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Rédigé le 08/03/2022 à 20:51 dans Chine, Russie-Ukraine, Ukraine | Lien permanent | Commentaires (0)
Douce France, je me souviens...
Ce jour-là et les jours qui ont précédé et suivi, à Paris, plusieurs centaines d’Algériens ont été humiliés, tabassés, torturés, tués, jetés dans la Seine. A travers ses archives, « L’Obs » revient sur ce massacre longtemps occulté.
Photo prise en octobre 1961 des cars de police ayant escorté les bus qui ont emmené des Algériens arrêtés lors de la manifestation pacifique, organisée à Paris le 17 octobre 1961, au centre de tri du Palais des Sports. (- / AFP)
Le 17 octobre 1961, dans les derniers mois de la guerre d’Algérie, la répression policière contre des immigrés algériens a fait plusieurs centaines de morts au cœur de Paris. Venus en famille, en costume du dimanche, près de 30 000 Algériens (ils étaient 150 000 à vivre à Paris) manifestaient pacifiquement contre le couvre-feu qui leur était spécifiquement imposé par le préfet de police Maurice Papon. Ce massacre, point d’orgue d’une répression accrue dont ils étaient l’objet depuis de nombreuses semaines, a été occulté pendant trente ans. Officiellement, il y a eu trois morts, dont un Français. Il faudra attendre plus de deux décennies pour que le grand public connaisse la vérité sur cet événement. Les tabassages, les tortures, les humiliations, les parcages, les assassinats et enfin les corps jetés dans la Seine.
Pourtant, ce drame a eu de nombreux témoins. Dès les lendemains de cette nuit sanglante, des journalistes ont recueilli des témoignages accablants. « France-Observateur », l’hebdomadaire de gauche dont « l’Obs » est l’héritier, fait partie des titres qui racontent « en horreur, l’inimaginable ». Sous les plumes, entre autres, des résistants et anti-colonialistes Claude Bourdet et Gilles Martinet, il dénonce la censure et les saisies. A l’occasion du 60e anniversaire de cette brutale répression, nous nous sommes plongés dans ces archives, et dans celles du successeur de « France Observateur », « le Nouvel Observateur » fondé en 1964, qui raconteront la genèse d’un massacre, le long silence de l’Etat, les difficultés pour la presse de découvrir la vérité, et la bataille pour la reconnaissance de ce qui a été.
En 1961, « France Observateur » est un hebdomadaire qui n’a cessé de combattre les politiques algériennes des gouvernements successifs. Claude Bourdet, qui a connu avenue Foch les interrogatoires de la police nazie puis la déportation à Buchenwald, avait dès 1951 − trois ans avant le début de la guerre d’Algérie − dénoncé les méthodes « dignes de la Gestapo » de la police et de l’armée françaises, contre les militants nationalistes algériens en France. Car la guerre se joue aussi en métropole. Sur les directives du Premier ministre, Michel Debré, les manifestations des Algériens, résolument indépendantistes, sont interdites. De Gaulle, au pouvoir, veut affaiblir le FLN en France comme en Algérie, avant les négociations d’Evian. Répression policière, irruptions dans les bidonvilles où vivent nombre d’immigrés, humiliations et pratiques racistes… Tout est permis sur les Arabes considérés à tort ou à raison comme des militants du FLN.
C’est dans ce contexte que, le 19 octobre 1961, Claude Bourdet et son camarade de lutte contre les Allemands, Gilles Martinet, tous deux cofondateurs du Parti socialiste unifié (PSU), publient un article intitulé « Pourquoi ils manifestent ». Ils écrivent : « Depuis des mois, personne n’a pu dire la vérité sur la façon dont les Algériens sont traités en France, sur ce qui se passe dans les commissariats et au camp de Vincennes. » Ils évoquent les saisies et « l’étouffement de toute espèce de voix libre ».
Cet article ne mentionne pas encore la manifestation qui a été réprimée dans le sang deux jours plus tôt. Mais il décrit le contexte d’une sortie d’une guerre, à six mois de l’indépendance de l’Algérie, où la violence est à son paroxysme en métropole : la frange radicalisée du FLN reprend ses attaques contre les policiers français qui répliquent par une répression qui va crescendo, et à partir du mois d’août, l’OAS lance une série d’attentats. Il ne fait aucun doute pour eux que les « partisans de cette répression à outrance » sont des « adversaires de la paix » et visent à saboter les négociations en cours.
Ils rappellent dans cet article que depuis 1956, « on a arrêté, déporté, liquidé d’une manière ou d’une autre les cadres les plus éprouvés, les plus raisonnables des Algériens de France, et en particulier les cadres syndicaux ». On le saura des décennies plus tard : la répression du 17 octobre 1961 n’est pas isolée. Elle est le point d’orgue d’une séquence de plusieurs semaines de terreur coloniale.
Ils exhortent le gouvernement à autoriser les manifestations pacifiques des Algériens, à mettre fin aux arrestations arbitraires, aux « interrogatoires scandaleux et aux inimaginables violences » pour que les « actions terroristes » du côté algérien s’arrêtent, « n’ayant plus de raison d’être ».
Ce n’est que dans l’édition suivante, celle du 26 octobre, que figurent plusieurs articles consacrés à l’événement lui-même et quelques témoignages encore imprécis. Les rescapés commencent à parler. Les journalistes à qui on avait refusé le droit de visiter les « centres de triage » de Vincennes et du Palais des Sports dans lesquels des Algériens ont été parqués, vont interroger les familles et certaines victimes qui viennent à peine d’être relâchées. On attend la libération d’autres. Ils sont ouvriers de l’industrie automobile, employés d’entreprises de travaux publics. Nombreux habitent les bidonvilles de Nanterre. « Le Monde » cité par « France Observateur » relate qu’à Argenteuil, deux cadavres de Nord-Africains ont été « retirés de la Seine, les mains et les jambes liées avec des fils électriques », et que la responsabilité incomberait à la police. « France Observateur » recueille les témoignages de gardiens de la paix, anciens résistants, choqués, bouleversés, venus spontanément raconter : « Les flaques de sang du boulevard Bonne-Nouvelle, les Musulmans couchés sur le pavé de Courbevoie ou de Nanterre, n’ont été que les signes tragiques d’une situation plus ancienne, qui restait enfouie dans l’obscurité où se cachent la plupart des hontes sociales, mais que les manifestations FLN ont révélées », lit-on dans l’hebdomadaire sous le titre : « Aucun Français ne peut plus ignorer ça ! »
« La chasse à l’homme qui s’est instaurée dans la région parisienne, ce n’est même pas la chasse au FLN. C’est la chasse à l’Arabe − qu’il soit tunisien, marocain ou algérien – c’est le racisme, à la fois sans honneur et sans efficacité », lit-on dans un éditorial.
