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Je revois le parc Trémaux à Tipaza

 

   

L'ordre du parc et le gardien arabe si sympathique. Il avait posé avec nous.

D'après mes petites recherches, le musée a été créé en 1955. Nous le visitions peu après sa création. Seigneur, comme le temps passe.

Et les copains ? Que sont-ils devenus ? Ils vivent à Nice pour la plupart et je suis en contact avec les familles. Ils sont mariés, ont des enfants et coulent une retraite paisible. Ils parlent souvent de Marengo, de Tipasa et le pays leur colle à la peau. Peut-être pour mieux voir La Vénus de Tipasa

Ah !.. L'ombre fraîche de ces journées d'été dans le parc Trémaux. Puis-je redire combien je garde comme des trésors, ces vieilles photos prises en 1956, 1957 et 1958 ?

Camus :

"Vers le soir, je regagnais une partie du parc plus ordonnée, arrangée en jardin, au bord de la route nationale. Au sortir du tumulte des parfums et du soleil, dans l'air maintenant rafraîchi par le soir, l'esprit s'y calmait, le corps détendu goûtait le silence intérieur qui naît de l'amour satisfait. Je m'étais assis sur un banc. Je regardais la campagne s'arrondir avec le jour. J'étais repu. Au-dessus de moi, un grenadier laissait pendre les boutons de ses fleurs, clos et côtelés comme de petits poings fermés qui contiendraient tout l'espoir du printemps."

 

En 1854, un entrepreneur parisien, Demonchy, eut l'idée grandiose de rebâtir Tipasa. L'administration lui accorda une vaste concession; à charge pour lui de construire, à côté de sa ville, un village agricole. L'année suivante Demonchy meurt du paludisme (dans la vallée du Nador au pied du massif du Chenoua subsistait des marais), puis c'est le tour de son épouse du fait du climat malsain qui régnait alors. Le fils, découragé, vend la concession à son beau-frère, Jean-Baptiste Trémaux.

La ville de Tipasa ne renaîtra pas, mais Trémaux crée le jardin-musée pour protéger l'ancienne cité du vandalisme moderne, à côté du futur Parc Trémaux, parc national qui groupe l'essentiel des ruines romaines.

 

image from tipasa.eu

Avec le gardien arabe si sympathique.

 

image from tipasa.eu

Pour mieux voir la Vénus de Tipasa.

 

 

 

http://tipasa.eu/z_tipasa/le_parc_tremaux.html

 

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Rédigé le 03/04/2022 à 11:50 dans Tipaza, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)

Camus. La fin du Retour à Tipasa (1952 donc dix ans avant notre définitif départ d’Algérie.

 

 

« Mais peut-être un jour, quand nous serons prêts à mourir d'épuisement et d'ignorance, pourrai-je renoncer à nos tombeaux criards, pour aller m'étendre dans la vallée, sous la même lumière, et apprendre une dernière fois ce que je sais. »

 

Camus quand il avait 39 ans.

« Le secret que je cherche est enfoui dans une vallée d'oliviers, sous l'herbe et les violettes froides, autour d'une vieille maison qui sent le sarment. Pendant plus de vingt ans, j'ai parcouru cette vallée, et celles qui lui ressemblent, j'ai interrogé des chevriers muets, j'ai frappé à la porte de ruines inhabitées. Parfois, à l'heure de la première étoile dans le ciel encore clair, sous une pluie de lumière fine, j'ai cru savoir. Je savais en vérité. Je sais toujours, peut-être. Mais personne ne veut de ce secret, je n'en veux pas moi-même sans doute, et je ne peux me séparer des miens. Je vis dans ma famille qui croit régner sur les villes riches et hideuses, bâties de pierres et de brumes. Jour et nuit, elle parle haut, et tout plie devant elle qui ne plie devant rien : elle est sourde à tous les secrets. Sa puissance qui me porte m'ennuie pourtant et il arrive que ses cris me lassent. Mais son malheur est le mien, nous sommes du même sang. Infirme aussi, complice et bruyant, n'ai-je pas crié parmi les pierres ? Aussi je m'efforce d'oublier, je marche dans nos villes de fer et de feu, je souris bravement à la nuit, je hèle les orages, je serai fidèle. J'ai oublié, en vérité : actif et sourd, désormais. Mais peut-être un jour, quand nous serons prêts à mourir d'épuisement et d'ignorance, pourrai-je renoncer à nos tombaux criards, pour aller m'étendre dans la vallée, sous la même lumière, et apprendre une dernière fois ce que je sais. » (1952)

José Lenzini nous explique que lors de ses pérégrinations dans le parc Trémaux, à Tipasa, Camus observait souvent les "génies des saisons" figurant sur un sarcophage. Il se penchait aussi sur les stèles.

 
 
image from tipasa.eu

Tombeau criard. Sarcophage de la légende de Pelops et Hippodamie.

image from tipasa.eu
 
image from tipasa.eu
 
 
 
 
 
 
 
http://tipasa.eu/z_tipasa/parc_02.html
 
 
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Rédigé le 03/04/2022 à 10:41 dans Camus | Lien permanent | Commentaires (0)

Sylvie Thénault : « Je suis frappée de voir l’Algérie française ressurgir dans la campagne présidentielle »

 

L’historienne déplore l’instrumentalisation du passé colonial à des fins électorales et la déformation des faits relatifs à la guerre d’Algérie par certains candidats. L’absence de consensus ne permet pas encore, selon elle, d’identifier la colonisation de l’Algérie comme un mal.
 
 
image from www.middleeasteye.net
« Ce qui me gêne, c’est l’instrumentalisation de cette histoire pour servir des objectifs qui ne sont pas nobles », explique l’historienne Sylvie Thénault (AFP)
 
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Finie dans les faits il y a 60 ans, mais pas dans les esprits. En France, la guerre d’indépendance de l’Algérie est un sujet encore très clivant, comme le montre la campagne pour la présidentielle du 10 avril, au cours de laquelle il est régulièrement instrumentalisé.

