Le monde a célébré comme chaque année la fin de la Seconde guerre mondiale. Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie a officiellement capitulé, signant la victoire du « monde libre » contre la barbarie des troupes hitlériennes, après six ans de guerre, la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité.
Le même jour, un autre crime de grande ampleur est commis par une nation de ce même « monde libre » dans l’une des nombreuses colonies alors sous domination occidentale.
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En Algérie, 45 000 personnes ont été massacrées par la police et l’armée françaises pour avoir simplement manifesté pacifiquement, réclamant leur droit à l’indépendance et à une vie digne. Ce crime, aucune nation ne le commémore en dehors de celle qui l’a subi.
Le 8 mai 1945 a marqué la fin d’une époque et le début d’une autre. Les vainqueurs pouvaient écrire l’Histoire, ne retenant, chacun, que ce qui fait sa gloire. Près de 80 ans après, les tiraillements entre les principaux vainqueurs du conflit sont toujours là.
Ils sont encore plus marqués en cette année de guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie, héritière de l’URSS, pour officiellement, protéger ses frontières de la menace que constituerait une probable adhésion de son voisin à l’Otan, dont la création est l’une des conséquences du grand schisme généré par la Seconde guerre mondiale.
Pendant que la Russie de Vladimir Poutine prétend combattre, comme dans les années 1940, la doctrine nazie dont elle accable les dirigeants de l’Ukraine, les Occidentaux ressortent le même argument de la défense du « monde libre » contre l’autoritarisme.
Comme au lendemain de la guerre, les deux camps se disputent toujours le mérite de la victoire, chacun y allant de ses chiffres et de ses faits d’armes.
En Algérie, l’eau a coulé sous les ponts les terribles massacres de 1945. Le pays a obtenu son indépendance en 1962 après une guerre qui trouve ses origines en partie dans ce crime ignoble.
Les Algériens avaient participé à l’effort de lutte contre le nazisme et payé un lourd tribut. Le 8 mai, ils se sont cru en droit de célébrer eux aussi la victoire qu’ils ont contribué à obtenir et réclamer leur droit eux aussi à obtenir.
Mais le colonialisme était ce qu’il était. Aux manifestations pacifiques, les autorités françaises ont répondu par la répression aveugle. À Guelma, Sétif et Kherrata, la police et l’armée françaises ont tiré dans la foule, faisant des milliers de victimes. 45 000 Algériens sont morts sous les balles.
Négationnisme
L’Algérie n’oublie pas et n’oubliera pas. « Les atrocités perpétrées à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes le 8 mai 1945 sont témoins de massacres hideux qui ne sauraient être oubliés… Ils resteront gravés, par leurs tragédies affreuses, dans la Mémoire nationale », a indiqué le président de la République Abdelmadjid Tebboune dans un message adressé samedi 7 mai aux Algériens à l’occasion de la commémoration des évènements.
De cette date, l’Algérie indépendante en a fait la « journée nationale de la Mémoire ». La mémoire, c’est précisément le dossier qui reste en suspens et empêche les relations avec l’ancien colonisateur d’être apaisées.
C’est que, aujourd’hui encore, le courant nostalgique et négationniste est toujours présent et influent en France. Ces deux dernières années, les présidents respectifs des deux pays ont affiché une volonté d’aller de l’avant dans le règlement du contentieux mémoriel, mais à chaque fois les lobbies des nostalgiques de « l’Algérie française » ont tenté de contrarier les efforts.
Outre l’ampleur des massacres du 8 mai 45 et de tous les autres crimes commis en Algérie après l’invasion française en 1830, ce négationnisme (criminalisé en Occident quand il se rapporte aux crimes nazis) renforce l’attachement des Algériens à leur histoire et à l’exigence de la vérité, comme le souligne ce passage du message du président Tebboune.
« Notre glorieuse histoire, source de notre fierté et inspirant les générations au fil du temps, s’illumine et s’enracine davantage dans notre esprit à chaque fois que la rancœur de ceux qui ne se sont toujours pas débarrassés de leur extrémisme et attachement chronique à la doctrine coloniale désuète et misérable, s’accentue », a-t-il dit dans son message.
Par:
https://www.tsa-algerie.com/le-8-mai-1945-symbole-de-la-memoire-selective-de-loccident/
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