Le journal s’interroge sur les faits : « Est-il vrai que certains commissariats de police parisiens sont devenus des lieux comparables aux locaux de la police d’Alger, du temps de Massu ? Est-il vrai que le bilan de la répression policière de la semaine dernière s’élèverait à 25 morts ? Est-il vrai que, depuis plusieurs semaines, la police met sur le compte des règlements de comptes FLN-MNA des disparitions d’Algériens qui lui sont imputables ? » La version officielle s’en tient à trois morts dans une opération de maintien de l’ordre, un bilan relativisé par le contexte de la guerre avec le FLN.
Une femme habitant un bidonville raconte à la journaliste de « France Observateur » que les hommes n’ont pas tant répondu à l’appel du FLN à manifester, qu’agi avant tout parce « qu’ils n’en peuvent plus ». « Depuis leur arrivée en France, ils vivent dans des conditions inimaginables. Dix pour cent seulement des familles disposent d’un logement décent… Et puis en quittant l’Algérie, ils croyaient en toute sincérité que les “Français de France”, ce n’est pas pareil à ceux de chez eux », dit-elle. La journaliste raconte : « Tous ont des voisins partis en savates pour aller acheter un kilo de sel chez l’épicier du coin et qui ne sont plus revenus. » Les journalistes de « France Observateur », ne se contentent pas de raconter cette journée d’horreur, ils disent aussi la misère de ces travailleurs immigrés qui subissent racisme, perquisitions, descentes et humiliations. Certains habitants de ces ghettos inscrivent sur leur porte un rudimentaire « Maroc », espérant ainsi ne pas être la cible des policiers et de leurs supplétifs.
Le 27 octobre, lors d’une séance extraordinaire du conseil municipal de Paris, Claude Bourdet − qui est aussi conseiller municipal − interroge le préfet de police Maurice Papon sur ses méthodes et demande une commission d’enquête municipale. En vain. Le 2 novembre, « France Observateur » reproduit les principaux extraits de son intervention et les questions posées : « Est-il vrai que la radio dans les cars de police a annoncé dix morts parmi les forces de l’ordre, ce qui a dû exciter au plus haut point l’ensemble des policiers ? Est-il vrai qu’une grande partie des balles ont été tirées à bout portant ? Est-il vrai que dans la cour d’isolement de la Cité, une cinquantaine de manifestants arrêtés dans les alentours de Saint-Michel sont morts ? On parle de cent cinquante corps retirés de la Seine entre Paris et Rouen, est-ce vrai ou non ? »
Le préfet de police ne dément rien. Mais il ne répond à aucune question. Pour lui, la police parisienne a fait ce qu’elle devait faire. Il défend les restrictions de liberté qu’il avait imposées aux Algériens deux semaines avant cette manifestation, et se vante d’avoir ainsi fait baisser le nombre des attentats et des actions du FLN. « France Observateur » appellera cela « les silences de M.Papon. »
Suivront deux décennies d’indifférence et d’oubli. Les premières indignations ont été muselées par le pouvoir. Le premier récit détaillé, écrit par la journaliste Paulette Péju, « Ratonnades à Paris » édité par François Maspero, a été saisi chez l’imprimeur. Le film de l’ancien résistant Jacques Panijel, « Octobre à Paris », a été également saisi dès sa première projection en mars 1962. Les voix de gauche ne sont pas si nombreuses, et la majeure partie de l’opinion publique ne se sent pas concernée.
Il faudra attendre le début des années Mitterrand pour que l’on se saisisse de nouveau de l’histoire occultée de ces ratonnades. Les mouvements antiracistes sont les premiers à en diffuser une version encore parcellaire, à faire rejaillir les souvenirs des victimes. Puis c’est le tour de certains milieux intellectuels. « Libération » publie un dossier choc en 1980, titré : « Il y a 19 ans : un massacre raciste en plein Paris ». Didier Daenincks écrit son roman « Meurtres pour mémoire » (Gallimard) en 1983, dont l’action se situe en octobre 1961. Michel Levine publie en 1985 « les Ratonnades d’octobre » (Ramsay) qui livre une chronologie des événements. Les échos sont encore faibles, mais un mouvement pour la reconnaissance de ce drame naît. C’est la publication du livre de Jean-Luc Einaudi en 1991, « la Bataille de Paris » (Seuil), qui fait enfin entrer les événements du 17 octobre 1961 dans l’histoire écrite.
Jean-Luc Einaudi n’est pas un historien. Simple citoyen, il accumule depuis 1986 les dates, les lieux, les noms des victimes, ceux des témoins, les lieux du drame, les descriptions des violences policières, les déclarations des protagonistes… Uniquement des faits. En octobre 1991, il revient sur son enquête dans une interview au « Nouvel Observateur ». Il raconte : « Maurice Papon savait que, au pont de Clichy, des policiers tiraient sur des Algériens avant de les jeter dans la Seine. A la porte de Versailles, un contrôleur général, adjoint direct de Papon, assistait au massacre de la “haie d’honneur” [lors de cette journée, 6 000 Algériens sont conduits au Palais des Sports. A leur descente des cars, les Algériens passent sous une “haie d’honneur” formée par les policiers, et sont tabassés à coups de pied dans le ventre et à coups de matraque. Certains mourront de leurs blessures. NDLR]. Maurice Papon a non seulement tout couvert, mais il a félicité la police. Ce jour-là, Maurice Papon était le chef des assassins. »
Il raconte encore l’obstruction de l’Etat : « Gaston Defferre avait demandé une commission d’enquête parlementaire ; Roger Frey, ministre de l’Intérieur, a refusé. Quant au général de Gaulle… il s’est tu. Sauf pour dire que c’était “secondaire mais inacceptable”. Il a décidé de couvrir. » Quant au bilan, Jean-Luc Einaudi évoque 200 victimes, « un chiffre minimum ».
La question des responsabilités politiques, celle de Maurice Papon en particulier, commence à être posée lors du procès de ce dernier en 1997. Alors ministre du Budget, il est jugé pour son concours actif dans la déportation entre 1942 et 1944 de plus d’un millier de juifs de Bordeaux à Drancy. Jean-Luc Einaudi est appelé à témoigner dans le cadre de l’examen de la personnalité de l’ancien préfet de police. Pour la première fois, la justice entend les faits qui se sont déroulés le 17 octobre 1961. Dans une interview au « Nouvel Observateur » en octobre 1997, l’historien Pierre Vidal-Naquet, ancien secrétaire du comité Audin, qui parla de « pogrom anti-algérien à Paris », estime que les deux événements ne sont pas juridiquement liés, mais qu’ils « éclairent psychologiquement et moralement la personnalité d’un homme ».
Il y regrette que Maurice Papon ne soit pas poursuivi pour la « ratonnade » du 17 octobre 1961, un « crime contre l’humanité » qui devrait être jugé comme tel. Du fait des lois d’amnistie qui ont suivi la fin de la guerre d’Algérie, toutes les plaintes ont été abandonnées.