 

Laurent Joly : « Éric Zemmour falsifie sans arrêt l’histoire à des fins politiques »
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Les candidats – plutôt de droite ou d’extrême droite – convoquent les questions mémorielles liées à la colonisation et les placent dans le débat, en ciblant des niches électorales, pour promouvoir leur récit national.

Éric Zemmour, par exemple, est accusé de « réviser » l’histoire lors de ses sorties polémiques : c’est le cas des massacres du 17 octobre 1961 à Paris, dont il a justifié la répression et minimisé le nombre de victimes.

La candidate de la droite Valérie Pécresse estime de son côté que la France « ne doit pas faire acte de repentance pour ses crimes coloniaux ».

Même chose pour la présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine Le Pen, qui déplore des « repentances à répétition », en référence à la politique de réconciliation mémorielle du président Emmanuel Macron.

Le chef de l’État français, qui a saisi, dès sa première campagne pour la présidentielle en 2017, l’importance des questions mémorielles, multiplie en effet les déclarations.

Après avoir admis certains crimes coloniaux (assassinat du résistant Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel), il a choisi ces derniers temps de se tourner vers les Français rapatriés d’Algérie à l’indépendance et les harkis (supplétifs de l’armée française pendant la guerre).

VIDÉO : La France reconnaît avoir torturé et assassiné Ali Boumendjel
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Samedi 19 mars, il a déclaré « assumer cette main tendue » à l’Algérie à l’occasion d’une cérémonie pour le 60e anniversaire des accords d’Évian.

Pour Sylvie Thénault, chercheuse en histoire au Centre national de recherche scientifique (CNRS) et auteure d’une série d’ouvrages sur la colonisation française en Algérie, dont Ratonnades d’Alger 1956 : une histoire sociale du racisme colonial (qui vient de paraître aux éditions Le Seuil), l’interférence de la guerre d’indépendance algérienne dans le débat politique, surtout en période électorale, s’explique par le fait qu’une grande partie de la société française est « directement touchée par ce conflit ».

Elle considère par ailleurs que plusieurs sujets d’actualité sont traités en référence à l’histoire de la colonisation, comme l’islam, l’immigration et, plus globalement, le sens qui est donné à la nation française.

Zemmour, qui a choisi de « déformer le passé pour développer un récit nationaliste et identitaire », vient d’être épinglé par un collectif de seize historiens, dont Sylvie Thénault. Dans Zemmour contre l’histoire (éd. Gallimard), l’historienne a choisi notamment de démonter ses déclarations sur le massacre du 17 octobre 1961.

Middle East Eye : Zemmour a légitimé la répression des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris. Pourquoi avez-vous souhaité lui apporter la contradiction ?

Sylvie Thénault : Parce qu’il y a, dans son rapport à l’histoire, des particularités. Tous les hommes politiques utilisent l’histoire mais lui l’utilise de façon démesurée et décuplée. Il y a une violence qui transparaît dans tous ses usages de l’histoire.

Plus personnellement et au regard de mes travaux sur la colonisation et la guerre d’indépendance de l’Algérie, je suis extrêmement frappée de voir d’une certaine façon l’Algérie française ressurgir alors qu’il s’agit pour moi, historienne, d’un passé révolu.

Je trouve qu’on a beaucoup identifié la façon dont Vichy est une ressource politique pour l’extrême droite, mais on n’a pas assez compris, analysé et identifié la colonisation et l’Algérie française.

Je trouve qu’on a beaucoup identifié la façon dont Vichy est une ressource politique pour l’extrême droite, mais on n’a pas assez compris, analysé et identifié la colonisation et l’Algérie française

MEE : Les contre-vérités sur la guerre d’indépendance de l’Algérie, qu’elles soient le fait de Zemmour ou d’autres politiques, résistent bien au temps. Cela est-il dû à un manque de reconnaissance officielle des événements ?

ST : Même si je suis très critique de la politique mémorielle mise en place par le président Emmanuel Macron depuis quelques années, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de reconnaissance. Le président n’a peut-être pas bien fait les choses mais il a multiplié les gestes officiels.

Aussi pour moi, c’est moins un problème de reconnaissance qu’un problème de consensus. Sur Vichy, il y a plus ou moins un consensus sur le fait que l’État français et Pétain ont pris des partis condamnables au regard de l’histoire.

En revanche, les opinions sont plus contrastées dès qu’on parle de la colonisation et de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Historiquement pourtant, il n’y a qu’une vérité dans ce qu’est la colonisation, ses violences et son racisme. En tant qu’historienne, il fallait que je dise cette vérité. Donc, encore une fois, c’est moins une question de reconnaissance que de consensus moral, politique et dans la société. Vichy a été identifié comme le mal mais la colonisation ne l’est pas encore.

MEE : À quoi est due cette absence de consensus ?

ST : Nous sommes les héritiers, en partie, des positions des forces politiques qui, à l’époque même de la guerre d’Algérie, n’avaient pas condamné la colonisation.

En 1956, c’est un socialiste de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) [Guy Mollet], à la tête du gouvernement du Front républicain, qui mène la politique d’enfoncement dans la guerre. Il n’existe pas, dans la gauche française, un héritage anticolonialiste puissant.

 

France-Algérie : l’illusion d’une paix mémorielle
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Des anticolonialistes français ont toujours existé et les Algériens ont pu compter sur leur solidarité. Mais dans la politique française, aucun courant anticolonialiste suffisamment fort n’a réussi à développer un discours de condamnation de la colonisation et à le perpétuer.

