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14 juin 1830 : prise d’Alger par les Français
Entre la France et la régence d’Alger, qui dépend de l’Empire ottoman, les relations se dégradent depuis le début du siècle, notamment pour des raisons commerciales. En 1827, la France bloque le port d’Alger. En 1830, 37.000 soldats français débarquent sur la presqu’île de Sidi-Ferruch. L’armée d’Hussein Pacha, le dey (chef) de la régence, est vaincue le 5 juillet. Au moins 10.000 habitants fuient la ville. Le trésor de la Casbah est transféré en France.
1848 : rattachement de l'Algérie à la France
L’Algérie devient officiellement territoire français et est divisée en trois départements : Alger, Oran et Constantine. Dans les années suivantes, des rébellions se poursuivent partout dans le pays (insurrection des Zibans, révolte de Chérif Boughabla…).
Octobre 1870 : naturalisation des Juifs d’Algérie
Le décret Crémieux attribue officiellement la citoyenneté française aux 37.000 Juifs algériens, créant un déséquilibre inédit avec les 3 millions de musulmans.
16 mars 1871 : révolte de Mokrani
Depuis les montagnes des Bibans en Kabylie, le cheikh el-Mokrani lance une révolte qui s’étend à une grande partie de l’Algérie, dans un contexte d’accélération de la confiscation des terres et de l’arrivée de colons européens. Elle est durement réprimée.
28 juin 1881 : instauration du Code de l'indigénat
Un régime juridique d’exception est instauré pour les autochtones d’Algérie, avec des infractions et peines particulières, des droits restreints, faisant d’eux des "sujets" plutôt que des citoyens. A l’origine limité dans le temps, le Code de l’indigénat, outil majeur de la domination coloniale, ne sera officiellement aboli qu’en 1944 puis abrogé en 1946.
1914-1918 : l’Algérie française dans la Première Guerre mondiale
L’Algérie coloniale est fortement mise à contribution dans le conflit mondial. 173.000 militaires indigènes sont recrutés pour la guerre, dont 25.000 ne reviendront pas, de même que 22.000 pieds-noirs (Européens d’Algérie) tombés au front. En outre, 119.000 Algériens sont réquisitionnés pour remplacer la main-d’œuvre française en métropole ou… creuser des tranchées. C’est le début de l’immigration maghrébine en France. Des conscrits et déserteurs musulmans lancent une révolte armée dans le sud du Constantinois et les Aurès en 1916-1917, matée par des soldats français. La guerre contribue à la naissance d’une conscience d’indépendance nationale en Algérie.
1936 : projet Blum-Viollette
Le projet Léon Blum-Maurice Viollette (ancien gouverneur d’Algérie de 1925 à 1927, ministre d’Etat du gouvernement Blum) prévoit d’octroyer la pleine citoyenneté française à une élite de 20.000 indigènes musulmans (diplômés, fonctionnaires…), avec droit de vote aux législatives. Il est rejeté par les colons comme par les indépendantistes.
10 février 1943 : manifeste du peuple algérien
Ferhat Abbas publie le Manifeste du peuple algérien, qui réclame l’égalité entre musulmans et Européens, une réforme agraire, la reconnaissance de la langue arabe et une "République autonome".
Mai et juin 1945 : émeutes et massacres dans le Constantinois
Le 8 mai, jour de la victoire sur l’Allemagne nazie, des manifestations indépendantistes ont lieu dans les villes algériennes. A Sétif, dans le département de Constantine, un policier tire sur un manifestant et le tue. L’affaire provoque des émeutes qui font 103 morts du côté des Européens, puis une répression sanglante de l’armée qui fait entre 2.000 et 40.000 morts algériens (le chiffre reste encore débattu).
1er novembre 1954 : la Toussaint rouge
En une nuit, une trentaine d’actions terroristes sont commises sur le territoire algérien, faisant une dizaine de morts. Elles sont revendiquées par un groupe inconnu, le Front de libération nationale (FLN), lancé par de jeunes activistes au sein du MTLD, le parti nationaliste de Messali Hadj. Il prône l’indépendance et le passage à l’action directe, via l’Armée de libération nationale (ALN). Cette insurrection coordonnée est l’aboutissement du durcissement d’une partie du mouvement indépendantiste. A Paris, le gouvernement est pris de court. Le ministre de l’Intérieur François Mitterrand envoie des renforts pour des opérations de "pacification". C’est le début de la guerre d’Algérie.
Août 1956 : premier congrès du FLN
Le premier congrès clandestin du Front de libération nationale se tient dans la vallée de la Soummam, en Kabylie. Seize délégués y participent. C’est l’acte majeur permettant d’organiser la révolution. Il aboutit à la création du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et du Comité de coordination et d’exécution (CCE). Depuis 1955, le FLN a obtenu le ralliement des autres partis nationalistes, sauf celui du Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj. Entre les deux, une lutte fratricide commence. Côté français, l’Assemblée nationale a accordé les "pouvoirs spéciaux" au gouvernement de Guy Mollet. Les effectifs militaires en Algérie sont portés à 400.000 hommes. De nombreux appelés manifestent en province et à Paris en faveur de la paix.
