Parmi plus de 380 000 soldats cubains qui ont combattu pour les indépendances africaines, au moins 12 000 sont morts. Fidel Castro a été un acteur important des décolonisations africaines. Une Histoire que les Africains ont tendance à oublier…
Le 13 août 2016, pour son 90e et dernier anniversaire, le chef de la révolution cubaine, Fidel Castro, portait le survêtement de l’équipe de football nationale de l’Algérie. C’était alors la dernière apparition publique d’«el Comandante ». Un peu plus de trois mois plus tard, Castro décède. En Afrique, de nombreux pays ont décrété un deuil national en son honneur.
Incompréhensible pour l’Occident. Mais incompréhensible aussi pour une grande partie de la jeunesse africaine. Si l’on n’est pas Angolais, Algérien, ou Bissau-Guinéen, difficile de comprendre la relation entre le leader cubain et l’Afrique. Certains médias africains annonçaient la mort du « tyran cubain », une narrative que même les médias occidentaux n’osaient pas.
Mais, si l’on ne doit pas pour autant oublier les figures de la libération de l’Afrique du joug de la colonisation européenne, Fidel Castro a, lui aussi, une place indéboulonnable dans l’Histoire africaine du XXe siècle.
La politique nationale de Fidel Castro ne regarde pas outre-mesure les Africains. Il faut toutefois dénoter le système de santé à Cuba, salué d’ailleurs par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui considère les soins publics cubains comme « un exemple pour le monde entier ». L’ère Castro a laissé aussi le plus haut taux de vaccination contre les maladies virales du monde entier — l’immunisation à Cuba s’élève à plus de 96 % contre 27 maladies selon une recherche américaine. Puis, si on en croit l’Unicef, l’alphabétisation à Cuba s’élevait à 100 % à la mort de Fidel Castro.
Si tous ces indicateurs de gouvernance peuvent être mis en doute, la contribution cubaine à la libération de l’Afrique, elle, demeure un fait largement documenté.
Afrique-Cuba, une amitié née dans le sang des martyrs
En 1987, le Los Angeles Times affirmait que 10 000 soldats cubains avaient été tués en Angola depuis 1976. « Un chiffre proportionnellement plus grand que le nombre d’Américains morts au Vietnam », affirmait le journal américain.
Selon Fidel Castro lui-même, « 381 432 soldats cubains se sont battus main dans la main avec des soldats africains pour l’indépendance nationale ou contre une agression étrangère ». Une estimation d’un Fidel Castro qui était friand de précisions, que personne n’a jamais niées.
Car la lutte anticoloniale afro-cubaine fait partie de ce peu de romantisme révolutionnaire que les indépendances africaines ont pu, un jour, revendiquer. Aujourd’hui, l’amitié afro-cubaine, tout autant que l’indépendance africaine, sont également incertaines.
Si on peut rappeler la répression de l’opposition à Cuba pendant le long mandat de Castro, « l’une des plus grandes ironies est que les mêmes personnes qui exigent la reconnaissance de ses torts, étaient du mauvais côté de l’Histoire ou ont parrainé des dictatures dans de nombreux pays africains », écrit l’auteur Sean Jacobs.
Après avoir libéré Cuba du règne corrompu de Batista en 1959 et pris le pouvoir, Fidel Castro s’est rapidement retrouvé aux antipodes des Etats-Unis et des pays occidentaux en général. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, son rapprochement de l’Union soviétique s’était opéré par élimination. Pour Fidel Castro, la diplomatie relevait d’un facteur : la décolonisation et l’intérêt commun.
La campagne militaire africaine de Fidel Castro
Pour cette raison, ainsi que son activisme dans les réseaux antiracistes depuis l’adolescence, Fidel Castro s’était rapidement tourné vers l’Afrique. Il faut préciser qu’une majorité de Cubains étaient aussi descendants d’Afrique.
Le premier « acte africain » concret de Castro a été son soutien à l’indépendance algérienne pendant la guerre d’Algérie au début des années 1960. Trois ans plus tard, Cuba avait envoyé des soldats pour entraîner les guérilléros d’Amílcar Cabral au Cap-Vert en en Guinée-Bissau. C’était d’ailleurs ce dernier qui avait déclaré : « Quand les combattants cubains rentreront chez eux, ils n’emporteront que les restes de leurs compagnons morts ».
Le 24 avril 1965, le compagnon de Fidel Castro, Ernesto « Che » Guevara a débarqué dans l’est de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). Accompagné de soldats, de docteurs et d’infirmiers, le contingent cubain a mené une guerre sanglante contre les troupes américaines et belges déployées alors du Tanganyika jusqu’au Kasaï.Plus tard, entre 1966 et 1974, les forces cubaines ont combattu avec le PAIGC pour l’indépendance de la Guinée-Bissau. Puis, depuis 1976 et jusqu’à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, des dizaines de milliers de soldats cubains ont arpenté l’Afrique australe, infligeant des défaites humiliantes à l’armée sud-africaine et ses alliés rebelles angolais.
Nelson Mandela écrivait d’ailleurs, depuis sa prison de Robben Island : « C’est la première fois qu’un pays d’un autre continent vient, non pas pour prendre quelque chose, mais pour aider les Africains à obtenir leur liberté ».
Un jeune Iranien se tient sur une colline qui surplombe Téhéran, recouverte par un épais nuage de poussière, le 17 mai 2022. Photo AFP
Des tempêtes de sable ont provoqué des hospitalisations, des fermetures d’écoles et des perturbations du trafic aérien dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Mardi, un épais nuage de poussière a recouvert la capitale saoudienne, Riyad, dont la tour emblématique Kingdom Centre est devenue invisible à plus de quelques centaines de mètres. Le centre météorologique du royaume avait prévu des « vents poussiéreux », « réduisant la visibilité » dans la capitale, l’est du pays et plus à l’ouest, dans les villes saintes de La Mecque et de Médine, selon l’agence officielle SPA.
Des conditions similaires étaient observées dans d’autres pays du Golfes comme à Bahreïn, au Qatar et aux Émirats arabes unis.
Le phénomène n’est pas rare dans une région connue pour ses déserts, mais sa fréquence a augmenté ces derniers mois, alimentée par les sécheresses et les faibles précipitations liées au changement climatique.
L’Irak a connu huit tempêtes de sable depuis la mi-avril. La dernière en date a entraîné lundi l’hospitalisation de près de 4 000 personnes pour des troubles respiratoires, et la fermeture de l’aéroport à cause « d’une visibilité de 300 mètres », des écoles et des administrations publiques dans tout le pays. À Bagdad, les toits, les voitures et même les meubles dans les maisons étaient recouverts d’une couche de sable jaune très fin.
En Iran, les administrations, les écoles et les universités étaient fermées mardi dans plusieurs provinces en raison de tempêtes de sable, selon les médias d’État.
Au Koweït, le trafic aérien a été suspendu pendant une heure et demie lundi, et le trafic maritime dans les trois ports est resté suspendu mardi après-midi. Le ministère de l’Éducation a annoncé la réouverture des écoles mercredi.
Aggravation du phénomène
L’arrivée de masses d’air sec et froid hors saison contribuent à la prolifération des tempêtes de sable dans l’est de la Syrie et en Irak « puis leur transmission à la péninsule Arabique », a expliqué Hassan Abdallah, du centre météorologique WASM, en Jordanie. Lorsqu’elles atteignent l’Arabie saoudite, les tempêtes ont tendance à perdre en intensité, a-t-il ajouté.
L’aggravation du phénomène s’explique par plusieurs facteurs, comme le faible niveau des eaux du Tigre et de l’Euphrate, la fluctuation des précipitations annuelles et la désagrégation des sols, a-t-il ajouté.
