'Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.' ( Albert Camus )
‘Souvenez-vous de Moi, Je me souviendrai de vous.’ ( Coran )
Les échos de Tipasa.
Vous entendez les échos de Tipasa, en soi, comme une orgie lumineuse qui envahit vos veines et vos artères, votre chair et votre sang, qui dit la jouissance sans fin, le bonheur d’un corps qui n’est qu’un corps et rien autre, hors de la pensée, hors de l’être, ce corps qui est un vœu réalisé, d’être dans l’instant, de communier avec les éléments, la brise vagabonde qui étreint les racines des arbres, les sortilèges du soleil qui enluminent la pierre, la présence de l’autre, son corps convulsé par le désir, vous entendez les échos de Tipasa, vous les portez en vous, parfums de l’insurrection, la pluralité d’un sens qui n’a guère besoin d’une quelconque divinité, ici, en effet, vous célébrez la vie et cet orgueil dont vous devez, disent-ils, vous défier est votre façon d’être au monde, ce monde vous appartient, plus lieu de mentir, de prétendre, de porter un masque, l’homme sait ce qu’il est, cette grâce est l’achèvement de sa révolte mais une fois que la jouissance de dissipe, que l’être descend de son piédestal, vous vous redécouvrez humain, fragile comme toute substance corrodée par ses soifs, vous êtes écrasé sous la pesanteur du monde, vous cheminez vers cet autre, qui est plus éphémère que vous ne l’êtes, vous êtes la créature du vide au cœur du vide, moins qu’un caillou, un souffle et vous hurlez votre douleur en attendant la prochaine extase, il faudra qu’elle soit plus vive, qu’elle dure mais rien ne dure et pourtant vous êtes au seuil de cette éternité, vous la savourez, vous vous en imprégnez, vous êtes celui qui est le plus capable de la raconter, de la transmuer en mots, en poème, mais vous ne la voyez pas, ou si, son apparence, un fragment, comme une ombre fugace dans un miroir et cette éternité émane de Celui qui l’a créée et qui a tout crée, Il n’est en rien mais il n’est rien hors de Lui, tout subsiste selon Sa volonté, Il est le commencement et la fin, Le voir est cesser de voir car on voit tout, à Tipasa, vous êtes le témoin de sa grâce mais vous pouvez en être l’objet, ainsi il ne s’agit plus de vous sacraliser, votre quête n’est pas de soi-même, la sacralisation est Son œuvre, votre quête est celle du Créateur, qui est non pas annihilation de votre être mais son immersion dans la source de ce que vous êtes, à Tipasa vous n’êtes plus cet être absurde qui s’affranchit de soi grâce à la matière, vous êtes cet être réconcilié qui parvient à la plénitude de ce qu’il est par l’entremise de Celui qui l’a crée, non cet être rompu qui accueille dans ses fêlures la lumière mais cet être fait de lumière en osmose avec Sa lumière.
Umar Timol.
28 MAI 2022
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