Benjamin Stora, alors un de rares historiens français à travailler sur la guerre d’Algérie et le fait colonial, et qui s’est attardé longuement dans ses travaux sur le 17 octobre 1961, rappelle dans une interview au « Nouvel Observateur » en octobre 2001, qu’il sera difficile d’établir le nombre précis de victimes. « Beaucoup de militants arrêtés cette nuit-là ont “disparu”, c’est-à-dire qu’ils ont été transférés en Algérie. Et d’autres, jetés à la Seine, s’en sont sortis et sont restés cachés. » Il précise alors : « La nuit même, nous avons trois chiffres : 38 morts selon le rapport commandé par Chevènement [en 1998], 48 selon un autre demandé par Guigou, 98 selon nos recherches. Nos chiffres ont été établis grâce à l’Institut médico-légal, la Cimade, les archives de la police et celles du FLN. Après cette nuit-là, et les gigantesques rafles qui ont suivi, Jean-Luc Einaudi décompte une centaine de morts algériens exécutés entre octobre et décembre. Donc, en tout, en trois mois, nous avons environ 300 morts. Un massacre à Paris. »
L’historien, qui s’est investi dans le travail de mémoire et s’est impliqué dans l’association Au nom de la mémoire créée par des enfants de victimes, estime que cet événement est « une date symbole, capitale, de l’immigration » pour les descendants des victimes et des immigrés en général. Pour eux, le 17 octobre 1961 « est l’acte de naissance de l’immigration dans son double aspect, répression et participation ». Leur besoin d’une reconnaissance officielle est « une façon de rester fidèles aux pères de l’Indépendance, à leurs pères. Comme des retrouvailles. Et de se sentir Français, de combattre l’injustice. De rester fidèles là aussi aux idéaux de la République ».
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Rédigé le 08/03/2022 à 15:18 dans France, Guerre d'Algérie, Russie-Ukraine, Ukraine | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est certes un peu tard, mais dans de tels cas il n’est jamais trop tard, pour revenir sur la réintégration des huit généraux qui ont trempé dans le putsch algérien de 1961, puis dans le carnage de l’OAS.
En haut lieu on a certes tenté de justifier la loi visant à « effacer les séquelles de la guerre d’Algérie » en invoquant les promesses particulières faites aux rapatriés par le candidat Mitterrand. Toutefois ces engagements ne figuraient pas dans les 110 propositions adoptées par le congrès socialiste de Créteil du 24 janvier 198l. Ils sont donc restés ignorés de millions d’électeurs et ne faisaient pas partie du « contrat » passé avec l’ensemble du corps électoral. De plus l’« oubli du passé » accordé aux ex-pieds noirs n’aurait pas dû s’étendre aux généraux qui les ont fourvoyés.
Au surplus, nombre de propositions de Créteil sont restées lettre morte, l’équipe portée au pouvoir ayant manqué en partie à sa parole. Ainsi, si l’on a trahi les bidasses, on ne l’a pas fait pour les porteurs d’étoiles : aux généraux félons, par l’article 6 de la nouvelle loi, les promesses ont été honorées rubis sur l’ongle. Pourquoi cette choquante exception ? Afin de s’assurer les voix des rapatriés aux prochaines municipales, en même temps qu’amadouer une hiérarchie militaire dont on n’est pas sûr.
A l’inverse, les généraux Binoche, De Bollardière et l’amiral Sanguinetti, mis à la retraite par Giscard pour de dignes « manquements à l’obligation de réserve » restent limogés.
Certes, tous les généraux sont par vocation plus ou moins des criminels comme le rappelle un couplet de l’Internationale, qui n’est plus que rarement chanté. Criminels, ceux ici en cause ne l’ont pas été seulement en 1961-62, mais par toute leur conduite dans la guerre menée contre le peuple algérien qui lui a coûté un million de morts sans compter les torturés et mutilés.
Ce n’est pas, d’ailleurs, parce qu’ils ont désobéi au général-président d’alors qu’on aurait dû refuser le pardon. Lui aussi a été un factieux, lui aussi a fait bon marché de la démocratie (bourgeoise) en téléguidant à distance, puis en récupérant à son profit, de pair avec Salan, le premier putsch, celui du 13 mai 1958 à Alger, pour se hisser au pouvoir sous des apparences légales et ouvrir ainsi la voie aux factieux de 1961. Il a été le premier « félon ».
Mais les officiers supérieurs qu’il a ensuite limogés l’ont surpassé dans le maléfice, puisqu’ils ont contribué à allonger et aggraver le drame sanglant. Leurs victimes n’ont pas été seulement les maquisards algériens, mais les gars du contingent français, canardés comme des lapins et qui, par leur résistance, ont fait avorter le putsch des soldats de métier.
Les parlementaires du PC, pour une fois, n’ont pas eu tort de soutenir que la rédemption des Salan et Jouhaud ne peut qu’encourager les galonnés de l’armée actuelle à conspirer, un jour ou l’autre, contre la volonté populaire. Mais le PC n’a pas été jusqu’à oser censurer le gouvernement, sous couleur de « solidarité ministérielle ».
Ceci nous amène à flétrir la procédure gaullienne par laquelle on a contré le groupe socialiste pour avoir repoussé l’article 6. On a recouru à un article 49 alinéa 3 glissé dans la constitution de la Ve République, à savoir : « le premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée nationale sur le vote d’un texte. Dans ce cas, ce texte est considéré comme adopté sauf si une motion de censure déposée dans les 24 heures qui suivent est voté …) ». Cet article avait, naguère, suscité l’indignation de Mitterrand. Le 4 décembre 1979, il avait souligné que « le parlement légifère sans voter la loi (…) C’est nier les élus de la nation et par voie de conséquence le suffrage universel et populaire qui les choisit ». Et, au cours d’un colloque du 22 avril 1981, peu de jours avant son élection, il dénonçait « les lois qui ont été adoptées sans avoir été votées », à condition que « personne ne bouge ».
Mais le pourrissement des consciences, fruit de l’exercice du pouvoir, est tel que le régime actuel ne se souvient plus de ce qu’il clamait la veille. Et personne n’a « bougé ».
Tout au contraire, les frondeurs socialistes ont paru soulagé d’avoir, grâce à ce subterfuge, pu sortir à bon compte du « guêpier » (dixit « Le Monde ») dans lequel ils s’étaient laissé fourvoyer. Raymond Forni, que l’on croyait plus courageux, s’est aplati. Pierre Joxe, l’initiateur de la fronde, a pris prétexte d’une session de l’ONU à New York pour s’éclipser et faire diffuser par son secrétaire un adage latin cité par Cicéron et qui n’est pas trop clair.
