"Anida n-tǧǧam mmi", où avez-vous laissé mon enfant ?
À mes compagnons tous les trois
Vous qui êtes autour de moi
La mort est là devant moi
POESIE
Elle m’observe je l’aperçois
Portez la nouvelle à ma mère
Celui qui rentre lui dira
Dites-lui : il est parti sans souffrir
Dites-lui de ne pas s’assombrir
Si de me revoir elle se languit
Qu’elle regarde le visage de mon petit
Sachez de patience l’entourer
Avant que je m’en aille promettez et jurez.
….
J’ai fait un mauvais rêve cette nuit
D’outre-tombe on m’a rendu visite
Je tenais un pigeon à la fontaine
Des mains il m’a été arraché
Je suis retourné remplir une cruche
Elle est tombée avant mes premiers pas
Par terre son eau s’est renversée
J’ai eu du chagrin à l’avoir cassée
Dans mon rêve encore plongée
Mon enfant chéri m’apparaît
Il m’a dit « la vie est ainsi »
Tout ce que tu tiens t’échappe des mains.
Voilà qu’arrive enfin quelqu’un
Ce rêve-là ne me plaît pas
S’il te plait puis-je te demander
Où avez-vous laissé mon enfant.
….
Du boulot d’usine à la chambrée
Nous ne voyons pas la clarté
Il y a longtemps qu’on ne s’est salué
Nous ne nous voyons jamais.
Rep.
J’ai ouï dire qu’il allait bien
Avec ses activités il est serein
Rep.
Le boulot nous tracasse tout le temps
Personne ne voit son compagnon.
Rep.
La course pour la pitance est ainsi
Nous en sommes devenus vieillis
Tant que de la vie nous cumulons
Elle nous malmènera à sa façon.
Du boulot d’usine à la chambrée
La clarté nous ne la voyons jamais
Il y a longtemps qu’on ne s’est salué
Nous ne nous voyons jamais.
Les gens m’ont parlé de lui
De mes yeux je ne l’ai pas vu.
Rep.
Chaque jour je demande après lui
Très prochainement il rentrera.
Rep.
Il a amplement galéré
Pour la postérité il a bien bossé
Sois patiente bientôt il sera là
Va ne te tourmente pas.
Du boulot d’usine à la chambrée
La clarté nous ne la voyons jamais
Il y a longtemps qu’on ne s’est salué
Nous ne nous voyons jamais.
Deux de mes compagnons arrivent bientôt
Questionne-les peut-être l’ont-ils rencontré.
Rep.
Peut-être s’est-il confié
Chez eux tu trouveras la vérité.
Rep.
Tout ce qu’il t’aura dit
C’est eux qui te le livreront
Ainsi tu chasseras tes appréhensions
Ton fils est en bonne santé.
Du boulot d’usine à la chambrée
La clarté nous ne la voyons jamais
Il y a longtemps qu’on ne s’est salué
Nous ne nous voyons jamais.
…….
Sa langue débite des mensonges
Ses yeux ne peuvent me tromper
Mon fils le considère son ami
Il refuse de me dire la vérité
Je veux en connaitre davantage
J’irai interroger l’autre compagnon
Ce qu’il dira s’il ne le travestit pas
Je redoute que vérité me blesse
S’il te plait toi qui vient d’arriver
Ne me cache pas la vérité
Dis-moi ce qui s’est passé
Où as-tu laissé mon enfant.
…….
Je l’ai laissé dans ses impulsions
Parmi ceux qu’émerveille le présent.
Rep.
Dans l’exil il a trouvé son bien-être
Il n’est pas prêt de réapparaître.
Rep.
Il ne pense jamais à ses enfants
Il n’enverra rien et n’écrira pas
Il ne se remémore ni son foyer
Ni sa mère qui ne fait que pleurer
Il ne soucie que de sa personne
Débarrasse son visage de tes visions
Évite-lui juste toute malédiction
C’est ce qui arrive à ceux de sa trempe
Quand les souffrances sont derrière eux
Ils oublient les tourments du passé.
Il vient d’épouser une française
Avec un nouveau foyer il prend ses aises.
Rep.
Il trouvera un sens à sa vie
Sous moult bienfaits il croulera.
Rep.
Il ne demande pas après la kabyle
Il ne pense plus aux aïds qui s’empilent
C’est comme s’il venait de renaître
Il est heureux de son nouveau destin
Il sait qu’il a trompé les aïeuls
Il a effacé leur trace sans regrets
Son foyer il l’a laissé s’écrouler
Demande à ton cœur de l’oublier
Qu’importe les abysses qui le happeront
Ce qui est amer ne peut être édulcoré.
…….
Les tares ne sont pas spontanées
Elles prennent naissance à la racine
Même si mon fils pouvait nous oublier
Cela ne se peut pendant le mois sacré
Mes pieds continuez de marcher
Rencontrerons-nous enfin la vérité
Pleure oh mon cœur gonflé à bloc
Tu trembles je sais bien pourquoi
Oh toi le dernier témoin arrivé
S’il te plait dis-moi la vérité
Les compagnons qui t’ont précédé
Chacun avec ses nouvelles m’a bernée
Je suis passée tous les interroger
Je crois qu’ils ne font que se moquer
Ton visage triste ne trompe guère
Mon enfant où l’avez-vous laissé.
…….
Assieds-toi donc ma chère aïeule
Indivisible est la vérité
Je vais te dire des mots très durs
J’ai de mes yeux tout vu
Te souviens-tu de celui qui labourait
De sa sueur son champ il l’œuvrait
C’est la terre nourricière
Qui s’est retourné contre lui pour s’en nourrir
Te souviens-tu de ceux qui sont morts
De leur vivant rien ne leur résistait
En un clin d’œil ils sont partis
Chacun ce qu’il possède lui survit
Te souviens-tu de ceux qui battaient
Croyant leurs forces illimitées
Te souviens-tu quand ils ont été battus
Chacun son destin finit par le rattraper
Te souviens-tu de ces murs bien dressés
Par leur stature ils s’imposaient
Quand ils se sont écroulés tu en étais témoin
Ils ont laissé le chemin tu as vu comment
Le mensonge ne convient à personne
La vérité son éclat n’est pas diffus
Je t’énonce donc la vérité crue
L’Éternel a accompli sa mission
Ton fils a été trompé par le temps
Suivant la même trace nous finirons
Telle quelle je t’énonce la vérité sans malfaçons
J’en ai fait serment ses paupières les refermant.
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