Par ailleurs, remarquons que c’est un homme de droite, en l’occurrence Charles de Gaulle, qui a signé les accords d’Évian qui ont conduit à l’indépendance de l’Algérie. Ceci permet d’ailleurs à Éric Zemmour de dire que c’est lui, le général, qui a donné l’indépendance à l’Algérie.

De manière générale, quand j’entends ce genre de discours de la part de Zemmour ou d’autres hommes politiques, je déduis que nos travaux en tant qu’historiens n’arrivent pas à pénétrer dans la société

MEE : Il n’est pas le premier à tenir ce discours…

ST : Tout à fait. Zemmour reproduit des discours datés de l’extrême droite. Quand il parle de Pétain, il reprend les arguments de ses avocats que les historiens ont complètement balayés.

De la même manière, quand il dit que de Gaulle a donné son indépendance à l’Algérie, il perpétue le discours des partisans de l’Algérie française à la fin de la guerre.

Un temps, il critique le général, un autre, il l’utilise comme référence en rappelant une citation qui n’est même pas authentifiée, selon laquelle de Gaulles aurait dit qu’il ne voulait pas que Colombey-les-Deux-Églises devienne « Colombey-les-Deux-Mosquées ».

De manière générale, quand j’entends ce genre de discours de la part de Zemmour ou d’autres hommes politiques, je déduis que nos travaux en tant qu’historiens n’arrivent pas à pénétrer dans la société.

MEE : Pourquoi Zemmour et Le Pen parlent-ils autant de l’Algérie ?

ST : Pour deux raisons. Le premier élément est tout simplement quantitatif. Comparée à toutes les autres colonies de l’Empire français, l’Algérie est celle qui a concerné le plus de Français.

 

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Un million vivait en Algérie pendant la colonisation et la plupart ont été rapatriés en France après l’indépendance. Il y a aussi tous les soldats qui y ont été envoyés.

Par ailleurs, de nombreux immigrés algériens vivent en France, sans compter les harkis. En résumé, c’est une grande proportion de la population en France qui a été touchée directement par la guerre, toutes catégories confondues.

D’ailleurs, lorsqu’on consulte les biographies des hommes politiques français, on retrouve souvent un lien avec l’Algérie.

En plus de l’aspect numérique, il y a un élément qualitatif, car cette guerre se trouve liée à de nombreux thèmes d’actualité, comme le sens qui est donné à la nation française et à sa conception : est-ce qu’une nation grandit quand elle reconnaît les pages sombres de son histoire ou faut-il glorifier ce passé comme le fait Zemmour ?

Quand on parle de la guerre d’Algérie, on parle aussi de l’islam et des musulmans, du terrorisme, de la torture… À travers ce passé-là, on traite de plusieurs questions qui constituent de véritables enjeux aujourd’hui.

MEE : La guerre d’Algérie a-t-elle toujours constitué un thème de débat électoral ?

ST : La guerre de l’indépendance de l’Algérie est un thème de politique tout simplement. François Mitterrand a par exemple autorisé, en 1982, les anciens partisans de l’Algérie française à reconstituer leurs carrières pour leurs retraites.

Quand on parle de la guerre d’Algérie, on parle aussi de l’islam et des musulmans, du terrorisme, de la torture… À travers ce passé-là, on traite de plusieurs questions qui constituent de véritables enjeux aujourd’hui

Jacques Chirac s’est notamment distingué avec la loi du 23 février 2005 sur la reconnaissance de la nation et la contribution nationale en faveur des Français rapatriés, qui reconnaissait dans un article abrogé une année plus tard le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord.

Nicolas Sarkozy a été particulièrement actif, avec une conception de la droite clientéliste, allant vers les partisans de l’Algérie française.

François Hollande a commencé quant à lui un travail de reconnaissance, sur l’affaire Maurice Audin et les massacres du 17 octobre 1961. Il a également fait voter une loi qui introduit le 19 mars (jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie) comme date de commémoration dans le calendrier français.

MEE : Dans combien de temps pensez-vous que cette histoire de la guerre d’Algérie sera évacuée du débat politique ?

ST : Je n’en sais rien et je ne suis pas sûre de le vouloir parce que c’est une leçon de démocratie pour moi. C’est un passé qui fait sens pour beaucoup de monde et sur de nombreuses thématiques.

Je ne suis pas gênée par la forte présence de cette histoire dans le débat public. Ce qui me gêne, c’est son instrumentalisation pour servir des objectifs qui ne sont pas nobles. Je souhaiterais que l’on parle du passé en tenant compte de ce que les historiens ont pu établir comme faits et vérités.

 

 

Par 
Samia Lokmane
Published date: Dimanche 3 avril 2022 - 07:51 | Last update: 6 hours 12 mins ago

https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/france-algerie-sylvie-thenault-histoire-colonisation-campagne-presidentielle

 

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Rédigé le 03/04/2022 à 10:08 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Une exposition sur les rapports complexes entre "juifs et musulmans, de la France coloniale à nos jours"

 

INFO

Une exposition sur les rapports complexes entre "juifs et musulmans, de la France coloniale à nos jours"

image from information.tv5monde.com
 
Des coupures de journaux sur l'émeute anti-juive de Constantine en 1934 à l'exposition "Juifs et musulmans de la France coloniale à nos jours", au Musée d'histoire de l'immigration, à Paris, le 31 mars 2022
afp.com - Emmanuel DUNAND
 
 

"Juifs et musulmans, de la France coloniale à nos jours": une exposition à Paris apporte un regard historique et nuancé sur un siècle et demi de relations complexes et sensibles entre deux communautés, avec pour objectif de "conserver des passerelles".