Pour y faire face, les pays de la région doivent planter davantage d’arbres et « s’attaquer de toute urgence au faible niveau du Tigre et de l’Euphrate », a estimé Hassan Abdallah.
Dans le centre-ville de Riyad mardi, le sable recouvrait tous les voitures et les bâtiments.
« Travailler à l’extérieur est très difficile à cause de la poussière, mais le chantier doit être livré aujourd’hui », a confié un ouvrier pakistanais se présentant sous le nom de Kalimullah. « J’essaie de me laver le visage de temps en temps », a-t-il ajouté.
« Les tempêtes de sable font partie de notre culture, nous y sommes habitués mais certaines sont violentes », a constaté Abdullah al-Otaibi, un employé saoudien, se dépêchant d’entrer dans son bureau en se frottant les yeux.
Cette exposition numérique vient en complément de l'exposition consacrée à "La guerre d'Algérie. Histoire commune, mémoires partagées ?".
Elle insiste sur les différents groupes porteurs des mémoires de la guerre d'Algérie : des appelés aux militaires de carrière, en passant par les insoumis, les indépendantistes du FLN/ALN, et ses soutiens, au MNA, des harkis aux pieds-noirs, en passant par l'OAS.
Introduits par des historiens (Marc André, Raphaëlle Branche, Olivier Dard, Jean-Jacques Jordi, Abderahmen Moumen, Yann Scioldo-Zurcher-Levy, Tramor Quemeneur), ces extraits de témoignages permettent de saisir la diversité des parcours et des expériences d'hommes et de femmes acteurs ou témoins de la guerre d'Algérie.
I-Présentation
"La guerre d'Algérie. Histoire commune, mémoires partagées?"
Benjamin STORA – La guerre d’Algérie expliquée à tous (éd. Seuil), 2012. La guerre d’Algérie (1954-1962) fut le grand épisode traumatique de l’histoire de la France des Trente Glorieuses. Et les blessures ouvertes alors ne sont pas encore refermées, comme en témoignent les polémiques mémorielles récurrentes qu’elle continue de soulever. Né à Constantine en Algérie, l’historien Benjamin Stora raconte ici cette guerre longtemps restée « sans nom », ses épisodes majeurs (des massacres de Sétif à la politique de terreur de l’OAS, en passant par le putsch des généraux et la répression en métropole) et ses acteurs principaux, français comme algériens. Il restitue cette histoire dans toute sa complexité en rendant compte des acquis et débats de la recherche historique la plus récente, par exemple en racontant comment la guerre fut vécue du côté algérien. Enfin, il revient sur les séquelles politiques et mémorielles de cette guerre de huit ans des deux côtés de la Méditerranée. En 2014, Stora a pris la tête du Musée de la Porte Dorée. Rappelons son rôle dans les nombreuses expositions qui ont marqué en particulier l’année anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie
Affaire Ben Barka: Documents révélés par le hacker Coleman – Maroc, Israël, Mossad, Hassan II, Miloud Tounzi, services secrets,
Courrier de Maître Ralph Boussier du 08 décembre 2010:
—– Message transféré —- De : Ralph BOUSSIER <[email protected]> À :[email protected] Envoyé le : Mer 8 décembre 2010, 16h 59min 24s Objet : 20071097 – TOUNZI – CONSULTATION
Cher monsieur,
Conformément à la stratégie arrêtée lors de notre dernier rendez vous général voici la déclaration d’appel qui fut régularisé par maitre Clément.
J’ajoute que le greffe de la Cour d’appel lui a indiqué que depuis 34 ans que dure cette instruction et en dépit des 11 juges d’instructions qui se sont succédés dans ce dossier , jamais la Cour n’avait connu de ce dossier.
RALPH BOUSSIER Avocat à la Cour SCP Normand & Associés 7, place de Valois-75001 PARIS
De : Ralph BOUSSIER <[email protected]> À :[email protected] Envoyé le : Ven 24 décembre 2010, 15h 00min 07s Objet : note de lecture livre de me Buttin
cher monsieur, merci de transmettre cette note à monsieur le Directeur général. bien entendu e suis à son entière disposition pour lui commenter de vive voix à sa convenance. cordialement
RALPH BOUSSIER AVOCAT A LA COUR SCP NORMAND FRANCE +33 1 47 20 30 01 +33 1 47 20 06 01 +33 6 76 86 91 50
NOTE DE LECTURE DU LIVRE DE MONSIEUR MAURICE BUTTIN
sur cette publication :
il convient de souligner d’ores et déjà et en introduction que cet ouvrage est édité chez KARTHALA qui est une société d’édition très confidentielle qui ne produit que des ouvrages très particuliers à audience restreinte.
Pour preuve s’agissant de celui-ci, il n’est pas encore à ce jour diffusé chez les libraires ou les grandes enseignes de diffusion d’ouvrage et il convient d’aller l’acquérir chez l’éditeur lui-même.
présentation générale de l’ouvrage :
Ce livre est en réalité un prétexte pour son auteur de réaliser une biographie en se dissimulant derrière un titre particulièrement accrocheur puisqu’il utilise le nom de trois personnalités à très forte notoriété que sont feu sa majesté HASSAN II, le Général DE GAULLE et BEN BARKA.
Le titre et la première de couverture indiquent clairement que l’essentiel du livre concerne le dossier qui aura occupé presque toute la vie professionnelle de cet avocat à savoir l’affaire BEN BARKA ;
Au travers de 479 pages, dont 430 sont consacrés à Mehdi BEN BARKA, il est retracé les premières années de l’Indépendance jusqu’à la disparition de Mehdi BEN BARKA en ce mois d’octobre 1965.
L’aspect témoignage politique n’est pas l’objet de la présente et j’en fais l’économie. C’est pourquoi je vais directement à ce qui est intitulé « l’affaire BEN BARKA » et qui est la troisième partie du livre qui comprend trois sous-parties que sont :
la première plainte (1965-1975)
la deuxième plainte (1975-2010)
« les responsables ».
l’analyse de la troisième partie :
la première plainte et sa gestion de 1965 à 1975 :
Au travers de cette première sous-partie, il est essentiellement décrit tout d’abord l’influence supposée de Mehdi BEN BARKA, puis les éléments politiques qui auraient conduit à sa disparition et enfin l’impact de sa disparition au sein du Royaume du Maroc.
Cette partie se termine bien entendu par les éléments fondamentaux que sont les procès de 1966 et 1967 et il faut d’ores et déjà souligner que de façon très contrastée l’auteur relève que si l’instruction de cette affaire n’a pas été bâclée par le Juge ZOLLINGER, en revanche elle aurait été réalisée dans un délai beaucoup trop court pour, comme cela est indiqué : « (…) dégagées toutes les mailles du filet (…) » (Cf. page 297).
Afin de fonder son propos, Maître BUTTIN reprend l’interview qu’avait donnée le Juge d’instruction le 21 mars 1990 dans une émission d’enquête de Charles VILLENEUVE où ce magistrat à la retraite avait répondu :
« je ne pouvais plus rien ajouter. Toutes les portes étaient fermées, tous les verrous poussés (…) ».
Pour achever l’illustration de cette première thèse, il est cité un extrait du journal suisse La Liberté Fribourg du 4 avril 1966 qui aurait affirmé que le dossier du juge fut d’autant plus rapidement clos qu’il était visible que le pouvoir avait hâte d’en finir avec un dossier plus volumineux que lumineux.
C’est sur ces appréciations donc que s’ouvre la relation du procès de 1966 qui, et il n’est pas neutre de la souligner, s’appelle pour le commun des mortels « l’affaire BEN BARKA », nom de la victime, et non du nom des accusés, ce qui est plus habituel en matière criminelle.
Dans cette première affaire l’audience durera 17 semaines, six accusés sont présents dans le box. Ils sont accusés d’arrestation illégale et de séquestration et pour le Roy Finville de non dénonciation de crime.
