L'Assemblée nationale française issue des dernières législatives a tenu sa première séance mardi 28 juin. Comme le veut la tradition, c'est le doyen des élus qui devait présider cette réunion. Ce droit est revenu ainsi au député José Gonzalez, 79 ans, élu dans les Bouches-du-Rhône sur la liste du Rassemblement national de Marine Le Pen.

 

Le Parlementaire a prononcé un discours avant d'ouvrir les débats. Les propos tenus dans cette allocution inaugurale ont cependant surpris, voire choqué, plus d'un. Le député, natif de la wilaya d'Oran, a évoqué son passé en Algérie à l'occasion, ce qui n'a pas été du goût des autres parlementaires.

"Enfant d’une France d’ailleurs, arraché à sa terre natale...", les propos polémiques du député

"Enfant d’une France d’ailleurs, arraché à sa terre natale et envoyé sur les côtes provençales en 1962, j’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie"a déclaré, en effet, le député en questionEt d'ajouter : "Je pense à mes amis que j’ai laissés là-bas. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie par le sentiment d’abandon et les périodes de déchirement".

 

Ces déclarations lui ont valu de vives critiques des autres élus. Pour eux, il s'agit d'un discours nostalgique d'une Algérie française. "José Gonzalez a parlé de la guerre d'Algérie avec nostalgie. Ce discours n'avait pas lieu d'être dans l'hémicycle", a dénoncé la députée Nupes, Sandrine Rousseau. "Nous saluons les résistants et les indépendantistes algériens qui ont fait en sorte que la colonisation s'arrête", a-t-elle souligné. "Dès la première séance, on voit le vrai visage de l’extrême droite", s’est-elle encore indignée.

 

"Horrible", "horreur"... Les autres députés commentent

"Horrible, commencer la législature par une référence à l’Algérie française, ça démarre très très mal. Les masques tombent le premier jour", a commenté, de son côté, le député LREM, Roland Lescure. L'écologiste Julien Bayou qui s'est dit "heurté", a affirmé que c'était "vraiment problématique", précisant : "Nous, on n'a pas applaudi». Pour sa part, le député de La France Insoumise, Thomas Portes réagit par «horreur et dégoût».

 

Bien entendu la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen a défendu l'élu en question dont les propos ont été commentés de différentes manières par ses camarades du RN. Comme Sébastien Chenu qui a défendu les propos d'un "homme qui aime se souvenir", "un homme qui a défendu une Algérie qui était française à l'époque". Pour Marine Le Pen, l'intervention du député n'est pas un dérapage. "Il a fait un très beau discours, un discours très digne, très républicain, qui a été d'ailleurs salué quasi unanimement par des applaudissements nourris de l'Assemblée nationale", a-t-elle asséné.

 

"L'OAS, je ne sais même pas ce que c'était", dit le député RN

Mais la patronne du RN sera très vite quelque peu contredite sur la "républicanité" de son discours, en évoquant notamment l'organisation terroriste, OAS, qui a sévi entre 1961 et 1962 en Algérie. "Non, je ne suis pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes ou pas. L'OAS, je ne sais même pas bien ce que c'était", a-t-il affirmé à des journalistes après son discours. Ce n'est certainement pas un déni de la nature terroriste de l'OAS qui fera du discours du député d'extrême droite, un propos "très républicain".

 

 

Mohand Ouamar 

https://observalgerie.com/2022/06/29/politique/algerie-francaise-un-depute-du-rassemblement-national-cree-la-polemique-en-france/

 

 

Guerre d'Algérie : qu’est-ce que l’OAS, à laquelle le doyen RN a fait allusion à l'Assemblée ?

Le doyen RN des députés de l'Assemblée nationale a heurté l'hémicycle lors de son discours inaugural, durant lequel il a évoqué sa nostalgie de l'Algérie française, expliquant que ce n'était pas à lui de juger si l'OAS avait commis des crimes.

Le doyen RN de l'Assemblée nationale José Gonzalez a heurté de nombreux députés en évoquant l'OAS lors de son discours inaugural dans l'hémicycle
Le doyen RN de l'Assemblée nationale José Gonzalez a heurté de nombreux députés en évoquant l'OAS lors de son discours inaugural dans l'hémicycle
Crédit : AFP

C'est le premier dérapage du Rassemblement national dans la nouvelle Assemblée. Invité à ouvrir la première séance de la nouvelle législature en sa qualité de doyen de l'hémicycle comme le veut la tradition, l'un des 89 députés RN, José Gonzalez, 79 ans, a profité de cette tribune pour faire l'apologie de l'Algérie française. Le député des Bouches-du-Rhône, pied-noir né à Oran, a d'abord rappelé qu'il était arrivé en France en 1962 lors de l'indépendance de l'Algérie, évoquant "l'enfant d'une France d'ailleurs arrachée à sa terre natale", avant d'aller plus loin devant des journalistes en estimant qu'il n'était "pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes".

"Crimes de l'armée française, je ne pense pas, crimes contre l'humanité encore moins. Si je vous emmène avec moi en Algérie, dans le Djebel, beaucoup d'Algériens qui n'ont jamais connu la France disent 'quand est-ce que vous revenez ?'". Avant de conclure en indiquant "ne pas savoir ou presque pas ce qu'est l'OAS".

Ces propos ont choqué de nombreux élus de la majorité et de la gauche, qui ont fustigé une "honte" ou fait part de leur "dégoût". "Dire 'je ne sais pas s'il faut juger les crimes, réels ou non de l'OAS', ça s'appelle du négationnisme historique", a regretté auprès de FranceInfo Alexis Corbière de la France insoumise. Sandrine Rousseau a estimé de son côté que ces paroles faisaient "voler en éclats" la dédiabolisation du RN. "Les masques tombent dès le premier jour", a dénoncé le député LaREM Roland Lescure, cité par Libération.

Une organisation considérée comme terroriste

Si cette sortie a tant heurté, c'est parce qu'elle ravive la mémoire d'une période douloureuse de l'histoire de France. L'OAS, ou Organisation armée secrète, est une organisation politico-militaire clandestine fondée en 1961 après l'échec du putsch militaire d'Alger pour s'opposer à l'indépendance de l'Algérie. Considéré comme terroriste par la France et les historiens spécialistes de la guerre d'Algérie, le mouvement a multiplié les attentats en Algérie mais aussi en France afin de défendre la présence coloniale française. 

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