Janvier à octobre 1957 : bataille d'Alger
Suite aux nombreux attentats du FLN, le pouvoir civil donne tous pouvoirs au général Massu, chef de la 10e division de parachutistes, pour traquer les cellules indépendantistes dans la capitale. La loi martiale est déclarée, les arrestations se multiplient, la Casbah est isolée par des barbelés, la torture est utilisée… Le FLN répond par des centaines d’attentats. La "Zone autonome d’Alger" (la structure du FLN dans la ville) est démantelée et ses chefs arrêtés ou éliminés. La victoire militaire est nette, mais les méthodes employées déclenchent une crise de conscience dans l’opinion française.
Mai et juin 1958 : coup d'Etat à Alger et retour de De Gaulle
Alors que Pierre Pfimlin, ouvert à la négociation avec le FLN, doit être nommé président du Conseil à Paris, quatre généraux français lancent un coup d’Etat pour imposer le maintien de l’Algérie française. Les insurgés prennent le contrôle du Gouvernement général d’Alger et constituent un Comité de salut public. La crise entraîne le retour du général de Gaulle, à la retraite depuis douze ans, vu comme le seul apte à sortir la France de l’impasse algérienne. Le 1er juin, il est investi président du Conseil. Le 4, il est accueilli triomphalement par les pieds-noirs à Alger. Au balcon du Gouvernement général, il lance son célèbre "Je vous ai compris !". A Paris, l’Assemblée nationale lui accorde les pleins pouvoirs pour six mois et le charge d’élaborer une nouvelle Constitution.
19 septembre 1958 : naissance du GPRA
Proclamation depuis Le Caire du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), branche gouvernementale du FLN, dirigé par Ferhat Abbas. Il sera reconnu par les pays arabes et le bloc de l’Est. Les premiers pourparlers officiels entre le gouvernement français et le GPRA s’ouvrent à Melun le 25 juin 1960. Ils se soldent par un échec, mais créent un espoir de paix en France.
8 janvier 1961 : référendum sur l'autodétermination
Un scrutin est initié par de Gaulle pour valider le principe de l’autodétermination. Alors que l'annonce en septembre 1959 d'un tel référendum avait poussé les partisans de l'Algérie française à crier à la trahison, le "oui" l’emporte avec 75,25 % des suffrages en métropole et 69,09 % en Algérie.
11 février 1961 : création de l'OAS
L’Organisation de l’armée secrète (OAS), une structure politico-militaire clandestine et pro-Algérie française, voit le jour à Madrid. Le général Raoul Salan est l’un de ses chefs. Parmi ses nombreuses actions terroristes : des tentatives répétées pour assassiner de Gaulle.
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21 avril 1961 : putsch des généraux
Des généraux de l’armée française, menés par Challe, Jouhaud, Salan et Zeller, décident de lancer un putsch contre de Gaulle et pour la sauvegarde de l’Algérie française. Dans la nuit du 21 au 22 avril, les paras du 1er REP s’emparent du Gouvernement général, de l’aérodrome, de l’hôtel de ville et du dépôt d’armes. A Paris, on craint un coup d’Etat militaire. De Gaulle active l’article 16 de la Constitution, qui lui donne les pleins pouvoirs, et dénonce dans une allocution "un quarteron de généraux en retraite". L’essentiel des officiers et les appelés du contingent ne se rallient pas au putsch, qui échoue quelques jours plus tard. Les généraux sont arrêtés ou partent dans la clandestinité.
18 mars 1962 : accords d'Evian
A l’issue de pourparlers secrets avec le GPRA, la conférence d’Evian s’ouvre le 7 mars. Les accords sont conclus onze jours plus tard. Aux concessions du GPRA, par exemple pour l’attribution des permis d’exploitation des hydrocarbures du Sahara à des sociétés françaises, répond l’engagement français d’une aide économique et financière à l’Algérie indépendante. Mais des 93 pages du document, on retient surtout le cessez-le-feu déclaré dès le lendemain. Les accords d’Evian sont approuvés par référendum en métropole le 8 avril (90,81 % de oui) puis en Algérie le 1er juillet (99,7 %). Mais ils ne signifient pas la fin de la guerre…
23 mars 1962 : bataille de Bab El Oued
A Alger, la bataille de Bab El Oued et la fusillade de la rue d’Isly opposent l’armée française aux partisans de l’Algérie française, faisant des dizaines de morts. De nombreux autres épisodes de violences ont lieu dans les mois qui suivent, malgré le cessez-le-feu : exactions contre les pieds-noirs, massacres des harkis, poursuite des actions de l’Organisation armée secrète…
5 juillet 1962 : indépendance de l'Algérie
Le pays proclame son indépendance. Le GPRA arrive à Alger. L’exode massif des pieds-noirs se poursuit (environ 800.000 en 1962). Le bilan de la guerre, incertain, serait de près de 500.000 morts (près de 400.000 Algériens musulmans, 30.000 militaires français, 4.000 Européens d’Algérie, 15.000 à 30.000 harkis).
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