Bien entendu, cette première partie de procès sera interrompue par l’arrivée de Monsieur DLIMI, ce qui renverra le procès et conduira à une deuxième session d’assises.
Pour synthétiser l’essentiel du procès, en tout cas de cette première partie du procès, il faut reprendre la citation qui est faite par Maître BUTTIN s’agissant de la plaidoirie de l’un de ses confrères qui relève qu’ « il est regrettable que beaucoup de gens n’ait connu l’existence de BEN BARKA, ce leader du Maroc et du Tiers-Monde, qu’à propos de son enlèvement (…) » (Cf. page 299) nous sommes manifestement dans une tribune politique et non dans une enceinte de justice.
Il faut relever qu’avec une certaine franchise, Maître BUTTIN note que cette première série de journées d’audience est très décousue, que les témoignages sont contradictoires et qu’il est tellement impliqué dans le dossier que le Président va même jusqu’à s’interroger, s’adressant à lui, en lui disant :
« (…) êtes-vous témoin ou avocat ? (…) »ceci est intéressant pour la situation actuelle de ce dossier et des agissements du juge Ramael.
La réflexion du Président de la Cour d’Assises de Paris résulte de l’interrogatoire de EL MAHAI qui est pris à partie par Maître BUTTIN lorsqu’il déclare qu’il est étudiant, alors qu’il l’aurait reçu précédemment au Ministère de l’Intérieur à Rabat en lieu et place du Général OUFKIR.
D’ores et déjà, on s’aperçoit que Maître BUTTIN est arc-bouté sur le fait de savoir qui est Monsieur CHTOUKI.
En effet, il explique au Président que pour sa cliente Madame BEN BARKA, il a besoin de savoir qui est ce personnage, qui est selon lui la charnière du dossier et que personne n’a pu retrouver.
Le Président en bon magistrat lui coupe la parole et lui dit :
« (…) se sont des appréciations je voudrai que vous posiez votre question (…) » (Cf. page 301)
Il n’est pas neutre non plus de relever avec quelle insistance LOPEZ est interrogé afin d’identifier CHTOUKI et la seule information qui ait pu avoir la Cour d’Assises est que cette personne existait puisque Monsieur EL MAHAI le connaissait.
Monsieur EL MAHAI va jusqu’à dire qu’il l’a connu comme Commissaire de police et que son prénom était Miloud.
Monsieur EL MAHAI va être très disert puisqu’il va définir le rôle de DLIMI auprès d’OUFKIR et il identifie le cabinet 1 puis fait référence à la Villa MOKRI. (page 303)
Manifestement, les débats se tendent et le Président menant de façon ferme et respectueuse du Code de procédure criminelle ceux-ci, va jusqu’à suspendre l’audience compte-tenu de la volonté qu’ont certains avocats des parties civiles de transformer en tribune politique l’audience.
Ces incidents d’audience vont aller jusqu’à ce que le Président interdise à Maître BUTTIN d’intervenir à tout bout de champ et il ne se retirera pas de ce procès à la demande de Abderrhaman YOUSSOUFI qui lui demande de se maintenir pour pouvoir plaider.
Pour illustrer la tension qui existait, il est fait référence à un article paru le 30 septembre 1966 dans le journal Combat qui relevait que :
« Lorsque le 30 septembre, le Président PEREZ a osé censurer le témoignage du Bâtonnier YOUSSOUFI, la partie civile a menacé de se retirer, (…), il ne s’agissait pas d’un chantage. Et c’est pourquoi soudain apeuré le Président, après une courte suspension d’audience a platement battu en retraite, (…), mais je crois comprendre que la partie civile a désormais perdu toute illusion, le pouvoir de Matignon a prévalu sur celui de l’Elysées, (…), la partie civile est revenue pour la forme à la barre. Moralement elle s’est retirée. Le procès des assassins de BEN BARKA peut se poursuivre maintenant sur un autre plan que le judiciaire. L’affaire ne fait que commencer. Le mort aura la vie dure. Le mort aura le dernier mot (…). »
Cette position et cette relation des faits, en un mot ce témoignage, sont particulièrement importantes dans la situation actuelle puisqu’on s’aperçoit qu’en réalité les parties civiles n’auront de cesse à partir de ce moment là que « ..d’affirmer que cette tragique et ténébreuse affaire à la double responsabilité marocaine et française, ne peut avoir de conclusion puisque les verrous mis par les complices français à une instruction complète et le silence obstiné des accusés et des autres personnes vraisemblablement au courant, empêche que le sort réservé à la victime ne soit connu… » (Cf. page 308)
La position deviendra éminemment politique, à tel point que les journaux retiennent que Maître BUTTIN fait œuvre de militant en faisant plaidoirie essentiellement centrée sur la politique marocaine pour aboutir à la théorie du complot.
De façon curieuse, Maître BUTTIN règle le réquisitoire de l’Avocat général TOUBAS en deux lignes en indiquant qu’il est implacable mais qu’il se garde bien de mettre en cause le souverain marocain.
C’est donc au terme de 37 jours d’audience que le verdict doit être rendu mais un coup de théâtre intervient le 19 octobre, puisque le Directeur général de la Sûreté Nationale Ahmed DLIMI se présent au Palais de justice et se constitue prisonnier.
Cette arrivée, certes spectaculaire, permet à Maître BUTTIN de retenir que « … le pouvoir marocain en joueur avisé s’sacrifia une pièce importante de son jeu, ce qu’il qualifie être le troisième pilier du régime selon ce qu’aurait écrit le Bâtonnier YOUSSOUFI dans son ouvrage intitulé L’Evènement paru en novembre 1966 page 22. … »(page 311).
Bien entendu le procès est ajourné et après avoir rappelé la tragique série de décès des confrères de la partie civile, Pierre STIBBE, le Bâtonnier THORP et Michel BRUGUIER Maître BUTTIN une nouvelle fois va extrapoler et à indiquer que tous trois seraient décédés épuisés par les semaines de travail, de présence aux audiences, de tension et de passion lors du procès BEN BARKA.
Certains seraient même allés jusqu’à parler de la malédiction qui s’abattait sur les avocats de la partie civile.
Ceci renvoie au 17 avril 1967 où le même Président, à savoir le Président PEREZ ouvre la nouvelle session d’Assises qui est l’objet d’entrée de jeu d’un incident des parties civiles qui souhaiteraient qu’elle soit tenue plus tard.
Les parties civiles savent que cette demande de renvoi du procès à un mois n’est bien entendu pas acceptable pour le Président.
Ceci conduit Maître BUTTIN à affirmer qu’à compter de ce jour, Madame BEN BARKA a décidé de consacrer désormais sa vie et ses moyens à la recherche de la vérité, et c’est face au refus de cette demande de renvoi que la partie civile quitte l’audience et deviendra un spectateur silencieux. (Cf. page 315).!
Faisant manifestement l’objet d’une orchestration et d’une organisation particulière qui avaient pour seul but, dès cette époque là, de montrer que dans cette affaire l’instruction dans un premier temps puis le procès dans un second ne sont pas normalement menés, la partie civile va avoir le beau rôle de quitter les débats et sera soutenue par une partie de la presse française comme par exemple le Canard Enchaîné qui écrit le 19 avril 1967 :
« Dieu merci, la mort, puis le Président PEREZ ont finalement réussi à écarter cette inconvenante partie civile du prétoire, où elle jetait le trouble. Désormais, le linge sale de l’affaire BEN BARKA se lavera, comme il se doit, en famille. Tous les espoirs sont permis (…) Quant à Monsieur le Président PEREZ, le voici réduit au silence. Son rôle principal consistait, en effet, à dire « la question ne sera pas posée » et l’on saura enfin la vérité, comme toute la vérité, comme l’a promis DE GAULLE à la mère de BEN BARKA ».
