauver un patrimoine en péril, mais aussi de développer le tourisme en Algérie, alors que l’économie a été ébranlée par la chute des prix du pétrole.
Vincent ROUXSuivre|Miyuki DROZ-ARAMAKI|
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