Alors que la guerre fait rage en Ukraine, et que notre niveau d’angoisse est maximal, il peut sembler difficile, en tout cas masochiste, de visionner un documentaire sur la guerre d’Algérie. Et pourtant ce serait dommage de passer à côté de cette série de Raphaëlle Branche et Rafael Lewandowski, En guerre(s) pour l’Algérie, diffusée mardi 1er et mercredi 2 mars sur Arte, à raison de trois épisodes par soir de diffusion. Soixante ans après la signature des accords d’Evian, qui ont marqué la fin d’un des conflits coloniaux les plus traumatisants du 20ème siècle, il est urgent d’entendre celles et ceux qui ont vécu cette tragédie, même si les images évoquées par ces mots prononcés parfois dans un souffle ou un sanglot sont souvent difficiles à supporter.
«Il faut tout dire»
La force du documentaire d’Arte, racontée par la jeune comédienne Lyna Khoudri, dont la lumière nous avait tant marqué dans le film Papicha (2019) de Mounia Meddour, c’est qu’il donne la parole à tous les acteurs du conflit. Civils algériens, Français d’Algérie, appelés du contingent, engagés et militaires de carrière français, militants indépendantistes du Front de libération nationale (FLN) et du Mouvement national algérien (MNA), combattants de l’Armée de libération nationale (ALN), intellectuels et étudiants, réfractaires, personnels de l’administration française en Algérie, membres de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), supplétifs de l’armée française, porteurs de valise… Ils parlent librement, face caméra, accompagnés par des images d’archive et leurs témoignages sont d’une incroyable force. Longtemps, en effet, une chape de plomb a recouvert les exactions commises durant ces longues années d’une guerre appelée différemment de part et d’autre de la Méditerranée : «guerre d’Algérie» en France mais plutôt «guerre de libération nationale», «guerre d’indépendance» voire «révolution» en Algérie.
par Alexandra Schwartzbrod
publié le 1er mars 2022 à 9h24
J’ai donc vu les 6 épisodes
d’ « En guerre pour l’Algérie »
Car ils sont sur mon blog depuis le 23 février dernier. Je regrette toutefois que la parole n’a pas été donnée à une victime de l’OAS. Pourquoi Raphaëlle Branche ? Je sais que Jean-François Gavoury ou Jean-Philippe Ould Aoudia auraient aimé témoigner aussi. L’un comme l’autre ont eu leur père assassiné par cette organisation terroriste et criminelle, responsable de 2700 victimes en Algérie et en France, avant et après le 19 mars 1962. Je constate une fois de plus qu'il est plus facile de donner la parole au bourreau plutôt qu'au descendant de sa victime.
Michel Dandelot
Donc ces 1er et 2 mars vous pourrez les voir sur ARTE.
C'est par le biais des témoignages que Rafael Lewandowski et Raphaëlle Branche ont choisi de revenir sur la guerre d'Algérie. Soixante ans après la signature des accords d'Evian en mars 1962, la série ARTE "En Guerre(s) pour l'Algérie" revient en six épisodes sur la guerre d'Algérie du point de vue de ceux qui l'ont vécue. La professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Paris Nanterre Raphaëlle Branche est l’invitée pour revenir sur cette série documentaire qui se penche sur des témoignages intimes pour raconter ce conflit à hauteur individuelle.
Les témoignages inédits de 66 acteurs
du conflit ont été recueillis.
En guerre(s) pour l'Algérie
En 1954, la guerre de libération algérienne commence, ébranlant le régime colonial français installé depuis 1830. C'est le début de huit longues années de conflit acharné, un des plus traumatisants du siècle. A l'occasion des 60 ans des accords d'Evian, cette série documentaire livre un récit aussi éclairant que touchant, en alliant archives et témoignages de celles et ceux qui ont vécu cette guerre, en Algérie, en France ou en exil.
Ils sont civils algériens ou français d'Algérie, militants indépendantistes ou membres de l'OAS, appelés du contingent ou militaires de carrière, porteurs de valise ou combattants. Tous étaient restés silencieux ou discrets. Pour la première fois, ils ont accepté de raconter leur guerre d'Algérie, ces huit années d'un des conflits les plus traumatisants du XXe siècle. Ils s'appellent Brahim, conducteur de l'autocar Biska-Adès attaqué le 1er novembre 1954 par des insurgés, point de départ symbolique de la dernière guerre coloniale française ; Abdelkader Bakhouche, un ancien officier du FLN, qui raconte ses 283 attentats ; l'ancien capitaine parachutiste Roger Saboureau évoque les "ratissages" à la recherche des rebelles ; Stive décrit les viols de femmes perpétrés par sa compagnie et l'exécution des hommes etc.
Six épisodes
Au total, 66 témoins et acteurs des deux camps se sont confiés à l'historienne Raphaëlle Branche et le réalisateur Rafael Lewandowski pour nourrir une série documentaire produite par l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) pour Arte. Enrichie d'images d'archives parfois inédites, En guerre(s) pour l'Algérie sera diffusée par la chaîne franco-allemande sous la forme de six épisodes chronologiques de 52 minutes les 1er et 2 mars, à l'occasion du 60e anniversaire de la fin du conflit.
Elle sera aussi disponible sur la plateforme éducative Lumni Enseignement. Les 180 heures d'entretien seront également mises en ligne en intégralité sur le site de l'Ina.
En avant-première vous pouvez visionner les 6 épisodes en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-022071/en-guerre-s-pour-l-algerie/
http://www.micheldandelot1.com/
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