Fort de cette position de témoin silencieux, Maître BUTTIN va ensuite dans son ouvrage faire sa plaidoirie, en disant « si j’avais pu plaider les débats auraient été différents ».
Comme vous le savez le verdict est rendu le 5 juin 1967. Monsieur SOUCHON est condamné à six ans, LOPEZ à huit ans de réclusion criminelle. Maître BUTTIN rappelle que l’Avocat Général avait requis 20 ans contre le premier et 15 ans contre le second. Tous les autres accusés sont acquittés et c’est ainsi que seront clôturés 70 journées d’audience.
L’auteur nous livre également une citation parue dans la revue L’Evènement sous la plume de K. Archibald qui écrivit que :
« en rendant leur verdict, les jurés n’ont fait que rendre au Tribunal la monnaie de sa pièce. Les faiblesses du dossier, les références sempiternelles au secret professionnel et à l’acte de gouvernement, leur ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas droit à la vérité mais aux quelques parcelles que la raison d’état jugeait bon de leur livrer. Dans ces conditions, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas à juger (…) ».
Mais la Cour rendit également le même jour un deuxième arrêt pour condamner par contumace OUFKIR, CHOUKI et les quatre truands français dans cet arrêt Ahmed DLIMI est acquitté, OUFKIR condamné par contumace. Ainsi se clôture la première partie de cette affaire.
Maître BUTTIN renvoie à des appréciations politiques en faisant référence notamment au livre « Les officiers de sa Majesté » mais ce n’est pas particulièrement dirimant.
deuxième plainte de 1975 à 2010 :
Comme nous le savons, Maître BUTTIN a régularisé une plainte contre X le 21 octobre 1975 pour assassinat, complicité d’assassinat et toute autre infraction que l’instruction révèlerait.
Cette plainte est motivée par le fait que les arrêts du 5 juin 1967 n’ont pas fait justice. (Cf. page 339)
Il ne me semble pas très pertinent de faire des développements sur l’introduction afférente à cette deuxième plainte puisqu’il s’agit essentiellement d’appréciation de Monsieur BUTTIN et le premier élément intéressant développé visé les mandats d’arrêt en page 352.
Ce qui ne sera pas pour nous surprendre, il retient que le Juge RAMAEL a incontestablement adopté une attitude plus offensive que ces prédécesseurs et cette offensive bien entendu prend la forme des cinq mandats d’arrêt d’octobre 2007 qui sont motivés uniquement pour entendre les survivants de l’époque « et non à priori pour les mettre en examen comme certains médias l’ont soutenu » (page 352).
Il rend également hommage au courage du journaliste Joseph TUAL et relève que cette décision du Juge RAMAEL est une première depuis le dépôt de la nouvelle plainte.
Ensuite, il est rappelé que manifestement les mandats d’arrêt internationaux n’ont pas gêné dans ses déplacements le Général BENSLIMANE et qu’en juin 2009 lorsque Michèle ALLIOT-MARIE devient Ministre de la justice et des libertés, après qu’elle ait été saisie par lettre, s’étonnant de la non exécution par le Maroc des commissions rogatoires internationales, il aura reçu une réponse le 28 août, lui indiquant qu’elle saisissait immédiatement le Directeur des affaires criminelles et des grâces et à mi-septembre, la décision est prise de diffuser les mandats d’arrêt.
Il est relevé que moins de 24 heures après, une décision contraire intervient.
Fort de cela, et de ces errements quant à l’exécution des mandats d’arrêts ou des commissions rogatoires internationales, Maître BUTTIN rappelle que le 2 octobre 2008 il avait été reçu au quai d’Orsay par trois représentants du Président de la République française et qu’on lui aurait proposé un marché, à savoir d’échanger l’exécution des commissions rogatoires internationales contre la mise à néant des mandats d’arrêts internationaux. Marchandage auquel il se serait refusé.
Il termine ce chapitre en apothéose en citant in extenso la lettre écrite le 7 octobre 2009 par le Juge RAMAEL au Procureur de la République en lui indiquant :
« (…) Interpol revendique le blocage des diffusions sollicitées selon des procédures internes confidentielles qui tiennent compte des intérêts politiques et diplomatiques. En conséquence, j’estime inutile et hypocrite de fournir de plus amples éléments afin de permettre d’apprécier s’il s’agit d’une affaire mettant en cause des responsabilités étatiques. Manifestement l’affaire BEN BARKA continue de déranger 44 ans après, (…) ».
L’auteur ajoute que le Juge renouvelle alors les quatre mandats d’arrêt et ajoute un cinquième visant Monsieur EL ASSOUNI puisque semble-t-il il vient d’obtenir l’identité complète de celui-ci.
L’auteur s’exclame en conclusion que le Maroc refuse d’exécuter les commissions rogatoires internationales et que la France s’oppose à l’exécution des mandats d’arrêt. Une fois de plus la raison d’état et des Etats l’a emporté sur l’exigence de justice. (page 354)
A partir des pages suivants, il s’agit plus d’un travail d’enquête qui est mené par l’auteur, qui a reconstitué certains éléments à partir soit des pièces pénales soit d’auditions récentes de personnes qui subitement se présentent chez le Juge RAMAEL, tel un agent d’Orly Monsieur Daniel TROUBLE qui, le 18 juin 2009, va déclarer au Juge d’instruction :
« Lorsque je suis arrivé comme jeune agent des services commerciaux aux frets d’Orly, en 1969, j’ai entendu parler les anciens et je suis venu vous livrer mon témoignage (…). Il se disait qu’un dimanche, me semble-t-il, vers 5 heures du matin, l’employé de permanence pour la taxation des colis avait vu arriver en personne Maurice PLAGIAS, chef du centre de fret, et deux autres personnes. La présence de ces deux responsables ce jour là et à cette heure là, était totalement inhabituelle.
Ils étaient venus faire taxer un colis parallélépipédique, identique à ceux servant à transporter les cercueils, d’un poids de 125 à 140 kg, supposé contenir des pièces détachées à destination de Casablanca.
Ce colis a été embarqué dans un DC3 qui n’aurait embarqué rien d’autre (…). Le lendemain, deux gendarmes sont venus récupérer la souche de la LTA, qui est le titre de transport d’une marchandise et l’ont emportée. Là aussi c’est étrange (…), quelques semaines plus tard PLAGIAS et FOSSATI ont été muté tous les deux. Il faut dire que les rumeurs de leur appartenance au SDECE allaient bon train (…) ».
Tout à l’avenant jusqu’à la fin de l’ouvrage et sur le dernier chapitre afférent aux responsabilités de façon paradoxale et peut-être consensualiste, on peut relever que quatre pays semblent avoir une responsabilité aux yeux de Maître BUTTIN, à savoir le Maroc, la France, Israël et les Etats-Unis.
Dans le cadre de cet ouvrage et au regard de ce qui nous intéresse plus particulièrement, je souhaite relever l’attention du lecteur sur la page 251.
Je reviens sur celle-ci car elle me semble essentielle sur la relation des faits et l’analyse qui en est faite par Maître BUTTIN au regard du mandat d’arrêt international visant Monsieur Miloud TOUNZI.
Bien entendu, de façon lapidaire et sans que ceci soit nullement fondé, bien au contraire tout permet de contester cette affirmation, l’auteur fait un amalgame entre Miloud TOUNZI et Miloud CHTOUKI.
Je rappelle que le mandat d’arrêt international vise un homicide volontaire à l’encontre de Monsieur Miloud TOUNZI et donc suppose que celui-ci ait à tout le moins rencontré l’hypothétique victime dans le cadre de sa présence à Paris le 30 octobre 1965.
