Une nouvelle organisation stratégique des rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) "s'est vite imposée" à partir d’aout 1959 pour survivre à l’infernale opération "Jumelles" lancée le 22 juillet de la même année par les forces coloniales pour anéantir les combattants de l’ALN dans les maquis, ont témoigné d’anciens Moudjahidine.
Le Moudjahid Aknouche Messaoud, dit "Mohamed Bouachrine", un des rescapés de cette offensive des forces coloniales, dit se remémorer "l’horreur" de cette opération qui, a-t-il dit, "a obligé les commandants de l'ALN à opter pour une réorganisation stratégique de ses rangs afin de pouvoir survivre à cet enfer".
Malgré son ampleur et les dégâts qui s’en sont suivis, l’opération "Jumelles" enclenchée il y a 63 ans, jour pour jour, par le général Challe, notamment dans la wilaya III historique, "n’a pas empêché les combattants de l’ALN de remporter des victoires", a-t-il affirmé.
"Nous avions réalisé de grands succès sur le terrain après d'héroïques batailles menées à Thamellahth (Ahnif), à Azro N'Tssedarth (Ath Mansour)
ainsi qu’à Lkaf Ntkarroussth à El Adjiba", se souvient-il.
"Les soldats ennemis, au nombre impressionnant, ont subi, eux aussi, de lourdes pertes, malgré le fait que nous perdions à chaque fois des moudjahidine durant cette opération qui nous a appris à nous réorganiser davantage pour réduire nos pertes", a encore témoigné Si Bouachrine.
Cet ancien moudjahid, aujourd'hui âgé de 90 ans, raconte, en outre, qu’un système d’organisation en petits groupes a été adopté par les différentes sections et compagnies de l’ALN dans tous leurs déplacements nocturnes avec un niveau élevé de vigilance pour fuir au contrôle de l’armée coloniale.
Et Bouachrine de poursuivre que sa compagnie était composée de trois sections et chaque section était formée de 35 combattants, tous grades confondus. "Pour surmonter l’opération Jumelles, nos chefs ont scindé chaque section en petits groupes de trois à cinq éléments pour pouvoir effectuer nos déplacements dans les maquis sans grands risques", a-t-il dit.
Vigilance et détermination à poursuivre le combat
Les moudjahidine se déplaçaient la nuit en groupe de trois à cinq éléments pour diverses missions, vers d’autres zones, pour s'approvisionner en denrées alimentaires, recueillir des renseignements ou encore pour acheminer du courrier à leurs responsables, se rappelle encore cet ancien moudjahid.
Emu et ayant du mal à articuler à cause de son âge, Bouachrine se souvient toujours des missions périlleuses menées durant cette période difficile et dans cette région de Thamellahth, considérée comme le bastion de l’ALN de cette zone. "J’ai plusieurs fois survécu à des opérations de l’ennemi, c’était des moments horribles notamment avec le déploiement des avions qui nous bombardaient sans cesse", se souvient-il.
Et d'ajouter : "l’opération Jumelles n’a pas asphyxié l’ALN, mais lui a donné plutôt un nouveau souffle et une nouvelle détermination. Nous savions bien que l’indépendance était très proche et en défiant l'opération militaire du général Challe, nous étions confiants en la victoire finale".
Né le 14 février 1936, Bouachrine a rejoint les rangs de l’ALN dès août 1957 dans la région de Thamellahth, qui relevait de la zone 4 de la région II de la wilaya III historique. Il était un des membres actifs de l’une des glorieuses compagnies de l’ALN dirigées alors par Afdhis, puis par Brahim El Mouhli et Aissa Blindé.
Toute la région de Thamellahth, Saharidj, Imesdurar, Aguouillal, Semmache, Zriba, Ath Yaâla "était le berceau de la révolution. C’était dans cette zone que j’ai activé en ma qualité de sergent, puis sergent chef, avant de devenir plus tard un agent de liaison dans la région de Hdjila à la frontière avec l’actuelle wilaya de M’Sila", a conclu Bouachrine.
Pour sa part, l’ancien officier de l’ALN, Salah Ouzrourou, a confié avoir vécu, lui et ses compagnons d’armes, "des moments atroces" durant l'opération "Jumelles". "Celle-ci nous a obligé à revoir l’organisation des sections que nous avions scindé en petits groupes pour échapper aux forces coloniales qui intensifiaient les actions dans les maquis et autour des villages avec le soutien de l’aviation et autres moyens militaires", a témoigné M. Ouzrourou, qui a occupé le poste d’agent de liaison (1958-1959), avant d’être nommé intendant régional de 1959 à 1960 dans la région II relevant de la zone 4 de la wilaya III historique.
Agé de 81 ans et natif de la région de Ain El Hammam (wilaya de Tizi-Ouzou), Salah Ouzrourou se rappelle les difficultés rencontrées dans le ralliement des villages et des populations. "C’était très difficile pour nous de renouer contact avec les villages occupés par l’armée coloniale", se remmémore-t-il. "Nos chefs hiérarchiques nous ont instruit de réduire les déplacements saut en cas de nécessité, et d’être vigilants et rigoureux dans nos comportements, avant de procéder par la suite à la répartition des sections en petits groupes de 12 Djounoud pour affronter cette opération qui a connu le déploiement de plus de 500 000 soldats français appuyés par de gros moyens matériels", a expliqué cet ancien officier de l’ALN.
Si Salah Ouzrourou a précisé que la nouvelle stratégie de petits groupes appelés aussi "Commandos" avait pour objectif de faciliter la mobilité des combattants de l’ALN et leurs déplacements en vue d’approvisionner les différentes unités en denrées alimentaires et en habillement, ainsi que pour mener des attaques contre l’ennemi.
Publié Le : Jeudi, 21 Juillet 2022 18:30
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