Cela n'a "jamais été montré". "C'est la première fois qu'on tente cette aventure intellectuelle difficile, celle de l'histoire des rapports entre juifs et musulmans", qui a "une très grande longévité", affirme à l'AFP l'historien Benjamin Stora, commissaire général.

Avec pour sous-titre "plus d'histoire, moins de clichés", cette exposition, qui ouvre mardi et se tient jusqu'au 17 juillet au Musée de l'histoire de l'immigration, "met l'accent pas simplement sur les affrontements (...) mais sur les possibilités de transmission d'une mémoire commune, sans naïveté", souligne-t-il. Avec pour objectif "d'essayer de dresser et conserver des passerelles".

Ce projet, en outre, "prolonge" l'exposition "Juifs d'Orient, une histoire plurimillénaire" qui vient de se terminer à l'Institut du monde arabe (IMA), avec "une dimension complémentaire" liée à "l'histoire politique, culturelle, sociale de la France", ajoute Mathias Dreyfuss, historien, commissaire exécutif.

Proposant des tirages photos, affiches, archives vidéos de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), extraits de films, quelques tableaux de peinture, le parcours mène le visiteur à travers trois grandes périodes.

D'abord, de 1830 à 1914, avec l'arrivée de la France en Algérie (1830), puis en Tunisie (1881) et au Maroc (1912). Puis la période de l'entre-deux-guerres, le régime de Vichy, la guerre d'Algérie et la décolonisation au Maroc et Tunisie. Et enfin, des années 1967 à nos jours, mais cette fois sur le territoire de la France métropolitaine, avec l'installation de grandes communautés juives et musulmanes qui sont aujourd'hui, en nombre, les deux plus importantes d'Europe.

Le visiteur rencontre des preuves de "séparation" ou "d'affrontements", selon les termes de M. Stora: ainsi du décret Crémieux pris par l'Etat français en 1870 - une copie officielle est exposée - qui octroie collectivement la citoyenneté française aux 35.000 juifs d’Algérie, mais pas aux 3 millions de musulmans. Ces derniers restent avec le statut d’"indigène" aux droits civiques et juridiques limités, provoquant chez eux un sentiment d'injustice.

Cela aura des répercussions jusqu'en 1962, avec l'indépendance: les juifs arrivés en métropole seront des rapatriés puisque citoyens français, alors que les musulmans migrant deviennent des immigrés.

- prêts nationaux -

Autre "grand traumatisme", selon M. Stora: les émeutes de Constantine en 1934, qui se soldent par 28 morts (25 juifs, 3 musulmans).

On voit aussi combien, à partir de 1967 et la Guerre des Six jours, le conflit israélo-palestinien devient "ce qui cristallise les relations entre juifs et musulmans en France", explique M. Dreyfuss, et ce jusqu'à aujourd'hui.

Mais l'exposition montre aussi les interactions entre juifs et musulmans sur la scène musicale et dans le domaine de la peinture à certaines époques (principalement dans l'entre-deux-guerres), ou encore le soutien (minoritaire) de familles juives engagées du côté algérien durant la guerre d'indépendance.

Elle plonge le visiteur dans l'ambiance orientale du quartier de Belleville à Paris dans les années 1970, qui inspira des réalisateurs de cinéma. Elle l'interroge sur le racisme anti-musulman et l'antisémitisme contemporain depuis la seconde Intifada. Et le laisse avec ces portraits d'adolescents - musulmans, juifs, chrétiens, athées - d'un même collège de Sarcelles (Val d'Oise), réalisés en 2021 par la vidéaste Valérie Mréjen.

Les prêts d'oeuvres et objets émanent principalement d'institutions nationales (archives nationales, prêts du musée du Quai Branly, du Musée d'art et d'histoire du judaïsme, Centre Pompidou, Musée de l'immigration, images de l'INA). A la différence de "Juifs d'Orient", qui avait bénéficié de prêts d'institutions israéliennes, suscitant une polémique.

 

 

 
03 AVR 2022
 
Par Yassine KHIRI, Karine PERRET

https://information.tv5monde.com/info/une-exposition-sur-les-rapports-complexes-entre-juifs-et-musulmans-de-la-france-coloniale-nos

 

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Rédigé le 03/04/2022 à 09:59 | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie : Abdelaziz Bouteflika, « l’homme du pouvoir » au destin contradictoire

 

image from www.letelegramme.fr

 

02 avril 2019- 02 avril 2022. Trois ans sont passés depuis la démission, sous la pression de millions d’Algériens, de celui qui a battu tous les records de longévité à la tête du pouvoir en Algérie. Il s'agit du président Abdelaziz Bouteflika, décédé le 17 septembre 2021 à Alger, près de deux ans et demi après avoir quitté définitivement la présidence, occupée pendant 20 longues années. Une éternité pour des générations d’Algériens qui n’ont connu que lui comme chef de l’Etat. Même en étant complètement affaibli par la maladie et les graves séquelles de l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’avait terrassé, en 2013, l’homme n’était pas prêt de céder le pouvoir.

Il ne l’a fait que sous la contrainte. Adulé durant les premières années de son règne, il voit sa notoriété s’effriter à partir de son troisième mandat, avant de devenir persona-non grata en 2019. Qui est cet homme qui a vécu dans le pouvoir et pour le pouvoir ? Comment a-t-il réussi à se maintenir aussi longtemps ?

Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), Abdelaziz Bouteflika est l’ainé d’une famille nombreuse composée de sept enfants (cinq garçons et deux filles). Après des études au Maroc, il s’engage, à l’âge de 19 ans, dans la guerre de libération contre le colonialisme français en intégrant l’armée des frontières et ses bases installées sur le territoire du marocain.