Or, ce samedi 30 octobre 1965, Maître BUTTIN a semble-t-il collationner dans le premier dossier généré par la première plainte des informations chronologiques très précises qui conduisent à pouvoir affirmer que Monsieur CHTOUKI n’a jamais rencontré Mehdi BEN BARKA à Paris à cette date là.
Par voie de conséquence, juridiquement le mandat d’arrêt, bien entendu passée la difficulté première de faire un amalgame et une parfaite superposition de personne, succomberait à l’analyse juridique puisque Maître BUTTIN affirme :
« (…) OUFKIR arrive à son tour à Orly à 17 heures. Accueilli par CHTOUKI, EL MAHI et LOPEZ. Il se fait conduire par celui-ci à Fontenay le Vicomte où DLIMI l’accueille vers 18 heures. Le Général a confié sa valise à EL MAHAI et lui a demandé de lui prendre une chambre à l’hôtel ROYAL ALMA et de l’y attendre avec CHTOUKI. Tous deux patienteront une partie de la nuit en vain. OUFKIR n’occupera à aucun moment la chambre, mais fera chercher sa valise. EL MAHI passe plusieurs coups de fils chez BOUCHESEICHE et chez LOPEZ sans réponse (…) ».
Donc cette reconstitution, si on la retient comme étant juste, et il n’y a aucune raison de ne pas le faire, atteste incontestablement d’une impossibilité physique de rencontre entre Mehdi BEN BARKA et le sieur CHTOUKI.
Bien entendu, cet ouvrage peut donner lieu à d’autres réflexions mais j’ai volontairement cantonné mon analyse à cette partie du dossier afférente à Monsieur Tounzi.
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En conclusion, il faut retenir que cet ouvrage n’aura sans doute pas beaucoup de lecteurs. Toutefois il est une note de synthèse très intéressante même si elle est à charge puisqu’elle dissimule certainement des éléments à décharges contenus dans le premier dossier pénal qui nous sont inconnus, tout comme des éléments contenus dans le deuxième dossier pénal et qui viendraient les uns comme les autres asseoir incontestablement la position selon laquelle les mandats d’arrêt internationaux qui ont été relancés en octobre 2007 à l’encontre des quatre personnes susnommés, n’ont aucun fondement et ne sont, comme Maître BUTTIN le dit lui-même dans son ouvrage, que des ballons sondes qui ont uniquement comme ambitions d’obtenir des informations qu’ils ignorent encore aujourd’hui après plus de 35 ans d’instruction et 11 juges d’instruction.!
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LA DISPARITION DE BEN BARKA DANS LA PRESSE FRANÇAISE
Le Monde : Révélations en Israël sur l’implication du Mossad dans l’affaire Ben Barka Deux journalistes viennent de publier une enquête sur le rôle des services de renseignements israéliens dans la disparition de l’opposant marocain, cinquante ans après son enlèvement à Paris.
Entretien. Quel rôle a joué le Mossad dans l’affaire Ben Barka ?
L’enlèvement de l’opposant marocain en plein Paris, le 29 octobre 1965, puis son assassinat, ont fait l’objet d’innombrables thèses, rumeurs et conclusions plus ou moins fiables. Le corps de Mehdi Ben Barka n’a jamais été retrouvé, mais l’implication de plusieurs parties a été établie. En 1966, deux journalistes israéliens avaient été arrêtés pour avoir publié dans l’hebdomadaire Bul un article laissant entendre que les Israéliens auraient été mêlés à l’enlèvement, devant la brasserie Lipp. L’hebdomadaire, aussitôt retiré de la circulation par les autorités, mettait en cause le général Meïr Amit, chef du Mossad à l’époque. En 1987, le Haaretz écrivait que le gouvernement israélien (dirigé alors par Lévi Eshkol) avait été tenu dans l’ignorance de cette opération.
Le 20 mars, deux journalistes du quotidien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, ont publié une enquête fleuve dévoilant les coulisses de l’implication logistique du Mossad, en
soutien des assassins marocains de l’opposant. Une enquête qui a été soumise, comme l’exige la loi en Israël, à la relecture de la censure militaire. Les journalistes ont mis au jour les détails de l’incroyable conflit politique survenu en Israël, entre le chef du Mossad, le premier ministre et celui qui fut chargé d’enquêter sur cette affaire d’État, Isser Harel. Mort en 2003, Harel fut une figure mythique des services israéliens, d’abord fondateur du Shin Bet (renseignement intérieur) après l’établissement de l’Etat en 1948, puis directeur du Mossad entre 1952 et 1963. L’enquête s’appuie sur les minutes des rencontres entre ces trois hommes, ainsi que sur des témoignages de certains des acteurs.
Ronen Bergman, célèbre journaliste d’investigation en Israël, spécialisé dans les questions militaires et les services de renseignement, revient sur les coulisses d’une opération du Mossad à
l’issue non préméditée, qui s’est fini en désastre. Ronen Bergman met actuellement la dernière main à un livre sur l’histoire du Mossad.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances dans lesquelles le Mossad s’est retrouvé impliqué dans l’affaire Ben Barka ?
Le Mossad ne souhaitait pas être impliqué. Cela apparaît clairement dans les documents et les rencontres entre les dirigeants de l’époque.
Le service voulait parvenir à l’impossible : ne pas être partie prenante, tout en parvenant à satisfaire leurs homologues marocains, en leur fournissant ce qu’ils souhaitaient. Les relations secrètes avec les Marocains étaient considérées comme stratégiques, de la plus haute importance. Elles relevaient de ce que le Mossad appelait la théorie de la périphérie, consistant à développer des relations avec des pays entourant Israël et les ennemis d’Israël, comme l’Iran, l’Ethiopie, la Turquie, et donc le Maroc. Le Maroc représentait un grand défi car c’est un pays arabe, aux très fortes relations avec la Ligue arabe, et n’entretenant pas de conflit avec une partie du monde arabe, comme l’Iran. Le Mossad a réussi à créer des intérêts communs avec le roi Hassan II et ses services. Cela a commencé en convainquant le roi de laisser les juifs de son pays émigrer vers Israël. Puis Israël a fourni une aide militaire et en matière de renseignement. En échange, on a obtenu un accès à des informations par le Maroc.
Un mois et demi avant l’enlèvement de Ben Barka, il y a un sommet crucial de la Ligue arabe à Casablanca…
Effectivement, il y a eu un sommet arabe en septembre 1965, lors duquel le Mossad a obtenu la possibilité d’observer. Les Marocains ont fourni au Mossad des documents décrivant les délibérations. Je en peux m’appesantir sur le détail de ces activités car elles sont en partie
couvertes par le secret militaire. Mais le contenu des discussions a été qualifié comme étant le plus grand succès en matière de renseignement de notre histoire. L’un des sujets du sommet était de
savoir si les pays présents étaient prêts à une nouvelle guerre contre Israël. Les informations obtenues ont été une des bases de la confiance en eux des chefs militaires israéliens, au moment de la guerre des Six jours, en 1967. Pourtant, à l’époque, beaucoup pensaient que le pays serait rayé de la carte.
Mais cet accès privilégié a eu un prix…
Oui. Trois jours après le sommet, les Marocains ont réclamé le paiement pour ces informations : il s’agissait d’aider à localiser et à tuer Ben Barka. Il y a eu des versions divergentes sur ce sujet. Selon le professeur Yigal Bin-Nun, que nous citons dans l’article, qui a beaucoup travaillé sur l’affaire et recueilli de nombreux témoignages auprès des services marocains et israéliens, le plan initial était d’enlever Ben Barka, de l’amener au Maroc et de lui faire une proposition qu’il ne pouvait refuser : accepter un poste de ministre sous peine d’être poursuivi pour haute trahison.
Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Les documents rapportant les entretiens entre le directeur du Mossad, Meïr Amit, et le premier ministre, Lévi Eshkol, suggèrent clairement qu’Amit avait appris des Marocains qu’ils voulaient le tuer. Par ailleurs, dans le cadre de leur aide logistique, le Mossad s’est vu demander à deux reprises de fournir aux Marocains des poisons différents. Pourquoi demander du poison si on ne veut pas le tuer ?
Quelle est la nature des documents que vous citez, concernant les rencontres officielles ?
Ce sont les minutes, rédigées par l’un des plus proches conseillers du premier ministre, au moment de ces rencontres. Ils sont très secrets. On nous les a montrés. Ils ne sont pas publics. Ce genre de document était scellé, selon la loi, pour cinquante ans. Il y a cinq ans, je me suis adressé à la Cour suprême pour obtenir la publication de toutes les archives confidentielles antérieures à cinquante ans. Le gouvernement a fait savoir à la Cour que le délai était dorénavant porté de cinquante à soixante-dix ans.
Vous citez une rencontre, le 4 octobre 1965, entre le premier ministre et Meïr Amit, le directeur du Mossad, qui dit : « Le roi Hassan a donné l’ordre de tuer Ben Barka ».
Amit comprend qu’ils veulent le tuer. Mais ça laisse une question en suspens : pourquoi ne pas assassiner Ben Barka en pleine rue à Paris ?
Ça serait bien plus simple que de le conduire dans un appartement, de le torturer, si ce n’est pour leur plaisir personnel. Les Marocains avaient donc peut-être d’autres objectifs, même s’ils envisageaient de le tuer à la fin.
Amit et peut-être le premier ministre avaient l’impression que l’opération n’aurait pas lieu, que les Marocains laisseraient les choses en l’état. Amit pensait pouvoir recueillir le bénéfice de la coopération, en apparaissant comme un bon partenaire, sans être impliqué dans un assassinat. Il ne ment pas quand il rapporte au premier ministre que le Mossad n’est pas impliqué directement dans l’assassinat de Ben Barka. Ce ne sont pas des mains israéliennes qui ont serré le cou, le Mossad n’était pas présent au moment des faits et n’a pas autorisé sa mise à mort. Mais il minimise le rôle joué par le service.
Quelle a été l’implication logistique du Mossad ? On sait que, dans la phase initiale, ils avaient aidé à repérer Ben Barka en Suisse, à Genève…
Ils ont ensuite aidé en fournissant de faux documents pour louer des voitures et ils ont donné des passeports aux Marocains et aux mercenaires français pour pouvoir prendre rapidement la fuite après les faits. Il est clair aussi que le Mossad a fourni un appartement, une cache aux Marocains, mais on’est pas certain que ce fut celui où Ben Barka a été conduit.
Et le corps de Ben Barka ?
Quelques minutes après le drame, Ahmed Dlimi [adjoint du ministre de l’intérieur, Mohammed Oufkir] a appelé le Mossad de l’appartement en disant : « Je ne voulais pas, il est mort. » Selon
certains témoignages de premier ordre dont nous disposons, le Mossad s’est chargé d’évacuer le corps de l’appartement, puis de s’en débarrasser. Les agents connaissaient une forêt près de Paris, très prisée pour les pique-niques familiaux. Le service a eu l’idée de dissoudre le corps avant de l’enterrer avec de l’acide, à base de produits chimiques achetés dans plusieurs pharmacies. Cette nuit-là, il a plu. La pluie a accéléré le processus. C’est l’aspect le plus visuel, le plus dramatique de l’implication du Mossad. Le service était très réticent à l’idée d’être impliqué dans l’opération. Au début des années 1960, Ben Barka avait été en contact avec les Israéliens, notamment les services, qui n’avaient aucune hostilité contre lui. Mais ils avaient une énorme dette envers les Marocains.
Quel a été le rôle d’Issa Harel, figure mythique de la communauté du renseignement israélienne, dans la crise politique qui s’est nouée après l’assassinat, en Israël même ?
Il faut rappeler le contexte. Harel avait dû démissionner comme directeur du Mossad deux ans plus tôt. Il y avait eu une dispute très sévère entre lui et David Ben Gourion [alors premier ministre]. Il
pensait que Ben Gourion ne pourrait gérer le Mossad sans lui. Mais Ben Gourion a accepté sa démission et a nommé le chef du renseignement militaire, Meïr Amit, à la tête du service. Harel était convaincu que le Mossad, c’était lui, et qu’Israël, c’était le Mossad.
Par la suite, il y a eu un clash interne au sein du camp travailliste, pour capter l’héritage de Ben Gourion, entre Eshkol, Golda Meir et d’autres. Harel, lui, voulait se venger et prouver que son successeur était incompétent. Il a alors entendu parler de l’affaire Ben Berka.
Nommé conseiller du premier ministre Eshkol, il lui a dit qu’il devait virer Amit. Eshkol a refusé. Harel lui a dit alors : vous devez démissionner vous-même ! Il menaçait, dans le cas contraire, de tout dire en public et de causer un énorme tourbillon.
Est-il possible d’imaginer que le premier ministre n’ait pas été au courant de l’opération Ben Barka ?
Je ne suis pas sûr qu’il était courant de tout. Quand on compare ce que savaient les acteurs sur le terrain et ce que Amit rapportait à Eshkol, il y a une grande différence. Cela concerne le degré d’implication du Mossad, ses contacts directs avec les Marocains avant et après l’assassinat de Ben Barka, les informations fournies aux Marocains pour pouvoir localiser Ben Barka, le fait que le Mossad était derrière le piège destiné à attirer Ben Barka à Paris (un projet de documentaire sur lui). Je n’ai trouvé aucun rapport d’Amit au premier ministre détaillant le niveau d’implication du Mossad. Eshkol a fini par demander l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, une enquête extrêmement superficielle. Deux feuilles manuscrites, après un travail de trois jours.
El Watan : Français et Israéliens derrière la disparition de Ben Barka
Un nouveau témoignage, cette fois d’un homme du «système» marocain, accable de nouveau les services de renseignement français (DGSE) et israéliens (Mossad) de l’enlèvement et l’assassinat du célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Berka, à Paris en 1965, sur demande des services secrets marocains. Le voile sera-t-il un jour levé sur l’affaire Mehdi Ben Barka, grand opposant au régime marocain et un des leaders du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste ? Avec le temps, les langues se délient.
Des révélations sont attendues sur l’affaire liée à l’assassinat, en France, de l’opposant marocain, Mehdi Ben Barka, à l’occasion de la présentation, hier à Rabat, par l’ancien Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, de ses Mémoires, dans lesquels il atteste de l’implication des services secrets marocains, français et israéliens dans ce crime politique.
Dans son ouvrage intitulé Récits du passé, l’ancien Premier ministre du gouvernement de l’Alternance marocain (1998-2002), a décidé, au crépuscule de sa vie (94 ans), de donner sa version des événements vécus par le Maroc le long de la deuxième moitié du siècle passé. Chacune des trois parties, le Maroc, la France et Israël, avait «un intérêt particulier à faire taire Ben Barka», selon l’homme politique marocain. Abderrahmane Youssoufi, ancien militant du parti Istiqlal, avait été chargé de suivre le dossier de l’assassinat de Mehdi Ben Barka auprès de la justice française.
Depuis sa disparition à Paris, le 29 novembre 1965, le corps de l’opposant de Hassan II n’a jamais été retrouvé et l’affaire n’a jamais été élucidée. Il fut l’un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste. De son vivant, il avait initié de nombreuses mobilisations populaires au Maroc.