Cette magouille parlementaire n’a pas effacé et ne fera pas oublier le fait patent dont les dits députés ne semblent même pas s’émouvoir : les généraux putschistes se trouvent réhabilités, c’est-à-dire recouvrent tous les « honneurs » et privilèges militaires. Ce n’est pas pour en arriver là qu’on avait voté le 10 mai 1981.
Daniel Guérin
26/02/2022
Article de Daniel Guérin paru dans Lutter !, n° 4, janvier-février 1983, p. 32
https://sinedjib.com/index.php/2022/02/26/daniel-guerin-algerie-la-honte-du-pardon-aux-generaux-criminels/
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Rédigé le 08/03/2022 à 14:24 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce 4 mars, à l'âge de 98 ans, est décédée en sa Bretagne natale Madame Anne Beaumanoir. Exemple d'une génération qui ne confondait pas l'engagement politique avec la posture, Annette représente celles et ceux pour qui, au combat contre le nazisme succédait celui contre le colonialisme.
Elle fut plus connue sous le nom d'Annette Roger, celle que les journaux de 1959 appelaient "la doctoresse rouge" après son arrestation par la police française alors qu'elle transportait en voiture un responsable du FLN. Avant de devenir porteuse de valise pour les indépendantistes algériens, Annette avait été Résistante au nazisme, passant dans la clandestinité et de ville en ville pour finir à Marseille où elle rencontra Jo Roger, communiste FTP qui devint son mari. Après guerre, le couple de médecins fit partie de l'équipe de pointe mondiale pour la recherche sur l'épilepsie sous la direction professeur Gastaut.
En 1956, Annette Roger-Beaumanoir fut la première chercheuse étrangère invitée à Moscou. Elle avait alors deux fils, Jean Henri et Gilles et quand elle fut arrêtée à Pont St Esprit en 1959, elle était enceinte d'un troisième enfant. Emprisonnée aux Baumettes, elle y croisa la jeune Djamila Bouhired qui était condamnée à mort.
Membre du réseau Jeanson, Annette n'attendit pas son procès (où elle fut condamnée par contumace à dix ans de prison). Après avoir mis au monde sa fille Myriam dans une clinique de Marseille, Annette s'évada et rejoignit Tunis où elle devient psychiatre de l'Armée Algérienne.
À l'Indépendance de l'Algérie, elle intègrera le premier gouvernement Ben Bella comme conseiller au ministère de la Santé. Dans l'urgence et le dénuement de la jeune République algérienne (un médecin pour 2000 habitants), Annette mettra en place tout le système d'éducation sanitaire et médicale qui lui semblait approprié. C'est l'époque où elle rencontre mes parents engagés dans des combats proches et s'intéresse comme eux à l'autogestion. Contrainte à la clandestinité après le coup d'État du 19 juin 1965 où Boumediene destitua Ben Bella, Annette se réfugie à Genève. Chef de service en psychiatrie à l'hôpital cantonal de Genève elle dirigea ensuite la Maison de l'épilepsie. C'est l'époque où je l'ai personnellement connue. Le destin d'Annette aura épousé les convulsions de l'Histoire et sa vie personnelle a été ravagée par la mort de deux de ses enfants. Aujourd'hui, je peux me permettre de dire qu'elle ressentait une grande culpabilité d'avoir tant sacrifié ses enfants à ses engagements politiques, quand elle avait pris conscience de la souffrance causée. Il est propre à sa génération que d'avoir fait des enfants dans l'élan vital de l'après-guerre, puis de les avoir sacrifié.e.s à la révolution et en particulier au combat anticolonialiste qui fut sans pitié.
Toutes mes pensées vont à Gilles Roger, son fils ainsi qu'à ses petites filles et petits fils.
Anne Beaumanoir est reconnue « Juste parmi les nations » le 27 août 1996 par l'institut Yad Vashem, en même temps que ses parents Jean et Marthe Beaumanoir.
Un hommage lui sera rendu Jeudi 10 mars à 14h au Pôle funéraire-crématorium public, 6 rue des Champs de Pies à Saint Brieuc. Ni fleurs ni souvenirs.
Condoléances sur www.pfi22.fr
http://www.micheldandelot1.com/
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Rédigé le 08/03/2022 à 10:08 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Anti Oas Demonstration In Paris On December 1961 (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
l y a les gendarmes. Trois « représentants de l’ordre » accusés d’avoir torturé à l’électricité quatre Algériens. C’était à Hautmont, dans le Nord. On a dû les juger. Jugement : 150 NF d’amende à chacun (1).
Il y a les gendarmes et il y a leurs juges. Ceux-là c’étaient des juges « civils ».
Il y a aussi des juges « militaires ».
A Paris, trois officiers sont jugés le 16 janvier pour avoir torturé à l’électricité une Algérienne qui en est morte. Accusée par leurs propres soldats, identifiés, ayant passé des aveux, le rôle de chacun étant nettement établi, ils ont été acquittés par le tribunal permanent des forces armées (2).
Il y a la police. Passons.
Il y a l’armée. Interrogez les soldat revenant d’Algérie.
Gendarmerie, magistrature, police, armée, ça c’est l’État.
L’État est chargé « d’assurer l’ordre ». Contre l’O.A.S. par exemple. On dit souvent que les gens de l’O.A.S. sont des gangsters, des ex-légionnaires (allemands de préférence !), des voyous. Certains le sont, bien sûr, mais la plupart c’est quoi ? Prenons quelques exécutants arrêtés par-ci par-là : petits politiciens de la Vème, officiers de l’armée, jeunes gens de bonne famille.
Des gangsters ? allons donc ! Ce sont des jeunes gens à diplômes et à voiture, des jeunes bourgeois habitués des boîtes « chic », comme ce Paul Stephani, fils du directeur du Crédit Lyonnais de Toulon et assassin de Locussol à Alençon.
Derrière eux, les papas, oncles et beaux-frères, généraux et colonels, fleur de l’armée française, familiers des salons et des ministères en France, des chambres de torture en Algérie : les Salan, Vaudrey, Godard, Broizat, Argoud.
Puis les amis de la famille, députés, ex-ministres et futurs ministres : les Bidault, Soustelle, Morice, Duchet, tous gens du meilleur monde, le monde de la politique et des conseils d’administration. Enfin, ceux qui se contentent de financer : dirigeants de compagnies pétrolières, de sociétés, de banques.
Vous prenez tous ces gens-là et vous prenez les autres, c’est-à-dire les « non OAS », les « républicains », les « fidèles défenseurs de l’État », et vous leur demandez : profession ? Vous obtiendrez les mêmes réponses : gendarme, officier, magistrat, député, directeur, patron, propriétaire, policier.
Du même coup, ce que « la gauche » appelle pudiquement « la faiblesse du pouvoir dans la répression de l’O.A.S. » devient parfaitement clair : « ils ne se mangent pas entre eux ». C’est pourquoi on relâche les plastiqueurs, on acquitte les bourreaux, on n’arrête pas les chefs, parfaitement connus du Premier Ministre, on tolère les lynchages d’Algériens, on envisage même un nouveau gouvernement comprenant des représentants à peine camouflés de l’OAS.