---Le rêve de devenir président---

A cette époque déjà, Abdelaziz Bouteflika rêvait d’être président. « Bouteflika avait de l’obsession pour le pouvoir. En fait, il avait deux objectifs : conquérir le pouvoir et le garder aussi longtemps. Déjà pendant la guerre d’Algérie, quand il était contrôleur de l’armée de libération nationale, plus exactement en 1958, il avait confié un soir à des amis à lui son rêve de devenir un jour président, alors qu’il avait tout juste 20 an. C'est une anecdote que j’ai raconté dans mon livre », explique à Anadolu, le journaliste et auteur du livre « Bouteflika l’Histoire secrète » (édité en France en 2020), Farid Alilat.

Selon lui, « on voit donc, qu’avant même l’indépendance de l’Algérie, sans même savoir si le pays allait accéder à l’indépendance et avant même d’être ministre, il avait déjà cette obsession de devenir président ». Il n’a pas lésé sur l’effort pour le réaliser. Il n’a d’ailleurs pas cessé de caresser ce rêve, même que les militaires lui ont barré la route après la mort de son mentor, le président Houari Boumediene.

«Après l’indépendance, en tant que ministre des Affaires étrangères, il avait tout fait pour maintenir cette proximité avec Boumediene, à tel point qu’il a fait croire qu’il était le numéro II du régime, et par ricochet le successeur putatif de Boumediene. A la mort de ce dernier, il s’était présenté et imposé comme son successeur. Il avait tout fait pour lire son horizon funèbre, alors qu’il n’était pas celui qui devait le faire. Dans sa tête, en faisant cela devant des millions d’Algériens et devant des chefs de l’Etat du monde entier, il s’imposait comme le successeur », explique notre interlocuteur.

Mais, rappelle-t-il, son ambition s’est heurtée au refus des militaires, « comme Kasdi Merbah, Larbi Belkheir, Abdellah Belhouchet et Rachid Benyelles ». « Ils ne voulaient pas de lui et ont opté pour Chadli. Ensuite, il a connu sa traversée du désert, sans toutefois désespérer. En 1994, les militaires ont fait appel pour prendre la succession du Haut Conseil de l’Etat et il avait négocié pendant des semaines. Les militaires avaient accepté toutes ses conditions. Mais au dernier jour, il s’est débiné en disant qu’il ne voulait plus faire de la politique », précise-t-il.

Abdelaziz Bouteflika ne parvient à réaliser sa première obsession qu’en 1999 après avoir également, selon Farid Alilat, « négocié avec les militaires ». « Il a assouvi la première obsession et il a commencé à penser à comment le garder. C’est ce qu’il a fait pendant tout ce temps, jusqu’en 2019. Pour lui, il faut prendre le pouvoir et ne jamais le restituer », ajoute-t-il, estimant « qu’il n'était pas un homme d’Etat, mais un homme du pouvoir ».

« Il a acheté beaucoup de monde »

C’est ce que pense aussi le sociologue algérien, Nacer Djabi qui a bien voulu résumer à Anadolu le secret de la longévité de Bouteflika au pouvoir. « Il (Bouteflika, ndlr) connaît très bien le système et son personnel et il savait comment les gérer. Il avait également beaucoup de chance, puisque dès son arrivée au pouvoir, les prix du pétrole ont augmenté et la pluviométrie nécessaire pour l’agriculture était aussi au rendez-vous. De plus, les algériens étaient fatigués des années de terrorisme et des tiraillements idéologiques. Ils se sont intéressés plus au côté économique et social », dit-il.

Selon lui, « Bouteflika a joué sur ces facteurs et a dépensé des milliards de dollars dans la construction de logements par exemple ». «Bouteflika n’avait qu’une obsession qui est de rester au pouvoir. Il n’aimait pas les Algériens et il se croyait être plus intelligent. Pour rester au pouvoir, il a acheté beaucoup de monde : les citoyens en leur offrant des logements et des entrepreneurs avec milliards pour la réalisation des projets. Il a également laissé les militaires faire ce qu’ils voulaient, tout en bénéficiant de beaucoup d’argent », souligne-t-il. Auteur de l’Algérie après Bouteflika (2020), l’historien français, Benjamin Stora définit l’homme « un habitué des batailles politiques ».

«Il joue un rôle clé dans les négociations entre l’armée des frontières et les prisonniers en France comme Aït Ahmed, Ben Bella et autres. Il est aussi mêlé à des jeux politiques extrêmement intenses et compliqués. La vie de Bouteflika est une vie proche du pouvoir, des jeux d’appareil et de la révolution. C’est un homme qui traverse l’histoire algérienne dans la guerre, dans l’après-guerre, dans la guerre civile, soit dans toutes les séquences de l’histoire du pays », avait-il déclaré au quotidien Français, Le Monde, en septembre 2021, suite au décès du président algérien déchu.

 

 

AA/Alger/Aksil Ouali  02.04.2022

https://www.aa.com.tr/fr/politique/alg%C3%A9rie-abdelaziz-bouteflika-l-homme-du-pouvoir-au-destin-contradictoire/2553344

 

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Rédigé le 02/04/2022 à 15:37 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Digression agnostique (Lettre aux guerriers des dieux sanglants)

 

