Assia Djebar est le nom de plume de l’écrivaine algérienne d’expression française, Fatima‐Zohra Imalayène (1936 ‐ 2015), et signifie « consolation » et « intransigeance ». Elle est la première femme du Maghreb à devenir membre de l’Académie française. Sa poésie a comme thèmes l’émancipation des femmes, la dignité, l’histoire en général et l’Algérie en particulier traduite à travers sa violence et ses langues. Sa poétique transfrontalière sur la mémoire de la femme et son écriture de la résistance dévoilée font d’elle une voix forte du monde littéraire de l’Afrique du nord.
Poème au soleil
Illustration: Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique (1910), par Joachim-Raphaël Boronali. Espace culturel Paul-Bédu, Milly-la-Forêt (France).
« Poème au soleil »
J’ai libéré le jour
de sa cage d’émeraude
comme une source vive
il glissa de mes doigts.
J’ai libéré la nuit
de la tombe de l’onde
comme un manteau de pluie
elle retomba sur moi.
J’ai libéré le ciel
de son lit d’amarantes
dans un éclair d’orgueil
il s’envola en roi.
J’ai lancé le soleil
sur la scène du monde
l’ombre était si profonde
qu’il devint hors-la-loi.
Assia Djebar (1936-2015 ). Blog d’Assia Djebar
1956, in : Poèmes pour l’Algérie heureuse, Alger, S.N.E.D., 1969
Madeleine Mirbeau, « Variations autour du soleil », huile sur toile, 2013-2014
(Paris, collection particulière)
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
On me fouette à Azazga
Un chevreau court sur la Hodna
Des chevaux fuient de Mechria
Un chameau rêve à Ghardaïa
Et mes sanglots à Djemila
Le grillon chante à Mansourah
Un faucon vole sur Mascara
Tisons ardents à Bou-Hanifia
Pas de pardon aux Kelaa
Des sycomores à Tipaza
Une hyène sort à Mazouna
Le bourreau dort à Miliana
Bientôt ma mort à Zémoura
Une brebis à Nédroma
Et un ami tout près d'Oudja
Des cris de nuit à Maghnia
Mon agonie à Saïda
La corde au cou à Frenda
Sur les genoux à Oued-Fodda
Dans les cailloux de Djelfa
La proie des loups à M'sila
Beauté des jasmins à Koléa
Roses de jardins de Blida
Sur le chemin de Mouzaia
Je meurs de faim à Médea
Un ruisseau sec à Chellala
Sombre fléau à Medjana
Une gorgée d'eau à Bou-Saada
Et mon tombeau au Sahara
Puis c'est l'alarme à Tébessa
Les yeux sans larmes à Mila
Quel Vacarme à Ain-Sefra
On prend les armes à Guelma
L'éclat du jour à Khenchla
Un attentat à Biskra
Des soldats aux Nementcha
Dernier combat à Batna
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
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