Tout cela est-il absurde du point de vue même de la bourgeoisie ? Sans doute. Mais la bourgeoisie, le patronat français, très capable quand il s’agit d’exploiter ses ouvriers, de faire augmenter la productivité, a été incapable de s’adapter aux nécessités d’une « décolonisation » qu’il est d’ailleurs tout aussi incapable d’empêcher.
Après sept années de guerre et de répression, l’appareil de l’État se décompose en Algérie, tandis qu’en France appareil d’État et bourgeoisie, profondément divisés, font penser à un chien qui tourne en rond en se mordant la queue.
Pour le peuple algérien, aussi dures que soient actuellement ses souffrances, l’issue est certaine, car il lutte pour sa vie, pratique la solidarité et a la volonté de vaincre.
Pour nous, travailleurs français, quel est l’avenir ? qu’allons-nous faire ? que nous propose-t-on ?
La France « grande et généreuse » ? La « démocratie rénovée » ? La VIème République ?
Sept années d’atrocités en Algérie, les « putsch » à répétition, les complicités en haut lieu, l’origine sociale commune des factions qui se disputent l’État, le mépris du Gouvernement pour ceux qui travaillent, la rapacité et la morgue du patronat, prouvent à suffisance que ce régime et cet État sont irréformables. C’est à partir de cette constatation que nous devons envisager notre action, proche ou lointaine.
(I) Le Monde, 29-12-61
(2) Toute la presse, 17 et 18-1-62
L’armée en Algérie
« 237 tueurs O.A.S. arrêtés en Algérie pendant les mois de novembre et de décembre », « Le gouvernement décidé à lutter sur les deux fronts ».
Des grands titres à la une suggèrent à l’opinion publique que l’armée française est « la gardienne de l’ordre en Algérie face aux deux terrorismes aveugles de l’O.A.S. et du F.L.N. » Les petits bourgeois sont rassurés : l’armée fait son devoir.
Des gens bien « réalistes », parfois même « de gauche », pensent que ce qui empêche la conclusion d’un cessez-le-feu en Algérie est la présence de l’O.A.S. Un accord ne pourrait pas être appliqué à Alger et à Oran, disent-ils, car la population européenne le refuserait par la force, l’O.A.S. décrétant la « mobilisation générale ». Seule l’armée française pourrait le lui faire respecter. Ainsi, par un beau renversement, ce serait l’armée qui garantirait l’indépendance des Algériens contre les Européens pendant la fameuse « période transitoire »
Hélas pour nos réalistes ! ce renversement n’est que dans leur tête, façonnée par les roueries de la propagande officielle.
D’abord, chacun sait que l’O.A.S. trouve son principal appui dans les cadres de l’armée française.
Ensuite, le rôle de cette armée n’est nullement d’assurer « la libre détermination des populations ». De 1954 à 1961, l’armée française a essayé par tous les moyens d’écraser la révolte des populations algériennes. Actuellement, son rôle continue d’être de les étouffer, de les immobiliser pour empêcher qu’elles proclament l’indépendance et détruisent les privilèges des européens. Elle pèse de tout son poids, non sur la minorité européenne mais sur la masse du peuple algérien. Ce poids, de Gaulle le met dans la balance des négociations pour tâcher d’arracher au F.L.N. des garanties pour les capitaux français investis en Algérie, des garanties pour le pétrole, pour les gros colons, pour les commerçants, les entrepreneurs. Et c’est pour cela que des hommes continuent de mourir en Algérie.
La lutte sur deux fronts ? En première page du journal : « 237 O.A.S. arrêtés en deux mois », mais au bas de la page 6 on peut lire un communiqué officiel : « L’activité des forces de l’ordre est resté soutenue : 594 rebelles ont été mis hors de combat du 21 décembre au 28 décembre ».
Des jeunes oranais se livrent à la chasse à l’arabe ; ils pénètrent jusque dans les commissariats de police pour s’emparer de leur proie ; des ambulances sont arrêtées et le blessé mis à mort ; les cadavres brûlés à l’essence restent des heures sur le trottoir. L’ordre apparemment n’est pas troublé, les forces de police n’interviennent que lorsque tout est fini et des gamins de 14 ou 16 ans peuvent se livrer à leur sport favori, comme ailleurs ils jouent au football.
Mais quand les Algériens descendent dans la rue, comme en décembre 60 ou en novembre 61, l’armée tire sans hésiter. L’O.A.S. assassine à Oran. « Réponse » de l’armée dans la nuit du 17 au 18 janvier, les troupes investissent les quartiers algériens de la ville et, dans la journée, les agences annoncent le bilan : 14 algériens tués, 10 prisonniers. Chiffre provisoire.
L’armée française seule empêche les algériens d’être maîtres chez eux. Sans sa présence, il n’y aurait plus d’O.A.S., plus de ratonnades en 48 heures. Salan, Godard et les autres auraient vite bouclé leurs valises pour le Katanga ou les Baléares ; les jeunes lyncheurs d’Oran se promèneraient sans poignard (ou se promèneraient sur le pont du bateau vers Marseille).
L’O.A.S. est née dans la répression violente et continue du peuple algérien par l’armée pendant sept ans. C’est derrière le paravent de cette armée que l’OAS et les lyncheurs agissent.
Ce n’est pas en criant « O.A.S. assassins », en réclamant du gouvernement gaulliste « le châtiment exemplaire » des plastiqueurs et des généraux factieux qu’on lutte contre les exploiteurs et les assassins du peuple algérien.
On nous appelle à combattre le fascisme. Mais d’où viennent les fascistes ? qui a envoyé Salan et Soustelle à Alger ? Le gouvernement français. Qui a voté les félicitations à l’armée en mai 1958 ? Tous les députés français. Et d’où ces fascistes tirent-ils leur force ? De la guerre, de la présence de l’armée française en Algérie.
C’est l’évacuation immédiate de l’Algérie, LE RETOUR DU CONTINGENT EN FRANCE qu’il faut imposer au gouvernement.
L’indépendance de l’Algérie c’est la fin de la guerre ET L’EFFONDREMENT DE L’O.A.S.
