Le couple espère, en allant travailler et vivre ailleurs, améliorer ses économies. «En Algérie, même si l’on fait des études, même si l’on a un poste stable, c’était difficile d’avoir une maison», raconte-t-elle. Certes, ils auraient pu simplement voyager pour assouvir leur désir d’aventure, mais les voyages, explique Mme Hamoul, ne permettent pas de s’imprégner d’une autre culture. Il faut vraiment vivre sur place et se mélanger à la population pour découvrir les mentalités.
Et ça, ça lui plaît vraiment. «Ça n’a pas le même goût», fait-elle valoir. Le choix du Madagascar s’est invité dans le cadre d’un contrat de travail de son mari, explique-t-elle.
En tant que ressortissants algériens au Madagascar, Mme Hamoul et son mari n’ont toutefois pas accès aux mêmes services de santé que les citoyens. En cas de besoin, il fallait se rendre à l’île de La Réunion, dit-elle.
C’est pour cette raison que Lamia Hamoul a choisi chaque fois d’aller mettre ses enfants au monde en Algérie. D’ailleurs, «au départ, on planifiait de revenir éventuellement dans notre pays d’origine», explique-t-elle. «Mais on a pris goût à ce style de vie.» C’est pourquoi après 4 ans, la famille déménage à Brunéi où Mme Hamoul enseignera le français et fera du bénévolat auprès d’un groupe d’expatriés, ce qui lui donne du temps pour éduquer ses enfants selon sa culture et ses principes.
Ce nouveau pays permet à ses enfants d’aller à l’école en anglais. Le couple tient à ce que ces derniers parlent cette langue en plus du français et de l’arabe.
Même si l’endroit leur plaît, il n’est pas possible de s’y établir définitivement. Dès que le contrat de son mari à Brunéi se termine, après trois années, un choix important s’impose : retourner en Algérie ou partir ailleurs. Les écoles internationales, en Algérie, où les enfants auraient pu apprendre l’anglais «coûtent les yeux de la tête», dit-elle. Et Lamia Hamoul a toujours dans ses cartons le projet de faire une maîtrise, même s’il s’était écoulé 16 ans depuis l’obtention de son baccalauréat.
C’est alors que des amis leur parlent du Canada. «En tant qu’étudiante étrangère, je pouvais y amener les membres de ma famille avec moi.»
C’est en pleine tempête de neige que la famille débarque enfin au Québec et plus précisément à Trois-Rivières. Inscrite à la maîtrise, elle arrive toutefois avec une semaine de retard sur le début de la session universitaire.
Et la transition va être beaucoup plus difficile que prévu. Lamia Hamoul se retrouve temporairement seule avec ses trois jeunes enfants. Son mari doit retourner en Asie, car il reste 6 mois à son contrat de travail.
La jeune femme sera alors confrontée à une série d’embûches tout à fait inattendues à commencer par la difficulté à trouver un logement. Elle a beau proposer de payer deux mois d’avance, rien n’y fait. On veut à tout prix faire une enquête de crédit sur elle, mais comme elle vient d’arriver, ce n’est pas possible.
C’est grâce à une personne qui travaillait à l’hôtel où elle a débarqué en arrivant au Québec que Lamia Hamoul trouve finalement un toit qui ne sera toutefois disponible que pour 6 mois.
Comme si la situation n’était déjà pas assez compliquée, ses cours à l’Université se donnent le soir. Il fallait d’urgence trouver une gardienne pour ses trois enfants. Encore là, c’est un autre heureux hasard qui la tire du pétrin. Une étudiante d’origine algérienne acceptera en effet le travail.
Le jour, elle doit toutefois prendre soin de son fils de 3 ans tout en étudiant, car elle ne trouve aucune place en garderie. C’est quand tout le monde dort, le soir, qu’elle arrive enfin à étudier. On peut donc comprendre qu’au cours des premiers mois, le découragement s’est installé au point qu’elle remettra en question sa décision de venir s’établir au Québec.
«Essayer d’avoir un réseau fut très difficile», raconte-t-elle. «Tout le monde ici est très occupé. On n’a pas le temps de parler à quelqu’un qui vient d’arriver. La vie est très speedy ici.»
Malgré tout, elle réussira sa maîtrise, mais ne sera pas au bout de ses peines pour autant.
La recherche d’un travail comme gestionnaire lui donnera également du fil à retordre. Elle envoie demande par-dessus demande pendant plus de 8 mois, mais c’est silence radio du côté des employeurs. «Il n’y a même pas un retour pour un entretien», raconte-t-elle. Des amis lui expliquent que c’est parce qu’elle n’a pas d’expérience de travail ici. Pourtant, elle a occupé ce type d’emploi dans une industrie pétrolière pendant des années et même chez SNC-Lavalin en Algérie.
Elle prend donc le premier boulot disponible chez un fournisseur de télécommunications. Le travail en question n’a rien à voir avec ses études. «Mais on a une famille à nourrir et des comptes à payer», plaide-t-elle. Son mari, dès qu’il la rejoint à Trois-Rivières, vit la même galère pendant un moment, mais il sera plus chanceux.
À force de postuler, Lamia Hamoul décroche un poste d’intervenante au SANA qui consiste à accompagner les familles arabophones durant leur période d’installation. Voilà un sujet qu’elle connaît de première main. Aujourd’hui, elle est coordonnatrice à l’accueil au SANA, un emploi fait sur mesure pour elle. Son parcours en tant qu’immigrante et étudiante étrangère en fait la personne idéale pour occuper ce genre d’emploi.
Même si l’aventure manque déjà à Lamia Hamoul et son conjoint, le couple et ses enfants estiment qu’ils sont désormais chez eux, à Trois-Rivières.
Même si la vie a été dure, au début, «on est bien, maintenant. Au final ça valait la peine», analyse avec le recul Mme Hamoul. Les aventures dans des pays exotiques pourront peut-être reprendre plus tard, quand les enfants s’envoleront du nid, laisse-t-elle entendre.
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