L’ex-président français, François Hollande, avait décidé, en mai 2017, quelques jours avant de quitter ses fonctions, de lever le secret défense sur 89 documents relatifs à l’affaire de l’assassinat, en France, de la figure de la gauche marocaine, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ces documents englobent les rapports, notes de synthèse, bulletins de renseignement, procès-verbaux, auditions, questionnaires, fiches, biographies, des photos et lettres détenus. Mais un document est resté bloqué dans cette déclassification et la CSDN a refusé de lever le secret-défense.
Selon les médias français, il s’agit d’un document qui se trouvait, en 2010, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure et dont on ignore le contenu. L’auteur de Récits du passé, qui a tenu à faire coïncider la parution de ses Mémoires avec son 94e anniversaire, Abderrahmane Youssoufi en l’occurrence, regrette à ce titre que son pays «n’ait pas pu amorcer un virage démocratique pour plusieurs raisons». Parmi ces causes, «l’incapacité» de l’élite politique marocaine elle-même à opérer cette transformation. A cela s’ajoutent une «mauvaise gouvernance» et «une administration archaïque».
Ont été évoqués notamment, outre son enfance, les dessous de son retrait de la vie politique en 2003, des épisodes du mouvement national marocain, des premières heures de l’aube de l’indépendance, ses liens avec feu Mehdi Ben Barka, son opposition au régime, sa prise de commande de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et sa pratique politique au sein du gouvernement de l’Alternance marocain.
Divisés en trois parties, les Mémoires, rédigés par son compagnon de route M’barek Boudarqa, seront présentés au théâtre Mohammed V de Rabat, qui coïncide avec son 94e anniversaire.
Alhadith fi ma jara (Récits du passé) est une compilation en trois tomes d’éléments biographiques, d’entretiens et de discours de l’ancien opposant et chef du gouvernement. L’ouvrage sortira en librairie le lendemain de sa présentation au public au théâtre Mohammed V à Rabat, une présentation à laquelle prendra part Abderrahmane Youssoufi, en compagnie de nombreuses personnalités marocaines et internationales de la politique.
Europe1 : Comment le Mossad a aidé les services secrets marocains à éliminer l’opposant Mehdi Ben Barka ?
Au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ronen Bergman, qui publie « Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël », revient sur l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, auquel les services secrets israéliens auraient participé. INTERVIEW Près de 1.000 pages et de multiples révélations. Ronen Bergman, journaliste au New York Times et investigateur israélien, publie aux éditions Grasset Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, un livre événement qui revient sur les nombreuses exécutions réalisées par le Mossad, l’agence de renseignements de l’État hébreu. Dans « C’est arrivé demain », le journaliste raconte sur Europe 1 comment les services secrets israéliens ont aidé le gouvernement marocain à éliminer Mehdi Ben Barka, l’un des principaux opposants au Roi Hassan II dans les années 1950.
« Dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit » « Ce n’est pas simplement que le Mossad a œuvré, c’est beaucoup plus que cela », explique Ronen Bergman. « Le service de renseignements du Maroc a rendu service énorme aux Israéliens en donnant au Mossad la capacité d’écouter les conversations les plus secrètes des dirigeants arabes », affirme le journaliste du New-York Times. « Mais ils voulaient quelque chose en échange, car dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit. »
Si des Français étaient déjà impliqués dans l’élimination de l’anticolonialiste Mehdi Ben Barka, le Maroc demande aussi au Mossad de l’aider, raconte Ronen Bergman. Le 29 octobre 1965, le leader panafricain se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, mais les services secrets israéliens l’ont traqué afin que les Marocains l’enlèvent. L’opposant socialiste au roi Hassan II est alors torturé et tué par les services secrets marocains. « Le Mossad aide les assassins à se débarrasser du corps et à l’enterrer sous ce qui est aujourd’hui le musée Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne », poursuit Ronen Bergman.
« L’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien » Interrogé par Patrick Cohen sur les conséquences des éliminations commanditées par le Mossad, Ronen Bergman se veut nuancé. « Ça change l’histoire, parfois du bon, parfois du mauvais côté », affirme-il. « Mais après huit ans de recherches, je peux affirmer que l’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien », explique Ronen Bergman, prenant en exemple les éliminations qui ont suivi les attentats de Munich.
Partie dimanche de Fouka, l’embarcation de fortune transportait seize personnes, dont des femmes et des enfants. Cinq rescapés ont pu être sauvés par un navire égyptien.
Onze migrants cherchant à joindre l’Europe clandestinement sont morts noyés après le naufrage de leur embarcation au large des côtes de Tipaza, dans l’ouest de l’Algérie, ont rapporté lundi un média et une organisation humanitaire espagnole.
«Onze harragas (surnom arabe donné aux migrants clandestins) qui avaient pris la mer à partir de Fouka (près de Tipaza), sont morts et cinq jeunes, dont deux enfants, secourus», a rapporté la chaîne de télévision privée El-Hayet TV sur sa page Facebook.
Selon le Centre international pour l’identification de migrants disparus (Cipimd), «une embarcation transportant 16 personnes, dont des femmes et des enfants, a fait naufrage dimanche soir», au large de Tipaza. «Elle se dirigeait vers l’archipel des Baléares», a précisé le Cipimd.
Quatorze heures dans l’eau
De nombreux internautes en Algérie ont publié sur les réseaux sociaux des photos des victimes, toutes originaires, selon eux, de la ville de Fouka, dans la préfecture de Tipaza, à 70 km à l’ouest d’Alger. Les 16 migrants tentaient de traverser la Méditerranée pour gagner l’Espagne quand leur embarcation a chaviré dimanche soir. Ils sont restés 14 heures dans l’eau avant d’être récupérés par un navire égyptien qui les a remis aux autorités algériennes, selon des internautes.
Selon un bilan publié par le Ministère de la défense, les garde-côtes ont «déjoué des tentatives d’émigration clandestine et ont secouru 172 personnes à bord d’embarcations artisanales», entre le 4 et le 11 mai. En 2021, 4404 migrants sont morts ou ont disparu lors de leur traversée en mer pour tenter de rejoindre l’Espagne, le pire bilan depuis 2015, selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras qui dresse le bilan de ces drames migratoires grâce aux appels de migrants ou de leurs proches sur ses numéros d’urgence.
L’analyse des vidéos, images et récits des témoins oculaires de la mort de la reporter d’Al Jazeera discrédite les allégations israéliennes selon lesquelles elle aurait été touchée par des tirs palestiniens.
Les témoins oculaires affirment que Shireen Abu Akleh a été assassinée par un sniper israélien alors qu’avec d’autres journalistes, ils approchaient de l’entrée principale du camp de réfugiés de Jénine (illustration de MEE)
Peu après le décès de Shireen Abu Akleh, Israël a diffusé sur internet sa version de ce qui est arrivé à la journaliste palestinienne, abattue par un sniper israélien dans la ville de Jénine en Cisjordanie occupée hier matin.
Tandis qu’affluaient les condamnations du meurtre de cette reporter chevronnée d’Al Jazeera, le ministère israélien des Affaires étrangères et l’ambassade américaine ont tweeté une vidéo montrant des Palestiniens armés à Jénine tirant dans une allée, suggérant qu’ils avaient « probablement touché » Abu Akleh.
Traduction : « Ce matin, à Jénine, on a entendu des terroristes affirmer : “Ils en ont touché un, ils ont touché un soldat, il est au sol”. Mais aucun soldat [israélien] n’a été blessé à Jénine. Les terroristes palestiniens, tirant à l’aveugle, ont probablement touché la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu [Akleh]. »
L’armée israélienne a confirmé avoir mené une opération dans le camp de réfugiés de Jénine tôt ce mercredi et qu’il y avait eu des échanges de tirs entre ses troupes et des combattants palestiniens. Au départ, elle a dit enquêter pour savoir si « des journalistes [avaient] été blessés, peut-être par des tirs palestiniens ».