02/01/2022
https://sinedjib.com/index.php/2022/01/02/loas-et-letat/
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Rédigé le 07/03/2022 à 19:28 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
par Youcef Dris
Lundi 7 mars 2022
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5309896
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Rédigé le 07/03/2022 à 13:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
Ali Boumendjel est né le 23 mai 1919, à Relizane, dans une famille riche en talents, imprégnée de voyages, de culture et de combats politiques. Son père, instituteur, lui transmit le goût des savoirs. Le brillant écolier se fraya sans mal une place sur les bancs de la faculté de Droit d'Alger. C'est fort d'une culture ouverte, généreuse, humaniste, puisant aux sources des Lumières, qu'Ali Boumendjel s'engagea bientôt en politique, contre l'injustice du système colonial et pour l'indépendance de l'Algérie. Au cœur de la Bataille d'Alger, il fut arrêté par l'armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957. Paul Aussaresses avoua lui-même avoir ordonné à l'un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide. Ali Boumendjel laissait derrière lui son épouse, Malika, et ses quatre enfants âgés alors de sept ans à vingt mois : Nadir, Sami, Farid et Dalila.
Malika Boumendjel nous a quittés il y a peu, elle aurait eu cent trois ans aujourd'hui. Elle avait fait du combat pour la vérité sur les circonstances de la mort de son mari, celui de sa vie. Elle voulait que la vérité soit connue et reconnue de tous, pour sa famille, pour l'Histoire de l'Algérie et pour celle que l'on doit apprendre aux enfants français dans les écoles de la République. Il y a un an, jour pour jour, le Président français avait reçu au Palais de l'Elysée quatre des petits-enfants d'Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que leur regrettée mère Malika Boumendjel aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s'est pas suicidé dans sa cellule comme affirmé par ses tortionnaires, mais il a été torturé puis assassiné. Regarder l'Histoire en face, reconnaître la vérité des faits, ne permettra pas de refermer des plaies toujours ouvertes, mais aidera à se frayer un chemin vers l'avenir des deux pays. Les générations des petits-enfants de l'indépendance ont le droit de construire leur destin, loin de l'amnésie et du ressentiment. C'est pour eux désormais, pour la jeunesse algérienne et française, qu'il faut avancer sur la voie de la vérité, la seule qui puisse conduire à la réconciliation des mémoires. C'est dans cet esprit que le futur Président de la république française devrait faire ce geste de reconnaissance, et cesser de tergiverser sur un sujet aussi important pour les peuples des deux rives. Aucun crime, aucune atrocité commis par les forces coloniales durant la Guerre d'Algérie ne peuvent être excusés ni occultés. Il est plus que temps que ces atrocités connues de tous soient regardées avec courage et lucidité, et reconnues officiellement, dans l'absolu respect de toutes les familles pour lesquelles la vie et l'avenir ont été déchirés et le destin brisé pour longtemps, celles et ceux dont ils ont déchiré la vie et brisé le destin. Pour l'avocat Ali Boumendjel, juriste de talent, élève du professeur René Capitant à la daculté de Droit de Paris, connu en Algérie pour son rôle au sein de l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), présidée par Ferhat Abbas, membre du Mouvement mondial de la Paix et journaliste, a été arrêté le 9 février 1957 par les parachutistes français. Il a été détenu par eux et torturé durant 43 jours, puis finalement jeté, le 23 mars 1957, du haut de l'immeuble où il était détenu à El-Biar, près d'Alger, faisant croire à un suicide. Le même immeuble d'El Biar sur les hauteurs d'Algérie où fut torturé et tué Maurice Audin, trois mois plus tard. Mais, si, grâce à l'opiniâtreté de Josette Audin, la jeune femme de Maurice Audin, la disparition d'Audin est devenue assez vite une affaire qui a défrayé les médias et scandalisé une partie croissante de l'opinion française, cela n'a pas été le cas du sort d'Ali Boumendjel, bien que René Capitant, grand résistant et ministre du général de Gaulle, son professeur à la Faculté de droit de Paris, ait écrit aussitôt (René Capitant, Le Monde, 26 mars 1957) au ministre de l'Education nationale : « Tant que de telles pratiques - auxquelles, même en pleine guerre, nous n'avons jamais soumis les prisonniers allemands - seront prescrites ou tolérées contre les Algériens par le gouvernement de mon pays, je ne me sentirai pas capable d'enseigner dans une faculté de droit française. J'interromprai donc mon cours. Révoquez-moi, si vous le voulez, si vous le pouvez.
L'affaire Boumendjel et Audin s'inscrivent dans le contexte de l'arrivée à Alger des parachutistes commandés par le général Massu, le 7 janvier 1957. Les pouvoirs civils ont alors donné une autorité considérable et absolue aux forces militaires. Côté algérien, la grève des huit jours, lancée le 28 janvier 1957 par le Front de Libération nationale (FLN), a pour but de montrer l'assise populaire très large du mouvement de Libération. Mais cela généra une répression plus intense de la part des militaires français contre la population et les arrestations se multiplient. Tout était permis pour soutirer des renseignements aux suspects » et tous les Algérois étaient suspects aux yeux des parachutistes. Les renseignements sont extorqués par tous les moyens : la torture est utilisée à grande échelle. Les personnes arrêtées ne sont remises ni à la justice, ni même à la police, mais gardées entre les mains des militaires, qui peuvent ainsi utiliser leurs méthodes « d'interrogatoire » sans limite de temps. Il est dès lors impossible pour la justice de fournir une quelconque protection aux détenus. Très rapidement, le nombre de détenus est tel qu'ils doivent être rassemblés dans des camps.
Avec l'arrestation de Boumendjel, c'est à une modification des cibles de la répression et de la torture qu'on assiste. Boumendjel est en effet connu pour être un militant nationaliste d'abord, membre de l'Union démocratique du Manifeste algérien de Ferhat Abbas, et ensuite pour avoir été l'un des membres du Collectif des avocats du FLN, qui ont défendu devant les tribunaux des militants et combattants arrêtés. S'il est parmi les premiers avocats arrêtés avec son collègue Mahieddine Djender, il n'est pas le seul : dans les jours et les semaines qui suivent, tous les avocats du collectif seront également arrêtés, à l'exception de ceux qui se trouvaient alors en déplacement. Certains parmi les avocats considèrent qu'ils doivent leur vie au scandale qui a suivi la mort de Boumendjel et qui a obligé les parachutistes à les remettre plus rapidement à la justice, prévenant ainsi leur disparition et leur assassinat.
Car ce qui est sans doute un peu inattendu pour les militaires c'est que la mort de Boumendjel, le 23 mars 1957, provoque une forte mobilisation contre les méthodes de l'armée : militant politique, membre du Mouvement mondial de la Paix, journaliste, Boumendjel a de nombreuses connaissances dans les milieux intellectuels, militants et journalistiques en France et dans le monde.
par Youcef Dris
Lundi 7 mars 2022
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5310461
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Rédigé le 07/03/2022 à 13:15 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 07/03/2022 à 08:15 dans Poésie/Littérature, Ukraine | Lien permanent | Commentaires (0)
ORAN - Les faits de la bataille de "M’zi", en mai 1960 dans les monts d’Aïn Sefra, témoignant des crimes du colonisateur français dans cette région du Nord-ouest du pays ont été mis en exergue par l'écrivain Brahim Sadok lors d'une vente-dédicace de son roman "Chemin des sables en feu" organisée samedi au musée public national Ahmed Zabana d’Oran.