Pour les détenteurs de vérité
ceux qui ont la formule du Suprême
et partent à la guerre
Pour ceux qui la font
croyant que Dieu est avec eux
je prie
car : Heureux les pauvres d’esprit le ciel est à eux
Dieu a une formule :
matière + infini + vide + énergie
= Vie + Mystère
Qui touche à la vie conjure contre Lui
Dieu ne s’enferme ni dans des mots
ni dans des croyances ni dans des images
c’est le mouvement du Tout vers autre chose
Homme pétri d’amour
oublie la haine
car tous nous sommes
fils des dieux clairsemés de par le monde
car tous nous sommes
fils des mille idées germées
à l’écoute du lendemain meilleur
Guerrier des dieux homicides
qui porte la mort à la pointe de la prière
ne parle plus d’amour
Camarade horri-flammé de l’ordre rouge
militant gammé des désordres noirs
qui taille ton tribut dans la chair des peuples
ne parle plus d’humanité
Militants, camarades
et guerriers des dieux sanglants
vous qui n’êtes
que de mort et de diable
Sachez, maîtres de la haine :
les cieux et les idées
que vous revendiquez
ne sont la propriété de personne
d’aucun dogme
d’aucun pouvoir
Religions et doctrines
sont locales et temporaires
leur exportation guerrière
est nécessairement colonialiste
Maîtres du malheur et des pleurs
nos morts innocents vous attendent
craignez nos cimetières
s’il est un ailleurs nous vous y attendrons
mes frères sont Juifs et Palestiniens
Berbères aux yeux clairs
Arabes au teint mat
âmes volées à la liberté
hommes noirs
Indiens du Pays d’Honduras
torturés du dollar
Bosniaques abandonnés
enfants des dieux anciens
dont on a pillé les âmes
débris noirs au pays d’oubli
et sang jeté sur les pavés d’Alger
Ici-bas, nous sommes la nation du monde
Notre légitimité est d’amour
quand votre imposture tisse
les sermons doux fielleux
qui s’en réclament
Ici-bas, mes frères vont tous
coeur ouvert
vont tous
l’âme en larmes
ouverte sur la douleur des hommes
Ici-bas, avec eux je vous demande :
Quel dieu enfanta tant de haine ?
Quel idéal, quelle foi
revendiquera tant de crimes ?
Homme pétri aux souillures de l’Intolérance
retrouve les chemins de l’Amour
car il n’est ni religions vraies
ni authentiques morales
qui puissent confondre
l’Amour et la Mort
la soumission et le vouloir
Es-tu encore Homme
homme pareil à moi
qui ne connaît encore
le plus fondamental
le plus divin des droits
celui qui s’appelle justice ?
Ici-bas
range tes armes
prends nos larmes
dépose ta haine
prends ma main
rejoins-nous
car nous sommes la nation humaine
Allons proclamer
que tout ce qui vit, mange
boit et souffre a droit au Droit
Allons proclamer
ce que la raison demande
ce que le cœur exige
Allons jardiner la raison
semons l’utopie, ce rêve à fleurir
déjà, les Droits de l’Homme
sont nés d’un rêve
le monde a encore besoin d’utopie
Alors
un jour
je promets
un jour, les exclus du monde
connaîtront le droit au pain et à la dignité
Un jour
toute espèce
rescapée du grand holocauste
pourra vivre en ce monde
que nous avons accaparé
toute création y trouvera ses droits
Un jour, c’est sûr
un jour
l’Amour fera loi au pays de Justice.
 
 
1975
in Cheval fou
et Chemin de pluie et d'étoiles - Tome 1
Publié le 30 octobre 2020 par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)
 
 
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Rédigé le 02/04/2022 à 11:46 dans Algérie, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie, le chemin où le loup guettait

 

Le cristal de l’enfance s’ébrèche quand vient le loup. L’hiver 1954, le loup guettait quand il prit Grand-père. Aucun rire, aucun blagueur ne résiste à son l’appel. Même Sethi, le vieux Sethi, celui qui lui rendait visite, l’ami revenu du Chemin des Dames, l'avait rejoint avec son tablier de pauvre et sa béquille. Longtemps qu'il toussait des restes de gaz moutarde, longtemps que le cri du fauve soufflait dans ses vieilles bronches.

La campagne grondait comme une souricière. La mort avait de longues dents.

À 8 ans, à la Toussaint, j’ai su que nous habitions la tanière du loup. À 8 ans, j’ai su qu’il n’y a pas d’âge pour être grand, ni d’âge pour être enfant. À 8 ans, j’ai appris que vouloir être qui l’on est, suffit. À 8 ans, j'ai compris que la destination m’était moins importante que le chemin.

Grand-mère avait la patience de ceux qui partent. Le secret habitait sa maison. Lorca la faisait pleurer, des noms jaillissaient du noir. Je n’ai jamais su s’il avait été utile à mon père de vouloir être plus fort que ses peurs d'homme, je n’ai jamais su ce qu’il savait du bonheur, il était mon père.

Depuis le premier hurlement du loup, je n’ai jamais cessé d'être le petit garçon qui en a peur, le petit garçon qui sait que, jusqu'au bout, il lui faudra se battre pour mériter la vie.

J’ai toujours su qu’il me faudrait parcourir cette brisure d’éternité où seule la beauté rassure. Tout cela, je l’ai appris en regardant le ciel d’Algérie et ses hirondelles hiéroglyphes courir entre le silence de mon père et l’aridité des peurs.

Depuis, le loup a tout mangé, les amis ont essaimé loin d’une enfance devenue étrangère, mon père est parti, et ma mémoire est un pays d'exil. Sur ma route de Poucet, si vieux que je sois, il me faudra encore semer des mies de beautés et des croutons de douceurs, si les oiseaux les mangent, plus fort que mes peurs je ferai canard et chanterai le bonheur d'être encore là.

Il y a longtemps que je le sais : les imbéciles ne croient pas au loup.

