Un anniversaire (presqu’) oublié: ce jour-là, Gerboise bleue, une bombe atomique française explosait à Reggane. Cet essai nucléaire français était le premier d’une série de 4 essais atmosphériques qui fut suivie de 13 essais souterrains à In Ekker.
Pourtant, le promoteur de cette bombe française, le général de Gaulle, avait écrit : « Je dois dire que la révélation des effroyables engins m’émeut jusqu’au fond de l’âme. Sans doute ai-je été depuis longtemps averti que les Américains étaient en train de réaliser des explosifs irrésistibles en utilisant la dissociation de l’atome. Mais pour n’être pas surpris, je n’en suis pas moins tenté par le désespoir en voyant paraître le moyen qui permettra, peut-être, aux hommes de détruire l’espèce humaine » (Mémoires de guerre, 1959. Et pourtant, le 13 février 1960, l’enthousiasme du Général transparaissait dans son message de félicitations envoyé aux armées pour ce premier essai nucléaire dans la Sahara algérien : « Hourrah pour la France ! Depuis ce matin, elle est plus forte et plus fière… »
Le 13 février 1960, à 7h04, au fin fond du Sahara algérien, la France procédait au premier de ses essais nucléaires atmosphériques, dénommé ‘Gerboise bleue’. Cette bombe avait une puissance de 70 kt, soit 3,5 fois plus que la bombe américaine ‘Little Boy’ lancée sur Hiroshima. Cette première expérimentation dans l’atmosphère devait être suivie de trois autres, puis de treize essais souterrains à In-Ekker. Certains de ces essais – le plus connu étant Beryl – ont été l’occasion de rejets radioactifs dans l’environnement.
Pourtant, le désert algérien n’était pas inhabité et, plus d’un demi-siècle plus tard, les populations en subissent toujours les effets. Lors d’une journée d’étude organisée à Alger, il y a quelques années déjà, un chercheur en physique nucléaire, membre de la Fondation du 8 Mai 1945, avait mis en évidence un lien entre les fausses couches, malformations, cancers et autres maladies rares observées dans la région et les essais nucléaires effectués par l’armée française entre 1960 et 1966. Il a également insisté sur « la nécessité d’ouvrir des centres de recherche spécialisés pour pouvoir traiter les effets de ces essais et prendre en charge médicalement les populations ».
Après que différentes propositions de lois aient été présentées par des parlementaires français, le gouvernement avait alors décidé de soumettre au Parlement un projet de loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Mais les victimes algériennes seraient-elles prises en compte ? La France a procédé à 210 essais nucléaires souterrains ou atmosphériques en Algérie (1960-1966) puis en Polynésie française (1966-1996), au cours desquels plusieurs dizaines de milliers de militaires et de civils ont pu être contaminés. Il suffit de consulter un bon manuel d’histoire pour le savoir: le 13 février 1960, un grand champignon atomique s’est élevé dans le ciel du Sahara. C’était la première bombe atomique française. Mais ce que les manuels d’histoire ne nous disent pas, c’est ce qui s’est passé en dessous du nuage atomique formé par l’explosion. Car contrairement à ce que l’on nous racontait, ce territoire n’était pas tout à fait désert. Il y avait même beaucoup de monde sur les sites d’expérimentation : des soldats – souvent de simples appelés du contingent –, des civils du Commissariat à l’énergie atomique et de ses entreprises sous-traitantes, et même de la main-d’œuvre recrutée sur place, ceux que le jargon militaire avait baptisés en Algérie les PLO (prononcez : « pélos »), autrement dit les « Populations Laborieuses des Oasis ». Lors de chaque explosion, plusieurs milliers de personnes étaient présentes sur les lieux. Et d’après les chiffres fournis par le CEA et le ministère français de la Défense, pas moins de 150.000 personnes au total auraient participé aux expérimentations nucléaires menées par la France au Sahara puis en Polynésie de 1960 à 1996. Les habitants des régions irradiées à In Ekker continuent, plus de soixante ans après, de souffrir des retombées de ces catastrophes humaines et écologiques. Un drame que ni l’Algérie ni la France ne semblent vouloir affronter. Aujourd’hui encore, l’émotion est grande en Algérie lorsque l’on connaît l’ampleur des retombées radioactives suite à ces essais nucléaires français dans le Sahara algérien, au cours des années 1960-66. L’Algérie, selon certaines études, dans les régions où se sont déroulés les