Plus tard, le chef d’état-major de l’armée israélienne est revenu là-dessus, affirmant qu’on ne savait pas clairement qui avait tiré la balle fatale.
« À ce stade, on ne peut établir quels sont les tirs qui l’ont blessée et on déplore son décès », a déclaré le général Aviv Kochavi.
L’analyse des images des différents incidents de mercredi, ainsi que les récits des témoins oculaires, soulèvent de nombreuses questions concernant les allégations d’Israël selon lesquelles des tirs palestiniens pourraient être à l’origine du décès de Shireen Abu Akleh.
La géolocalisation des vidéos filmées à Jénine suggère que les Palestiniens armés dans le camp mercredi n’avaient pas de vue dégagée sur Abu Akleh et le groupe de journalistes et qu’aucun affrontement ne semblait avoir lieu où ils se tenaient à leur arrivée à l’entrée du camp.
Où se trouvaient les Palestiniens armés ?
Les images de mercredi matin, utilisées en partie dans le tweet ci-dessus du ministère israélien des Affaires étrangères, montrent un homme qui tire dans une allée du camp de réfugiés à l’ouest de Jénine, bastion des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie.
Les images de cette vidéo (« Gunmen Video 1 » dans les illustrations ci-dessous) filmée près d’un bâtiment surmonté de trois réservoirs d’eau ont été géolocalisées par B’Tselem, une organisation israélienne de défense des droits de l’homme.
Sur les illustrations ci-dessous sont indiqués trois repères visuels : le coin d’un bâtiment (rectangle violet) ; un bâtiment avec un toit rouge (cercle bleu) ; et ce qui semble être un cimetière (cercle rouge). Ces repères placent la vidéo dans une zone au nord de l’endroit où les images de la vidéo « Gunmen Video 1 » ont été prises.
Où se trouvaient les soldats israéliens ?
Une courte vidéo sur Telegram une demi-heure avant que Shireen Abu Akleh soit abattue mercredi matin montre des soldats israéliens arrivant de l’ouest de la ville et se dirigeant vers l’est. Ces images ont été postées plus tard sur YouTube.
On y voit le même bâtiment avec les trois réservoirs d’eau, où tiraient les Palestiniens.
Cela, ajouté à la direction des tirs dans les deux vidéos des tireurs palestiniens, suggère que les soldats israéliens se trouvaient quelque part à l’ouest des tireurs.
Où ont eu lieu les affrontements ?
À partir des données disponibles, il n’est pas possible d’établir avec exactitude où ont eu lieu les affrontements, mais la direction des tirs des Palestiniens et l’emplacement des forces israéliennes suggèrent qu’il y a eu des tirs vers l’ouest du cimetière et vers le sud.
Une troisième vidéo filmée près du cimetière montre de la fumée s’élevant de la zone où B’Tselem a situé les tireurs palestiniens dans la vidéo diffusée par les Israéliens.
Shireen Abu Akleh a été abattue plus au nord, à l’entrée principale du camp de réfugiés de Jénine, près du principal rond-point, à une intersection géolocalisée par B’Tselem.
Traduction : « Une vidéo montre la mort de la reporter d’Al Jazeera Shireen Abu [Akleh]. Il semble que la vidéo israélienne qui affirme qu’il y a eu des tirs croisés palestiniens ne corresponde pas à cet endroit. En outre, elle porte un casque et un gilet pare-balles. »
Shatha Hanaysha, collaboratrice de Middle East Eye, rapporte qu’ils étaient un groupe de sept journalistes, parmi lesquels Abu Akleh, lorsqu’ils ont été pris par les tirs des snipers israéliens.
Relatant l’incident, elle déclare : « On s’est montrés de manière visible aux soldats stationnés à quelques centaines de mètres de nous. On est restés immobiles pendant une dizaine de minutes pour s’assurer qu’ils savaient qu’on était journalistes. »
« Puisqu’aucun tir de sommation n’avait été tiré en notre direction, on s’est avancés vers le camp. Soudain, on a entendu le premier tir. »
La fusillade dans les allées du camp était loin du rond-point – les combattants ne vont pas là-bas parce qu’il n’y a pas de couverture – et loin de la maison de la personne que les forces israéliennes cherchaient à arrêter.
L’un des chercheurs de B’Tselem s’est rendu sur les lieux où ont été filmées les vidéos des Palestiniens armés puis s’est rendu à l’endroit où Shireen Abu Akleh avait été touchée, remontant plusieurs rues et allées étroites.
Traduction : « Ce matin, un chercheur de terrain de B’Tselem à Jénine a documenté les endroits exacts où les Palestiniens armés qu’on voit dans une vidéo diffusée par l’armée israélienne ont tiré, ainsi que l’endroit exact où Shireen Abu Akleh a été tuée. »
L’ONG a conclu qu’il était impossible que Shireen Abu Akleh ait été touchée depuis l’endroit où tiraient les Palestiniens.
« La documentation de la fusillade diffusée par l’armée israélienne ne peut être la fusillade qui a tué la journaliste Shireen Abu Akleh », conclut l’ONG israélienne.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Les forces israéliennes s’en sont prises à la procession funéraire de la journaliste assassinée au moment où les Palestiniens qui lui rendaient hommage quittaient l’hôpital pour rejoindre une église de la vieille ville.
Les forces israéliennes empêchent des Palestiniens endeuillés de porter le cercueil de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh jusqu’à l’église, à Jérusalem, le 13 mai 2022 (AFP)
Les autorités israéliennes ont tiré des grenades assourdissantes et ont agressé des Palestiniens qui portaient le cercueil de la journaliste assassinée Shireen Abu Akleh à l’extérieur d’un hôpital de Jérusalem ce vendredi.
Des Palestiniens en deuil insistaient pour porter son cercueil sur leurs épaules entre l’hôpital Saint-Joseph et l’église catholique romaine de la vieille ville, avant de l’emmener vers son lieu d’inhumation, le cimetière du mont Sion.
Avant de pouvoir quitter l’enceinte de l’hôpital, les forces israéliennes les ont attaqués, les ont repoussés et ont fait irruption dans la cour.
Al Jazeera a saisi en direct le moment où les Palestiniens endeuillés ont presque laissé échapper le cercueil sous les assauts des forces israéliennes.
Quelques instants plus tard, les Israéliens les ont contraints à placer le cercueil dans une voiture et ne l’ont laissée quitter l’hôpital que sans procession. Des dizaines de personnes à l’hôpital voulaient rejoindre la procession et en ont été empêchées.
Lorsque le cercueil est finalement arrivé à l’église catholique romaine, des dizaines d’autres personnes attendaient d’assister au service funèbre de Shireen Abu Akleh.
Traduction : « Les forces israéliennes attaquent l’hôpital [Saint-Joseph] et les personnes en deuil alors qu’elles transportent le corps de Shireen Abu Akleh. »
Juste avant les funérailles, les forces israéliennes ont imposé un certain nombre de restrictions. Les Palestiniens y ont vu une tentative de perturber l’office et de limiter le nombre de personnes qui y assistent.
Les autorités israéliennes ont interdit les drapeaux palestiniens aux funérailles et interdit les posters et chants nationalistes.
Le frère de Shireen Abu Akleh a été interpelé jeudi soir, une initiative dénoncée par beaucoup comme une mesure visant à faire pression sur la famille et perturber les cérémonies de vendredi.
Selon des sources locales, les forces israéliennes ont fait irruption dans la maison d’Abu Akleh jeudi afin d’arracher un drapeau palestinien érigé en son honneur.
Depuis sa mort, les forces israéliennes maintiennent une lourde présence policière à Jérusalem. Malgré les restrictions et une vive répression, des milliers de Palestiniens se sont jurés de se rassembler pour le service funéraire et marcher au côté de son cercueil jusqu’à son inhumation aux côtés de ses parents.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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