Le roman de 180 pages s'articule autour des événements de la bataille de "M’zi" qui avait eu lieu du 6 au 8 mai 1960 à Aïn Sefra dans la wilaya de Nâama.
"Chemin des sables en feu" véhicule l'héroïsme et la bravoure des moudjahidine luttant et résistant face à l'ennemi pendant trois longs jours et dénonce également un des crimes des plus odieux commis contre l'humanité par le colonisateur français.
Cet ouvrage, écrit en français, s'appuie sur des faits réels inspirés de témoignages, de documents et de photos montrant les crimes de l'armée coloniale française et mettant en exergue la souffrance du peuple algérien de l'époque, à travers l'histoire d'une des nombreuses familles ayant souffert de l'oppression et des affres du colonialisme français, selon le romancier.
Première expérience de Brahim Sadok, l'ouvrage raconte l'histoire d'une famille de la région d'Aïn Sefra, dont le père, Dahmane, endurant la privation et la persécution comme beaucoup d’Algériens de l’époque, rejoint les rangs de la glorieuse Armée de libération nationale (ALN), alors que sa femme et ses filles vécurent des conditions difficiles à Aïn Sefra en raison de la brutalité du colonialisme français les contraignant à quitter la région.
Edité par l'Agence nationale de la communication, de l'édition et de la publicité, ce roman est un hommage à la femme algérienne pour sa résistance et son courage lors de la glorieuse guerre de libération nationale, comme l’a souligné le romancier, originaire de la région d'Aïn Sefra, lors de la séance de vente-dédicace
Publié Le : Dimanche, 06 Mars 2022 09:09
https://www.aps.dz/culture/136571-chemin-des-sables-en-feu-denonce-les-crimes-du-colonialisme-francais-a-ain-sefra
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Rédigé le 06/03/2022 à 17:42 dans France, Guerre d'Algérie, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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ALGÉRIE.
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Une guerre sans front
La vraie guerre quand même
Par des héros sans nom,
A l’âge des « je t’aime ».
Ils ont dormi longtemps, ces maux de l’Algérie,
Comme un bruit défendu, un flot que l’on charrie.
Nous étions jeunes alors, nous étions au printemps.
Notre automne est venu : de parler il est temps.
Un siècle avait coulé où nous étions les maîtres,
Ce jour de la Toussaint vint secouer nos êtres.
O le déchirement du bateau qui partait !
Entre le ciel et l’eau l’inconnu s’apprêtait.
Au-delà des ses peurs chacun a trouvé place
Et les coeurs ont battu et vieilli les audaces.
Le premier blessé, le sang qu’on a frôlé,
Les retours de nos morts, les cris des rappelés !
Si l’on fait le bon cidre en broyant tant de pommes,
Quel fut le résultat... en broyant tous ces hommes ?
Les rires ou colères ont-ils vu augmenter,
Avec notre amitié, la part d’humanité ?
Tandis que cheminaient nos consciences et l’Histoire,
Dans la brume de guerre, s’emplissaient nos mémoires.
Puis nous avons connu, au milieu des périls,
Le non des transistors aux félons de l’Avril.
Vint un signe de l’eau : Evian, pour le silence,
Pour des soupirs de mère et le retour en France.
Certains ont cru ce jour aube de libertés
mais il menait encor à d’autres cruautés.
Autre guerre sans front
Mais la guerre quand même -
par des ombres sans nom
A l’âge des « je t’aime ».
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Maxime Becque, (2 000) Ancien d’Algérie
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Le printemps
vient de s’annoncer
Avec sa végétation verdoyante
Ils (les colonialistes) ont la voie libre à nos approvisionnements
Pour nous permettre de vivre à l’aise
L’appât de De Gaulle ne nous attire plus
Eisenhower en personne, ne peut nous convaincre
Nous approchons de la saison d’été,
Saison de sécheresse
L’affaire des « bleus) est annoncée,
Nos tombes sont toutes préparées.
En fait, il s’agit d’un complot,
Auquel même des chefs ont pris part
Nous y voilà ! c’est déjà l’Automne
La force de De Gaulle s’est mise en branle
Croyant (De Gaulle) Nous réduire par la force,
Eisenhower, s’est interposé
Au Sahara (désert), le pétrole a jailli
L’Amérique le convoite
L’hiver s’installe avec sa vigueur
Pénombre et étoiles se confondent
Que de forces (armées) ! Ils ont déversé sur nous
Y compris des paras (parachutistes)
Ils exterminent nos animaux domestiques
Au mousqueton et au garant (fusil)
Notre emblème national se hissera
Jamais, il ne se sera mis en berne
Il se pavanera à Alger, la capitale
Il gravira nos montagnes
Par le mérite de nos martyrs, il réapparaitra
Grace aussi aux larmes de nos veuves
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Si Hadj Mohand Aini né en 1918
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Nuit algérienne
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La guerre faisait rage en terre algérienne,
Le djebel hostile dressait ses cimes nues,
La lune dans le ciel immobile et sereine,
Eclairait le désert de sa lumière crue,
Que coiffaient çà et là quelques rares palmiers,
Les armes des soldats, vigilance opportune,
Rappelaient les dangers à ne pas oublier !
Soudain la palmeraie, oasis de quiétude,
Résonna sèchement de rafales multiples,
d’une soirée troublée véritable prélude,
Des rebelles hardis nous avaient pris pour cible !
L’ambiance changea presque instantanément,
Les balles à présent sifflaient à nos oreilles,
Subirions-nous l’assaut qui semblait imminent,
Que chacun redoutait après des nuits de veille ?
L’alerte fut rapide et la réponse franche,
Des éclairs maintenant jaillissaient du fortin,
Semant la confusion, là-bas, entre les branches,
Et peut être la Mort, nous le saurions demain ?
Le ciel s’illumina de fusées éclairantes,
Causant à l’ennemi un désarroi certain ;
Elles montraient pour moi lenteur désespérante,
Avant de disparaître, ailleurs, dans le lointain !
Pour un temps plus de tirs, plus de coups menaçants,
Un silence imprévu autant qu’inexplicable,
Questionnement soudain, sans réponse, agaçant
Ennemis disparus ou desseins insondables ?
Pas plus tôt le fortin plongé dans la pénombre,
Un feu nourri reprit presque immédiatement,
Des rebelles tapis nous ignorions le nombre,
Nos soldats faisaient front très courageusement !
Je connus un moment de rare indécision,
Mesurant d’un seul coup dangers environnants,
Dans mon esprit troublé désordre et confusion,
Quand le présent requiert des ordres pertinents !
Fallait-il regagner les postes de combat,
Entourant la mechta pour plus de protection,
Ou rester dans nos murs, impérieux débat,
Subir possible assaut, lourde interrogation ?
