Fondateur de la section des Anciens combattants de Bourghelles à la fin des années 1970, Gérard Marcel, ancien de la guerre d’Algérie, sera mis à l’honneur ce dimanche 8 Mai.
Gérard Marcel évoque toujours ses 28 mois de service avec émotion. Ce qui l’a fait tenir: le portrait de sa fiancée, devenue sa femme qui se trouvait au-dessus de son lit en Algérie et dans sa salle à manger aujourd’hui.
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Il a vécu ses 20 ans comme une blessure. Le jeune bourrelier (il fabriquait des harnais pour les animaux de ferme) doit se faire inspecter par une commission de révision. Les autorités militaires, les maires des environs examinent les futurs conscrits, nus comme des vers. « La maire de Bachy de l’époque, qui était une femme, s’est fait remplacer par son premier adjoint », se souvient Gérard Marcel, en évoquant Fortunée Boucq. Il ne pèse pas 50 kg mais on l’estime apte à partir combattre en Afrique du Nord.
« J’ai fait quatre mois de classes à Verdun, sept en Tunisie et 17 en Algérie », se souvient le Bourghellois de 85 ans. Chez les zouaves, dont il arbore la célèbre ceinture bleue, il est chargé de surveiller un pipeline dans le Sahara. « Il fallait rester immobile dans le sable par 60º C. On devait subir », se souvient-il.
Il participe aussi à des opérations militaires : « Quand on partait, on ignorait si on allait revenir », note-il avec émotion, rappelant que « 27 000 soldats sont morts ».
Un album photos
Les larmes ne sont jamais bien loin lorsqu’il pense à ses camarades qui ont perdu la vie de l’autre côté de la Méditerranée. « Moi, je suis revenu », répète-t-il comme si, 63 ans après, il n’y croyait toujours pas. Il a bien gardé un album photo de ses années là-bas. On voit nettement la photo de sa fiancée de l’époque au-dessus de son lit, dans la tente Marabout du désert. La même photo de celle devenue sa femme, aujourd’hui en maison de retraite, qui veille sur la salle à manger.
Mais Gérard Marcel ne plonge guère dans ses souvenirs, de peur d’y être aspiré. Il s’agite devant la télé quand il voit qu’en Ukraine « on mitraille des villages complets. C’est honteux. Les femmes, les enfants, on les laisse se débrouiller ». Lui préférerait qu’on ne montre pas ces images qui le renvoient à un passé collectif trop douloureux.
C’était un honneur pour moi d’être soldat à 20 ans. Sinon, on n’était pas un homme.
Alors oui, il a été sans doute traumatisé par ce qu’il a vu en Algérie mais il en est revenu. Avec le paradoxe de sa génération : « C’était un honneur pour moi d’être soldat à 20 ans. Sinon, on n’était pas un homme. »
Il a poussé son devoir jusqu’à créer une section d’anciens d’AFN à Bourghelles à la fin des années 1970, à être porte-drapeau pendant 33 ans. C’est à tous ces titres qu’il sera, comme Bernard Gomez-Fuentes de Bachy, mis à l’honneur ce 8 Mai.
Villeneuve - Seclin
2022 0 03
https://www.lavoixdunord.fr/1174441/article/2022-05-03/bourghelles-je-suis-revenu-alors-que-27000-autres-sont-morts-en-algerie
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