essais français, plus d’une femme sur cinq serait atteinte d’un cancer du sein, et une sur dix d’un cancer de la thyroïde.Depuis ces essais, le nombre de cas de cancer n’a cessé d’augmenter dans des zones continuellement irradiées, des tares et des malformations sont apparues chez les nouveau-nés, et la région a subi une importante dégradation de l’environnement, caractérisée par la destruction de la faune et de la flore. En effet, de 1960 à 1966, la France a exposé gravement des habitants du Sahara à des risques de contamination déjà prouvés scientifiquement. Mais, le fait est moins connu, de 1958 à 1978, la base de « B2 Namous », dans l’ouest du Sahara algérien, a servi de terrain d’essai d’armes chimiques, notamment du gaz sarin. Mais ce qu’il fauta savoir, c’est qu’après l’explosion de ‘Gerboise bleue’ à Reggane, le nuage radioactif avait touché une immense zone géographique, se propageant d’abord vers le sud puis vers le nord. Au final il a touché l’Afrique du Nord, occidentale et centrale. Hormis l’Algérie, des niveaux de radioactivité supérieurs à la normale ont été constatés au Maroc, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Ghana et dans d’autres pays. En ce qui concerne la « traîne » de la ‘Gerboise bleue’, au 12ème et au 13ème jour elle avait atteint la Sicile et la côte méditerranéenne de l’Espagne. On estimait à au moins 30.000 victimes algériennes de ces expériences. Le dossier des essais nucléaires français en Algérie a été ouvert en 1996. Mais depuis cette date, rien ou presque n’est fait pour se débarrasser de ce legs empoisonné. La France devait pourtant prendre sa responsabilité juridique. Outre l’aide technique qu’elle est en devoir de fournir en matière de décontamination, elle doit ouvrir ses archives, mettre des noms sur tous les lieux secrets où les bombes avaient explosé.
Les victimes oubliées des essais nucléaires
Les victimes des essais nucléaires français font-ils partie des « oubliés de l’Histoire? » On peut se poser la question :
les demandes d’audience adressées par l’AVEN au Premier ministre ou à son prédécesseur par l’Association des vétérans (victimes) des essais nucléaires qui dénonce les insuffisances de la loi Morin, n’ont pas reçu de réponse, à Papeete, l’Association Moruroa et Tatou lance une pétition pour la sauvegarde du mémorial des victimes du nucléaire, Place du 2 Juillet 1966 que le gouvernement Flosse entend rebaptiser place Jacques Chirac.
Pourtant, le promoteur de cette bombe française, le général de Gaulle, avait écrit : « Je dois dire que la révélation des effroyables engins m’émeut jusqu’au fond de l’âme. Sans doute ai-je été depuis longtemps averti que les Américains étaient en train de réaliser des explosifs irrésistibles en utilisant la dissociation de l’atome. Mais pour n’être pas surpris, je n’en suis pas moins tenté par le désespoir en voyant paraître le moyen qui permettra, peut-être, aux hommes de détruire l’espèce humaine » (Mémoires de guerre, 1959. Et pourtant, le 13 février 1960, l’enthousiasme du Général transparaissait dans son message de félicitations envoyé aux armées pour ce premier essai nucléaire dans la Sahara algérien : « Hourrah pour la France ! Depuis ce matin, elle est plus forte et plus fière… »
Le 13 février 1960, à 7h04, au fin fond du Sahara algérien, la France procédait au premier de ses essais nucléaires atmosphériques, dénommé ‘Gerboise bleue’. Cette bombe avait une puissance de 70 kt, soit 3,5 fois plus que la bombe américaine ‘Little Boy’ lancée sur Hiroshima. Cette première expérimentation dans l’atmosphère devait être suivie de trois autres, puis de treize essais souterrains à In-Ekker. Certains de ces essais – le plus connu étant Beryl – ont été l’occasion de rejets radioactifs dans l’environnement.
Pourtant, le désert algérien n’était pas inhabité et, plus d’un demi-siècle plus tard, les populations en subissent toujours les effets. Lors d’une journée d’étude organisée à Alger, il y a quelques années déjà, un chercheur en physique nucléaire, membre de la Fondation du 8 Mai 1945, avait mis en évidence un lien entre les fausses couches, malformations, cancers et autres maladies rares observées dans la région et les essais nucléaires effectués par l’armée française entre 1960 et 1966. Il a également insisté sur « la nécessité d’ouvrir des centres de recherche spécialisés pour pouvoir traiter les effets de ces essais et prendre en charge médicalement les populations ».