Mon adjoint, vieux briscard rescapé d’Indochine,
Me tira, Dieu merci, de ce grand embarras ;
Nous resterions sur place et sans courber l’échine,
Ensemble et bien groupés poursuivrions le combat !
Quand le silence vint après de longs échanges,
Quand le désert reprit son aspect fascinant,
Mes hommes dont je veux chanter haut les louanges,
Retrouvèrent sang froid et calme impressionnant !
Seul je m’interrogeai sur la folie des hommes,
Sur la Guerre stupide et sur tous ses méfaits,
Elle qui de malheurs n’est jamais économe,
Aurai-je assez de voix pour mieux la dénoncer ?
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Sous-lieutenant Durando René ;
Aïn Bou Zenad, le 30 septembre 1960.
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Mon Lt,
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Pourquoi voyons-nous tant d’injustices et misères ?
Sur tous les continents des gens souffrent sur terre.
Chacun trouve mille raisons d’avoir raison
Car l’humain n’aime pas se remettre en question.
Sa fierté accepte mal les remises en cause
Malgré son savoir et les moyens dont il dispose.
Tares et mille boulets le freinent en son essor
Depuis la nuit des temps, il est frêle et se croit si fort !
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Fellagha mon frère,
Fellagha, mon frère, je te reverrai toujours
Dans la faible clarté du petit jour !
S'annonçait un beau jour d'hiver
Près du village de Zérizer.
C'était, si ma mémoire ne flanche,
Au lieu-dit de la « ferme blanche ».
Ô Fellagha, mon frère, je te revois tous les jours
Dans la faible lueur du petit jour !
Les chasseurs de Morritz t'ont tiré hors de la Jeep
Où tu gisais, mains liées dans le dos
Et le nez contre les rangers des soldats.
A quoi pensais-tu, pendant cet ultime voyage ?
A tes soeurs, à tes frères, à tes parents,
A ton épouse, à tes enfants
Restés seuls là - bas dans la mechta ?
Pensais-tu à tes compagnons d'infortune
Aux vies sauvées par ton mutisme,
Ou bien priais-tu, Allah ton Dieu ?
Un des soldats t'a bousculé jusqu'au milieu de la cour.
Le P.M a aussitôt craché sa salve mortelle.
Tu t'es affaissé sans un cri.
Dans un gourbi proche, des enfants,
Dérangés dans leur sommeil, se mettent à pleurer.
Une à une les étoiles s'éteignent
Dans le ciel sans nuage
La journée sera belle !
Ô Fellagha, mon frère, je te reverrai toujours
Gisant au milieu de la cour
Dans la faible clarté du petit jour.
A. Roulet, appelé du contingent.
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extrait de « La vie de soldats bretons dans la guerre d'Algérie »
La guerre d'Algérie
Mon père, je l'ai écoutée cent fois, mille fois, ta guerre.
Elle revenait te hanter souvent, les longs soirs d'hiver.
Je sens encore le parfum des orangers, la chaleur du désert,
Mais aussi les horreurs qui t'ont fait oublier tes prières.
J'étais enfant et j'écoutais tes récits, sagement,
Ils m'ont fait comprendre combien l'homme est un tyran,
M'ont donnés des frissons avant que j'ais l'âge de raison.
Les tortures, les gamelles, tirailleurs marocains, rations.
Tes mots raisonnent encore en moi, et j'ai vu ton regard,
Cent fois, mille fois tes yeux étaient repartis là-bas, hagard.
Des scènes indescriptibles, le goût de la mort te poursuivra
A jamais. Dépression post-algérie, les soldats ne parlent pas de ça.
Tu étais beau jeune homme et la vie devant toi, pleine de promesse,
Mais cette guerre t'a maudit, fait tourner la tête, rempli d'ivresse.
Je me demande parfois pourquoi les chants arabes me plaisent tant,
Quelques mots me reviennent aux senteurs des parfums d'orient.
Tu m'a si bien dépeint ce pays aux accents de velours,
Que tu as embrassé de tes bras de vingt ans avec amour
Après une longue traversée un cargo vous déversant
Ondée de jeune recrue à ces nouveaux vents grisants.
Mon père, je l'ai écoutée cent fois, mille fois ta guerre.
Je n'ai d'elle que quelques photos et des récits les longs soirs d'hiver,
Où je t'écoutais sagement avec mon regard d'enfant, innocent.
Tes récits de l'enfer où tu t'en es sorti, psychologiquement, survivant.
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Le combat algérien,
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Alors vint une grande saison de l'Histoire
Portant dans ses flancs une cargaison d'enfants indomptés
qui parlèrent un nouveau langage
et le tonnerre d'une fureur sacrée
On ne nous trahira plus,
on ne nous mentira plus,
on ne nous fera pas prendre des vessies peintes
de bleu,de blanc et de rouge
pour les lanternes de la Liberté :
Nous voulons habiter notre nom
vivre ou mourir sur notre terre mère.
Nous ne voulons pas d'une patrie marâtre
et des riches reliefs de ses festins.
Nous voulons la patrie de nos Pères
la langue de nos Pères
la mélodie de nos songes et de nos chants
sur nos berceaux et sur nos tombes.
Nous ne voulons plus errer en exil
dans le présent,sans mémoire et sans avenir
Ici et maintenant
nous voulons vivre
libres à jamais sous le soleil,dans le vent
la pluie ou la neige,
au sein de notre patrie:l'ALGERIE.
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Jean El Mouhouv AMROUCHE,
née le 7 février 1906 à IGHIL ALI (Petite Kabylie), décédé le 16 avril 1962
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SERMENT
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Je jure sur la raison de ma fille attachée
hurlant au passage des avions
Je jure sur la patience de ma mère
Dans l' attente de son enfant perdu dans l' exode
Je jure sur la bonté d Ali Boumendjel
Et le front large de Maurice Audin
Mes frères mes espoirs brisés en plein élan
Je jure sur les rêves généreux de ben M' Hidi et d' Inal
Je jure sur le silence des villages surpris
Ensevelis à l' aube sans larmes sans prières
Je jure sur les horizons élargis de mes rivages
A mesure que la plaie s' approfondit hérissée de larmes
Je jure sur la sagesse des moudjahidines maîtres de la nuit
Je jure sur la certitude du jour happé par
la nuit transfigurée par l' aurore,
Je jure sur les vagues déchaînées de mes tourments
Je jure sur la colère qui ,embellit nos femmes
Je jure sur la haine et la foi qui entretiennent la flamme
Que nous n' avons pas de haine contre le peuple français.
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Bachir HADJ ALI
ALGER le 15 décembre 1960.
.https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2012/11/po%C3%A9sie-de-soldats-dans-la-guerre-dalg%C3%A9rie.html
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Rédigé le 05/03/2022 à 20:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
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