 

 

 

Publié le 28 juin 2012 par Cheval fou (Sananes)

 

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Rédigé le 02/04/2022 à 11:39 dans Algérie, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)

Vous étiez 70 et c'était la guerre

 

image from image.over-blog.com

 

Nous sommes en ce jour où rien de particulier
n'aurait dû me guider vers cette vieille archive de famille.
Pourtant je suis là, face à vous
56 visages distraits ou attentifs, à faire bonne figure.
C'est la banale photo-souvenir qui demain
donnera des nouvelles à la femme, aux enfants, aux parents.
C'est un dernier écho de vie avant le feu,
la banale photo-souvenir qui figera demain l'image des disparus.
Vous êtes là, 56 hommes, mains nues,
promis à la ligne de front, qui attendent leur destin.
Vos cœurs, vos rêves, vos amours, sont en absence,
l'espoir en parenthèse.
Au 1er rang, la hiérarchie, 14 hommes.
Sous les képis, l'inquiétude, l'étonnement, la consternation,
sur la droite, l'un d'entre eux pose pour la postérité.
Devant vous, les 14 gradés, mains gantées de cuir noir,
qui vous mèneront à la boucherie.
Je scrute cette page retrouvée au carnet des oubliés,
Grand-Père y es-tu ?
Je crois te voir, tu es le seul qui a l'air amusé par cette mascarade.
Vous êtes 70 en attente de rien,
arrimés à un espoir de vivre
quand l'Histoire vous offre la mort,
le Chemin des Dames,
des noms sur le marbre des monuments,
et combien d'enfants jamais venus au monde ?
Et combien de femmes laissées aux larmes ?
Tu as survécu Grand-Père,
Vous étiez 70 et c'était la guerre.

Un siècle après, cette photo me fait mal,
les hommes font la guerre
sans jamais partir à la conquête du meilleur.
Tu le savais Grand-Père,
les médailles n'ont pas d'âme,
elles ne sont que la blessure des vivants.

Et je suis là, en ce jour où rien de particulier ne se passe,
en ce jour où, encore et toujours, des hommes meurent de faim
quand d'autres cultivent la haine et le couteau
sans rien connaître de l'amour.
Les religions et le capital se gavent des douleurs du monde
et je suis las.

 

 

JMS

 

 

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Rédigé le 02/04/2022 à 11:24 dans Divers, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)

“Prenez vos babouches (…), retournez à Alger” : dans son nouveau clip, Kery James imagine une France dirigée par Eric Zemmour

 

Le rappeur dépeint une France « islamophobe » dirigée par un « candidat d’extrême droite ».

 

image from www.valeursactuelles.comLe rappeur Kery James. Photo ©️ PAULCHARBIT/SIPA

 

Le 31 mars dernier, Kery James a diffusé sur YouTube son dernier clip officiel. Intitulé « Marianne », la chanson du rappeur dresse sa vision de la France dirigée par Eric Zemmour, alors que le candidat de Reconquête! à la présidentielle est entré en politique il y a quelques mois à peine. Sur sa chaîne aux 800 000 abonnés, Kery James dépeint ce morceau comme « une fiction effrayante mais pas si éloignée de la réalité française », une France en 2024 dans laquelle un « candidat d’extrême droite », surnommé aussi « le petit Napoléon », aurait accédé au pouvoir deux ans plus tôt. « Son islamophobie n’est plus une rhétorique (…) c’est une politique », peut-on entendre dès le début de la chanson.

Maryam devenue Marianne

Dans un clip sombre et austère, le rappeur se tient debout, entouré d’un groupe d’une dizaine d’hommes. Il évoque Eric Zemmour, qui « réprime le mouvement de façon brutale, prouve aux naïfs qu’on peut être xénophobe et libéral ». Puis, il explique que « la jeune Maryam » est contrainte d’être rebaptisée « Marianne », et de vivre « dans une France glaciale » dans laquelle elle veut « porter l’voile ». « Dans cette nouvelle France, quand on est musulman, il faut raser les murs (..) ne pas montrer qu’on jeûne, ne jamais dire qu’on prie », chante Kery James. Il se met à la place des « radicaux » du pays et prend la parole à leur place : « Prenez vos babouches et vos claques, retournez vive à Alger », lance-t-il. Le rappeur va même jusqu’à inventer « l’attentat l’plus meurtrier de la décennie » commis par « les extrémistes » qui se vantent de vouloir « venger le sang des musulmans ». Enfin,  Kery James conclut sa chanson en évoquant « un cauchemar » duquel il se « réveille en sueur ».

 

 

 

Par valeursactuelles.com

Publié le 2 avril 2022 à 9h48

https://www.valeursactuelles.com/societe/prenez-vos-babouches-retournez-a-alger-dans-son-nouveau-clip-kery-james-imagine-une-france-dirigee-par-eric-zemmour/

 

 

 

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Rédigé le 02/04/2022 à 09:04 dans France, Racisme | Lien permanent | Commentaires (0)

Tipasa ou le mystère des dieux

 

 Une des destinées mythiques de l'Algérie se trouve à 70 km à l'ouest d'Alger, là où se marient le soleil d'Afrique du Nord et le bleu de la Méditerranée.

 

 

Les quelques imprécisions historiques du gardien et l'incivisme de certains visiteurs qui laissent traîner bouteilles d'eau vides ou emballages de sandwichs ne devraient décourager celui qui vient admirer les ruines de Tipasa, à quelque 70 kilomètres à l'ouest d'Alger. Ici, à fleur de rochers plongeants dans la Méditerranée, on peut rêvasser devant les vestiges d'une puissante cité maritime romaine puis byzantine, bâtie sur elle-même sur l'emplacement d'un comptoir punique inféodé à Carthage. « Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure » : la citation d'Albert Camus a été gravée sur ce site dans une pierre, témoignage de la passion du Prix Nobel de littérature pour Tipasa.