Après que différentes propositions de lois aient été présentées par des parlementaires français, le gouvernement avait alors décidé de soumettre au Parlement un projet de loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Mais les victimes algériennes seraient-elles prises en compte ? La France a procédé à 210 essais nucléaires souterrains ou atmosphériques en Algérie (1960-1966) puis en Polynésie française (1966-1996), au cours desquels plusieurs dizaines de milliers de militaires et de civils ont pu être contaminés. Il suffit de consulter un bon manuel d’histoire pour le savoir: le 13 février 1960, un grand champignon atomique s’est élevé dans le ciel du Sahara. C’était la première bombe atomique française. Mais ce que les manuels d’histoire ne nous disent pas, c’est ce qui s’est passé en dessous du nuage atomique formé par l’explosion. Car contrairement à ce que l’on nous racontait, ce territoire n’était pas tout à fait désert. Il y avait même beaucoup de monde sur les sites d’expérimentation : des soldats – souvent de simples appelés du contingent –, des civils du Commissariat à l’énergie atomique et de ses entreprises sous-traitantes, et même de la main-d’œuvre recrutée sur place, ceux que le jargon militaire avait baptisés en Algérie les PLO (prononcez : « pélos »), autrement dit les « Populations Laborieuses des Oasis ». Lors de chaque explosion, plusieurs milliers de personnes étaient présentes sur les lieux. Et d’après les chiffres fournis par le CEA et le ministère français de la Défense, pas moins de 150.000 personnes au total auraient participé aux expérimentations nucléaires menées par la France au Sahara puis en Polynésie de 1960 à 1996. Les habitants des régions irradiées à In Ekker continuent, plus de soixante ans après, de souffrir des retombées de ces catastrophes humaines et écologiques. Un drame que ni l’Algérie ni la France ne semblent vouloir affronter. Aujourd’hui encore, l’émotion est grande en Algérie lorsque l’on connaît l’ampleur des retombées radioactives suite à ces essais nucléaires français dans le Sahara algérien, au cours des années 1960-66. L’Algérie, selon certaines études, dans les régions où se sont déroulés les essais français, plus d’une femme sur cinq serait atteinte d’un cancer du sein, et une sur dix d’un cancer de la thyroïde.Depuis ces essais, le nombre de cas de cancer n’a cessé d’augmenter dans des zones continuellement irradiées, des tares et des malformations sont apparues chez les nouveau-nés, et la région a subi une importante dégradation de l’environnement, caractérisée par la destruction de la faune et de la flore. En effet, de 1960 à 1966, la France a exposé gravement des habitants du Sahara à des risques de contamination déjà prouvés scientifiquement. Mais, le fait est moins connu, de 1958 à 1978, la base de « B2 Namous », dans l’ouest du Sahara algérien, a servi de terrain d’essai d’armes chimiques, notamment du gaz sarin. Mais ce qu’il fauta savoir, c’est qu’après l’explosion de ‘Gerboise bleue’ à Reggane, le nuage radioactif avait touché une immense zone géographique, se propageant d’abord vers le sud puis vers le nord. Au final il a touché l’Afrique du Nord, occidentale et centrale. Hormis l’Algérie, des niveaux de radioactivité supérieurs à la normale ont été constatés au Maroc, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Ghana et dans d’autres pays. En ce qui concerne la « traîne » de la ‘Gerboise bleue’, au 12ème et au 13ème jour elle avait atteint la Sicile et la côte méditerranéenne de l’Espagne. On estimait à au moins 30.000 victimes algériennes de ces expériences. Le dossier des essais nucléaires français en Algérie a été ouvert en 1996. Mais depuis cette date, rien ou presque n’est fait pour se débarrasser de ce legs empoisonné. La France devait pourtant prendre sa responsabilité juridique. Outre l’aide technique qu’elle est en devoir de fournir en matière de décontamination, elle doit ouvrir ses archives, mettre des noms sur tous les lieux secrets où les bombes avaient explosé.
Les victimes oubliées des essais nucléaires
Les victimes des essais nucléaires français font-ils partie des « oubliés de l’Histoire? » On peut se poser la question :
les demandes d’audience adressées par l’AVEN au Premier ministre ou à son prédécesseur par l’Association des vétérans (victimes) des essais nucléaires qui dénonce les insuffisances de la loi Morin, n’ont pas reçu de réponse, à Papeete, l’Association Moruroa et Tatou lance une pétition pour la sauvegarde du mémorial des victimes du nucléaire, Place du 2 Juillet 1966 que le gouvernement Flosse entend rebaptiser place Jacques Chirac.
par Youcef Dris
Lundi 7 mars 2022
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5309896
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