Mai 1958. Alger s’embrase contre un nouveau gouvernement qui, à Paris, semble prêt à dialoguer avec les indépendantistes. Des milliers de colons se soulèvent, obligeant l’armée et ses généraux à choisir leur camp : rester loyaux à l’état ou à l’Algérie française, dernier vestige du grand empire colonial Français.
Dépassés et galvanisés par la situation, les généraux s’embarquent dans un coup d’État qui devient rapidement incontrôlable… Et si seul un vieil homme à la retraite, le " dernier héros français ", était capable d’arrêter cette machine folle et éviter une guerre civile ? (Texte de l'éditeur)
Il ne l’a pas encore dit mais c’est déjà la chienlit. Entre les intérêts divergents et souvent changeant des uns, la volonté de conserver l’Algérie Française envers et contre tout des autres ou l’incompétence crasse d’à peu près tout le monde, la situation à Alger en 1958 est plus qu’explosive. Il fallait un grand homme pour ne pas se noyer dans ce bourbier et le retour du grand Charles -pour artificiel qu’il soit- aura eu au moins le mérite d’éviter un parachutage de commando sur Paris et la quasi certaine guerre civile qui s’en serait suivie. Bien sûr il y eut des morts et des attentats, mais Boucq et Juncker choisissent ici de traiter le sujet sur le ton de la comédie voire du Vaudeville. Pas un Général ou un député pour rattraper les autres, on les dirait tous partis pour une course à l’échalote au plus crétin. La figure tutélaire du sauveur de 40 n’en paraît dès lors que plus éloignée de la mêlée fangeuse où s’ébrouent ses contemporains.
De Gaulle : " Alors Massu, toujours aussi con ? ". Massu : " Toujours gaulliste, mon général ! "
Jouant sur l’humour de répétition (Massu est absolument grandiose) et sur les petites phrases, l’album fait franchement rire dans le genre pamphlet ravageur façon M*A*S*H ou Catch-22.
Dessiné par un Boucq très en forme et scénarisé par Juncker à qui on doit le remarquable Seules à Berlin, le tome de 144 pages se dévore -même si l’on n’a pas de background historique sur la situation algérienne- grâce à son rythme effréné et à la bonhomie des personnages qui arrive en contrepoint de l’aspect hiératique d’un De Gaulle quasi muet jusqu’à la toute fin du tome.
TITRE : Un Général, des Généraux
AUTEURS : F. Boucq (D & C), Juncker (S) et A. Boucq (C)
EDITEUR : Le Lombard (sortie le 4 février)
Cotation Mon Petit Neuvième : 8/10
Denis MARC
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