Une longue histoire
Tipaza est une ville côtière située à quelques 70 kilomètres à l’ouest d’Alger. De nombreux vestiges Romains, Chrétiens, Puniques et Africains témoignent de la richesse de l’histoire de cette colonie de l’Empire Romain.
Les Phéniciens y ont fondé un comptoir vers le Ve siècle av. J.-C. : c’est de là que la ville tirerait son nom qui signifie « lieu de passage » ou « escale ».
Mais on dit aussi que Tipaza est la déformation du mot berbère « Tafsa » qui signifie grès ou pierre calcaire, roches toujours en usage dans beaucoup de régions du Maghreb.
La ville connaît son essor sous le règne du roi numide Juba II (notez qu’il ne faut jamais parler sèchement à un numide…) et devient avec Caesaria (actuelle Cherchell) l’un des foyers de la culture gréco-romaine en Afrique du Nord (voir le billet sur la tombe de la Chrétienne). Tipaza était alors une ville punique, dans l’aire d’influence de Carthage. À la fin de la troisième punique et le siège de Carthage en 146 av. J.-C., Rome annexe la Maurétanie, le Maghreb d’aujourd’hui.
En l’an 39 une muraille longue de plus de deux kilomètres est construite pour protéger la ville ce qui n’a pas empêché les Vandales menés par Genséric de la détruire en l’an 430 (les vandales !). Hadrien éleva par la suite Tipaza au rang de colonie honoraire. À la fin du IIe siècle, la ville connaît son apogée avec une population qui s’élève, selon les estimations à 20 000 habitants.
Le site archéologique de Tipaza contient divers vestiges, dont les restes d’une basilique, d’un cimetière, de thermes et d’un amphithéâtre. Le site archéologique est assez éclaté et les ruines difficilement lisibles car tout n’a pas été dégagé et une bonne partie de la ville, explorée en 1891 par l’archéologue Stéphane Gsell, est encore sous les sédiments.
La cité engloutie
Et c’est tout l’intérêt du site. Ici tout semble encore à découvrir… Albert Camus ne s’y était pas trompé qui visitait régulièrement les lieux. Je suis un fouineur et, à ma grande surprise, je me suis retrouvé à marcher sur des mosaïques polychromes à peine recouvertes de poussière de grès, sans autre protection ! N’étant pas un pirate, je me suis abstenu de grattouiller les décombres d’où émergent quantité de dolia et autres vestiges…
Le site plonge directement dans la mer et s’y prolonge manifestement. Oui, la mer à monté ici de plusieurs mètres depuis l’ère romaine ! C’est bien connu, les romains avaient une activité industrielle démentielle, propre à augmenter le réchauffement climatique…
Toujours est-il qu’on voit très bien les ruines continuer sous l’eau. Pour diverses raisons je n’ai pas pu plonger mais j’ai recueilli des témoignages de première main de ceux qui l’ont fait. Controversés les témoignages…
Certains plongeurs disent ne rien y avoir vu alors que d’autres parlent de salles englouties, de dallages, d’amphores… Au lieu dit « les bains », certains chasseurs auraient remonté de la précieuse verrerie bleue phénicienne, des lampes à huile, des statues et autres merveilles. C’est sûr, un trésor fabuleux git ici sous l’écume… On peut rêver, tout au moins en 3D…
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