image from static.lpnt.fr
 

Histoire de vestiges

Il faut se promener ici, profitant de l'ombrage des pins maritimes, à travers les vestiges ou en suivant une des deux voies pavées, le cardo maximus et le decumanus, en répétant la phrase qui ouvre ce texte magnifique « Noces à Tipasa » : « Tipasa est habitée par les dieux, et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes. » Il faut se perdre dans ce dédale de pierre, de sauge et de chants de cigales, apercevoir la mer en contrebas et le Chenoua, la grande montagne qui repose sur la mer côté ouest et imaginer les premiers marins arrivant de Carthage (ou d'ailleurs, Phéniciens ou autres) pour y mouiller dans ses eaux profondes leurs embarcations avant de continuer vers les Colonnes d'Hercule ; imaginer, en visitant les ruines de l'amphithéâtre, les combats des gladiateurs ou s'approcher encore de la mer pour se voir notable romain installé dans la villa des Fresques (de 1 000 mètres carrés), construite vers le IIe siècle de notre ère, quand la ville abritait quelque 20 000 habitants.

« Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. » De chaleur et d'histoire, fracas des époques, de crépuscules catalytiques d'empires. Ses remparts (2 200 mètres défendus par une trentaine de tours, construites par l'empereur Claude Ier) avaient protégé la cité prospère contre les assauts de la révolte du général berbère Firmus (vers 732) contre l'Empire, mais la puissante enceinte de pierre n'a pas résisté à la vague destructrice des Vandales de Genséric (en 430).

 
image from static.lpnt.fr

Sous le soleil brûlant de Tipasa

La reprise de l'Afrique du Nord par les Byzantins, un siècle plus tard, n'offre qu'un sursis à la belle cité portuaire qui finira enlisée et oubliée dès le VIe siècle, avant que les recherches archéologiques, au XIXe siècle, ne révèlent au monde l'incroyable trésor dormant sous les sédiments et les ombres des pins maritimes, balayés par la brise marine et la rumeur des légendes. Tiens, en voilà une de légende : celle du martyre de sainte Salsa ! Sur la colline surplombant les ruines se dressent les vestiges de la Basilique Sainte-Salsa, un sarcophage en pierre à moitié préservé est même réputé être celui de la jeune sainte chrétienne, qui à 14 ans se révolta contre le rituel d'adoration d'une statue de dragon qu'elle jeta à la mer. Noyée, la mer se déchaîna, et un pêcheur gaulois, Saturnin, récupéra le corps de la jeune Fabia Salsa, et c'est ainsi que les flots se calmèrent. Montez tout en haut (la pente n'est pas si rude) et touchez ces pierres élevées pour la gloire de cette si jeune et frêle habitante de Tipasa. Et là, relisant Camus, encore une fois : « La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace. »

À ne pas rater dans les environs :

 

Les musées de Tipasa et de Cherchell : avec celui de Cherchell (l'antique Césarée, tout près par la route), ces deux musées offrent une belle représentation des pièces archéologiques de ces deux sites romains-bérbères. Au musée de Cherchell, une statue colossale d'un empereur romain (probablement Auguste) et un magnifique Apollon attribué à Phidias ainsi que les mosaïques d'une rare beauté, dont une représentant Ulysse et ses marins tentés par le chant des sirènes.

Le Tombeau de la chrétienne ou Mausolée royale de Maurétanie : ce tumulus de pierre de 80 000 mètres carrés, orné de soixante demi-colonnes et de portes géantes condamnées, surplombant la route rapide Alger-Tipasa, serait la sépulture du roi numide Juba II (qui régna de 25 av. J.-C. à 23 ap. J.-C.) et de son épouse, la reine, aimée du peuple, Cléopâtre Séléné, fruit de l'union entre l'illustre reine d'Égypte et Marc Antoine.

 

 

 

Par Adlène Meddi, à Tipasa

Publié le 30/08/2017 à 13h10

 
https://www.lepoint.fr/culture/site-a-re-decouvrir-4-tipasa-ou-le-mystere-des-dieux-30-08-2017-2153237_3.php
 
 
Camus :
 
image from tipasa.eu
Devant l'entrée du musée.
 
image from tipasa.eu
 
Objets funéraires.+

« Bien pauvres sont ceux qui ont besoin de mythes. Ici les dieux servent de lits ou de repères dans la course des journées. Je décris et je dis :"Voici qui est rouge, qui est bleu, qui est vert. Ceci est la mer, la montagne, les fleurs." Et qu'ai-je besoin de parler de Dionysos pour dire que j'aime écraser les boules de lentisques sous mon nez ?
Est-il même à Démèter ce vieil hymne à quoi plus tard je songerai sans contrainte :"Heureux celui des vivants sur la terre qui a vu ces choses."Voir, et voir sur cette terre, comment oublier la leçon ? Aux mystères d'Eleusis, il suffisait de contempler. »  
Notre musée. J’avais pris la photo et coupé les pieds des copains peut-être pour mieux voir le hall d’entrée.
 
Camus :
 
image from tipasa.eu

"Les dieux éclatants du jour retourneront à leur mort quotidienne. Mais d'autres dieux viendront. Et pour être plus sombres, leurs faces ravagées seront nés cependant dans le cœur de la terre".
"Le ciel se fonce. Alors commence le mystère, les dieux de la nuit, l'au-delà du plaisir. Mais comment traduite ceci ? La petite pièce de monnaie que j'emporte d'ici a une face visible, beau visage de femme qui me répète tout ce que j'ai appris dans cette journée, et une face rongée que je sens sous mes doigts pendant le retour.
 
 
 
Les captifs
 
image from tipasa.eu

Cette mosaïque décorait l'abside de la basilique civile. Le tableau central représente 3 captifs, les mains liées : un chef de tribu maure assis près de son bouclier, son épouse et leur enfant.

 
 
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Rédigé le 01/04/2022 à 17:02 dans Camus, Tipaza, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)

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